lundi 28 janvier 2008

ÉCRIT A L’ENCRE ANTIPATHIQUE


J’ai failli faillir à ma discipline intellectuelle en relayant bêtement, dans cette chronique sur le discours présidentiel de Latran du 20 décembre, l’analyse convenue sur l’application par notre président de la règle de la concurrence libre et non faussée au domaine religieux, et ce sans même lire le discours dans son intégralité.

Vous me direz que j’aurais pu invoquer de sacrées circonstances atténuantes, ses discours étant devenus sans intérêt par ce qui semble un manque de cohérence, leur donnant un aspect fast-food politique immangeable.

Dévot chez les cathos, shalala chez les juifs, derviche tourneur chez les wahhabites, radical avec les social-narcissiques, Sarkozyste à l’UMP, contremaître parmi les ouvriers, assistant commercial avec ses amis de la Finance, ridicule au G8, s’il est encore loin du Jarod de la série « Le Caméléon », son sens de l’improvisation et du camouflage en font déjà un bon scénariste pour « l’Agence tous risques ». Autour de notre Hannibal, tous les personnages y sont, de Barracuda à Looping en passant par Futé.

Bref j’aurais pu faire ma petite chronique sans lire son discours tant ils semblent écrits sur une même page à l’encre sympathique, sans doute par souci écologique ou respect des conclusions du Grenelle de l’environnement. En plus elle n’était pas trop mal ma petite chronique.

Je vous aurai expliqué comment j’applique moi aussi la règle de la concurrence libre et non faussée en matière religieuse lorsque je joue à SimCity. Comment je dispose autour d’une grande Agora piétonne, où les bâtiments officiels occupent le centre, les bâtiments religieux des différents cultes avec un souci évident de foutre la merde. Une mosquée chiite à côté de la mosquée sunnite ; un temple protestant à côté d’une église catholique ; une synagogue à côté d’un temple dédié aux idoles gréco-romaines ; un centre commercial à côté de la médiathèque ; un Cinéma porno à côté de celui d’art et d’essai ; ainsi de suite…

Puis j’aurai conclu en disant que si dans le monde virtuel, je conçois tout ceci sans aucun problème, dans la réalité je n’envisage que la seule méthode ayant fonctionné avec les pouvoirs religieux. La bonne vieille taloche sur la calotte, histoire que les institutions surnaturelles continuent de baisser les yeux devant le pouvoir de la Raison.

Mais j’aurais commis une stupide erreur car après avoir écouté des extraits de son discours à Ryad et avoir lu son discours à Latran, je pense avoir trouvé une cohérence à tout ce prêchi-prêcha. Vous me direz ce que vous en pensez mais je Crois ne pas avoir tapé bien loin.

Je ne prêcherai pas pour ma paroisse en passant sur la négation des racines païennes et druidiques multimillénaires d’une France sarkozyste au racines « essentiellement chrétiennes », ainsi que lorsqu’il fait des citoyens mécréants des républicains de seconde zone. « Bien sûr, ceux qui ne croient pas doivent être protégés de toute forme d’intolérance et de prosélytisme. Mais un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent ». Je passerai sur cela aussi car par République j’ai bien compris la supplique de Nicolas Sarkozy comme nous le verrons plus bas.

Je prêcherai à peine pour mon autre paroisse qu’est la loi de 1905, en lui rappelant que si notre « laïcité enfin parvenue à maturité », « est aujourd’hui une liberté », « une nécessité et une chance », voir « une condition de la paix civile », comme il le dit si bien, c’est grâce à la loi de 1905, qu’il décrit comme une loi suspecte, et à cet « anticléricalisme », pour lui condamnable, qui ont enfin « désarmé » l’Église. Moralité, notre laïcité a déjà démontré ses aspects positifs sans que l’on cherche à la rendre « positive ».

Non je prêcherai plutôt pour sa paroisse, en lui demandant toutefois d’arrêter de mélanger, malgré la définition donnée dans son discours, le spirituel et le religieux, la recherche et le dogme, l’ouvert et le fermé, le libre et le formaté, dans le but de mieux nous faire avaler les religieux et leurs petits saints-pères des peuples.

Pour sa paroisse, puisqu’il me faut lui dire « Bravo Nico, c’est encore toi le beau-gosse », « le plus beau du quartier ». tu nous as bien eu mon lascar ! « la vocation », le sens « du sacrifice », « le charisme d’un engagement porté par l’espérance », y’a pas à dire, c’est incontestablement toi qui l’a.

