vendredi 6 mars 2009

REOPEN HUDSON 5 : SILENT RUNNING


Réveil en fanfare à la rédaction. « Hep ! Hep ! Hep ! On se réveille mes pingouins ! J’ai enfin des nouvelles du professeur Waldman », nous lance Master Sitt, notre Rédac-chef, en déboulant dans l’eXc-salle de rédaction. « Enfin » nous disons nous. Il est vrai que deux semaines se sont passées depuis le dernier contact et que sans nouvelles, l’inquiétude montait parmi nous. Avait-il réussi à se mettre hors de portée des agents-chasseurs NeoConSSionistes ? Visiblement oui !

« Bon, en piste mes pingouins, le professeur Waldman a des informations de la première importance sur la conSSpiration qui se joue. Sil, lachez donc votre photo de Sarah Palin et emmenez Jugurta avec vous. Simon n’est pas là mais comme Waldman vous connaît, ça devrait aller. Le rendez-vous est fixé dans une heure devant la bibliothèque municipale. Allez, allez, on s’active les palmes. »

Quarante-cinq minutes plus tard, nous voila au coin de la 42e Ouest et de la 5e avenue, là où se situe la bibliothèque. Encore un quart d’heure et nous serons fixés. Jugurta en profite pour apprécier la grâce dégagée par un groupe de jeunes touristes japonaises. Elles mitraillent la façade de l’édifice mis à l’honneur dans le film global-cooliste « the day after tomorrow ». Elles ne sont pas les seules à mitrailler les façades. C’est là qu’un SMS tombe sur le natel, le tout dernier téléphone portable de technologie suisse (horloge parlante et cryptage de données financières intégrés) que m’a prêté Master Sitt pour les besoins de l’opération.

« Je pensais que la proximité avec des livres tirés d’arbres antisionistes nous protégerait en nous prévenant d’une éventuelle intrusion sioniste. Je me suis trompé. Beaucoup trop d’entre eux ont été écris par des sionistes, traitement qui a corrompu la cellulose du support. Nous ne serons pas en sécurité dans la bibliothèque. Retrouvez-moi dans dix minutes devant le guichet central de Grand Central Station. »

« Jugurta, changement de cap, laisse tomber tes hentaï modèle Canon, il nous faut nous rendre à Grand Central ». « Dommage » laisse choir mon Jugurta…

Trois cents mètres plus loin se trouve en effet la célèbre gare ferroviaire new-yorkaise, la plus importante au monde par son nombre de quais, 44. Dix minutes plus tard nous y sommes. J’aperçois le professeur Waldman à côté du guichet central. Il nous semble agité, regardant dans tous les sens, à tel point qu’il ne nous aperçoit pas tout de suite. Il semble guetter quelque chose de bien précis.

« Professeur Waldman ». « Oui » nous répond-il en sursautant, « ah, c’est vous, vite mêlons nous à la foule pour plus de sécurité. »

« Vous semblez nerveux professeur. Ne craignez rien. À cette heure-ci, au milieu d’une telle affluence, aucun agent neoconSSioniste ne se risquera à nous attaquer »

« Détrompez-vous, ils viennent de mettre au point une nouvelle arme particulièrement redoutable ».

« De quoi s’agit-il professeur ? » lui demandons-nous. « Ni plus ni moins d’une nouvelle espèce avicole génétiquement modifiée. Des moineaux thermobarriques, dont l’aspect inoffensif dissimule de redoutables machines à tuer ». Jugurta fronce les sourcils. Il est vrai qu’il n’est pas habitué à recevoir des révélations de cet ordre. Ce qui n’est pas mon cas. Le professeur poursuit.

« Mais ce n’est pas tout. Dans cette enveloppe vous trouverez la réponse aux questions que nous nous posions lors de notre dernier entretien, à savoir comment font-ils pour anesthésier la vigilance de la population… »

Il s’interrompt soudainement puis lâche un « diantre, ils sont là, au niveau du guichet central, nous sommes repérés. Prenez l’enveloppe et sauvez-vous. Je vous recontacterai. »

À peine le temps de regarder en direction du guichet central, que le professeur Waldman s’est déjà évanoui dans la foule. Portant de nouveau notre regard dans cette direction, nous apercevons un grand gaillard, un peu malingre, tirant vers la quarantaine, les cheveux gominés, et le visage recouvert de boutons d’acné, surtout sur le nez. Sur ses épaules, deux moineaux, les yeux rouge-sémaphore, semblent parés pour le catapultage.

Jugurta le reconnaît. « J’ai vu cette tête sur le trombinoscope de Master Sitt, là où se trouvent catalogués tous les agents neoconSSioniste qui sévissent dans le secteur. Ce gars c’est Dror. Je comprends mieux pourquoi il se fait appeler ainsi, le moineau, en hébreux. »

« C’est pas tout ça mais je crois que ton Dror vient de nous reconnaître, lui aussi. Allez vite, on se taille… »


C’est ainsi que nous nous retrouvons, à la suite de quelques zigzags, à descendre la cinquième avenue. Après quelques sprints et une marche forcée, nous nous arrêtons dans un starbucks, histoire de souffler un peu. « Sil, il va falloir que tu reprennes le sport. Un petit sprint et te voilà tout essoufflé » me lance un Jugurta goguenard. « Au lieu de dire des conneries, ouvre plutôt l’enveloppe, histoire de voir ce qu’il y a dedans ».

