dimanche 30 août 2009

IMPOSSIBLE MICTION : SAUVER LA PLANETE (FAZER XIXI NO BANHO)


D’ordinaire les injonctions et autre imprécations écologistes produisent sur moi le même effet qu’une petite miction dans un violon. Oh, ce n’est pas que je me refuse à toute attitude écoresponsable, loin s’en faut, mais que voulez-vous, quand l’écologie devient écologisme, soit une monomanie ou un monothéisme aussi fanatique que prosélyte, il me vient forcément comme des envies de blasphémer ou de taquiner l’apocalypsophile Témoin de Gaïa aussi sardoniquement que je taquine celui de Jéhovah.

D’ordinaire car mes cousins Brésiliens m’ont convaincu de participer à un petit rituel collectif d’inspiration écologiste. Faire pipi sous la douche (fazer xixi no banho). Depuis le temps que j’attendais quelqu’un pour bénir cette tentation. Et oui, vu le nombre de litres d’eau utilisés pour évacuer nos petites commissions, ils en ont conclu qu’uriner sous la douche était un bon moyen pour éviter de ruiner nos ressources en eau.

C’est ainsi que non seulement des gens très sérieux viennent à la télévision (vidéo en cliquant ici) démontrer le bien fondé de la démarche mais qu’un spot publicitaire (vidéo ci-dessus) cherche à convaincre tout le monde, et au delà, de s’y mettre : « hommes, femmes, enfants, Brésiliens ou pas, musiciens, sportifs, monstres, fantômes, légendes brésiliennes, légendes grecques, gens de bien, gens mauvais, artistes, scientifiques, trapézistes, amants, extraterrestres, stars du cinéma »

Il n’y a pas à dire, ils sont vraiment géniaux mes cousins Brésiliens. Allez, c’est pas tout ça mais c’est l’heure pour moi d’un petit geste ou plutôt d’un petit jet pour la planète…

SILberto SIL

vendredi 28 août 2009

CHAPITRE 8 « LES RIVAGES DE L’INFRAMONDE » (1/5)


« C’est encore loin Grand Druide », s’exclame Cégétix impatient. « Oui, très loin ! » répond Constitutionnix agacé.

« Faudrait savoir alors ! », poursuit Cégétix. « C’est pas que j’en ai assez, c’est plutôt que j’en ai carrément marre ! Depuis ce matin, nous cherchons McAfyx en nous fiant à ton instinct et puis toujours rien. À chaque fois que l’on te demande si on chauffe, tu nous dis que oui et au final encore et toujours rien. On ne va pas tourner sans cesse à bord de ce maudit char jusqu’à la Fin de l’Histoire tout de même ».

« C’est vrai que l’on piétine un peu, Constitutionnix », se permet Syndicaline.

« Je te reconnais bien là, mon cher élève. Tu as toujours tenu à trouver par toi même les solutions aux problèmes mais ne faudrait-il pas envisager, une autre voie ? » dit Gutuaterix, le corbeau Albinos.

« Apparemment la majorité a parlé », conclut Constitutionnix. « Ne nous en veux pas Constitutionnix mais nous aimerions bien débusquer l’épée magique le plus vite possible », tempère Didactix, après avoir remarqué les sourcils froncés du vieux Druide.

Le visage de Constitutionnix se détend. Le vieux sage se caresse la barbe puis sourit. « Il est vrai que je m’entête », dit le druide, « l’âge sans doute ! ». Il vient à peine de finir le dernier son du mot « doute » qu’il se claque le front.

« Par Belenos, Teutatès et Lugh, Je l’avais complètement oublié celui-là », se dit-il. Tous nos camarades le regardent interrogateurs. « Nous n’aurons pas à attendre la Fin de l’Histoire pour trouver notre homme. Il suffit d’aller voir ce bon vieux Huguix les Bons Tuyaux, un vieux barde de mes amis que j’ai perdu de vue depuis bien longtemps. Je me disais bien que les terres de Lexobie ne m’étaient pas inconnues. Huguix m’a écris il y a quelques années pour me dire qu’il s’était installé ici, prés du temple Lughien d’Anticipa ».

Tout le monde sourit de soulagement. L’aventure va pouvoir continuer. Constitutionnix les met toutefois en garde. « Si je peux trouver Huguix les Bons Tuyaux, ne vous emballez pas pour autant. Là où nous allons, le calme sera notre meilleur allié. Ne confondez jamais vitesse et précipitation ». Puis le vieux druide indique à Syndicaline qu’il faut demander au diablotin de les conduire vers la côte car au coucher du disque solaire, Huguix s’en va toujours vers les rivages chanter une berceuse afin que Belenos trouve repos et calme dans les bras de l’océan.

Ils le trouvent effectivement sur une plage, une harpe celtique coincée entre ses deux genoux. En fait, il ne chante pas une berceuse. Pas cette fois-ci.

« Seul sur le sable, les yeux dans l’eau, mon rêve était trop beau. L’été qui s’achève, tu partiras, à 100 000 lieus de moi… »

« 100 000 lieues, c’est beaucoup tout de même !» reprend Cégétix. « Cela doit faire au bas mot la distance Terre Jupiter. C’est pas possible ton histoire ! Il va falloir changer les paroles. »

Huguix se retourne tout courroucé dans la direction du guillotin artistique, prêt à lui rétorquer, qu’il s’agit là d’une vieille balade acadienne qui d’ordinaire parle aux êtres sensibles, ce qui ne semble pas être son cas. Mais au lieu de répondre, il sourit. Aux côtés de Cégétix, il a reconnu Constitutionnix.

Après les embrassades et autre présentations d’usage, le vieux druide explique à Huguix les raisons de leur venue. Huguix les Bons Tuyaux se propose bien volontiers de les mener à McAfyx le Pirate dont il connait effectivement le repère. Il le fait avec d’autant plus d’entrain qu’il se lamente auprès de Contitutionnix de se sentir bien seul. L’ennui est sa seule compagnie. Plus personne ne lui demande de conter les histoires ancestrales ou de chanter les chansons éternelles. Tout est désormais téléchargeable sur La Toile. La Puce Dorée dispense tout, vérités et mensonges, savoirs et plaisirs. La petite Puce Dorée est devenue la grande aragne de la Toile. Constitutionnix tente de le consoler en lui disant qu’il faut bien s’adapter au cycle des saisons, apprendre à surfer sur les vagues du temps, saisir les outils du moment afin de faire fructifier un héritage ; et en lui démontrant également qu’il y aura toujours de la place pour les mémoires vivantes et les sentiments. Rien n’y fait, Huguix les Bons Tuyaux semble prisonnier d’une grande mélancolie. Le lendemain matin, mélancolie ou pas, il les conduit vers la tanière de McAfyx.

jeudi 27 août 2009

CHAPITRE 8 « LES RIVAGES DE L’INFRAMONDE » (2/5)


Et effectivement, McAfyx se trouve bien là, comme l’avait indiqué Loanamélusine, à proximité du temple de Lugh. D’après Huguix les Bons Tuyaux, McAfyx serait le seul élève d’Epitae le Parisi, un autre grand-maître de la Toile, à avoir franchi le grand océan, traversé la Grande Vallée des Puces et à en être revenu indemne. On prétend qu’une fée, la Fée Pachier, lui avait offert avant son départ une paire de lunettes à double foyer magique, ce qui lui avait permis de demeurer vigilant et lucide. C’était bien lui, McAfyx au visage gracile, au teint d’albâtre, lézardé d’une étrange cicatrice, et portant les cheveux longs ; McAfyx à la rétine écarlate et à la cornée diaphane. Il jouait en réseau, assis, concentré sur l’un des multiples écrans d’ordinateurs présents dans sa cybertanière baptisée « Atlantis d’Arcadia ».

Notre petite troupe n’a pas fini d’entrer dans la cybertaverne que McAfyx se lève et se dirige vers eux. « Alors comme ça, vous me chercher. Ne soyez pas étonnés mais mon Newsgroup m’a prévenu que vous cherchiez un maître de la toile afin de vous guider », dit-il plein d’assurance en même temps que sa balafre sourit de satisfaction.

Constitutionnix sourit lui aussi pendant que le reste de la troupe sourcille exclamatoirement. « En effet, nous te cherchons », dit le druide, « et puisque tu sembles si bien informé, ce sera du temps de gagner dans la poursuite de notre mission ».