Comme le sens de la dialectique catholique. Un vrai jésuite que ce Nicolas. Citant Benoît XVI, « si nous ne pouvons espérer plus que ce qui est accessible, ni plus que ce qu’on peut espérer des autorités politiques et économiques, notre vie se réduit à être privée d’espérance » car « quand les espérances se réalisent, il apparaît clairement qu’en réalité, ce n’est pas la totalité ». Une pensée profonde qui pour l’Eglise signifie que leurs promesses de paradis étant du vent et leur pouvoir tenant de l’invisible, comment feraient-ils pour maintenir leur pouvoir si ce qu’offrait l’oeuvre politique nous suffisait et si nous ne croyons plus dans leurs souffles « divins ».

Mais une pensée encore plus profonde d’un point de vue politique et que je semble être le seul à avoir remarqué. Car elle est là cette cohérence sarkozyste tant recherchée entre sa vision religieuse et sa vision politique. « Si mes promesses se réalisent, en quoi allez-vous espérer or je me refuse à vous priver d’espérance. Aussi vous comprendrez que je ne respecte pas le programme pour lequel j’ai été élu ».

Nico, t’es vraiment trop fort ! Allez chercher chez Benoît XVI et sa critique du matérialisme, la justification de ton incurie politique fallait le faire. Chapeau bas Monsieur le Président ! Et dire qu’ils te sous-estiment tous, à Droite comme à Gauche. Enfin rassure-toi, comme pour Jean-Claude Van Damme, s’il ne devait rester qu’un seul gardien de vos temples respectifs, ce sera moi, le seul à comprendre votre génie. Un génie du grand écart digne du Grand Eckhart.

Mais il y mieux. Car t’as fait beaucoup mieux, passé là encore totalement inaperçu auprès de nos observateurs qui sont décidemment des gros nullos.

Le coup de demander aux Saoudiens de se convertir au christianisme, fallait le faire. Même si c’est involontaire, t’es un vrai cador. Écoutez plutôt : Après avoir prétendu que les juifs, les chrétiens et les musulmans adressaient leurs prières au même dieu, Nicolas enchaîne sur un « Dieu qui n’asservit pas l’Homme mais qui le libère… »

Après n’avoir jamais utilisé le mot Allah mais celui de Dieu, le nôtre, employer un synonyme du mot soumission, définissant « l’islam », pour dire que l’islam est une erreur et que la vrai religion est la religion chrétienne, et ce au cœur même de la Maison de l’islam, c’était grandiose. Ce qu’aucun télévangeliste américain n’a osé faire, notre télévangeliste français l’a fait. « Impossible n’est pas français ». C’est vrai !

Rendez-vous compte, demander à des musulmans (soumis à Allah), saoudiens de surcroît, de se convertir au christianisme et à sa théorie catholique de la libération, sans qu’aucun de ces saoudiens ne sorte un sabre ou ne sorte au moins de la salle comme l’impose le Coran, c’est grandiose non ?

Vous n’avez rien compris ?!?

Mes chers Nico et Guaino, y’a pas à dire, nous sommes vraiment entourés de médiocres. Enfin, ce billet n’étant pas près de se dissoudre, lui, vous pourrez le lire, relire et relire encore jusqu’à en saisir toute la puissance.

En parlant de puissance, je ne saurais conclure ces considérations théologiques sans citer maître Jean-Claude Van Damme qui s’agissant de Dieu nous dit "Je crois en Dieu... un plus un égale un. Y'a Jean-Claude, y'a Dieu, dans le même corps. Si on peut s'unifier, on devient ce qu'on appelle les miracles, et chaque personne a le seigneur en soi. We're all one. Je crois vraiment en Seigneur." Amen.

Frère SILas contemplatif devant le génie de notre président

PS : dans la mesure où ta phrase « Sans doute musulmans, juifs et chrétiens ne croient-ils pas en Dieu de la même façon. Mais au fond, qui pourrait contester que c'est bien le même Dieu auquel s'adressent leurs prières » ne serait pas une feinte pour mieux placer ta critique de l’islam, je te signale que nous sommes au moins trois à le contester, mon confrère JC Durbant, le Pape Innocent III et moi même.

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