vendredi 1 mai 2009

CRISE DE L'AN 9 : VOICI UN PREMIER MAI A COUP SUR HISTORIQUE


Si la mobilisation ne semble pas à la hauteur des attentes, ce défilé du premier mai marquera tout de même son caractère historique par la présence dans le cortège des représentants de la CFE-CGC (le syndicat des cadres) mais également par ma présence en marge du cortège. Car je m’en vais de ce pas manifester mon sentiment en cette journée où les patrons dans mon genre ne chôment pas vraiment. Que les salariés, les miens y compris, cessent immédiatement de couiner avec leur sempiternel « encore un patron qui ne pense pas aux salariés et qui comme d’habitude cherche à tirer la couverture à lui ».

Vous faites bien de parler de « couverture » tiens, étant donné le montant du chèque que j’ai signé récemment à l’adresse de l’URSSAF pour votre couverture sociale. Un chèque « couvrant » non pas les « charges sociales » comme se plaisent à les dénommer certains collègues un peu poujados sur les bords, mais ce que je qualifie comme il se doit de « cotisations », terme plus en adéquation avec l’idée de pot commun et de solidarité. Car moi, messieurs les salariés, il se trouve que je pense à vous, très souvent, tous les jours, plusieurs fois par jour. Je pense même aux deux trois abrutis qui ont osé venir me demander 200 euros d’augmentation en cette année de crise.

Si je ne pensais pas à vous, vous croyez que je me démènerais comme un damné afin de sauver ma SARL et vos emplois par la même occasion. Je signale au passage qu’aucun d’entre vous n’est venu nous féliciter, moi et mon associé, pour avoir réussi à décrocher les tous récents contrats qui vont nous permettre de passer l’année. Tas d’ingrats ! Juste bons à réclamer des augmentations et à défiler avec les gros bras et autres gras-doubles des cortèges syndicaux, sans oublier tous les bobos gauchistes ayant pour slogan le « rêve général ». Ce que je peux les abhorrer ceux-là.

Car histoire de tout vous dire, l’objet de mon humeur provient également de la dernière réunion entre plus ou moins potes, où je me suis rendu à l’occasion du déjeuner d’anniversaire de l’un de mes deux frangins.

Le petit dernier avait invité toute sa tribu, dont j’ai de plus en plus de mal à supporter certains membres, notamment un couple composé d’une espèce de grand con et d’une sociologiste enseignant à l’Ecole Normale Supérieure. Une magnifique imagerie d’Épinal à la gloire des bobos.

Le monde et la Galaxie étant secoués par la grave crise des universités françaises, elle n’a pas pu s’empêcher de nous saouler avec son « sauvons MA recherche », et l’université exsangue alors que les banques reçoivent des milliards, et les IUFM sacrifiés sur l’autel du libéralisme, avant de se plaindre du manque de soutien de la part des enseignants du secondaire, tout en nous expliquant qu’ils refusaient de se déclarer grévistes afin de ne pas perdre leurs émoluments . Aïe ! Aïe ! Aïe !

Oui, une erreur étant donné que ma chère et tendre ne manqua pas de lui signifier son ras-le-bol de cette petite attitude moralisatrice à deux pesos. Solidarité pour quel motif, alors que ça fait des années que les membres de l’enseignement secondaire alertent sans la moindre réaction en retour tous ces gardiens de la tour d’ivoire universitaire sur l’état de déliquescence dans lequel se trouve le secondaire. Solidarité pourquoi ? Perdre des journées de salaire pour ces braves universitaires alors qu’eux-mêmes refusent d’assumer la grève ? C’est une blague !?!

Quant à lui ; alors lui ; un champion du monde. L’anarchiste qui finit par se tourner vers la république comme employeur. L’anarchiste ennemi du carcan éducatif qui se prépare cette année en IUFM à devenir professeur. Mais aussi l’écolo qui n’a jamais marché dans une bouse de vache, le fils de bourgeois prétendument ouvriériste et internationaliste qui sait mieux que nous autres fils d’ouvriers immigrés ce qui fera notre bonheur. Encore un qui vivra ses rêveries révolutionnaires par procuration en prenant pour cobayes les enfants du petit peuple, qui privera les miens du devoir d’exigence et donc du droit à l’excellence, au nom de ses conceptions d’anar-shit. Tout ce que j’exècre.

