jeudi 16 juillet 2009

SYNDICALINE VS DARK SPECULATOR : CHAPITRE 1 LE RAPT (1/2)


An 7, ce fut l’année où les oiseaux de mauvais augure firent leur nid tout en couvant la grippe. En effet, les osselets divinatoires rougissaient de sang, devenant caillots sur la table des prophéties. L’oracle tremblotait de froid. Toujours cette maudite grippe. Un voile sombre tombait sur les femmes jusqu’à la racine des cheveux. La constellation d’Orion se levait, la massue menaçante sur les enfants d’Adonaï, dont des maisons brûlaient. Des nuées rouges, brunes et vertes, cousues en chemises, s’étendaient au firmament, attendant d’être vêtues par les mauvais esprits. La tempête se levait et l’enfant moqueur du monstre marin pataugeait. Le Total-Elfiathan, l’enfant méprisant du Léviathan crachait, en horrible pieuvre géante qu’il est, son encre visqueuse et vénéneuse. Tant de présages hurlaient aux oreilles des hommes et personne pour les entendre. Les Pouvoirs, du premier au quatrième étaient sourds du fait de leurs petites morts honteuses. De toute évidence, il y avait quelque chose de pourri au Royaume des Grandes Marques.

L’an 7 (2002). En vérité, je vous le dis, cette année-là fut une bien triste année. Mais le cycle désastreux ne se manifesta vraiment qu’entre la fin du mois de la Noël, parrainé par Saint Toyzarius, et le début du mois des Etrennes, sous le patronage de Saint Dartius, selon le nouveau calendrier « réformé ».

En ces veilles de Noël, Constitutionnix le Druide venait de passé une très mauvaise nuit. Des cauchemars ponctués de frisons et autres sueurs l’avaient un peu secoué. Pendant ses périodes d’éveil, il crut entendre la voix lugubre de BadBercix le Grix, le Mage des mesures, lancer à travers le brouillard, diverses incantations redoutables : « S = a(1+r)N », « facilités d’ajustement structurel », « endettement net de la Nation », « I.S.F caducus ». Des incantations à manier avec sagesse. Des incantations catastrophiques entre de mauvaises dents.

L’aurore venue, tout en redressant sa pauvre tête, plombée par la nuit passée, Constitutionnix remarque en regardant par sa fenêtre, qu’en ce matin d’après solstice d’Hiver, l’ombre refuse de reculer. L’aurore est timide. L’ombre triomphe encore. La Frange du firmament étant même d’un rouge martelé. Contitutionnix comprend alors que le retour du jour est marqué par le sceau brûlant des filles des forges, divinités souterraines assoupies depuis bien longtemps.

« Pourquoi se réveillent-elles celles-là » se demande Constitutionnix. « Est-ce la hausse des cours de l’acier qui rend leur savoir faire de nouveau rentable en ces contrées ». Alors qu’il se pose ces questions, adossé à sa fenêtre, il lui semble entendre de nouveau la voix de BadBercix. Celle-ci psalmodie lourdement, dans un rythme déjà ancien « si j’avais trois marteaux, je taperais le jour, je taperais la nuit, je taperais toujours, sur le prolétariat… ». Voix qui ne semble perçue que par lui, le reste du village étant plongé dans une étrange léthargie. Personne n’est dehors alors que d’ordinaire une grande partie des habitants d’Intérêt-Général se lève tôt pour aller travailler.

Inquiet par tous ces signes, Constitutionnix quitte le village sans mot dire de peur d’inquiéter ses amis pour rien et désireux de tirer tous ces signes au clair. Par des chemins magiques réservés à son seul ordre, il se dirige à toute vitesse vers la forêt sacrée des druides, située au coeur de la Nation. La forêt de « Conseilconstitutionnix » où, après avoir contacté ses pairs par téléphone portable, puisqu’il faut bien vivre avec son temps, doit se tenir une réunion extraordinaire.

Les portes de la forêt sacrée sont devant lui, mais un étrange silence l’assaille alors que d’ordinaire résonne de tout cotés l’expression de la vie. « Vraiment bizarre tout ça » se dit-il. Se disant ça, trois croassements dont il n’arrive pas à déterminer l’origine viennent déchirer le silence. Il ne réussit à distinguer qu'une brève apparition blanche dans le ciel qui disparaît rapidement dans la cime des arbres. « Décidément étrange tout ça! » se dit-il, tout en s’enfonçant dans un chêne qui sert de porte à la chambre magique du Conseil.