« En route ! » claque McAfyx à la manière d’un ordre. C’est d’ailleurs le cas puisque nos compagnons voient deux autres jeunes araignées du Net décrocher leur nez des écrans et se lever. Il s’agit de Wifix et Joystix, les deux fidèles acolytes du Pirate.

Le commando de l’infra-monde, au grand complet, avec ces neufs membres, peut enfin se mettre en route ; Huguix marchant mélancolique, McAfyx sur de lui, Joystix rigolard, Wifix faisant plus ample connaissance avec ses nouveaux compagnons, Cégétix déterminé, Didactix curieux de la suite des évènements, Syndicaline un peu inquiète et Constitutionnix pensif portant Gutuaterix perché sur son épaule.

Pourquoi Syndicaline est-elle inquiète, me demandez-vous ? Pour rien de trés grave, rassurez-vous. Maintenant que le chemin se fera à pied, elle a dû garer son char magique devant la cybertaverne. Or ne connaissant pas trop le coin, elle a quelques craintes pour le véhicule de Syndicalix et son diablotin.

« Avez-vous le cédérom magique ? » demande McAfyx impassible. Surpris, Didactix sort la galette numérique de l’une de ses poches, en rougissant pendant un court instant, l’image de sa jolie fée lui traversant l’esprit. « Oui !» Dit-il pour finir.

« Il ne nous reste plus qu’à trouver l’ordinateur maître du labyrinthe Call Centrum », poursuit McAfyx tout en entraînant la troupe sur un chemin qui les éloigne du centre de recherches, le centre cultuel de la Lughopôle.

« Le maître ordinateur n’est pas dans le sanctuaire ? » Demande Constitutionnix. « Non ! Le sanctuaire est en libre accès. C’eût été trop dangereux de l’y laisser » répond McAfyx, un peu méprisant devant ce qu’il estimait être une lacune de ne pas savoir cela pour un druide de ce rang. Constitutionnix sourit. « On a préféré l’installer au centre du labyrinthe, dans un endroit bien mieux gardé et plus repoussant comme vous allez pouvoir vous en rendre compte » , explique McAfyx.

« Nous y voilà ! » reprend McAfyx après une marche de plusieurs centaines de mètres. « Voici le Call Centrum, le terrible labyrinthe gardé par Minotaure-le-Supervisor. Mais n’ayez crainte et surtout laissez-moi faire ! » Constitutionnix sourit une fois de plus. Le reste de la troupe remarque interrogative l’inscription en lettres d’or sortant de la bouche d’un caïman, et qui figure sur le fronton du Call Centrum. « Votre labeur fait notre liberté ».

Après avoir caché Gutuaterix, le corbeau albinos, dans une boite à outils, ils passent la gigantesque porte monumentale de verre et d’acier, tous alignés derrière McAfyx le Pirate. Quel étrange spectacle ! Leur regard ne parvient pas à se fixer, rebondissant, tournoyant puis se perdant devant l’étendue des couloirs et la multitude d’alvéoles accrochées à ceux-ci. Dans les alvéoles les plus proches, présentées comme des postes de travail par McAfyx, s’y trouvent attachées à des ordinateurs par leurs oreilles droites, rouges et hypertrophiées, des essaims d’e-ouvrières, chargées d’e-convaincre, frénétiquement, des e-consomateurs, choisis par l’ordinateur qui leur sert de contremaître.

Nos amis finissent par braquer leurs yeux éberlués sur McAfyx. Comment vont-ils bien pouvoir retrouver le Maître Ordinateur dans ce dédale qui semble s’étirer à l’infini ? « Rassurez-vous ! Le réseau a été installé par des amis au service d’Arianne2i. Nous n’aurons qu’à suivre le fil bleu, la fibre optique qui relie tous les ordinateurs esclaves à l’ordinateur maître. » Mais avant ça, il va falloir affronter l’imposante masse du Minotaure qui se dirige vers eux à cet instant. « Laissez-moi faire ! » Conclut McAfyx.

mercredi 26 août 2009

CHAPITRE 8 « LES RIVAGES DE L’INFRAMONDE » (3/5)


Oui mais faire quoi ? C’est que Minotaure-le-Supervisor est gigantesque et arbore un air particulièrement sévère. Détail presque amusant, deux antennes un peu comme celles d’une fourmi, qui sont en fait des oreillettes, semblent se trouver visées à ses oreilles. Elles lui permettent de surveiller les échanges télémarketings menés par ses e-ouvrières. L’observant, Didactix se dit « les fourmis ont des transmetteurs olfactifs, nous avons désormais les nôtres pour les ondes ».

Le Minotaure se trouve maintenant devant eux. McAfyx le Pirate se présente comme un administrateur réseau de chez Ariane2i. Il aurait été appelé suite à un problème de serveur. « Et me voilà, avec toute mon équipe technique ! » Conclut-il tout en présentant un faux bon de commande. Le Minotaure lui fait savoir qu’il n’a pas été connecté à cette donnée or il déteste ne pas être au courrant de ce genre de choses. C’est qu’il en va de sa stature de Supervisor.

McAfyx explique qu’il faut de toute urgence renforcer la protection du réseau et améliorer le débit du service sans quoi ils risquent de se retrouver à la merci du premier pirate venu ou pourraient avoir du mal à faire face à un éventuel surcroît d’activité. Minotaure fronce les sourcils mais les deux arguments magiques, menace et rentabilité, ont fait mouche. Nos amis se mettent en marche derrière McAfyx qui pendant la discussion avait repéré le fil bleu d’Ariane2i.

Le Minotaure les laisse passer, bien que ses sourcils demeurent figés dans une expression dubitative. Ses antennes de fourmi soldat s’agitent comme si elles percevaient un danger. Un doute le tenaille. Il s’apprête à les rappeler lorsque son oreillette s’alarme. L’instant d’après il hurle dans le transmetteur, en forme de mandibule, placé devant sa bouche, « numéro 365, 20 euros de déduits sur votre prime accueil ! Cela vous apprendra à dire au revoir au lieu d’à bientôt au client-pigeon-roi ! »

McAfyx et son équipe se dépêchent de suivre la fameuse fibre optique, le long d’allées aux zigzags interminables au cours desquels Cégétix observe la présence de jeunes visages, tous similaires, aussi fatigués qu’hypnotisés par ces écrans d’ordinateur.

« Voilà le local ! » s’écrie Joystix. « Au boulot ! » enchaîne McAfyx. Wifix est chargé de surveiller l’entrée du local où se trouve le serveur central, l’Ordinateur Maître. Précaution utile car au loin, Wifix peut d’ores et déjà deviner que les deux antennes du Minotaure se dirigent vers eux. « Dépêchez-vous ! » dit-il.

Le cédérom gravé de runes oghamiques est introduit dans le lecteur qui se met à tourner plus vite que d’ordinaire tout en produisant des bruitages inhabituels. Finalement le bruit s’arrête mais rien n’apparaît sur l’écran. Aucun icône ne s’affiche, aucun programme ne se lance. Alors que McAfyx s’apprête à pianoter sur le clavier une formule numérique dont il a le secret, l’ordinateur s’éteint brusquement puis redémarre.

« Crotte de puce, nous allons nous faire repérer ! Nous avons dû planter tout le réseau ! » S’exclame Joystix. Effectivement, une rumeur plaintive monte depuis les alvéoles du labyrinthe. Puis celle du Minotaure qui rugit, les traitant tous d’incapables. Wifix qui fait toujours le guet insiste pour que l’on se dépêche. Au loin, il observe que le déplacement des antennes du Minotaure s’est accéléré.

McAfyx qui n’a pas quitté l’écran des yeux voit défiler des lignes de codes étranges jusqu’à ce que l’interrogation « Password » s’affiche à l’écran. « Comment ça mot de passe ?!? » s’interpelle toute la troupe en se tournant vers Didactix et Constitutionnix. Didactix hausse les épaules. Il ne sait pas quoi répondre. Constitutionnix demande à McAfyx de taper le mot « Samain », le nom de la fête qui a lieu selon l’ancien calendrier entre le 31 octobre et le 1 novembre, moment où les portes de l’inframonde s’ouvrent. L’ordinateur piaille. Cela ressemble à un piaillement positif. Tout le monde soupire de soulagement. Mais la formule « Date Error » apparaît à l’écran. Tous les visages, y compris celui de Constitutionnix, se crispent à nouveau tout en expirant un « comment ça, erreur de date ?!? ».

