lundi 24 décembre 2007

CANAL SAINT MARTIN TV


À l’heure où les eaux du canal St martin se déversent dans les bénitiers de la cathédrale notre dame de Strasbourg, petit retour sur les Don Quichottes et autres Sancho Pansus du cinéma, d’autant plus que Monsieur d’Aucun me reproche « de ne pas être très charitable avec nos intermittents du spectacle social ».

Que Monsieur d’Aucun se rassure, au fond, je ne suis pas mécontent de voir ces Don Quichottes jouer avec leurs lances ce rôle de taon, comme le dirait Socrate, ou d’aiguillon, comme le dirait mon bon Joffrin, si nécessaire à toute collectivité humaine. Car non seulement il nous faut penser aux sans abris mais surtout vouloir résoudre leurs problèmes. Par contre il est vrai que le St Martin du canal, le St Augustin Legrand et sa chorale des petits-enfants de Don Quichotte, le coup de la cathédrale, et le « charitable » de Monsieur d’Aucun ne vont pas sans me poser de Sacrés problèmes.

Que voulez-vous, en vilain républicain, je suis non seulement pour la séparation de l’église et de l’Etat, mais je préfère aussi la solidarité à la charité. Sans omettre qu’en citoyen doté d’une haute idée du politique, ça m’emmerde toujours que des guignols à la limite du poujadisme puissent se servir de concitoyens en déshérence pour se bâtir une sainte image médiatique. C’est mon côté i-con-oclaste républicain.

Je suis d’ailleurs bien heureux que mon bon Jean-Pierre Raffarin ait rappelé dans « le grand journal » à ce grand Auguste, que dans un état de droit, les choses se règlent par la loi et non par le fait du prince ou des gesticulations médiatiques. Tout comme dans un même état de droit, les lois s’adressent à tous que l’on soit noir, blanc ou ch’ti et pas seulement à ceux qui passent le mieux sur les écrans des idées en noir et blanc.

J’avoue toutefois que j’aurais été plus heureux encore que cette mise au point soit venue de mon camp en même temps qu’il aurait rappelé toute notre société à son devoir de solidarité envers nos concitoyens dépourvus d’abris. Nos représentants ne doivent-ils pas être aussi l’éperon qui frotte le flanc du cheval social de notre république, d’autant plus quand ils sont en selle à l’assemblée ? J’en suis persuadé.

Car au fond, que font tous ces gens dehors ? Ces personnes sont-elles dehors par « liberté », comme le dirait la très charitable Madame Boutin, une liberté glaciale, ou bien parce que refusant l’ultrasocialisation sauvage dans des dortoirs à bestiaux inadaptés à la dignité humaine en général et encore moins à des personnes en voie de désocialisation ? Et puisque que l’on est dans les questions, abordons celle de fond comme nous le faisons tous dans nos repas au bout du troisième verre de vin, et qu’à l’inverse refusent de mettre sur la table politique tous nos convives médiatiques.

« Si on leur donne gratuitement un logement décent, auront-ils envie de se sortir de la misère ? La rue et les dortoirs ne sont-il pas aussi les aiguillons qui peuvent leur faire prendre conscience de leur situation ? »

Questions auxquelles avec mes potes nous répondons en général : « parce que ça te fait rêver toi, une petite chambre dans un logement d’urgence ou de réinsertion ? La norme que nous désirons tous, c’est la petite chambrette désolée, le joli trois pièces finement meublé ou la maison avec jardin ? les deux derniers n’est-ce pas ! »

Aussi notre devoir n’est sûrement pas de jalouser le minimum vital que nous devons par l’impôt à tous les membres de notre société. Le minimum de dignité n’est sûrement pas un dortoir indigne mais bien un petit coin où l’on peut se poser en toute sécurité. À nous depuis nos jolis trois pièces meublés IKEA (PUB) ou Habitat (PUB), de leur garantir le minimum. À eux après cela, de travailler à plus s’ils le souhaitent et s’ils le peuvent, ou bien de s’en contenter.

