vendredi 18 mai 2007

PIERRE, TU ES PIERRE ET SUR TOI...


Monsieur d’Aucun m’écrit cette fois-ci pour me dire « qu’à bien y réfléchir, vos petits billets ne sont que du Desproges remis au goût du jour... ». Ne sachant pas s’il s’agit de l’une de ses diatribes habituelles ou bien d’une amorce de virage dithyrambique, je prends « le goût du jour » pour une preuve de goût et non pas pour une marque de dégoût. Sachez, Monsieur d’Aucun, que je vous en remercie.

Quant à ce qu’il sous-entend en matière d’influences, il n’est pas le premier à supposer que je veuille bâtir mon église sur cette Pierre là. Lorsque j’ai commencé à mettre en page mon génie, ayant fini par ressentir l’impérieux besoin de reconnaissance, comme par ailleurs je ne pouvais ni compter sur ma femme, ni sur mes frangins qui savaient déjà à quel point je suis gland, j’ai proposé à mon pote Fredo de se pencher sur mon cas, en espérant qu’il me confirme que mon génie est vraiment génial. Après avoir lu mes premiers essais, il me dit que c’était « nul à chier » mais que ça lui rappelait du Desproges, auteur qu’il tient en très haute estime et que c’était déjà ça. N’ayant à l’époque encore jamais lu du Desproges, il se proposa de me prêter toute sa collection en me disant « prends en de la graine, petit con ».

C’était les vacances et dés les premières pages, je m’écriais « papa ! » et me dis « fichtre, je suis le fils caché de Pierre Desproges ». Je m’en allais d’ailleurs, dès le lendemain, fleurir sa tombe et contacter mon avocat afin de préparer un procès en reconnaissance de paternité. Toutefois, alors que je continuais les jours suivants à m’enfoncer sa plume dans le derrière, j’ai fini par me rendre compte que celle-ci n’atteignait pas mon point B, le point bovaryste de la jouissance littéraire. Il manquait un truc à ce text-toyz.

Comment ?!? Vous vous dites que je suis sacrement gonflé de souiller ainsi la plume de Pierre ?!? Alors, sachez donc que :

1- Il est vrai que je suis plutôt gonflé comme garçon, d’aucuns pretendant même que je ne manque pas d’air. Alors, du vent !
2- Si d’aventure, il avait bien été mon père, il aurait fallu que je le tue de toute façon. C’est comme ça ! C’est freudien !
3- Desproges défonçait. Défoncer, défoncer mais pour défendre quoi ? Et il est là le vide. Son exercice de style ne défendait rien. C’est très joli cette forme d’humour sans fond mais ça sent quand même le caprice d’enfant gâté de la démocratie, un enfant refusant de rendre grâces. Et sincèrement, si son œuvre ne m’inspirait pas un certain respect comme une tendresse certaine, je serais assez tenté de dire que ce qui caractérisa le mieux cette oeuvre fut le cancer.

Pour en finir avec cette question du « trafic d’influences », je dirais que puisque nous ne faisons tous que de réinvestir nos héritages et qu’à ce titre, Pierre Desproges s’est sans doute inspiré pour partie d’Alexandre Vialatte, Vialatte qui s’est inspiré des Alphonse Allais et autres, qui eux-mêmes sont les fils de la tradition chansonnière occidentale, tradition remontant jusqu’aux bardes d’antan, vous me permettrez de rendre hommage à nos pères en tirant un trait sur leurs écrits pour mieux souligner les miens.

SIL ressentant le manque du papa Desproges et priant pour que le Cancer ne s’éprenne pas trop tôt, de son colon.

1 commentaire:

Tranxenne a dit…

"Desproges défonçait. Défoncer, défoncer mais pour défendre quoi ? Et il est là le vide."

Exercice de sape nietzschéen. On défend ce qui reste debout après qu'on ait tout défoncé.