« Mais bien évidemment ! », s’écrie McAfyx, « Nous sommes en plein mois du travail (mai selon l’ancien calendrier) et non pas à la fin de celui des vendanges (octobre) ! Ça ne peut pas fonctionner ! » Il prend immédiatement la souris, déplace un curseur en forme de petit dragon et clique sur le coin supérieur droit de l’écran. Il reconfigure ainsi l’horloge de l’ordinateur en entrant la date du 31 octobre puis actionne la touche « Entrée ».

« Grouillez-vous ! » lance Wifix, le front en sueur. « Ça vient ! ça vient ! » Répond McAfyx. Il tape de nouveau le mot « Samain » et réappuie sur la touche « Entrée ». Le lecteur de cédérom se met alors à tourner furieusement, faisant un boucan de tous les diables. Maintenant c’est au tour d’une fumée compacte de s’échapper par les interstices du lecteur.

Les regards s’affolent. Constitutionnix tente de les rassurer en expliquant qu’il s’agit des nuées de l’inframonde pour la bonne raison que la fumée a l’odeur du gui fraîchement coupé plutôt que celle de composants électroniques en train de griller. Mais les propos du druide ne les calment pas vraiment. En fait, ils ne savent plus ce qui les affole le plus, l’arrivée imminente du Minotaure ou les nuées de l’inframonde. Le brouillard a envahi toute la pièce. Un Triskèle doré et extrêmement brillant emplit l’écran. « Posez vos mains sur l’écran », leur demande alors Constitutionnix. « Wifix ! Amène-toi ! » Ordonne McAfyx.

« Quelle bande d’incapables ! Quelle odeur nauséabonde ! Mais où sont-ils passés ! » Hurle le Minotaure en entrant furieux dans le local informatique tout en essayant de chasser la fumée avec ses deux mains énormes.

mardi 25 août 2009

CHAPITRE 8 « LES RIVAGES DE L’INFRAMONDE » (4/5)


Toute notre petite troupe se trouve maintenant dans l’inframonde. Mais ils n’ont pas le temps d’ouvrir les yeux qu’un cri horrible leur vrille les oreilles. Leur premier geste consiste donc à se les boucher. C’est le cri de la plus vieille Puce du monde, la Puce Dorée. Elle a détecté leur passage à travers le portail numérique et hurle de frayeur, de peur qu’ils la retrouvent. Finalement, elle se met à l’abri dans un fichier caché et cesse de hurler. L’alerte passée, ils observent leur nouvel environnement.

Une toile arachnéenne numérique, aux mailles épaisses, tapisse l’horizon à l’infini. Au-dessus comme en dessous, des textes, des images, des spams, défilent en permanence. Une lumière phosphorescente, comme celle que produiraient des milliers d’écrans d’ordinateurs dans un gigantesque hangar ténébreux, éclairent leurs déambulations. Où sont-ils et surtout où aller ?

Alors que Constitutionnix libère Gutuaterix de la boîte à outils où il se trouvait jusqu’à présent, McAfyx se met soudainement à sautiller puis à bondir sur les mailles de cette toile qui leur sert de défilé aventureux. Les mailles ont beau être suffisamment larges, ce balancement n’est pas fait pour les rassurer dans ce lieu étrange. Ils se demandent si McAfyx est devenu fou et lui intiment l’ordre d’arrêter. McAfyx en souriant leur signifie de s’accrocher et de lui faire confiance. « La voilà ! » conclue-t-il.

Au loin, telle une locomotive s’avançant à grande vitesse sur un monorail, une masse grandissante s’approche d’eux. Ils finissent par reconnaître avec surprise les formes pixélisées d’une araignée-robot. Elle s’arrêta devant McAfyx. Elle n’a pas l’air menaçante ce qui déride un peu nos amis.

« Je vous présente Googlie », dit McAfyx, « notre arachnomoteur de recherche. D’ailleurs que cherche-t-on ? ». « L’épée au nom de tonnerre pourfendeuse d’injustices » répond Didactix. « Non, Grwéve Gwenwéralh, elle s’appelle Grwéve Gwenwéralh » précise tout excité Cégétix. Les autres le regardent d’un air circonspect.

McAfyx qui parle aussi bien le Java que le Basic, demande à Googlie de les conduire vers l’épée « Grwéve Gwenwéralh », en lui glissant des mots clés à l’oreille. « Aucune page ne correspond à votre requête » répond Googlie en Javanais. McAfyx se tourne vers Cégétix en lui demandant s’il est sûr de lui. « Oui, tout à fait, vous verrez bien de toute façon lorsque l’épée répondra à ce nom ». Contitutionnix indique alors à McAfyx d’essayer la formule de Didactix « L’épée au nom de tonnerre pourfendeuse d’injustices ».

Ça fonctionne. L’araignée numérique fait signe à tout le monde de monter sur son dos et de s’accrocher fermement aux différents capteurs qui s’y trouvent. Elle se met en route. À toute vitesse, elle saute de maille en maille, de fil en fil, de texte en texte, d’image en image, évitant les publicités, les spams et les autres détritus de la toile. Tout cela leur donne le fameux tournis numérique, le mal du cybair. Et ce n’est qu’un début puisque au détour d’un lien hypertexte, il arrive à Googlie de virer brusquement, leur faisant encaisser des grandes quantités de G haut débit. Ce faisant, le sang irrigue mal les cerveaux ainsi que les rétines. Le voile rouge et le voile noir les menacent. Certains sont au bord de la perte de conscience. Un arrêt brutal met fin à ce grand huit numérique. Constitutionnix vomit.

Catastrophe ! Les huit pattes de Googlie sont engluées dans la toile. À tel point qu’elle ne se débat même pas, n’exprime plus rien. Complètement inerte, la voilà scotchée à la toile par un virus collant. C’est là qu’un « Vengeance ! » se fait entendre suivi d’un rire, résonnant au loin. Il s’agit du rire de la Puce Dorée. « Crotte de puce, nous voilà plantés » s’exclame Joystix. Que faire ? Tout le monde interroge McAfyx d’un geste du menton. McAfyx hausse les épaules, marquant ainsi son impuissance et sa rage. Ils ne peuvent même pas descendre de leur arachnomoteur de recherche sous peine de rester collés eux aussi à la toile. Gutuaterix exécute bien quelques cercles dans les airs, mais il ne sait pas où aller.

Alors que l’abattement les gagne, un éclair argenté se dirige vers eux depuis le firmament numérique à la vitesse d’un transfert par fibre optique. « Ouah ! » s’exclament McAfyx, Wifix, Joystix et Didactix. Ils viennent de reconnaître un héros mythique, un super héros venu du fin fond de la Galaxie, emprisonné à jamais sur Terre par Galactus, le Titan mangeur de planètes. Il s’agit du Silver surfer, soit le Surfeur d’argent. Le Surfeur d’argent, pour ceux qui ne le connaissent pas encore se trouve complètement enveloppé dans une substance argentée qui le rend invulnérable. Et il vogue librement dans les airs grâce à sa planche de surf cosmique. D’aucun prétendaient qu’il avait élu domicile dans le monde numérique où les victimes potentielles sont nombreuses. C’est vrai !

lundi 24 août 2009

CHAPITRE 8 « LES RIVAGES DE L’INFRAMONDE » (5/5)


Arrivé à leur hauteur, il leur fait signe à tous les neuf de monter sur son surf qui s’allonge pour l’occasion. Puis sans mot dire, il propulse sa planche dans les airs. Wifix jette un dernier regard attristé sur Googlie. Sur le surf l’accélération est phénoménale et continue. Mais la vitesse se stabilise enfin après que le surf ait dépassé le mur de l’ADSL en zone dégroupée. Ils vont vraiment très vite, à plus de 10 mega-bites seconde, selon McAfyx. La vitesse est telle qu’aucun son n’est audible, ce qui évite au Surfeur d’Argent d’être assailli par tout un tas de questions.

Sous leurs pieds, la toile géante continue de défiler jusqu’au moment où Syndicaline tapote l’épaule de Didactix pour lui signifier de regarder devant lui. Ils se dirigent tout droit vers une gigantesque cascade verte de codes binaires qui couvre maintenant tout l’horizon depuis le firmament jusqu’à des abysses insondables. Constitutionnix qui vient de se rendre compte de cela aussi, se dit qu’il s’agit sans doute du fameux mur de Merlin, l’ultime rideau qui sépare de l’inframonde. À peine ont-ils le temps, par pur réflexe, de placer leurs bras devant leurs yeux, qu’ils l’ont déjà traversé. Tout éclaboussés de zéros et de uns, ils découvrent un environnement beaucoup plus familier, celui de l’océan ; de l’eau à perte de vue, un vent chargé d’embruns, des goélands qu’ils dépassent à une allure toujours aussi ahurissante.

