mardi 29 avril 2008

LE CAUCHEMAR VYCHINSKY : SYLVAIN GOUGUENHEIM


Le cauchemar Vychinsky, du nom du célèbre compagnon de Staline, procureur général du régime lors des « procès de Moscou », continue dans notre pays. Cette fois-ci c’est au tour du médiéviste Sylvain Gouguenheim de comparaître devant le tribunal du Politburo islamogauchiste. Il n’est pas le premier. Il ne sera pas le dernier.

Il y a eu Michel Houellebecq accusé en 2001 de propos racistes et islamophobes. Son crime, avoir déclaré, en septembre 2001 dans le mensuel « Lire », son rejet de tous les monothéismes avec toutefois cette précision : « la religion la plus con, c'est quand même l'islam. Quand on lit le Coran on est effondré... effondré! » Les tours jumelles allaient bientôt s’effondrer en même temps que les cons zélés allaient porter plainte. Parmi ceux-ci Mouloud Aounit, le petit procureur stalinien du MRAP qui démontrera une parfaite maîtrise de l’art de la synthèse islamogauchiste, puisque n’ayant pas son pareil pour marier petit livre rouge, petit livre vert et sans doute quelques chapitres du petit livre brun. Parallèlement à ce tir de barrage, on entendra les petits choeurs gauchistes de l’armée verte chanter que Houellebecq serait un « beauf égaré en littérature », un « nouveau réactionnaire ». Quelques voix à gauche le défendront toutefois, notamment Dominique Noguez et Philippe Sollers

En octobre 2003 c’est au tour de Louis Chagnon de subir l’assaut des milices parajudiciaires. Après avoir donné un cours sur le monde islamique prévu au programme de 5e, il sera accusé de « propos racistes anti-musulmans ». Qu’a-t-il bien pu raconter à ses élèves ? À vrai dire, juste la réalité dans son intégralité. Il compléta le cours classique sur l’islam, où Mahomet y est souvent dépeint comme un pieu bédouin, progressiste et tolérant, par les aspects guerriers de la vie du prophète de l’islam, mentionnant ainsi les pillages et les massacres ordonnés par celui-ci, notamment celui de la tribu juive des Beni Qoraiza, où 900 hommes furent massacrés en une seule journée. L’affaire montée en épingle par des parents d’élèves soutenus par le MRAP vaudra au professeur Chagnon un blâme de la part de sa hiérarchie ainsi qu’une citation directe à comparaître devant le Tribunal de Nanterre, adressée par le procureur Aounit, pour « appel à la haine raciale et propos racistes anti-musulmans ». Chose que je n’ai absolument pas comprise. Allah limite que les descendants directs de Mahomet, faisant fi de leurs propres livres, aient porté plainte pour diffamation soit, mais là « propos racistes », je ne vois pas. À moins que le procureur Aounit soit un descendant direct du prophète et que cette réalité infamante soit perçue par lui comme diffamante, ce qui se règle non pas devant un tribunal mais plutôt chez un psy. Signalons au passage notre joie d’apprendre que le tribunal administratif de Paris, vient d’annuler (par un jugement du 26 févier 2008) la mesure disciplinaire qui frappait Louis Chagnon.

8 février 2006, Charlie Hebdo publie les caricatures de Mahomet avec en première page ce titre « Mahomet débordé par les intégristes » jouxtant un dessin de Cabu qui représente Mahomet se prenant la tête entre les mains et disant « c’est dur d’être aimé par des cons… » Charlie Hebdo ne fut pas le seul à publier les caricatures mais le seul à être poursuivi par les cons habituels, sans doute blessés par la vérité. Le procureur Aounit sans se joindre à la plainte qualifiera tout de même ces caricatures « d’islamophobie rampante » et estimera qu’elles font exception à la liberté d’expression. Un procès qui accompagnera un autre, celui du directeur du journal Philippe Val, accusé par nos amis gauchistes d’autoritarisme, d’avoir « recentré » son discours, et de soutenir Israël. Bref, Philippe Val serait presque un néoconservateur qui mériterait d’être abattu.

