lundi 6 juillet 2009

COMMUNISTIC PARK : MES FOUS RIRES MADE IN PYONGYANG


Parmi mes recettes de bonne humeur, figure la lecture du site officiel de la Corée du Nord. Un délice. Tous ceux qui n’ont pas eu la chance de vivre dans un pays communiste peuvent s’y régaler d’une prose stalinienne ayant atteint le sommet de son art. Même nos communistes, toutes chapelles confondues, et ce malgré le nombre d’universitaires et autre imbecillectuels développant au frais du contribuable cette forme de sous-pensée, sont très loin de disposer du même talent. La novlangue et les pratiques de bonto conceptuels propres à nos cocos, ne trompant que les gogos ou bien des cerveaux encore touchés par des crises d’acné. Sans compter l’aspect particulièrement chiant de leur langue de bois.

Non, à Pyongyang, ils savent y faire. En tout plein de langues différentes, en plus. Je suis d’ailleurs épaté par la maîtrise du français dont font preuve les cadres linguistiques du régime. Alors certes, leur propagande ne convaincra pas plus les esprits réfractaires à toute mêlasse marxiste, mais au moins elle vous fera rire. Rire mais alors, rire. Tout y est drôle, depuis l’aspect ridiculement premier degré des panégyriques adressés au leader Kim Jong-Il, jusqu’aux tics de langage propagandistes, en passant par toutes les petites perles d’absurdité qui ponctuent ces textes. Tout bonnement grandiose. De quoi susciter chez moi, à chaque fois que j’y fais un crochet, « des bourrasques d’innovation » et de créativité.

Or moi, vous me connaissez, pour être encore un peu de Gauche, je partage. C’est ainsi que je partagerai régulièrement ce que j’aurais glané du côté de Pyongyang. Et pour commencer, voici le bilan du mois de juin 2009, mais aussi celui de l’activité 2008-2009 que le régime a établi le 16 février dernier à l’occasion de la fête d’anniversaire de Kim Jong-Il.

Car apprenez messieurs dames que la Corée du Nord est conduite par un être exceptionnel qui tout en « faisant fi du froid piquant de janvier et de la chaleur caniculaire de juillet-août », parcourt le pays « sans relâche » afin d’indiquer lors de ses « tournées de direction (…) la plus courte voie menant à l’édification d’une patrie riche et puissante ». Véridique ! C’est ainsi qu’on peut le voir administrer « tour à tour » diverses municipalités, inspecter des chantiers importants, diriger des complexes industriels, mais aussi des centres d’élevage de poules tel que celui de Sariwon. Mais oui ! Des tournées de direction qui ne manquent pas « d’inspirer à tous confiance en la victoire, force et courage » mais aussi un « essor productif et des bourrasques d’innovation ». Quel homme ! Quelle chance, ils ont !

Un rythme qu’il a encore vaillamment soutenu ce mois de juin 2009. Admirez plutôt ces quelques exemples.

Afin de rendre hommage à l’intelligence du peuple coréen, qui s’est « rendu compte par expérience que le système d’économie rurale socialiste fondé sur le collectivisme était la meilleur forme d’économie qui soit », et souhaitant faire en sorte que le « peuple puisse s’offrir d’avantage de fruits », l’omnidirigeant Kim Jong-Il a visité coup sur coup, le 8 juin, la ferme coopérative de Tongbon et la ferme de cultures fruitières de Kosan. Là, après « avoir écouté les explications devant les tableaux de plan en perspective » et s’être « enquis en détail de l’état des travaux agricoles », « il proposa des tâches-programme qui incombent à ces fermes ».

Quelque jours plus tard, le 15 juin, afin de « souligner le nécessité, pour les hommes de l’armée populaire (…) de mettre sans cesse en évidence la belle action qu’est l’union étroite entre militaires et civils », le voilà qui inspecte le quartier général de la 7e division d’infanterie. Là, « après avoir reçu un rapport d’accueil » puis s’être renseigné dans le détail « sur l’accomplissement de la mission de la division », il formula « les taches qui s’imposaient à elle ».

Le soir venu, sans à aucun moment avoir vécu cela comme une simple distraction, il assista ce 15 juin à la représentation de l’opéra « rêve dans le pavillon rouge ». Représentation au cours de laquelle il pu constater à quel point « les créateurs et artistes ont appliqué à la lettre ses directives données en mars dernier ». Très satisfait par ce spectacle, il pris congé après avoir « proposé les taches-programme qui doivent guider le développement continu » de la littérature et des arts Nord Coréens.

Et oui, ce vaillant dirigeant, dispense avec une énergie titanesque, une générosité et une abnégation totale, ses modestes propositions qui permettront à son pays de devenir une nation « riche et puissante ». Kim Jong-Il, le roi de la tache. Ce n’est pas chez nous que l’on verrait des choses pareilles.

Toutefois, n’étant qu’un homme, il arrive au guide Kim Jong-Il de déléguer un peu. C’est ainsi qu’imitant leur extraordinaire dirigeant, des cadres du régime ont « restructuré à merveille le restaurant Okryu spécialisé en nouille froide à Pyongyang ».

Franchement, n’est-ce pas un pays merveilleux ?!? On comprend mieux pourquoi ce pays fascinait tant le Che, vous savez l’idole du Besancenot et consort…

Kim Jong-SIL

Addendum belge : À ce sujet, je vous signale également les excellentes « tranches de vie à Pyongyang » composés par mes iPotes belges du « mur de laine de briques ». Un régal, cette fois-ci volontaire ! Des compositions au moins aussi bonnes que les nouilles du restaurant Okryu à Pyongyang ;-)

1 commentaire:

Tranxenne a dit…

Merci pour le coup de projecteur, SIL !

Il y a tant de potentiel humoristique chez ce dirigeant mégalomane et despotique. Rends-toi compte : avant même sa mort il est devenu une icône pop. Que cela ne nous fasse pas oublier que ses frasques se font au détriment de son peuple qui souffre depuis des décennies de l'insanité de ses dirigeants. Et Kim Jong Un le fils de Kim Jong-Il désigné pour sa succession (il a été nommé chef des services de sécurité il y a deux semaines) ne renversera pas la tendance ! Il a déjà tenté de faire assassiner son frère Kim Jong Nam le mois dernier. Il apprend vite le petit.

Kim Jong Nam l'aîné s'est vu renier par son père : pas assez dur, pas assez fou, pas assez malsain. On lui prête même des tendances pro-occidentales. Rendez-vous compte : il a été arrêté à la douane japonaise avec de faux papiers alors qu'il tentait de se rendre à Disneyland qu'il rêvait de visiter depuis son enfance. Les Japonais auraient dû le laisser rentrer, voire l'inviter officiellement dans le parc d'attractions puis le laisser repartir avec leurs salutations, histoire de s'attirer sa sympathie.

Tout ce que j'espère maintenant c'est que ce Kim Jong Nam va s'installer à l'étranger (Corée du Sud, Japon ou États-Unis) où il pourra développer son goût pour la démocratie et d'où il pourra former un gouvernement en exil afin de renverser le gouvernement totalitaire qui écrase le peuple nordcoréen depuis 1953.

En attendant, tournons en dérision tous ces bouffons prétentieux et complètement anachroniques, les Kim Jong-Il, les Ben Laden, les Mugabe et tant d'autres. Cela peut paraître bien peu mais pour ces messieurs qui se prennent tellement au sérieux, cela peut se révéler un virus mortel.