Une île, au loin, n’a même pas eu le temps de sembler se dessiner que les voilà maintenant au beau milieu de celle-ci. De la lande et des bocages. À quelques dizaines de mètres devant eux, se dresse un Cromlech majestueux, comme celui de Stonehenge, à la différence près que celui-ci est formé de stèles verticales en argent massif et horizontales en or. Le surfeur leur fait signe de descendre, ce qu’ils font sans poser de questions. Il n’est vraiment pas bien loquace ce Super Héros. Wifix, Joystix, McAfyx et Didactix lui adressent, tout de même un sourire, en guise de remerciement.

Constitutionnix se met en route vers le Cromlech. La troupe le suit vers le sanctuaire circulaire. Alors qu’il était à son zénith l’instant d’avant, le soleil décline subitement. Il finit par se coucher dans l’exact alignement de la stèle la plus majestueuse. De son côté, la Lune émerge à l’exact opposé, une lune énorme, anormalement rousse et lumineuse. Au centre, un cristal de taille humaine semble attirer la lumière, la scinder et la redistribuer dans le cercle, de telle sorte qu’apparaît devant eux ce qui semble être un hologramme.

Constitutionnix et Huguix le reconnaissent tout de suite. Du gui grimpe le long de sa jambe droite, de la palmette pousse sous son pied gauche et deux dragons, l’un rouge, l’autre noir, voltigent au-dessus de lui. Constitutionnix indique au reste de la troupe qu’il s’agit d’une image du dieu Lugh, le vieux dieu polytechnicien. « Je le sais ! » fait McAfyx.

Syndicaline se trouve subjuguée par la lumière et par l’hologramme qui paraît de plus en plus réel. C’est peut-être bien lui après tout. Didactix frissonne sans comprendre pourquoi. Lugh semble heureux de les voir. Constitutionnix remarque que le regard du dieu s’attarde tout spécialement sur Didactix, un regard plein de tendresse que Didactix ne remarque pas. Constitutionnix comprend très vite pourquoi Lugh le regarde ainsi. Didactix est l’un des premiers bébés-éprouvette. Il est donc le fruit vivant de la technique, un enfant inspiré par Lugh, et par conséquent un peu l’un de ses enfants. Lugh les regarde tous fixement pendant un long moment sans rien dire. Personne n’ose parler, l’instant est magique. Il est vrai que l’on ne rencontre pas tous les jours une divinité placée à un tel niveau dans l’organigramme céleste. Lugh met fin à cette scène en tendant son bras droit vers l’Ouest, un bras qui semble démesurément grand, puis il disparaît. Nos amis ne remarquent pas la disparition du vieux dieu tout de suite et mettent quelques bonnes minutes à sortir d’une hébétude contemplative.

« Je crois qu’il faut aller vers l’Ouest », finit par dire tout doucement Constitutionnix. Le Soleil accueille cette initiative en rebroussant chemin vers son zénith. « Bizarre tout ça, non ? » dit Wifix.

Ils se mettent en route vers la côte ouest en se disant qu’elle sera longue. Mais bien que l’île leur avait semblé assez grande depuis là haut, sur le surf du Silver surfer, ils atteignent la côte ouest de l’île très rapidement. « Vraiment bizarre tout ça ! » Se dit encore une fois Wifix. « Le temps et l’espace semblent distordus », conclue-t-il. « Quantique ! » Précise McAfyx. Joystix et Wifix s’esclaffent maintenant carrément. À peine venaient-ils de passer à côté d’un gros rocher que l’instant d’après, en se retournant, ils ne le distinguent quasiment plus, tant il parait être loin. Tout cela leur rappelle des soirées passées à trop tirer sur des pipes à marijuana.

Voici le rivage. Un bateau aux formes minimalistes apparaît tel un taxi que l’on aurait commandé. « Ça va flotter, ça ! » Lance Syndicaline, semblant regretter le char magique et son diablotin qu’elle avait pris en affection. Il est vrai qu’il ne s’agit pas d’un bateau ordinaire mais d’un Curragh, un vieil esquif gaélique des temps anciens, dénué de voilure et composé d’une ossature en bois de chêne enveloppée du cuir d’un quelconque sanglier sacré. Deux disques solaires en or brillent de chaque coté, ce qui lui donne un côté carriole qui fait sourire un peu plus Syndicaline.

Ils se décident néanmoins à le poser sur les flots et à grimper à l’intérieur. Huguix est le dernier à monter. Une grosse vague salue alors sa montée à bord en administrant une grande claque écumeuse sur la proue. Etrangement l’écume se fige et se transforme sous leurs yeux ébahis en cheval. Oui, un cheval d’écume s’attelle au curragh. Pourquoi pas après tout. Syndicalix disposait bien d’un diablotin tireur de char. Le curragh, tel un hors-bord illyrien fonçant sur l’Adriatique chargé de produits de contrebande, galope maintenant sur les vagues à vive allure.

(Plus que deux chapitres avant The End...)

dimanche 23 août 2009

367 BURQAS EN FRANCE SELON LA POLICE ?!? VOICI L’EXPLICATION…


Et voici maintenant la fable d’Ali Blabla et les 367 burqas. 367 burqas en France ?!?! Ah ma douce France, pays de cocagne, si souvent ballotté entre hystérie et cécité…

D’ailleurs la cécité n’est-elle pas parfois un symptôme de l’hystérie ?

SILgmund Freud

samedi 22 août 2009

VOILE PAS VOILE (13) : LES HISTOIRES DE BURKINIS DISSIMULENT UN TOUT AUTRE SCANDALE…


Encore une fois, paranoïa oblige, les sentinelles et autre observateurs de l’islamisation de notre Occident, dont je fais partie, se seront plantés en beauté. Un bien beau plat, c’est le cas de le dire. En effet, les plus grands spécialistes des questions islamiques que sont, entre autres, Pascal Boniface, Tariq Ramadam ou Mouloud Aounit, sont formels.

Ce que vous voyez sur cette photo n’est en rien une fille un peu allah-ramasse qui cherche à commettre un attentat suicide par noyade ou encore une petite tricheuse de salafiste souhaitant battre un record olympique avec sa combinaison hydrofuge… mais bel et bien un Schtroumpf, sans son bonnet blanc, ni son caleçon de même couleur, et qui par conséquent fait du nudisme, ce qui autrement scandaleux que toutes ces affaires de burkini.

Aussi, chers lecteurs islamistes, je vous prie de recevoir mes plus plates excuses. Et afin d’expier mes fautes, en ce début de Ramadan, je vous promets que je me montrerai dorénavant beaucoup plus gentil avec l’islam.

SILidim le Magnifique qui souhaite (ici sincèrement) un bon début de Ramadan à tous ses amis musulmans et un bon appétit à ses potes Arabes, Berbères, Perses ou autres qui ne le font pas.

vendredi 21 août 2009

CHAPITRE 7 « WAR ZAO ATAO » (1/5)


« Alors Didactix, ça va mieux on dirait. Je vois que tu retrouves l’appétit » lui demande Constitutionnix en souriant. Tout le monde rigole de nouveau.

Didactix bougon, comme lorsqu’on redescend trop abruptement d’un bon kif, répond « au lieu de te moquer, dis-nous plutôt ce que sont ces histoires de fées des piscines, d’épée magique et de McAfyx. J’ai eu du mal à tout écouter »… « Tu m’étonnes ! » l’interrompt Syndicaline goguenarde.

« Ça va ! C’est bon ! Quoi que tout bien réfléchi, ça ne va pas. Je m’en veux de ne pas avoir pensé à lui demander son numéro de boule de cristal portable, histoire d’obtenir des renseignements complémentaires »… « La marque de son maillot de corps par exemple, non ? » Conclut Syndicaline encore une fois.

Didactix, aussi timide qu’il est grande gueule, commence à voir rouge. Il n’aime pas trop qu’on le titille quand il se trouve vulnérable devant la gente féerique.

Contitutionnix lui dit alors « Ne t’en fais pas. Quelque chose me dit que tu la reverras, sans doute bientôt »… « À nouveau trempée ! » interjecte encore une fois sa copine Syndicaline.

