mercredi 2 mai 2007

MAI 68 – MAI 2007 : LA GUERRE DES BOUTONNEUX


Vous me fa-ti-guez avec votre « mai 68 ». Non seulement je n’étais pas encore né, mais surtout je n’étais même pas à l’état de projet dans les cartons gonadiques de mon paternel qui manifestait alors dans les cortèges ouvriers pour plus d’équité sociale tout en appelant ses camarades à l’absence de casse ou de désordre. Ouais, vous m’em-mer-dez avec votre « mai 68 ». Voila, je suis tout agacé maintenant et moi quand on m’agace, je canarde.

Oh, je ne canarderai ni le vent de liberté, ni la mise à bas de la phallocratie, du paternalisme autoritaire, ni toutes ces manifestations qui visaient à la modernisation sociale et sociétale de notre pays. Non, ce qui m’agace, c’est :

1- Quand on nous fait croire que sans votre « mai 68 », il n’y aurait pas eu de modernisation dans nos sociétés. Désolé mes petits pépères des peuples mais le monde occidental a connu dans son intégralité la modernisation de ses sociétés, sans poussée d’acné étudiante. Désolé mais votre « mai 68 » n’est même pas la pointe de l’iceberg du courant progressiste d’alors. À la limite, une crête, un bouton que l’on éclate d’un coup de pic à glace.

2- Que ce soit la frange la plus niaise, inconséquente, tyrannique, narcissique, conne, et je m’arrêterai là pour aujourd’hui, de la société qui ait servi de porte-voix à ce mouvement. L’adolescent. Le jeune a toujours été con que ce soit avant 68, après 68 ou pendant 68. Ce thème est un classique depuis la Grèce antique. « Le con ça ose tout. C’est d’ailleurs à ça qu’on le reconnaît » nous dit Audiard. Or comme le jeune ose tout et n’importe quoi, on peut en conclure par syllogisme que si le jeune ose tout et que le jeune est con, l’être suprême a fait le con jeune pour qu’on puisse le reconnaître. CQFD.

Tout était nul dans votre quinzaine émeutière. Les barricades. Que c’est mignon tous ces châteaux de sable. Sous les pavés, les jeux de plage. Les jets de pavés. Mort de rire ! Les trentenaires qui ont fait la révolution des œillets, après avoir un peu mieux compris le monde et le sens du combat démocratique, ils avaient pris des chars et des fusils, eux ! Ils ne s’en sont pas servis, eux ! Ils ne voulaient rien cramer eux ! ils voulaient bâtir, eux !
Vos leaders. Bien que décris comme rougeauds, ils étaient tellement pourris, qu’ils ont du se mettre au vert histoire de se refaire une virginité. Et les slogans, mes dieux, les slogans ! Ça étudie et ce n’est même pas foutu de pondre un slogan un tant soit peu réfléchi. Les gars, les études ce n’est ni à la cafétéria, ni en se branlant dans la cour de la Sorbonne qu’on les fait, mais en bibliothèque et dans l’amphi. Non mais regardez moi ça, « Vive Mao », « CRS SS », « il est interdit d’interdire ». Grands dieux que c’est con, que c’est médiocre, que c’est jeune, quoi !

Et il est là le drame. Comme on ne leur a jamais dit qu’ils étaient ridicules, ils ont fait de leur irruption cutanée une pensée, de leur sébum un dogme. Ils ont cherché à remplacer d’une façon tout aussi définitive le paternalisme autoritaire par leur infantilisme devenu avec l’âge un pépèrenalisme bien-pensant. En plus, comme ils étaient avant tout des enfants de bourgeois, et que le discours parental finit toujours par revenir d’une façon ou d’une autre, ils ont fait rimer inconsciemment libertarisme avec libéralisme. Le « il est interdit d’interdire » sociétal ressemblant à s’y méprendre au « laisser faire, laisser passer » entrepreneurial.
Ce qui permet de comprendre pourquoi pas mal d’entre eux sont passés facilement de l’un à l’autre et que tout comme le libéralisme a déjà donné sa crise de 29, le libertarisme ne peut que mener à un crack sociétal. Et oui le pépèrenalisme est bien le fils du paternalisme, le libertarisme l’enfant prodigue du libéralisme, enfant qui se calme toujours lorsque vient le jour de l’héritage.
Paternalisme et infantilisme. Deux mêmes conneries, toutes deux placées à équidistance de la République. La République des Lois, celle des Droits et des Devoirs, celle de la responsabilité individuelle couplée à la solidarité collective, la République de la Liberté, de l’égalité et de la Fraternité.

Voilà pourquoi le paternalisme comme l’infantilisme, le libéralisme comme le libertarisme, pour le seul bénéfice des plus forts ou des plus braillards, où se sont toujours les mêmes qui se retrouvent au final tous nus, m’emmerdent tout autant et pourquoi je ne souhaite pour mon pays aucun de ces dogmes. Vive la République, « Indivisible, Laïque et Sociale ». Vive la Liberté, l’Egalité, la Fraternité.

SIL d’Avril

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Réflexion très intelligente et d'une grande lucidité.

Mai 68 était l'arnaque du siècle... Bien vu!

Maintenant qu'il n'y a plus rien à gratter en France, et qu'ils ne se reproduisent plus, que vont pondre leur maigre descendance ?

On sait que 53% des français ne comprennent rien à la politique, du coup, il y a encore de l'espoir...

Mais, au final, mai 68 n'était-il pas la prise de pouvoir parallèle des médias sur le politique ?

Vermont.