19 septembre 2006, c’est au tour du professeur Redeker de devenir l’objet d’une chasse à l’homme. Il publie ce jour-là une tribune dans le Figaro intitulée « Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre », où il rappelle simplement que la démarche des islamistes visant à imposer les règles de l’islam au monde libre n’est pas le fruit de leur simple esprit. « Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran ». Mahomet, leur « beau modèle », ayant été un « chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame ». Notre professeur se verra démontrer l’inverse de ses propos par une belle fatwa appelant à son assassinat. Le procureur Aounit comparera lui Robert Redeker à Ben Laden (sic) pendant qu’à la télé j’entendrai à travers un reportage effectué dans le lycée où enseignait Robert Redeker ces propos dans la bouche d’élèves « on ne savait pas qu’il avait ces idées-là ». Ces idées-là (re-sic). Un début de procès qui sera arrêté par la levée de boucliers pro-Redeker de la part d’une bonne partie de la communauté intellectuelle de gauche comme de droite.

Un peu comme pour Ayaan Hirsi Ali que l’on recevait récemment à Paris et qui eut droit, d’un côté, aux mêmes soutiens dont bénéficia Monsieur Redeker pendant que d’autres la présentaient comme trop proche des milieux néoconservateurs. Comme si les faits et la réalité étaient nécessairement une affaire de politique.

Il semble malheureusement que ce soit le cas puisque le professeur Gouguenheim s’apprête à faire les frais d’une tribune le visant, signée par une quarantaine d’historiens et de philosophes des sciences, qui doit paraître ces jours-ci dans Le Monde et Libération sous le titre « prendre de vieilles lunes pour de nouvelles étoiles ou comment refaire aujourd’hui l’histoire des savoirs ». Une pétition dont le texte se conclut ainsi « Il est difficile de voir dans l’ouvrage de S. Gouguenheim, tel que Le Monde en rapporte les thèses de façon complaisante – lui assurant ainsi une diffusion inespéré – autre chose que les propos d’un idéologue ». Mais de quoi peut-il bien s’agir ?

Laissons Max Gallo nous l’expliquer tel qu’il le fit très justement dimanche matin dans l’émission de France culture « Esprit public »

Dans « Aristote au Mont Saint Michel, Sylvain Gouguenheim, un très bon médiéviste, professeur à l’Ecole Normale Supérieure, démontre que le vulgate selon laquelle la connaissance des philosophes grecs nous est venue par l’intermédiaire de l’islam est pour le moins à reconsidérer, en tout cas à discuter puisqu’il fait état de la traduction des œuvres d’Aristote au Mont St Michel par un personnage qui se nomme Jacques de Venise. Et malheureusement cette thèse fort intéressante ne va pas pouvoir être discutée calmement puisque dans l’un des Le Monde de cette semaine, j’apprends qu’il y a une pétition d’une quarantaine de médiévistes déclarant que monsieur Gouguenheim n’est jamais que l’un de ceux favorables à la thèse du choc des civilisations, que ce livre est un scandale, d’extreme-droite etc. Bref, dès lors que l’on n’est pas tout à fait d’accord avec la doxa, avec ce qui règne, même quand on est un médiéviste indiscutable, il devient dangereux de faire de l’histoire ».

D’autant plus dangereux quand on est un spécialiste de la mystique rhénane, des chevaliers teutoniques et des croisades, comme le rappelle gentiment Assouline dans son petit billet si délicatement fielleux.