« Au lieu de faire la maligne, tu ferais mieux de te demander comment trouver ce fameux McAfyx tiens ». Syndicaline sifflote pour marquer sa gêne.

Constitutionnix y réfléchit de son côté. Mais il a beau fouiller dans sa mémoire, les propos de la fée ne lui rappellent rien. Toutefois il se dit que la solution ne doit pas être bien loin. Il regarde autour de lui en quête d’un indice, d’un signe que lui accorderait ce lieu où il sent la présence d’ondes magiques. Bonne initiative !

Alors que son regard scrute la rivière, un gros saumon saute trois fois hors de l’eau, à chaque fois un peu plus haut. Constitutionnix comprend instantanément le message. Il regarde vers la cime des arbres. Sur l’une des branches les plus hautes, se trouvent trois corbeaux qui le fixent du regard. Constitutionnix les fixe à son tour pendant trois bonnes minutes à l’issue desquelles il étend un croassement provenant de derrière lui. Il se retourne et voit une silhouette blanche traverser rapidement le ciel. Regardant de nouveau les trois corbeaux, il les voit s’envoler sans bruit, faire trois tours autour de lui, puis se diriger vers le soleil couchant en croassant à trois reprises, trois mots aux sonorités bretonnantes. « War Zao Atao ».

« War Zao Atao », enfin quelque chose qui semble interpeller sa mémoire. En attendant de se rappeler ce que c’est, une chose est déjà certaine. Les indices indiquent clairement que la solution se situe du côté de Gesocribate (Brest) et sa grande baie où la mer accueille le Soleil pour son sommeil. C’est là en effet que nichent les corbeaux savants.

Décision est donc prise de partir vers Gésocribate après un passage par le village, histoire de se restaurer et de se reposer un peu. La marche se fait plus rapide.

jeudi 20 août 2009

CHAPITRE 7 « WAR ZAO ATAO » (2/5)


Tous nos amis ainsi que le reste du cortège arrivent aux abords du village au petit matin. La brume est épaisse. Constitutionnix a tout d’un coup le ventre qui se noue. Il ne comprend pas pourquoi mais une soudaine nausée monte en lui. Il est trop fatigué pour chercher à comprendre. Syndicaline et Didactix mettent tout cela sur le compte de la bataille et de la défaite qui se rappellent sans doute à lui.

Ils s’approchent ainsi du village, cherchant à traverser ce rideau de brume qui refuse de s’ouvrir. La lumière s’y met aussi. L’aube semble recouvrir le village d’un manteau de pudeur. Le Soleil est peu enclin à leur exposer le triste panorama qui s’offre à leurs yeux, maintenant qu’ils sont aux portes d’Intérêt Général.

Constitutionnix vient de rendre. Syndicaline et Didactix sont tout aussi livides. Les ruines des abords du village se jettent à leurs visages. Les pierres sont noires et encore fumantes. Une odeur de soufre les prend à la gorge et leur brûle les yeux. L’horreur est si dense qu’elle stagne à même le sol, refusant de se disperser dans les airs. Les faubourgs d’Intérêt Général ne sont plus que ruines et leurs cœurs, rancœur.

Ils parcourent les rues du village, désertes. Les rescapés, en entendant la colère de nos amis et de la foule qui les suit, sortent de leurs abris de fortune et leur racontent, pendant plusieurs heures, l’assaut mené par la cavalerie de Dark Spéculator. L’un des rescapés a pu arracher, en se défendant, l’une des torcravattes qui pendaient au cou des cavaliers. Il la tient rageusement dans l’un de ses poings. « Ce sont eux ! Ce sont eux qui ont fait ça ! » crie-t-il avant de tendre la torcravatte à Didactix qui l’examine. Au dos de la torcravatte on peut y lire un nom ainsi qu’une série de chiffres qui intriguent Didactix. Il se dit qu’il tirera cela au clair plus tard. Car il vient de se rappeler que son frère Caissieràminiprix n’avait pas pu participer à la bataille suite à une lombalgie provoquée par son travail, et était resté chez lui alité. Il marche de plus en plus vite dans les rues d’Intérêt Général. Ses amis ont du mal à le suivre.

L’immeuble où habite son frère est en ruines lui aussi. Il regarde autour de lui. Rien ! Il descend dans les caves. Toujours rien ! Il interroge les voisins. Aucune trace de son frère. Frénétiquement il cherche longuement tout indice en mesure de l’aider. Il tombe finalement sur la gardienne de l’immeuble, qui avait trouvé refuge dans un local à poubelles.

« Madame Poilauxcanines, avez-vous vu mon frère ? » demande Didactix.
Madame Poilauxcanines répond avec son accent de gardienne lusitanienne « Jou l’ai vou se faire attraper par lou’ch méchantes cavaleiros. Ils ont agité oun collier devant les yeu’ch de votre frayre en racountant des chowses bizarre’ch. Et puis votre frayre les a suivi’ch sans rien dire ». C’était la goutte qui faisait déborder l’amphore.

Syndicaline, Constitutionnix et Didactix entrent en fureur. Leurs veines ne charrient plus que colère, leur bile tourne vinaigre, leurs tempes se font tambours, leurs yeux coupes de sang. Leurs cordes vocales noués sonnent le tocsin. Leur ventre se fait bronze et l’ire y résonne de toute part, se répandant en secouant de vibrations toute l’assemblée dépitée qui se rassemble autour d’eux.

L’arme, l’épée magique. Il leur faut l’épée magique, et vite. Il leur faut être à Gésocribate, et très vite. Syndicalix qui se trouve à leurs côtés et qui bout tout autant, propose à nos trois amis de leur prêter son char magique en même temps que Cégétix se porte volontaire pour les accompagner dans la quête de l’épée. Il pense connaître son mystérieux nom et par conséquent le moyen de libérer son pouvoir. Didactix, Syndicaline et Constitutionnix acceptent bien volontiers cette aide.

Syndicalix sort alors une corne de brume dans laquelle il souffle avec force. Quelques instants après, un nuage de poussière se dirige sur eux. Il s’agit visiblement du char magique de Syndicalix. Le nuage de poussière s’arrête devant nos compères provoquant chez eux une quinte de toux. Puis le nuage se dissipe laissant apparaître le char. Syndicaline, Didactix et Constitutionnix s’attendent à voir de magnifiques chevaux tatoués de seize soupapes, mais ce n’est pas ce spectacle qui s’offre à eux. Leurs visages marquent une expression décontenancée.

Attelé à un magnifique char couleur noire métallisée, type pousse-pousse quatre places, on peut y voir une sorte de petit diablotin tout gris et tout malingre. Nos trois compères se tournent interrogateurs vers Syndicalix.

mercredi 19 août 2009

CHAPITRE 7 « WAR ZAO ATAO » (3/5)


Syndicalix leur explique qu’il s’agit d’un ancien gros spéculateur qui expie par ce sort un passé d’exploiteur patenté. Cégétix regarde Syndicalix d’un air désapprobateur. Mauvais Karma ou pas, c’est là également de l’exploitation, chose qu’il condamne. Syndicalix rétorque qu’il n’a pas de leçons à recevoir de quelqu’un qui, si l’on en croit Nationalelectrix, a siphonné une partie du trésor de la fée Électricité par le biais d’un comité d’entreprise écran. La discussion s’envenime, mais Constitutionnix y met fin en rappelant que le temps n’est pas aux vaines disputes. C’est presque la fin de l’après-midi et il faut partir pour Gésocribate.

Cégétix, Contitutionnix et Didactix montent dans le char, suivis bientôt de Syndicaline à qui Syndicalix finit d’expliquer comment utiliser le char. Une fois installés et la destination indiquée au chauffeur, celui-ci démarre en trombe. Le petit diablotin tire le char si vélocement qu’il leur est presque impossible de distinguer la route et le paysage.

Le soir tombe lorsque le diablotin se met à rougir. Syndicaline peste et Didactix lui demande ce qui se passe. Syndicaline lui répond que le diablotin chauffe anormalement et qu’il faudra, selon les consignes données par Syndicalix, s’arrêter bientôt pour le laisser se reposer, mais surtout le faire boire dans un cours d’eau vive, sans quoi il risque de partir en fumée.