« Tiens c’est marrant, mais en plus de toute la paperasse, il y a un sachet avec des graines ».

« Et bien je crois qu’on se penchera sur ces graines un peu plus tard », dis-je sur un ton inquiet, « car je viens de voir passer devant la vitrine du Starbucks deux moineaux à l’allure suspecte »

« Bon ben, il ne nous reste qu’une solution » me dit Jugurta. « Laquelle mon habile kabyle ? »

« Nous sommes à quelques centaines de mètres du Madison Square Park, nous y serons en sécurité ». Je lui demande si c’est grâce aux arbres.

« Non, grâce aux écureuils. Mistress Lagrette, l’acolyte de master Sitt, s’amuse depuis des années à en faire de redoutables ninjas au service de la protection de NY. Les moineaux, Thermobarriques ou pas, n’auront aucune chance face à nos samoureuils. »

« En attendant, il va falloir y arriver jusqu’au parc. ».

« Pourquoi tu dis ça », me demande Jugurta. « Parce que des moineaux nous guettent depuis l’horodateur situé devant la vitrine ».

« C’est pas grave » affirme Jugurta, « Avec un peu de chance le professeur Waldman nous a donné ces graines afin de faire face à ce genre de situations. En sortant du Starbucks, tu jettes les graines en direction des moineaux et le temps qu’ils aient fini de les picorer, on s’engouffre dans le premier taxi qui passe, direction le Madison Square Park ».

« Pas mal ! De toute façon on n’a pas le choix. Et puis je ne tiens pas à savoir tout de suite ce que ça fait de se battre contre des moineaux thermobarriques ».

Nous avons de la chance, les moineaux se jettent sur les graines et nous dans le premier cab qui passe. Une fois arrivés dans le parc nous contactons Master Sitt afin de lui faire état de notre situation.

« Don’t worry mes pingouins, je vous envoie ce qu’il faut pour vous sortir de là. En attendant, surtout ne vous éloignez pas des écureuils de mistress Lagrette ».

« Ça ne risque pas » fait remarquer Jugurta alors que je raccroche, « c’est qu’ils sont plutôt du genre collants ».

« Sois gentil avec nos amis mon Jugu car les ennuis viennent de pointer leur bec. »

En effet, à quelques dizaines de mètres de nous, une demi-douzaine de moineaux aux yeux rouge-sémaphore se sont perchés sur un arbre, mettant immédiatement nos écureuils en alerte. Après dix longues minutes d’observation, un moineau se lance dans notre direction. Un écureuil part immédiatement à sa rencontre. Afin d’intercepter le moineau il exécute une magnifique culbute dans les airs. Chose faite. Sauf que sous l’impact le moineau se transforme en une sorte de gélatine acide qui dissous sous nos yeux hallucinés l’écureuil qui cherchait à l’attraper.

« Je crois qu’on est mal là » nous disons nous. Les samoureuils sont d’accord avec nous. Ce qui n’empêche pas deux autres de nos amis de se lancer à la rencontre de deux moineaux qui viennent droit sur nous en mode rase-mottes.

Changement de tactique, après une figure acrobatique inconnue jusqu’alors, ils finissent par savater en plein vol les deux moineaux qui en s’écrasant chacun contre un arbre dissolvent le tronc provoquant ainsi leur chute au beau milieu des passants stupéfaits.

« Les moineaux se crachent pour mourir » lance Jugurta. Nos écureuils ne semblent pas trop apprécier cette poésie. C’est leur maison qui vient de s’ecrouler.

C’est là qu’une moto s’arrête à notre hauteur. « Dites-moi les mariolles, ça vous dirait de vivre ou pas trop ? » délicieusement moulée dans une combinaison en cuir de crocodile, ne laissant apparaître à travers son casque que son regard de braise, nous reconnaissons immédiatement Naibedieva, Naibed pour les intimes, une copine de master Sitt, ancien agent russe qui serait passée depuis à la VEVAK, les services secrets iraniens. « Allez montez vite, accrochez-vous et échappons à toutes ces saloperies sionistes. N’en profitez pas pour me peloter ».

C’est moi qui me colle à Naibedieva. Jugurta peste en disant « j’ai presque plus de place à l’arrière, faut vraiment que tu maigrisses. En plus avec un peu de malchance c’est moi qui me prendrai les moineaux thermobarrique sur la tête ».

« Promis Jugurta, je perdrai du muscle dès que possible, en attendant accroche-toi y, allez démarre Naibed »…

Les piafs se jettent à nos trousses au moment où retentissent au loin les sirènes des pompiers appelés suite à la chute des arbres, et où le moteur de notre grosse cylindrée se met à rugir. Nous descendons la 5e avenue. Le trafic nous empêche de dépasser les 60 km/h, nous mettant ainsi à portée du vol de nos dangereux passereaux, qui par conséquent se rapprochent de nous.

Naibed tourne alors à gauche sur la 8e rue Est puis 300 mètres plus loin à droite sur la Broadway. La circulation y est fluide. Les sémaphores nous sont favorables. Elle met les gaz et nous distançons la menace. Un kilomètre après, à la hauteur de Broome Street elle bifurque sur la droite direction l’Holland Tunnel où nous espérons nous trouver à l’abri. Un très bon choix. Plus de moineaux thermobarriques à l’horizon. Quelques kilomètres plus loin, Naibed nous dépose au pied des eXc-bureaux et repart comme elle est venue, en trombe…

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