vendredi 25 mai 2007

LE COMPLEXE DU HOMARD CORSE


Les ados, on a beau les aimer, il faut tout de même reconnaître qu’ils nous font bien chier. Déjà adolescents, les autres ados nous emmerdaient. On a tous connu, étant ados, des Thelmas et Louises. Ces couples constitués d’une ado qui ne va pas bien du tout puisque ses parents, au lieu de la protéger, lui avaient fait subir les pires saloperies depuis sa petite enfance, et d’une autre ado ne semblant pas avoir subit grand chose à part un manque évident de gifles, mais qui, pour être un peu trop narcissique, en voulait au monde entier parce que celui-ci refusait de tourner autour d’elle.
La première ne trouvant pas les moyens de sortir de son cauchemar, rêve de suicide afin de quitter le Monde et la deuxième enfermée dans ses rêveries tient la main de la première afin de punir son monde. Aussi, la première se taillade les veines et la seconde avale toute une plaquette de Doliprane, ignorant assez souvent qu’il existe une dose létale.

Tout cela te pousse, toi le pote, à pleurer la première en disant sur sa tombe « putain, fait chier tout ce gâchis » et à rendre visite à la seconde. Là, à l’hôpital, tu te retiens de lui envoyer deux tartes accompagnées d’un « tu fais chier putain ! ». Tu te tais. Tu te contentes d’observer les parents qui malgré tout l’amour offert culpabilisent de ne pas lui avoir donné ni les outils génétiques, ni le bagage culturel, adéquats pour affronter la vie et comprendre que celle-ci reste toujours une chance. A côté de toi, un oncle un peu bourru se dit en lui même « Gamine, qu’as-tu affronté de si grave qui justifie cette retraite en rase campagne » ; « si le monde que l’on te bâtit n’est pas parfait, si nous adultes ne sommes que des fous, bâtis-en donc un bien meilleur » ; « ah ça pour fantasmer des scénarios macabres, il y a des neurones mais dés qu’il s’agit de travailler à ce monde meilleur, il n’y a plus personne » ; « est-ce que j’ai fait chier mes parents moi ? non ! Il est certes vrai qu’ils étaient bien trop chiants pour que je puisse placer une chierie de plus mais bon quand même » ; « Vous faites chier, mes enfants ! »

Ouais, on a beau adorer la fermeté mammaire des adolescentes, je me dois d’avouer que je préfère vos mères. Comme on dit au village, « quand le fruit est vert, ça donne la chiasse ». Bref, Dieu que la femme est délicieuse quand ses fruits sont mûrs. Et c’est ainsi que par amour et solidarité envers toutes les mamans, je me permets de leur transmettre les petites recettes que j’applique sur mes adolescentes quand elle me font les deux types de crises suivantes.

Crise de type 1 : Quand mes génisses me font le coup du « je suis sûr que je ne suis pas ta fille, que tu m’as adopté ou en tous cas que je n’étais pas désirée », je réponds de la façon suivante. Sur le ton de la colère, je lui balourde dans les tympans un bon « comment ça pas désirée. Si tu savais ce qu’on a enduré ta mère et moi pour t’avoir toi et ton idiote de sœur, les traitements contraignants contre la stérilité, les picouses d’hormones qui m’ont fait pousser des seins, les mois d’angoisse avant votre naissance, les années de souci après celle-ci; pas désirée ?!? je te ferais nourrir des désirs d’avenir à grands coups de tartes, oui ! »
Après une telle avoinée, mes génisses ne la ramènent plus sur ce sujet, ce qui me permet de penser tranquillement à tous ces parents aussi bien élevés et aimants que moi qui galèrent pour avoir des gosses alors que les fins de race n’ont jamais de problème pour procréer. Il faut croire qu’il en va de l’Homme comme du Rongeur. Moins l’espèce de rongeur est intelligente et plus elle est fertile. Mais je sens que je m’égare du côté obscur de la reproduction…

Crise de type 2 : après avoir piqué dans mes étagères, tous les cédés gothiques-grunge-metal qui me faisaient déjà bad-triper quand j’étais un jeune con, et les avoir écoutés en boucle pendant des heures, voici que mes deux idiotes de filles m’étalent à l’heure du repas leurs désirs de suicide, « d’existence évanescente » comme elles le disent.
Histoire de me montrer un père compréhensif, je leur propose benoîtement quelques idées : La pendaison à un bonzaï avec un élastique, l’électrocution dans une baignoire avec des piles R03, le tailladage des veines avec une éponge mouillée, la défenestration depuis le rez-de-chaussée ou bien encore le crash-auto dans un kart à pédales.
En général, sans que je ne me l’explique, elles se lèvent de table, me disent qu’elles passeront la soirée chez des copines dépressives qui les comprendront mieux « elles », mais reviennent à la maison au bout d’une heure en me disant « papa, on t’aime » et en m’expliquant que « les autres ados sont vraiment trop chiants… »

SILosophe

Pour ceux qui n’ont jamais lu Françoise Dolto, le « complexe du homard » désigne l’adolescence, cette période de la vie où l’Humain comme le Homard, connaît sa mue, où il perd son ancienne carapace et reste ainsi vulnérable le temps que la nouvelle se solidifie.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Petite correction: je ne pense pas que Dolto estmait que les gamins devaient prendre des claques...Mais bon, chacun son mode d'éducation...

Enfin, personne n'est dans la tête des personnes qui décident de partir plus tôt...Pour la société c'est considéré comme un échec...Moi, je crois au contraire que c'est très courageux...Même si ça fait mal à l'entourage...

Qu'est-ce que la vie, sinon espérer tout le temps qu'un jour ça ira mieux?

SIL a dit…

Trés cher anonyme,

La petite correction etait inutile ! J'ai deja dit qu'il ne servait à rien de faire le Malin sur ce Blog puisque je suis le Diable.

Serieux, je fais finir par croire que je suis bien trop subtil pour le commum et que mon logiciel analogique est definitevement incompatible avec bien des cerveaux binaires...ceux fonctionnant sur un mode tout ou rien; 0 ou 1; 15 gifles à la douzaine ou bien, pas même une petite fessée; la maltraitance lourde ou la maltraitance doucereuse... mettant ainsi de coté une infinité de possibilités!

Quant à Dolto, on peut en admirer le travail sans vouloir en etablir un Dogme... c'est mon cas.

Pour la notion de "courage", on dira que la perception de cette donnée absolue est en effet relative.

@ bientot cher(e) ami(e)

SIL analogique or dans analogique il y a ...

PS: Une pensée pour ces gamines corses, leur familles et pour tous ceux et celles qui traversent les mêmes affres