vendredi 23 novembre 2007

EXERCICE DE STYLE : BAVARDAGE MARXISTE


En cette Grande Soirée à la Mutualité, dans le cadre des festivités liées au 90e anniversaire de la révolution d’Octobre et dans le but de favoriser la création de Mon grand parti populiste de gauche, voici le petit discours que je vous ai préparé.

Aussi mes très chers camarades… Ça c’est pour vous mettre à l’aise pour mieux vous la mettre... Mes très chers camarades disais-je, venez donc ici que je vous exprime vos expressions inconscientes. Oui, venez. Vous verrez qu’après ce petit frottis dialectique, tout vous apparaîtra bien plus clair.

Nous commencerons par mettre en éclairage le Système puisque tout est de sa faute. En effet, ce n’est ni de la notre, ni de la votre puisque le Système vous place en objet et non pas en sujet. Le sujet étant le patronat. Et si le sujet patronal peut régner sur l’objet prolétaire c’est tout simplement parce que la dialectique bourgeoise, au cœur du système bourgeois, impose l’objectivation des sujets. C’est bien plus clair non ? Si ce n’est pas le cas avouez au moins, mes très chers camarades, que tout cela est, pour le moins, fort brillamment exposé. Vous la sentez la libération qui arrive. La sentez-vous au moins ?

Comment ça non ?!? À l’évidence, l’inconscience de votre condition d’objet a trop pris le pas sur la conscientisation libératrice que seul un sujet tel que moi pourra vous apporter. Vous avez de la chance va ! Ayant fait don de ma personne à votre cause, ayant sacrifié mon Moi personnel pour votre Toi collectif, je vous propose l’affaire suivante.

Un séjour linguistique de soutien dialectique, où entre quatre murs, oups, entre quatre yeux vous bénéficierez de mon savoir comme de celui du Parti. Bien à l’écart de ce monde matérialiste et objectivable, vous pourrez vous emplir d’une force libératrice, la mienne, oups, de la force collective d’une foule enchaînée, prête à rétablir l’ordre juste des choses. Le mien comme celui du Parti. Ah, la foule, la foule sacrée de nos frères, enfin plutôt de vos frères puisque le parti avec moi à sa tête, sommes votre Père. Un père à l’autorité toute bienveillante, à l’autorité libératrice. Surtout n’hésitez pas à faire venir vos proches dans notre campement de soutien dialectique, à nous amener toujours plus des petits camarades rétifs à notre message libérateur. Plus on est de fous et mieux on prépare une révolution sanglante, oups, arracheuse des sangles qui entravent une foule d’objets opprimés, attendant le jour où ils seront enfin sujets d’une démocratie populaire.

Oui venez nombreux qu’on vous enlève les sangles que vous avez accepté de vous poser tout seuls, pour les remplacer par des bonnes grosses chaînes en fonte, dont nous serons les seuls à détenir les clefs… « Mais qu’est-ce que tu racontes là Robert? C’était pas prévu au bavardage ça.»

« Excuse-moi Régis. Sans doute un petit Bug révélateur qui vient de se glisser dans la Matrice marxiste»… Je disais donc, venez vous faire libérer, venez, petits, petits, petits…

Venez, venez à moi mes petits-enfants, comme le dirait notre camarade Chavez, le leader du marxisme-apostolique, car le royaume collectiviste est à vous. Un royaume où vous ne connaîtrez plus la faim. Nos camps vous entraîneront à résister aux privations. Telle est la route qui mène à la mise à mort du matérialisme oppresseur. Olé !

Un royaume où les forces matérialistes ne vous maintiendront plus dans un sommeil abrutissant. Nous vous réveillerons. Dans nos camps de rééducation, oups, campements collectivistes de libération, nous vous réveillerons jour et nuit. Rien de tel que la privation de sommeil pour laver en profondeur les cerveaux serviles de la gadoue matérialiste. Oui venez à moi mes petits-enfants. Vous la sentez mieux maintenant la libération ? Oui, parfait !

Maintenant que je vous ai bien embrouillé la tête, profitons de l’ivresse pour développer la dialectique prolétaire qui vous permettra d’accéder au pouvoir en m’y mettant à votre place. Tout comme je suis l’expression consciente de vos expressions inconscientes, vous comprendrez, tas de cons, oups, très chers camarades que mon pouvoir soit l’expression conscientisatrice de votre incapacité à l’exercer. À vous le rêve de pouvoir. À moi sa réalité. Applaudissez mes très chers camarades puisque de notre totale abnégation, à moi comme au Parti, procède votre pouvoir et votre libération. Vous la sentez la libération ? Elle arrive. Oh oui elle arrive, elle arrive. Ouiiiii ! Elle vient tout juste d’arriver dans vos jolis petits culs, ma libération marxiste. Merci camarades.

Merci camarades pour cette capacité que vous avez, en dignes fils du Singe, à passer d’une branche à l’autre, d’une liane à l’autre, d’une chaîne à l’autre, d’une oppression à tout plein d’autres...

C’est nul n’est-ce pas. Et dire que ces libérateurs nous la mettent profond depuis 100 ans et que l’on se contente de se plaindre que quelque chose nous gratterait du côté du duodénum. Un réflexe simiesque sans doute, en attendant que l’évolution fasse un bond supplémentaire. Un bond capable de concilier en nous le sens de la collectivité comme le goût de la liberté et de l’autonomie. Un bond capable de cesser de nous faire hésiter perpétuellement entre la tyrannie de l’ego ou celle d’une folie collectiviste. Un bond génétique qui inscrira dans notre ADN la responsabilité individuelle ET la solidarité collective...

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