mardi 11 novembre 2008

RECUEILLONS NOUS SUR LE REPOS DOMINICAL


Les fidèles lecteurs du Republicoin savent qu'ils trouveront ici de l'original, des petits arguments tout bons, tout chauds, sortis comme qui dirait de derrière les fagots. C'est ainsi que je vous propose aujourd'hui 11 novembre, jour de recueillement, une petite fournée en rapport avec la possibilité de faire de cet autre jour de recueillement qu'est le dimanche, un jour travaillé dans la grande et petite distribution.

À vrai dire, tout comme l'ensemble de mes concitoyens, je suis très divisé sur la question du travail dominical dans le secteur commercial. Alors qu'il y a peu, je faisais partie de la moitié de français à être défavorable à l'ouverture des magasins le dimanche, me voilà dans la moitié qui se trouve favorable.

« Comment ais-je pu passer ainsi du côté obscur de la force de vente ? »

Vous allez rire. En pensant à une catégorie de salariés dont bon nombre d’entre vous se fiche éperdument. Les fonctionnaires. En effet, jusqu’alors, je naviguais entre :

1) Mes réflexes sociaux, du genre, il faut que les travailleurs et plus particulièrement nos caissières et autres vendeuses-vendeurs puissent préserver leur vie de famille.
2) Mes réflexes sociétaux, genre, il faut que chacun puisse s’adonner ce jour-là au culte de son choix, à celui des ancêtres dans nos cimetières, à celui de l’angoisse des vivants dans les divers temples, à celui de la nature dans les parcs et jardins, à celui de la culture où qu’elle se trouve, ou à encore au culte des grandes-marques dans les rares cathédrales commerciales ouvertes.
3) Mes réflexes de consommateur hypocrite car si l’idée de perdre mon temps dans un grand-magasin par un beau dimanche me file des plaques de psoriasis sur tout le corps, l’artisan du BTP que je suis, a parfois l’impérieux besoin de trouver un Castorama ou un Leroy-Merlin ouvert ce jour-là, ma femme et mes gosses profitant du voyage pour aller chiner à l’usine-center d’à côté…

Je naviguais. Et puis voilà-t-y pas, qu’en rentrant un dimanche soir de province, où j’avais dû me rendre au chevet des projets pharaoniques de la greluche d’un futur client, que je me retrouve assis à côté d’une insupportable rombière. Une mauvaise compagnie que se donna pour occupation, celle de nous pourrir toute tranquillité, normalement garantie dans le carré ID-ZEN du TGV, notamment en dégobillant sur les fonctionnaires sa bile d’oisive cocufiée par un mari en stage de cohésion d’équipe loin, bien loin, réfugié à l’étranger. Comprenez-là, notre TGV allait arriver avec 54 secondes de retard, ce qui compromettait dramatiquement les occupations d’inactive qu’elle avait programmé à la seconde près via téléphone portable avec sa voisine d’en dessous, son voisin d’au dessus, et je ne sais plus quel autre parasite de son entourage. Impossible d’en placer une. Je l’aurais bien accrochée au caténaire mais comme il parait que cela nuit gravement au bon fonctionnement du service public ferroviaire et puisque je n’ai rien à voir avec nos bubonneux d’anarshit, souvent fils d’oisives et badauds eux-mêmes, je me suis abstenu.

M’abstenant j’ai dû sublimer mes pulsions. J’ai bien fait. Me recueillant en ce dimanche, je me suis dit que la catégorie de salariés sur laquelle crachait cette vilaine vipère, travaillait, elle, le dimanche. Et là, élémentaire mon cher Watson !

S’il y a des fonctionnaires qui dans les transports, qui dans les hôpitaux, qui dans les musées, qui dans les parcs et jardins, et j’en passe, travaillent, se privant eux aussi d’une vie de famille, de shoping, de messe, de cinéma, auxquels ils devraient, en toute logique, avoir droit, contre un salaire tout sauf mirifique, pourquoi les salariés de la distribution ne seraient-ils pas logés à la même enseigne.

Quand on choisit un métier, un travail, on accepte au moment de la signature du contrat, tout comme nos fonctionnaires, les sujétions qui vont avec, faute de quoi on fait autre chose, voire on se met à son compte. Aussi pour quelle raison ce qui apparaît comme exigible de certaines catégories de salariés du public ne le serait-il pas de certains salariés du privé. Après tout, la nécessité d’un tel service semble de plus en plus évidente donc pourquoi ne pas l’autoriser. Avec compensations, respect des contrats déjà établis et négociation avec les partenaires sociaux, cela va de soi !

Avouez que vous n’aviez pas pensé à celle-là, hein ? Pour une fois que ce ne sont pas les salariés du privé qui servent d’excuse pour en demander plus à ceux du public. Elle est bonne, franchement ? Comment ça, non ! Pfff, vous ne savez pas « dreamer » !

SILiberal

Illustration : « Recueillement » de Bruno Lemoine, une toile qui me parle.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

NON au travail dominical banalisé !

Ce n'est pas tant son côté dominical qu'hebdomadaire et systématique qu'il nous faut préserver.

Si la référence religieuse au dimanche gêne du monde (y'a des pénibles des fois...)qu'on le colle un lundi ou un jeudi, m'en fous moi ! Mais que la règle intangible et peu sujette à exception demeure ! C'est aussi un choix de société que d'arrêter, tous ensemble, une fois par semaine, de travailler. Et ça, ça vaut la peine d'être défendu contre toutes les dérives mondialiso-productivisto-libérales possibles. Juste pour le principe.

@+,

LOLO45ANTI.

PS : je rappelle tout de même qu'en tant que fonctionnaire, il m'arrive parfois de travailler le dimanche, au grand regret de mon épouse et de mes enfants. Mais lorsqu'on embrasse la fonction publique, ce doit être au moins autant pour donner que pour recevoir... si un jour je me considère comme exploité, je pourrai toujours revenir au privé, y'a pas besoin de concours pour ça.