lundi 3 mars 2008

CHAPITRE 3 MOBILISATIONS (4/4)


Le père de Syndicaline ouvre la porte et indique à Didactix que celle-ci s’amuse dans la cave avec quelques vieilles machines qu’il avait racheté, une fois à la retraite, lors du démantèlement de l’usine dans laquelle il avait travaillé une bonne partie de sa vie. Des machines que Syndicaline adorait tripatouiller quand gamine, il lui arrivait de retrouver son père, après sa journée de travail.

Une fois descendu l’escalier métallique qui mène à la cave, et qui semble avoir été récupéré, lui aussi, dans l’usine défunte, il y trouve Syndicaline occupée à usiner des petites plaques en acier. Une petite pile étant déposée à ses pieds. « Qu’est-ce que tu fabriques alors que tout le village s’agite dans tous les sens ? ».

« Justement un besoin de calme. À vrai dire, je ne sais pas trop. Une impulsion subite m’a fait fabriquer ces petites plaques métalliques où j’y ai gravé des slogans sociaux. Avec l’aide de Constitutionnix, je compte en faire des armes de jet magiques, au cas où, comme dans le dessin animé Catseyes, que j’appréciais tant quand j’étais gamine. »

« Décidément tu seras toujours une originale. Allez, viens, puisqu’en parlant de Constitutionnix, celui-ci nous attend ».

S’enfonçant dans le parc, où Constitutionnix lui a indiqué qu’il s’y recueillerait, Didactix et Syndicaline tombent sur un kiosque à musique où semble se terminer une réunion d’intermittents du spectacle. L’ambiance a l’air houleuse.

La réunion s’est effectivement mal passée puisque après avoir reconnu Staracademix, celui-ci leur raconte qu’il y a eu un clash. Une partie des artistes accusait une autre d’avoir saboté le système de l’intermittence en le rendant illégitime par son parasitage alors que tout un tas d’artistes en ont vraiment besoin. D’avoir saboté le système avec des maisons de productions qui ont fait d’énormes bénéfices en se servant de façon totalement scandaleuse de ce système de chômage.
L’intermittence ayant servi, entre autres, à rémunérer des congés payés et des périodes de travail dites « de préparation », que ces maisons de production auraient dû prendre en charge. Un appât du gain et une irresponsabilité qui a parasité puis fini par détruire un système de solidarité.

Un clash qui ne s’est pas terminé par des chansons douces mais plutôt par des noms d’oiseaux sur des airs de gansta-rap. Chaque groupe partant de son côté. Du coup, voici les plus fragiles d’entre eux à la merci du Baron Wendelium qui leur chante « vous avez chanté tout l’été…eh bien ! Dansez maintenant ! »

« Nous qui vivions chichement mais heureux, en proposant nos macarons d’amour, deux tranches de voix, une tranche de cœur, nous voilà trahis par ceux qu’on croyait des nôtres et poursuivis par les sbires de l’Empire de Com. Il ne nous reste plus qu’à reprendre la route, histoire de faire contre mauvaise fortune bon cœur » se lamentent Staracademix et son compère Chantecommuncoccyx avant de quitter Didactix et Syndicaline.

Un Didactix et une Syndicaline qui suivent de loin une autre partie de la Bande d’artistes. Bande qui semble se diriger tout comme eux vers le temple où médite Constitutionnix. Un temple situé en contrebas d’une petite butte, par le sommet de laquelle passe le sentier emprunté par nos amis et d’où ils assistent à l’un des rituels propres au village « Intérêt Général ».

La cime de cette petite butte offre en effet une vue parfaite sur la place centrale du village. Agora où siègent les divinités protectrices de celui-ci. Or à certaines occasions, il arrive que les habitants défilent collectivement devant les divinités Liberté, Egalité, Fraternité et déposent sur les autels de celles-ci, des offrandes que l’on appelle « Tax ». Les « Tax » étant des offrandes réellement magiques puisque ce sont les seules offrandes adressées à des divinités, dont on est sûr de revoir une bénédiction en retour. Des bénédictions en termes de biens publics, de services bien concrets et autres bienfaits solidaires.

La place est illuminée de mille torches portées par les habitants. Les statues et les temples sont éclairés d’éclats dorés. La musique semble rythmer les déplacements de la foule. Un bien beau spectacle qu’il leur faut quitter pour retrouver leur bon druide.

Un Constitutionnix qui a été rejoint par les confrères de Staracademix, qui les précédaient sur le sentier. Il s’agit de la troupe de Tanguix et ses 30 copains. Une joyeuse bande de grands enfants qui a déboulé dans le temple, fagotés de camisettes arborant des icônes protectrices telles que Actarus à bord de Goldorax, Capitaine Flaminus, Albatorix, avec des sucettes en bouche ou à la main, tout en chantant « ce matin, un lapin a tué un chasseur ; c’était un lapin qui ; c’était un lapin qui… »

Constitutionnix bien que préoccupé par la suite des événements, les accueille avec sa bonhomie habituelle. « Mes enfants, je vous vois de bien bonne humeur. Voilà quelque chose de fort agréable. »

Tanguix et ses amis voyant bien que le vieux druide est préoccupé, se proposent de le distraire un peu avec leurs chansons. Le vieux druide accepte, oubliant ses pensées et se laissant entraîner par leur bonne humeur.

Une fois le druide rendu joyeux, Tanguix et ses amis demandent au bon druide une histoire, en retour. « Quelle d’histoire souhaitez-vous entendre, mes enfants? »

« Oh, bon druide, s’il te plait, raconte-nous encore une fois l’histoire de notre déesse-mère, Belle France de la République. Après la discussion mouvementée que l’on a eu avec nos camarades, on ressent comme un besoin de retour aux fondamentaux. »

C’est à ce moment-là que Didactix et Syndicaline entrent dans le temple. Saluant leur druide d’un clin d’œil, ils s’assoyent avec les autres afin d’écouter cette histoire dont ils ne se lassent jamais.

Aucun commentaire: