mardi 13 mars 2007

CHIRAC OU LES VICTOIRES DE L'AMNESIQUE


La partie gauche de mon lobe frontal, celui qui gère la démagogie, m’a pondu comme accroche « les adieux du grand corps d’état malade ». Mais voilà, non seulement je n’aime pas la démagogie mais en plus j’ai promis à mon lectorat de ne jamais attaquer nos institutions républicaines ni les hommes qui s’emmerdent à les incarner. Il y a suffisamment d’enfants gâtés de la démocratie pour rêver de totalitarismes divers et variés, comme ça pour que j’en rajoute. Par contre j’ai prévenu que je m’autorisais à taper sur les candidats par goût d’exigence dans la représentativité. Du coup il n’y a pas de raison que le non-candidat ne s’en mange pas une petite.

Mais voilà, le non-candidat Chirac m’a ému. Après avoir fait don de sa personne en 2002 pour nous délivrer du mal frontiste, voilà qu’il nous quitte tel le Christ. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous Z’ai T’aimé ». D’aucuns vous diront qu’il s’agit là encore de l’une des expressions du Dom chiraquisme. En bon amant compulsif, il quitterait une France qu’il a tant de fois cocufiée en lui disant, je t’aime ! Ce n’est pas ce que je pense. Déjà je prétends, moi, que les aventures qu’on lui attribue, sont sans doute la seule véritable expression de son coté gaullien. Il s’agit de le respecter. Eh oui, quitte à décevoir mon lectorat, je me refuse à l’accabler, à faire comme tous ces cocus du chiraquisme qui y vont de leur petit coup de pied dans le ventre alors que l’amant est à terre. Non ! Je vais plutôt répondre à son attente, l’aider dans son plan de reconversion. Je suis même prêt à lui proposer un bilan de compétences personnalisé. Allons-y !

Cher président, commençons par vos handicaps si vous le voulez bien. Quels sont-ils ou plutôt quel est-il puisque je n’en ai trouvé qu’un seul ? L’âge. Mais rassurez-vous, je me propose de vous le transformer sous peu en avantage. Quels sont vos atouts ? Plein !

Déjà, vous êtes un homme de mémoire. C’est bien ça, la mémoire et je suis sûr que ce n’est pas le petit accident cérébral qui l’a altéré. Qui douterait, en effet, des capacités d’un homme qui fit de la mémoire une politique et de sa politique, un musée. Pas moi, en tout cas. Et s’il fallait une preuve pour rassurer tous ces Saint-Thomas, je leur repasserai bien votre discours de dimanche. Il est évident que vous maîtriser l’oral, que votre culture est orale. Or comment envisager un tel sens de la Culture Orale sans mémoire, même sélective.

Et oui Jacques, sachez que si personne ne vous comprends, moi je vous ai capté. Pardonnez leur Jacques, non seulement ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient quand ils votaient pour vous mais de toute évidence, ils ne vous ont jamais compris. Homme de « gauche » dans un parti de droite, vous avez été aussi l’Homme d’une culture orale dans une Nation d’écrits. Jacques, vous n’êtes ni un pommier, ni un chêne. Jacques vous êtes un Baobab, vous êtes l’arbre à palabres. Votre politique paternaliste aussi bien africaine qu’arabe n’est-elle pas là pour le démontrer ? Oui n’est-ce pas ! Et c’est là que votre handicap est finalement un avantage. Dans les cultures Orales, chez celles de la palabre, l’âge est un avantage. Encore que, à bien y réfléchir, je suis en mesure de démontrer votre jeunesse. Monsieur le Président, seul un homme définitivement jeune est en mesure de représenter aussi bien ma génération, la génération « non ! non ! » en effet vous serez celui qui aura dit non à une majorité parlementaire en 97 ; qui aura dit non aux intérêts américains, en lieu et place des nôtres, en Irak, en 2003 ; l’homme qui nous aura fait dire non à l’Europe en 2005. L’évidence est là. Pour le coup, non seulement vous voilà grand maître de la palabre mais plus encore, le plus grand slameur de France. Et oui, il est vrai que votre discours de dimanche m’a fait penser à « grand corps malade » et c’est en ça que ceux qui vous critiquent sont pitoyables. Le samedi, ils encensent le commercial du Slam et le dimanche ils assassinent le maître absolu de la prose politique. C’est minable. Enfin, sachez que quelqu’un vous comprend et que moi je vous aime. Voici pour le Bilan. Que faire maintenant ?

C’est évident ! Jacques, il y a un lieu où vous serez enfin compris des masses, un lieu où vous pourrez donner libre cours à votre talent, un continent où vous avez de l’avenir. L’Afrique ! Oui, jacques, l’Afrique ! puisque vous l’aimez tant, ses arts, ses présidents comme ses gens ; que vous entretenez de bonnes relations avec les chinois, chinois qui s’installent en Afrique ; que nos troupes y stationnent ; pourquoi ne pas y devenir candidat à vie ??? Chiracus Africanus. Ça claque non ?!? Pensez-y Jacques.

Cependant, si d’aventure le climat africain ne vous est pas conseillé par le corps médical, j’ai bien une autre proposition à vous faire. Puisque vous appelez ci bien à la paix, à la tolérance, au dialogue entre les cultures, que vous aimez le Liban et que l’on y a aussi des troupes stationnées, pourquoi ne pas devenir président du Liban. N’importe quoi ?!? en Asie Mineure et plus particulièrement en Arménie, il y a une région qui s’appelle Shirak. C’est un signe ça ? Rajoutez à cela le nombre d’arméniens au Liban, la boucle est bouclée. Promettez-moi d’y penser Jacques.

Et puisqu’il ne sera pas dit que je suis un ingrat, puisque vous m’aimez, allez donc, puisque je ne vous hais point…

SIL conseiller à l’ANPE

P.S. : J’espère mon cher Pierre que j’ai répondu à tes attentes.
Illustration : L'arbre à palabres vu par le peintre sénégalais Mbor Faye

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