Ils ralentissent et se rendent compte qu’ils traversent actuellement un joli village armoricain. Ils ne sont plus très loin de Gésocribate. Sur la place de ce village, ils demandent à un vieil habitant, peu surpris par l’attelage, s’il n’y aurait pas une auberge dans le coin et surtout un cours d’eau vive où le diablotin pourrait se désaltérer. Le villageois leur indique dans une sorte de marmonnement la direction d’une auberge et celle du « gué des lavandières ».

Afin de faire au plus vite, ils se repartissent les taches. Cégétix et Constitutionnix se chargent de prendre des chambres à l’auberge tandis que nos deux amis emmènent le diablotin se désaltérer au « gué des lavandières ».

Didactix et Syndicaline s’approchent de la rivière. Le diablotin le sent et se met à courir comme un damné puis à boire goulûment. Il se redresse satisfait perdant sa rougeur. Mais subitement, il passe du gris habituel au violet, tremblotant de froid et s’écroulant en bavant. Syndicaline et Didactix s’approchent du diablotin et remarquent que sa langue est devenue toute verte. Didactix goûte l’eau. Elle est infecte, acide et avec un goût très prononcé de nitrates. Le diablotin tremble comme un démon en Antarctique. Que vont-ils pouvoir faire pour sauver le diablotin, se demandent nos deux compagnons. Constitutionnix saurait bien quoi faire lui, mais il n’est pas là et le diablotin est intransportable tant il est secoué de spasmes violents.

Syndicaline se propose de le garder pendant que Didactix ira chercher le druide. C’est ainsi qu’il se retrouve à courir dans une pénombre crépusculaire et forestière. Mais Didactix ne fait pas cinq cent mètres que soudain une branche d’arbre le gifle violement. Il s’écroule au sol. Se relevant tout surpris, il se tourne vers l’arbre interrogateur et en colère.

« Bons dieux ! » Se dit-il sans oser bouger le moindre petit doigt. Vert de peur, il ne sait que faire. Un gigantesque serpent au regard étincelant se tient devant lui. Il vient de sortir de derrière l’arbre et le fixe comme une proie, drapé dans deux longues ailes de chauve-souris qu’il déploie lentement comme pour chercher à le saisir. Passée la stupeur et se sentant fait comme un rat, il a un sursaut de conscience qui lui ordonne de déguerpir. Ses jambes recevant enfin l’instruction se mettent furieusement en mouvement. Le serpent le poursuit, se déplaçant comme sur des coussins d’air. Didactix se met alors en mode sanglier traqué, détalant de plus belle. Il se retrouve quelques secondes plus tard, de nouveau, au bord de la rivière, qu’il longe en sprintant lorsque subitement il se retrouve de nouveau par terre. Un autre arbre vient de le gifler. Il se relève non plus apeuré mais furieux.

« C’est quoi cette forêt ! » s’exclame-t-il, tout en sortant de l’une de ses poches un coupe-ongles avec lequel il compte bien, faute de mieux, se défendre du serpent géant. Aussi il se tourne vers l’arbre s’attendant à voir apparaître le saurien. Mais point de saurien. Par contre, sans doute, une vague cousine du serpent en question, se tient devant lui.

Une vieille femme hideuse au possible, vêtue de loques, le regarde avec des yeux verts dont l’éclat semble radioactif. La colère fait place à une première impression de dégoût puis, d’une façon inexplicable, à une curiosité bienveillante.

Que fait-elle là, cette pauvre femme, se demande-t-il. Mais c’est l’apparition qui lui pose cette même question avec une voix de craie rayant un tableau scolaire. Didactix se rappelant qu’il vient d’échapper à un serpent géant et qu’il est chargé de trouver le bon vieux druide, lui répond qu’il doit dénicher un remède contre les eaux de la rivière, qu’il s’excuse mais qu’il n’a pas le temps pour discuter. Il s’apprête à partir quand la vieille dame le saisit par la manche et lui dit qu’elle seule peut guérir son diablotin. Didactix reste coi. Comment est-elle au courant ? Elle le regarde avec insistance. C’est étrange mais il lui semble distinguer derrière ses rides, innombrables comme les creux d’une mer déchaînée, comme un sourire coquin et intéressé.

Didactix lui demande comment est-elle au courant pour le diablotin. Elle ne lui répond pas mais lui dit autre chose qui fait réapparaître sur le visage de Didactix, une expression de dégoût. S’il veut retrouver son diablotin vivant, il lui faudra l’embrasser. Le dégoût disparaît peu à peu. Effectivement, il faut sauver le diablotin. Il leur faut trouver McAfyx et l’épée magique. Il lui faut sauver son frère Caissieràminiprix. Et puis s’il n’y a que ça pour rendre heureuse cette fille de la déesse Solitude, Intêret Général vaut bien un baiser visqueux. Après tout la tendresse est également une richesse qu’il convient de redistribuer.

mardi 18 août 2009

CHAPITRE 7 « WAR ZAO ATAO » (4/5)


Chose étrange, au fur et à mesure qu’il approche sa bouche des lèvres de la sorcière, il lui semble reconnaître quelque chose de familier dans ces yeux verts, entourés de rides. Finalement il dépose un baisé sur ces lèvres fripées en tachant de garder les yeux bien ouverts, histoire de ne pas lui manquer de respect. Et bizarrement, le contact avec cette bouche qui semble au premier abord sèche et fanée se fait progressivement agréable. Les pétales de ce visage se font douces et charnues. Les rides disparaissent et les yeux se parent d’un très joli vert. Surpris, il recule la tête, un peu décontenancé par toutes ces diableries. Un nouveau visage s’offre à ses yeux à la limite du bris de cornées. Les pommettes de Didactix rougissent tellement que la vision infrarouge de la faune alentour s’en trouve éblouie. Loanamélusine qui se tient devant lui.

« Bonsoir Didactix» dit-elle en souriant ; « alors comme ça, on aime les vieilles dames ? » poursuit elle en éclatant de rire. « À vrai dire, seulement les fées mûres aux yeux verts » répond Didactix en forme de pirouette, afin de masquer sa surprise.

« Moi je vois surtout ta grandeur d’âme Didactix. Prêt à tout pour Intérêt Général n’est-ce pas ? » lui dit-elle doucement. « Dis-moi jolie fée des piscines. Tu ne me draguerais pas par hasard ? » lui demande-t-il en retour.

« On peut dire ça comme ça mon beau coup de foudre. D’ailleurs étant donné que nous autres fées ne faisons rien à moitié, et puisque je nous sais faits l’un pour l’autre, je me permets de te demander en mariage » souligna-t-elle en riant. « À une condition toutefois. Il te faudra choisir. Tu ne pourras m’avoir que hideuse le jour et belle la nuit ou l’inverse, selon ton désir. »

Didactix, ému, fou d’amour, fou de joie, ne sait que dire. Pour lui, elle était tout simplement merveilleuse et lui tout simplement heureux chaque seconde qu’il passe à ses côtés. Il commence par lui répondre avec de l’humour, « en somme, pour le meilleur et pour le pire ou vice-versa, c’est ça ? » avant de conclure avec un « à toi de choisir, jolie fée, ce qui serait le meilleur pour nous deux. Je m’en remets à ta sagesse. »

« T’es un vrai démocrate ! » Dit-elle en riant. « Puisque tu es ainsi, tu auras mon meilleur tout le temps mais avant cela tu devras finir ta mission. »

Sa mission ! Elle lui revient subitement à l’esprit. Le diablotin, son frère, le village, l’épée. Loanamélusine et Didactix se mettent en route vers le « gué des lavandières ». Syndicaline qui s’occupe toujours du diablotin voit arriver le couple. Reconnaissant la fée, elle sourit. «Je comprends maintenant pourquoi tu tardais à revenir » lança-t-elle en direction de son vieux pote. « Ce n’est pas le moment pour les vannes et puis écarte-toi du diablotin, Loanamélusine va le soigner» répondit Didactix.

La fée mignonne sort alors d’entre ses jolis petits seins, une fiole contenant une liqueur sacrée. Il s’agit d’un cidre fabriqué à partir des pommes du jardin de Jolie d’Avalon. Elle en dépose une goutte sur les lèvres du diablotin qui retrouve instantanément sa couleur caractéristique. Didactix ne peut détacher ses yeux de sa jolie fée des piscines. Syndicaline le remarqua et sourit. Le diablotin est guéri. Alors Syndicaline relève le petit-gris et dit à Didactix qu’il n’a qu’à la retrouver, ainsi que les autres, plus tard à l’auberge. Et oui, le temps presse mais le désir aussi.