Quant aux Depardieu, Béart, Balasko, Bouquet et autres, dont certains fraudent cette solidarité national qu’est le Fisc, soit en expatriant leur argent soit en s’expatriant tout court en Belgique ou ailleurs, qu’ils daignent fermer leurs gueules gonflées au collagène. J’emmerde leurs petites leçons de charité médiatique. Vous me faites marrer. La plupart d’entre vous et de vos amis habitent de très jolis quartiers, de sublimes immeubles où des familles logent encore dans des chambres de bonnes ridiculement minuscules ou bien dans des loges de concierges de 25 mètres carrés avec les chiottes au fond de la cour, sans que cela vous intéresse outre mesure.

Non seulement je sais très bien de quoi je parle mais surtout je serais assez tenté de demander à nos journaliste d’investiguer sur les loges et autres chambres de bonnes à loyer immodéré existant dans les immeubles de nos star ou alentour. Ont-elles voté les travaux de mise en conformité des loges de leurs concierges ou des chambres de leurs bonnes, avec la dignité que ces stars gonflables tiennent tant à surjouer à l’écran ?

En voilà une bonne question qui ferait un excellent reportage pour Canal Saint Martin TV…

Saint Silpeace

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour la loge de concierge, je ne sais pas mais, selon France-Inter, Bouquet occuperait un modeste F5647 Villa Montmorency, véritable "ghetto-à-pognon", ultra-sécurisé... Marie-Antoinette à Versailles,mais sans les moutons, (quoique...Béart, Balasko...) ou la Dame Patronnesse du 19°s ? Peu importe après tout,y a des coups de piques qui se perdent !

SIL a dit…

oh ce n'est pas tant son modeste F5647 qui me gêne. Tant qu'on paye ses impots, chacun fait ce qu'il veut du fruit de son travail. En esperant toutefois qu'elle n'ait pas subi la mauvaise influence de son ex ou de ses amis si prompts à esquiver le Fisc.

Quoique pour le F5647 maintenant que j'y pense c'est assez rigolo que des gens qui militent pour la requisition des logements vides aient autant d'espace vide à disposition. Je propose à Carole une auto-requisition afin de loger les mal-logés. lol

Non ce qui m'emmerde c'est que tout ça sent le pépérenalisme, ce paternalisme de gauche qui aime tant cette pauvreté loin de chez soi. cette pauvreté exotique qui vous permet de vous racheter une bonne conscience à trés peu de frais puisqu'au final le retour sur investissement mediatique est bien superieur à la mise initiale.

Pourquoi, comme je le suggère, ces gens-là ne s'interressent pas aux mal-logés de chez eux. j'ai connu des familles, habitant les mêmes immeubles, ou les immeubles voisins de nos star, des familles qui se partagaient deux minuscules chambres de bonnes, les gosses dans l'une, les parents dans l'autre. Une enfilade de chambres de bonnes avec un WC turc pour tout l'etage et une baignoire collective dont il fallait aller chercher la clef chez la gardienne.

Une gardienne qui elevait ses gosses dans une loge d'à peine plus de 20m2 avec une baignoire sabot dans la cuisine par où s'echappaient des cafard, avec des WC au fond de la cour, et une piece principale qui servait aussi et surtout à recevoir les habitants de l'immeuble en semaine comme le week-end... des conditions de logement d'un autre age.

Des gens qui, dans les chambres de bonnes (alors qu'ils payaient de bons loyers aux proprios souvent de la main à la main) ou dans les loges, en ne se plaignant pas, ne voyaient pas nos bonnes âmes accourir à leur secours, alors qu'elles habitaient à coté.

Dans les beaux quartiers, les barres insalubres sont horizontales. elles se situent aux rez-de-chaussé et au 7e etage...

Grands dieux, que tout ce masque, que tout ce cinema social finit par être drôle...