samedi 7 février 2009

LIBIDO CAPITALISTE ET DESTRUDO ANTICAPITALISTE


Pour rester au chapitre des fantasmes et histoire d’introduire celui de la folie marxiste, voici « capitalisme et pulsion de mort » des économistes Bernard Maris et Gilles Dostaler. De quoi s’agit-il ? D’une psychanalyse sauvage visant à démontrer, à travers les textes de Freud et ceux de l’économiste Keynes, que « détruire, puis se détruire et mourir constituent aussi l’esprit du capitalisme. » Une psychanalyse sauvage qui par nature ne vaut pas un kopeck de La Havane comme le savent ceux qui s’intéressent à la psychanalyse. Par contre un essai qui vaut son pesant de cacahuètes s’agissant de démontrer la schizophrénie de nos gauchos. En effet, ce qu’il y a de merveilleux avec un gaucho, c’est cette capacité à s’affranchir de la réalité observable et à en fabriquer une tout autre sur le papier. Alteréalité qu’il soutiendra mordicus grâce à la rhétorique et où il projettera toutes ses névroses.

Car au fond, faire un peu de psy sauvage, ce n’est pas si grave. On en fait tous un peu, pour rire ou lorsque nous sommes énervés. Par contre, en général, nous ne prenons pas ce genre d’exercice au sérieux et mieux encore, il ne nous viendrait pas à l’esprit l’idée complètement dingue de l’imprimer afin d’en tirer quelque bénéfice.

Une logique étrangère à nos deux auteurs puisque libres de tout surmoi régulateur, ces messieurs n’ont pas hésité pas à nous pondre « ça », en y accordant tout le sérieux possible sous prétexte de crise. Dingue, non ? Car s’agissant de la question ici mal traitée, rappelons que le siècle passé a tout de même permis de comparer sur le champ du réel comme de l’histoire le capitalisme et les idéologies alternatives, marxisme en tête. Siècle qui a clairement permis de voir où se situait la « destrudo » avec ses millions de morts liés aux goulags, massacres, famines, et le principe de vie avec sa croissance, ses progrès et sa fertilité.

Marxisme, Capitalisme. J’ai beau ne pas faire le meilleur des thuriféraires du système capitaliste, simplement pour rester mentalement un pedzouille doublé d’un gagne petit allergique au bling-bling, je suis quand même obligé de reconnaître que l’antithèse du capitalisme est morte et qu’elle se décompose, nourrissant à peine quelques rares champignons vénéneux genre eumycota caracas ou eumycota havanas. Le capitalisme continuant de son côté à croître et à fructifier.

Or qu’il s’en trouve, malgré cette évidence, pour continuer de diagnostiquer pile-poil à côté, il y a de quoi s’inquiéter, non ? Car n’en déplaise à nos analystes, malgré les multiples crises que nous avons connus, c’est quand même grâce au capitalisme que le Produit Mondial Brut a septuplé depuis 1950 et que des régions entières de la planète sont sorties de la misère la plus crasse.

Quant aux crises à proprement parler et pour utiliser moi aussi une métaphore médicale, je dirai comme mon prof de philo en terminale : « La maladie et ses fièvres, sont également une manifestation de la vie, l’envie qu’a celle-ci de combattre le virus qui veut sa mort.» En ce sens, les fièvres du capitalisme ne sont pas la manifestation de la mort mais bien celles de la vie.

Cela dit, nous n’avons même pas besoin d’aller jusque-là pour démontrer que le capitalisme aime bien plus la vie que ses opposants. En effet qui mieux que les marxistes et autres malthusiens pour glorifier le principe de mort ? Ils n’ont que ce mot à la bouche. Ils voient des apocalypses partout. Certains de ces malades, psychanalystes par ailleurs, qui comme le professeur Slavoj Zizek ont le vent mauvais en poupe, vont même jusqu’à faire de la terreur révolutionnaire et son cortège de massacres une vertu.

Bref d’un point de vue psychanalytique, je serais assez tenté de qualifier tout ce cirque de « projection » : 1) J’aime le capitalisme car il me permet de très bien vivre, paye mon salaire de prof de fac, permet à des tas de petits bourgeois dans mon genre d’acheter mes livres et m’offre la possibilité d’être l’actionnaire d’un grand hebdomadaire qui me rapporte pas mal de dividendes. 2) Je le déteste puisqu’il m’amène à éprouver ce sentiment inacceptable dans le cadre culturel de mon pays ; mais cette hostilité est également inacceptable puisque stupide ; comment pourrais-je très bien vivre si je mettais en application le principe de « gratuité » par lequel je jure en permanence, notamment en distribuant gratuitement mon hebdo, mes livres et mon savoir ? 3) Donc le capitalisme me persécute et parce qu’il m’inflige de telles souffrances, je peux le haïr.


La « projection », que ce soit celle de Keynes ou d’autres bobos tels que nos auteurs est finalement le seul élément intéressant apporté par ce bouquin. Aussi, merci quand même.


SILgmund

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vous aimeriez que Bernard Maris lise cet article afin qu'il ouvre les yeux et descende de sa tour d'ivoire ?

Hé bien il vous suffit de l'imprimer (il rentre sur deux feuilles recto ou une feuille recto-verso, au choix) et de le lui envoyer par la poste, dans une enveloppe avec un timbre.

La première lettre ira droit à la poubelle, la deuxième aussi. A partir de la suivante il se demandera pourquoi il y a eu cette suivante et s'il y en aura d'autres qui suivront...

Du coup pour son prochain livre il évitera le grand n'importe quoi.

Bernard Maris travaille (entre autre) chez Charlie Hebdo :
http://www.charliehebdo.fr/equipe/index.html
dont l'adresse postale se trouve sur la page :
http://www.charliehebdo.fr/contact.html