samedi 3 novembre 2007

MON OLYMPE


Le 3 novembre 1793 est guillotinée Olympe de Gouges, mon Olympe, la partie X de mon génotype conceptuel, l’une des marraines de la République, une Grande Dame pas assez connue à mon goût.

Tout fils indigne de ce nom vous dira qu’il y a des choses qui l’énervent chez sa mère. Aussi, il y a des trucs chez Olympe qui m’agacent et que je renie, imitant ainsi son fils légitime, l’adjudant général Aubry de Gouges.

Certes, lui le fit pour des raisons liées à sa carrière militaire, la terreur ayant triomphé de son courage, alors que moi, c’est son coté « Girondin », régionaliste qui m’agace. J’ai beaucoup trop de mal à expliquer à la France du vide et aux régions pauvres que le fédéralisme ou le régionalisme sont le meilleur moyen d’assurer la cohésion nationale, pour accepter son girondisme. De même j’ai un peu de mal avec son ultralibéralisme affectif. Mon Olympe caressait en effet l’idée, sans doute pour mieux caresser autre chose, qu’il fallait que les contrats de mariage soient pour un an renouvelables. Un mariage en CDD. Pourquoi pas à temps partiel aussi, non ? N’importe quoi ! Désolé maman, mais je préfère le CDI. Faut dire qu’elle avait un côté un peu bobo et donc ce côté idées à la con. En ça aussi, elle fut une précurseuse.

Fille illégitime du marquis de Pompignan, déçue par un premier mariage, madame refusa à jamais de s’engager, considérant le mariage comme « le tombeau de la confiance et de l’amour », une excuse de meuf, préférant ainsi l’amour bohême tout en vivant aux crochets de son riche compagnon, Messire Jacques Biétrix de Rozière. Celui-ci, bon con, lui permit de mener grand train, de s’adonner à l’écriture de pièces de théâtre et de jouer un rôle important dans la Révolution française.

Mais bon, ma réserve s’arrêtera là puisque contrairement aux bobos amoureux du consensus mou ou du simple bavardage, mon Olympe mit sa tête à couper que la Démocratie et les valeurs humanistes triompheraient. Malheureusement, elle perdit son pari, certes momentanément mais suffisamment pour y laisser sa jolie tête bien pleine d’idéaux humanistes et républicains.

Militante de l’égalité entre tous les Hommes, notamment à travers son combat pour l’abolition de l’esclavage ; militante de l’égalité Hommes-femmes avec sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et son célèbre slogan « la femme a le droit de monter à l’échafaud, elle devrait aussi avoir le droit de monter à la tribune »; profondément démocrate, mon Olympe s’opposera courageusement aux dérives sanglantes de la Révolutions arguant du fait que « le sang, même des coupables, souille éternellement les révolutions ». C’est pour cette dernière raison qu’on lui trancha les cordes vocales.

Elle eut toutefois le temps de participer à la théorisation d’un système de protection maternelle et infantile comme de recommander la création d’ateliers nationaux pour les chômeurs et de foyers d’hébergement pour les sans-abri. Bref, hardcore jusqu’à la mort, elle travailla à ce que la Loi abrite le plus faible. En ça, je lui dis, merci maman !

SIL qui aime sa maman

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