« En quoi ces trois croassement sont-ils étranges » me demanderez-vous. Ah, les enfants de la Ville et leur crasse ignorance des choses de la Nature. Tout simplement parce que le corbeau a cette particularité de ne produire de croassements que par nombre pair. S’il en produit trois, chiffre magique dans la tradition druidique qui plus est, c’est que quelque chose de bizarre se déroule. Je vous jure, faut vraiment tout vous dire.

Après les salutations d’usage et autres bavardages protocolaires, Contitutionnix constate, à sa grande surprise, que non seulement les autres sages n’ont rien perçu de particulier dans le brouillard des dieux de ce matin mais qu’ils ne comprennent pas l’état dans lequel tout cela met Constitutionnix. Constitutionnix reste perplexe. « Étrange, vraiment étrange tout ça » dit-il pour se donner une contenance devant ses confrères. Il ne le croit pas si bien dire.

Alors qu’il commence à se demander s’il n’est pas devenu allergique à l’hydromel, qu’il a sans doute consommé plus que de raison pour fêter le solstice d’hiver, BadBercix déboule à travers l’un des chênes sacrés, qui explose avec son passage. En explosant, le chêne crée une brêche suffisamment importante dans le cercle de chênes magiques, entourant le Pommier de sagesse du Conseil sacré, pour que l’escorte à cheval de BadBercix puisse passer. Les Nazekools. La garde rapprochée de BadBercix constituée de sombres chevaliers. Les Nazekools. Un pipeau commercial puisque s’il s’agit bien de nazes, ils ne sont pas cools du tout.

Sans attendre la moindre réaction de nos bons druides, BadBercix lance une incantation à fragmentation. Avant qu’elle ne se fragmente et ne cible tous nos sages, Constitutionnix qui avait pris la mesure du danger dés qu’il aperçut BadBercix, cherche à protéger l’ensemble du Conseil.

Pointant son sceau sacré vers BadBercix, il lance : « Je suis un fils de l’ordre sacré des Gardiens des Saintes tables de la Nation ». Puis dessinant un cercle sur le sol avec la vive lumière de son sceau, il conclu par un « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ; BadBercix, No Passaras! ».

« Pourquoi un No Passaras » me demanderez-vous. Décidemment ! Et bien parce que un « tu ne passeras pas » ça sonnait non seulement très nul mais ça faisait surtout très ligne bleu des Vosges, très ligne Maginot que l’ennemi contourne systématiquement depuis trois guerres (1871, 1914, 1940) en passant par Sedan. Alors « You shall not pass » ça claquait mais c’était déjà pris par un certain Gandalf face au Balrog dans les mines de la Moria du « Seigneur des Anneaux ». déjà pris comme le « No passaran ». Que voulez-vous Constitutionnix a le sens du Copyright. « Et tous ces -ix à la Asterix d’Uderzo alors ! » Rien à voir ! Ça m’étonnerait que Uderzo et Goscinny puissent prétendre detenir un droit quelconque sur Vercingétorix, le siège d’Alesia et tous « nos ancêtres les Gaulois », hommes et femmes telles que Blandine, blondine, Francine, Pascaline, Roseline… Mais revenons à notre « No Passaras » qui outre l’avantage de n’avoir jamais été utilisé, offre celui d’une crédibilité que seules disposent, à l’impératif, toutes ces langues naturellement d’Empire que sont l’Allemand ou le Castillan. Voici pour l’explication et revenons à notre récit. Donc « Badbercix, No Passaras ! »

La Terre prise à témoin par Constitutionnix l’assiste. La clairière sacrée à l’expression de douce frime rougit puis se met à briller de colère. Le sol vire vermillon et toute la forêt dénudée par l’hiver s’en mêle. La poussière s’élève ; la tourbe tournoie. La poussière se fait grêle dans un tourbillon de « saine colère » qui s’abat alors sur BadBercix. Une grêle qui s’abat sur lui avec une telle intensité qu’on croirait que la vertu de la Terre se défendrait elle-même. Les racines et les branches des chênes sacrés giflent BadBercix. Un BadBercix qui étrangement sourit...

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