Éléments « croisés » qui permettraient d’étayer la thèse d’accointances avec l’extrême-droite. Car outre le fait qu’il cite dans la bibliographie de son livre René Marchand, un essayiste marqué très à droite, après une enquête approfondie de nos petits juges d’instruction, il se trouverait que le site islamovigilant « occidentalis », définit par certains comme d’extreme-droite, aurait publié les bonnes feuilles du livre neuf mois avant sa parution. Un site où un certain Sylvain G. aurait déposé des commentaires encore plus vifs que dans le livre. Un site certes très à droite mais où l’on pouvait lire des positions pro-israéliennes et pro-américaines, des positions incompatibles avec la philosophie générale de l’extreme-droite.

Mais il est vrai que pour nos intellogauchistes si tolérants, si humanistes, c’est déjà trop. Car voyez-vous, l’important pour nos petits procureurs n’est pas comment vous vous définissez, ce que vous êtes maintenant, mais comment ils vous jugent, ce que vous avez été politiquement, dans votre stupide jeunesse, voir même dans une vie antérieure.

Or déjà que centriste c’est limite et que néoconservateur résonne dans la bouche de ces staliniens comme fasciste, imaginez le sort réservé alors à des sites ultraconservateurs. Leur crime politique est au-dessus de tout. Ils sont irrécupérables ma bonne-dame. Comme quoi nos intellogauchistes demeurent pour la peine capitale en matière politique. Avec en plus un goût pour la pensée virale. Non seulement tout militant de la droite ultraconservatrice restera un malade à vie, mais toute personne effleurant tout militant de cette droite le deviendra quasi-instantanément. Il n’y a que les va-et-vient entre gauche et extreme-gauche qui ne leur posent aucun problème. Et dire que ces gens-là sont payés pour réfléchir.

Une fragilité intellectuelle et une reductio ad Hitlerum qui explique parmi le tas d’arguments de mauvaise foi, cette perle dans l’une des tribunes « à propos du livre de Sylvain Gougueheim ». La thèse de Monsieur Gouguenheim serait la « négation » d’un siècle de travaux mais aussi une « révision » de l’histoire. Après la négation de crimes contre l’humanité voici le négationnisme ou le révisionnisme de « progrès en recherche historique ». À moins que la « translatio studiarum », l’échange d’études, entre musulmans et chrétiens soit un crime indéniable ou à moins que ce ne soit l’absence d’échanges le crime non révisable. Il est vrai que je m’y perds un peu dans toute cette confusion mentale…

Moralité de l’histoire, au lieu de nous proposer un intéressant débat, ces historiens préfèrent nous proposer un petit procès moscovite, visant à classer cette thèse dans « l’islamophobie ambiante », le tout à quarante contre un. Bravo, quel courage. Il ne manque plus que la plaidoirie du procureur général Aounit.

Voyez-vous messieurs dames gogochistes, la différence entre vous et les droites que vous conspuer, qu’elle soit républicaine, néoconservatrice et même ultraconservatrice, réside dans le fait que ces droites n’agitent pas la menace du tribunal, ne pétitionnent pas quand des marxistes, rêvant de la chute de la république, intègrent les universités de cette même république, ou à chaque fois que l’un de ces universitaires propose une thèse sociologique, historique, que sais-je, inspirée par la grille d’analyse marxiste. Et pourtant ce ne sont pas ce genre de thèses qui manquent. Comme quoi la tentation totalitaire n’est pas toujours là où on la dénonce mais après tout comme la meilleure défense reste l’attaque…

En attendant la plaidoirie ou bien un salutaire débat, je lirai non seulement ce livre mais soutiendrai également Monsieur Gouguenheim face aux disciples de Vychinsky.

VaSILi Sharangovich

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"une reductio ad Hitlerum" ...

D'autant plus intéressante que le "siècle de travaux en question" est en bonne partie issue, si je ne m'abuse,... d'une certaine ex-membre du département des sciences de Himmler lui-même,n non?

"L’influence du monde arabe sur l’Occident fut la première étape de la libéralisation de la chrétienté en Europe." Sigrid Hunke

http://jcdurbant.blog.lemonde.fr/2008/04/29/racines-de-l%e2%80%99europe-touche-pas-a-mon-islam/