Devant cette farce et afin de ne pas gâcher la boom de mon frangin, je m’en suis allé voir si le coca zéro proposé était issu d’un bon cépage. Alors que j’en appréciais la robe et la tenue, mon petit frère vint me demander si les affaires ne se portaient pas trop mal. Je lui avais fait part de mes inquiétudes quelque temps auparavant. N’ayant pas encore conclu ce jour-là les tous récents contrats, je lui indiquais que la boite prenait l’eau de tous les cotés et que je savais pas si on allait passé l’année.

C’est là que Jean-Kevin, notre grand-con en question, s’immisce dans la discussion en se sentant obligé de faire de l’esprit. « Alors c’est vrai pour la crise ; c’est pas une blague ? ». Je crois que l’aurais giflé. Je crois que ça s’est senti. Ma frangine qui a toujours su me ramener de l’état d’ours en fureur à celui de Troll domestiqué, en me sentant monter dans les tours, me touche alors le bras et me propose à la place du coca-zero un thé vert aux agrumes de chez Lipton, mon préféré. Ma femme se coltine pendant ce temps-là, en tentant de garder son calme, elle aussi, encore et toujours l’autre moitié du grand-con.

« Alors c’est vrai pour la crise ; c’est pas une blague ? ».

Ce que je peux les mépriser ces petits bobos, ces bourgeois médiocres, plus sociaux-égotistes que de gauche. J’aurais toujours bien plus de respect pour tous les Gérard (Filoche excepté) de la CGT que pour tous ces tocards.

Ça vilipende le système et ça se planque en son sein. Ça conchie le capitalisme mais ça vit de la valeur ajoutée que nous autres agents, petits ou grands, du capitalisme produisons. Ça vit dans sa bulle bien à l’abri et ça vient nous expliquer la réalité. Ça bulle et ça vient faire de l’esprit. Ça gère en une année le nombre d’emmerdes que je gère en une semaine et ça vient nous donner des leçons, nous expliquer comment nous devons faire, ce que nous devons faire. Ça ferait quatre ulcères par mois devant mon niveau de stress et mes responsabilités et ça prétend guérir le système…

Vous savez quoi ? vous autres gauchos à deux pesos de La Havane, vous me faites décidemment penser à cette belle réplique de Catherine Deneuve dans Indochine. A un certain moment du film, se tournant vers Jean Yann qui y joue le rôle du bureaucrate colonial, elle lui assène un « sais-tu pourquoi nous n’avons jamais couché ensemble ? Parce que tu n’es rien d’autre que des mots, du vent, or une femme n’a pas besoin de vent au creux de son ventre… »

Vous savez quoi ? vous êtes exactement ça, du vent, des mots, « vous faites tout avec la langue » comme le disait de votre espèce mon grand-père tailleur de pierres. Or c’est certain, notre système de production et de redistribution des richesses n’a pas besoin de vous au creux de son ventre.

Vous savez quoi ? Petits gauchos à deux pesos, allez tous vous faire foutre autant que vous êtes. Vous saurez ainsi faute d’avoir rempli quoi que ce soit, ce que ça fait de se faire remplir, au moins une fois…

SILutteur manifestant son humeur un premier mai.

Avertissement : toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé, ne serait que pure coïncidence…

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh! là là, il ne fait pas bon être de vos amis en ce moment...C'est la crise partout...

Ne faisant pas parti de la fête, je ne me sens pas visée...;-))

Sinon, ça va les affaires? ;-)))

Melle E

SIL a dit…

;-)))

Nina a dit…

Un Christ noir : Madonna en avait rêvé et mis en clip...rahhhh !

SIL a dit…

Ben dans quel clip ???? Me souviens pas, moi !