Loanamélusine conduit son Didactix vers sa demeure. Il s’agit à première vue d’un gros rocher dans la forêt. Le regard de Didactix se fait dubitatif. Nulle entrée n’est visible. Brusquement, la fée jolie prend fermement la main de son compagnon et se jette avec lui contre la paroi rocheuse. Il ne résiste pas et découvre qu’un passage magique s’est ouvert. Ils sont maintenant à l’intérieur du rocher. Un intérieur sobre mais aménagé avec goût.

« Tu sembles surpris » lui demande Loanamélusine. En souriant, Didactix répond que oui, « agréablement surpris, en effet. À vrai dire, je m’attendais à quelque chose de plus rococo, avec du mobilier en or massif, conformément aux vieilles légendes féeriques ».

« Il fut un temps, c’était le cas, surtout chez les générations précédentes de fées mais deux événements ont pas mal changé nos habitudes. Tout d’abord, cet infâme Vivendix qui a trouvé le moyen de piller presque tout l’or des fées des rivières. Et puis l’arrivée dans nos contrées de la fée Engshui qui nous a appris à aménager nos intérieurs différemment. Suis-moi, je vais te faire visiter… »

La suite ! Et bien, elle ne vous regarde pas. On suppose qu’ils s’échangeront des mots doux, des mots fous, qu’ils s’embrasseront et s’étreindront passionnément.

À l’auberge, Syndicaline raconte ce qui s’est passé. Constitutionnix sourit. Cégétix n’écoute pas ; il ne pense qu’à l’épée. Puis tout le monde finit par s’endormir aussi bien à l’auberge que dans le rocher.

lundi 17 août 2009

CHAPITRE 7 « WAR ZAO ATAO » (5/5)


Les premiers rayons du soleil tirent au même moment de leur sommeil, aussi bien Constitutionnix que Loanamélusine. Cette dernière réveille tendrement Didactix. Heureux homme ! Car les fées savent éveiller un homme comme peu de femmes savent ou acceptent de le faire. La fée Latia étant la plus experte en la matière.

Il est temps de poursuivre la route. Loanamélusine explique à Didactix qu’il leur faudra longer la côte Nord vers l’Est. À vingt-cinq lieues d’ici, se situe la ville des fiers Lexobiens (Lannion). Une ville où se trouve l’un des plus majestueux sanctuaires dédiés au dieu Lugh, le dieu des arts et techniques. Dans cette cité où la devise « war zao atao » signifie « en avant toujours », ils trouveront McAfyx. Il sera sans doute à l’une des portes de la Lughopole « Anticipa », fanfaronnant tout prés du sanctuaire. Puis ses propos se font plus sibyllins. Elle lui dit que pour trouver McAfyx, ils devront recréer les réseaux, se souvenir en réseau, car nulle quête solitaire, même la plus déterminée, ne peut l’être totalement. Elle lui dit aussi qu’il leur faudra entrer dans le labyrinthe et débusquer l’Unité Centrale avec son écran qui ouvre les portes de l’inframonde. À cet effet, elle lui tend un cédérom magique. Didactix renonce à éclaircir toutes les phrases de sa fée jolie. Loanamélusine finit en annonçant à son amoureux que Constitutionnix aura en route une belle surprise.

Après toutes ces explications, vient le temps des embrassades, impatientes de nouvelles étreintes. Loanamélusine et Didactix se quittent le regard brumeux et s’échangent un « à bientôt » désireux. Didactix tourne le dos et Loanamélusine soupire. Il était temps qu’il parte car elle n’aurait pas pu dissimuler son inquiétude plus longtemps. « Ton chemin est long mon amour et les routes de l’inframonde bien périlleuses. Que les dieux te gardent en mon monde ! Que Belenos éclaire ta route ! Que Lugh te guide dans les dédales ! Et que Oengus me ramène mon amour !» Telle était la prière de cette fée aimante.

La petite troupe accueille Didactix avec de grands sourires. Didactix le leur rend accompagné d’un « ben quoi ? » « Rien ! Rien ! » Disent-ils tous en cœur. Didactix donne les informations qu’il détient et le diablotin peut se mettre à tirer son pousse-pousse quatre places. Ils longent la côte depuis maintenant une bonne heure. « Léxobie ? Léxobie ? ça me rappelle quelque chose, » se dit Constitutionnix avant de s’assoupir sous le roulis du pousse-pousse décapotable.

« Aïe ! » s’écrie Constitutionnix soudainement. Une vive douleur sur le sommet du crâne vient de le sortir de sa torpeur. Ses compagnons se tournent vers lui mais ils le regardent au-dessus de sa tête, étonnés. Constitutionnix finit par sentir une présence sur son crâne. Il fait un geste pour saisir ce qui le gêne mais d’un bond, la chose lui saute sur les genoux. « Ben ça alors ! » Dit-il. Ce qui vient de le réveiller d’un coup de bec sur la tête, est en fait un beau corbeau tout blanc, un légendaire corbeau albinos aux yeux rouges, brillants comme deux rubis volés à un maharadjah. Tous se trouvent hypnotisés par le corbeau. Tous sauf le diablotin bien évidemment qui continue imperturbable à tirer son pousse-pousse.

Tout d’un coup, l’effet hypnotique est brisé par les éclats de rire heureux et émus de Constitutionnix. « Maître, mon bon vieux maître ! » S’écrie-t-il. Il venait de reconnaître Gutuaterix, le grand druide, son vieux maître qui visiblement avait choisi de se réincarner dans ce magnifique corbeau blanc. Le corbeau se met à rire tout autant, joyeux que son élève le reconnaisse.

C’est alors que Cégétix, Syndicaline et Didactix assistent à une conversation hallucinante entre leur vieux druide et ce corbeau tout blanc. Quoiqu’en y réfléchissant bien, tout cela les étonnait de moins en moins. « C’était toi, alors, la silhouette blanche que je surprenais parfois ? » « Oui ! » Répond le corbeau. « Tu as assisté à toutes nos péripéties alors ? » « Oui ! » Refait le corbeau. « Visiblement, t’en a connu quelques-unes unes toi aussi » , dit Constitutionnix en remarquant quelques cicatrices sur le nouveau corps de son vieux maître.

Gutuaterix explique qu’il s’était battu férocement, au printemps, contre des nuées de corneilles, voraces comme jamais auparavant, au moment où elles s’envolaient depuis leur base installée dans la forêt de Meudon, afin de saccager, en guise d’apéritif, des nids de moineaux et d’hirondelles. Repues, elles prospéraient. Cela l’avait inquiété. Elles se multipliaient telles des sauterelles, ce qui lui avait rappelé d’anciennes prophéties.

« La corneille piaille les veilles de bataille. Elle attend le festin qu’elle fera des carcasses laissées sur le champ des conflits sociaux ».

En écoutant cela Syndicaline et Didactix se rappellent les propos énigmatiques tenus par le vieux pigeon de la Sorbonne. Il parlait lui aussi des corneilles de la forêt de Meudon. Tout le monde tourne son visage vers le couchant en ayant une pensée pour les victimes de la dernière bataille. L’atmosphère se fait pesante dans le char, et ce malgré la joie que ressent Constitutionnix d’avoir retrouvé son vénéré mentor.

Nos amis se dérident progressivement. Ils pensent à la nécessaire contre-attaque et à la fameuse épée magique dont ils devront trouver le nom. Le mot épée magique prononcé par Didactix déclenche une réaction chez Cégétix. Comme s’il se trouvait au milieu d’un cauchemar, Cégétix se met à hurler dans le char, secoué de rires nerveux, «Gwrève Gwénwéralh ! Gwrève Gwénwéralh ! »

dimanche 16 août 2009

E NOMINE ET MON 15 AOUT A IBIZA.



Ay Hermanos mios, que felicidad… Quel bonheur mes très chers frères. Et dire qu’il y en a encore pour se demander si le XXIe siècle sera ou pas religieux, s’il sera juste spirituel. Pourquoi pas taoïste, tant qu’on y est. « Chacun sa route, chacun son chemin vers l’éternité ». Et puis quoi encore ? Non mais c’est quoi cet ultralibéralisme spirituel ?

En vérité, je vous le dis, laissez tomber ! Avec le krach de l’ultralibéralisme financier, s’effondre également celui de l’ultralibéralisme confessionnel. Pour preuve, les traders investissent massivement nos églises. Une valeur-refuge. Et oui, la Providence pourvoit à tout. Et je peux vous affirmer que le XXIe siècle sera celui des ordres, les nôtres, de l’Ordre, le nôtre.

