mercredi 23 janvier 2008

LA TECKTONIK DES CLAQUES


Lorsque j’ai appris qu’une demi-douzaine de villes de Louisiane avaient interdit le port du « Baggy » en centre ville, j’ai beaucoup ri. Le « baggy » c’est ce pantalon extra large, qui vous arrive aux genoux puisque porté sans ceinture, en « hommage » aux taulards à qui l’on confisque les ceintures pour éviter qu’ils se pendent avec dans leurs cellules. En somme, un accoutrement symbolisant une forme de solidarité de classe pénale. J’ai ri parce qu’il était inutile d’en arriver à cette extrémité. Il suffisait d’expliquer à ces jeunes qu’ils ont l’air con comme ce n’est pas permis, avec ces pantalons qui ressemblent à s’y méprendre à des chiottes turques. C’est vrai quoi, jamais accoutrement n’a, à ce point, figurer aussi bien le concept de sac à merde.

Oh, que ma génération, celle née autour du premier choc pétrolier ne rigole pas trop, va ! Le jeune a toujours eu l’air con. Souvenez-vous. N’a-t-on pas connu les têtes de punk avec leurs « Doc Martens » à marguerites ; les ados-bobos avec leur jean minutieusement disséqué et décoré du petit bandana rouge autour du genou, histoire de faire comme l’autre con de Renaud ; les révoltés en « perfecto » d’où pendouillaient toutes ces petites lanières en cuir traînant au vent tel des pièges à mouches. Quelle horreur. Mieux, souvenez-vous des « bombers » réversibles, noirs et oranges, truffés de pins. Sans oublier la « doudoune Scott » sans manches que certains mettaient par-dessus la veste en jean avec en dessous la superbe chemise « bûcheron ». Une suite d’ignominies esthétiques qui accompagnaient la new-wave et les autres vagues musicales !

Oh, que les générations précédentes ne rigolent pas trop non plus. Les photos sont là pour preuve et moi quand je mate celles de mes parents, prises dans les années 60 et 70, je pète de rire. Le style baba cool aux couleurs criardes, je crois qu’on n’a pas fait pire. Quoi que les cols mao, les chemises brunes et à étoiles rouges ou encore les uniformes de charlots à charleston, ce n’était pas mieux non plus. Heureusement qu’ils se sont rattrapés questions musique puisqu’on n’a pas fait mieux avant comme depuis le Jazz, la Soul et la Funk des Trente Glorieuses de nos parents. On ne fera sans doute jamais mieux...

Et dire que nos jeunes se croient originaux avec leur « baggy » ou leur toute nouvelle mode de la Tecktonik en « slim ». Une mode dont les pièces maîtresses sont ce jean noir en cigare qui leur fait de ridicules cannes de criquet, rappelant celui des fans d’Indochine ou des Cure dans les années 80, et surtout cette musique, pardon, cet ignoble brouhaha. Du bruit censé faire illusion de musique alors « que les Français savent bien » que la techno est à la musique ce que la clé USB est à la clé de sol. Rien à voir ! Du bruit accompagné de gesticulations ridicules.

Comment vous décrire la tecktonik mieux que ça ?

En fait, il s’agit de se secouer tout seul comme un prunier dans tous les sens tout en remuant très vite les bras autour de la tête. Un peu comme si ces enfants gâtés se mettaient eux-mêmes les gifles que leurs parents se sont bêtement interdit de leur coller. Mieux encore, pour bien visualiser le truc, les amateurs de reportages animaliers n’auront qu’à visionner ce que font les troupes de jeunes babouins et autres macaques quand ils souhaitent impressionner les jeunes femelles tout en cherchant à écarter les concurrents.

Bref tout ça n’est qu’une forme de parade amoureuse pour adolescents en rut, où le « beat numérique » du sapiens-technologique remplace les cris rythmés du pré-sapiens.

Quand je vous dis que le jeune est con, « ça remonte à la plus haute antiquité » comme le dirait Vialatte. Et dire qu’ils se croient originaux alors qu’on faisait exactement pareil quand nous sautions, les 5000 que nous étions au concert des Podigy, tous en rythme, le corps et le cœur traversés par la saturation de basses. Je peux vous jurer qu’on avait l’air cons mais putain ce que c’était bon !

Enfin, puisque l’Ontogenèse récapitule la phylogenèse, tous ces jeunes abrutis comprendront tout cela le jour où ils voteront enfin à Droite.

En espérant qu’ils survivent à leur stupide mode car tels les jeux électroniques à haute dose, je me demande si de soumettre son cerveau aux tressaillements tecktoniks d’une musique de même nature, ne serait pas susceptible de provoquer des spasmes épileptiques capables d’entraîner la subduction ou la collision de plaques entière du néocortex.

Ne perçoit-on pas d’ailleurs les prémices de tout ceci dans le mouvement tectonique des plaques de gel qui sur ces jeunes cuirs chevelus provoque des crêtes himalayennes ou des fosses abyssales digne des Mariannes ?

Grands dieux, ce que le Jeune est con. Encore un mystère de la nature. Le résoudra-t-on un jour ?

SILurien

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