Pour preuve à l’adresse de tous nos saints Thomas, vous n’avez qu’à toucher le succès des Journées Mondiales de notre Jeunesse, l’été 2008 à Sydney ; vous n’avez qu’à contempler l’accueil fait au Pape à Paris, ou encore l’émotion des adieux faits aussi bien à l’Abbé Pierre qu’à sœur Emmanuelle. De tous côtés notre Ordre progresse, nos légions se déploient.

Même la musique, toutes les musiques s’y mettent, que ce soit avec du Rap chrétien, du Rock évangéliste ou encore de la techno teutonne, ici particulièrement efficace. Ecoutez-moi donc ce morceau « Vater Unser », du groupe allemand « E nomine », dans sa version espagnole, « Padre Nuestro. »

Le Notre Père chanté par notre vénéré Père Josemaria Escriva de Balaguer, fondateur de notre confrérie, celle de l’Opus Dei. Grâce à Dieu, des enregistrements sonores de ses prières furent conservés et ainsi ce miracle musical rendu possible.

À l’écoute de sa voix, dans cette langue impériale qu’est le castillan, n’entendez-vous pas cet irrésistible appel. Celui de nous rejoindre, de rentrer dans le rang, oups, de rejoindre nos rangs.

En tout cas, un morceau d’enfer, oups, du feu de Dieu, que l’on s’est écouté en boucle, ce week-end, à Ibiza, avec toute la jeune garde de l’Opus Dei mêlée à celle des Légionnaires du Christ. Il faut bien que l’on fête notre XXIe siècle.

Tous de blanc vêtus, les mains levées vers le ciel, psalmodiant en 150 bpm. Quel ecstasy, oups, quelle extase… Avec pour moment de communion suprême celui qui vint après cette prière formulée conjointement au micro par le frère Guetta et le père Corti : « tout le monde communie avec tout le monde »…

Frère SILas

samedi 15 août 2009

vendredi 14 août 2009

CHAPITRE 6 « LA MARÉE, FLUX ET REFLUX » (1/5)


Brûlante, la rumeur s’approche pour finir par s’aligner derrière son étendard.

Syndicaline et Didactix, nos deux héros, accompagnés d’autres délégués d’Intérêt Général, s’avancent plus en avant afin de jauger les forces adverses. Dressée sur le promontoire, ils aperçoivent la tente de l’état major de Démagogix et de son général en chef, Girondix de la Bosse, assisté pour cette bataille du baron Wendelium. D’autres silhouettes enveloppées dans des capes sombres semblent flotter devant la tente. Sur la droite, ils distinguent nettement la cavalerie aux armures rutilantes qui brillent sous un soleil ascendant. Encore plus à droite, en partie cachés par un bosquet, Didactix croit discerner une autre unité d’assaut sans pour autant en être certain. À gauche, grâce au survol des cygnes de Blousedhermine, ils savent que derrière une butte, les bataillons de l’infanterie régulière se tiennent prêts à surgir si nécessaire.

Puis le regard de nos deux héros se pose sur les premières lignes centrales. Horreur ! Les yeux attristés, ils découvrent que la piétaille est constituée de tous les serfs que Girondix a réussis à hypnotiser. Enchaînés les uns aux autres, leurs yeux brillent d’un rouge fluorescent, l’un des effets du gavage au win-win. Le regard hargneux, ils vocifèrent en direction des habitants d’Intérêt Général qui s’alignent de part et d’autre de l’étendard.

Un malaise saisit progressivement Syndicaline et Didactix. Le trouble s’installe en eux, affaiblissant leur combativité. Ils se disent que pour atteindre la cavalerie et l’infanterie, ils vont devoir heurter la piétaille de Girondix, heurter et blesser peut-être leurs frères de sueur hypnotisés par les serviteurs de Dark Spéculator.

Constitutionnix vient d’arriver sur le champ de bataille. Sentant le trouble envahir le cœur de ses amis, il s’approche d’eux. Syndicaline et Didactix lui font part de leurs états d’âme. Constitutionnix leur répond que l’intérêt supérieur du combat doit l’emporter sur les conséquences à court terme. « L’essentiel est dans la justesse de l’acte du moment ; que vous accomplissiez ce que vous avez choisi d’être ». Mais rien n’y fait. Le cerveau peu serein, Didactix cherche d’autres solutions. Il veut aller aux devants de ses frères de sueur, leur expliquer, les convaincre.

Constitutionnix lui explique alors que cette armée de serfs enchaînés n’est pas en état d’entendre ses arguments. Le pouvoir hypnotique des armes mises au point par les serviteurs de Dark Spéculator est trop puissant. Cependant qu’il se rassure, le temps de leur libération viendra. Pour l’instant, seul importe que l’on puisse remporter cette bataille afin que l’œuvre de la déesse Solidarité ne soit pas sacrifiée, que la mémoire de justes conquêtes sociales perdurent, nourrissent l’espoir dans le cœur des hommes tout en donnant du sens à leur labeur.

Mais Constitutionnix ne parvient pas à extirper nos deux héros des méandres du doute dans lesquels leurs esprits sont enfermés. Il lève alors vers le ciel le bâton télescopique de druide qu’il gardait dans l’une de ses poches et qu’il vient de déployer. Un éclair se produit dans le ciel en même temps que son front s'illumine avec une intensité toute particulière. Des images mystérieuses s’y dessinent.

Étrange prodige. Syndicaline et Didactix peuvent voir sur cet écran de lumière des parterres de fleurs merveilleuses piétinées qui renaissent encore plus belles. Ils voient des rivières de sang couler des plaies de fiers guerriers puis rejaillir dans leur cœur pour faire battre leurs tempes. Mais aussi des armées entièrement avalées par le destin qui renaissent. Les dernières images sont moins optimistes. Ils voient pour finir le dieu Fraternité et la déesse Solidarité se faire avaler par l’esprit de Perfidie, leur souvenir s’effaçant alors des temples de la Mémoire.

jeudi 13 août 2009

CHAPITRE 6 « LA MARÉE, FLUX ET REFLUX » (2/5)


Cette dernière image les fait se ressaisir. Ils comprennent que leur personne n’est pas plus importante ici que celle de leurs frères actuellement captifs de la glue verbale de Girondix. Seule prime l’intention, le sens individuel et collectif qui habite leur action. Aussi, ils retrouvent toute leur combativité. Et par conséquent, en ce dimanche du mois de mai, ils s'apprêtent à livrer bataille. Le cœur ardant, chacun rejoint son unité après avoir congédié le compagnon animal, renne, cheval, cygne ou autre qui l’avait porté jusqu’ici. Ce n’était pas leur bataille.

Parallèlement à la formation des bataillons, on indique à Locomotrix et Lignesix qu’ils peuvent enfin se reposer. Ce n’est que mérité. Ils ont courageusement tenu l’étendard et subit pendant plusieurs jours des salves nourries d’invectives. Mais s’ils sont effectivement fatigués, ils refusent d’abandonner le terrain. Dans un dernier effort, ils plantent profondément dans le sol le mat de l’étendard puis s’assoient avec quelques camarades autour, déterminés à monter la garde. Ce geste de fierté fera office de signal. Les bataillons d’Intérêt Général s’élancent, à commencer par celui où se trouve Syndicaline, Syndicalix, Cégétix, Synallagmatix, et qui forme le flanc gauche.

Syndicalix avait failli arriver en retard. De justesse, il avait rejoint sa copine Syndicaline enveloppé dans un épais nuage de fumée qui recouvrait son fameux char magique. Celui-là même qui redémarra en trombe à la seconde où Syndicalix en descendit. Syndicalix était arrivé tendu, tenant nerveusement un cigare à la main.
Synallagmatix, lui, arriva plus tôt et assez décontracté, son stylo magique à la main. Un beau stylo marqué du sceau des artisans du Mont Jaune.
Cégétix fidèle à lui-même ne se posait pas trop de questions. Il préférait comme d’habitude compter ses troupes ; un tic.
Après une dernière oeillade entre eux, ils se retournèrent vers leurs camarades puis portèrent leur regard droit devant eux. Unitairement, ils montèrent en première ligne puis se mirent à courir.

Aussi voici Syndicaline et ses camarades, Syndicalix à ses cotés, puis Cégetix à sa gauche et Synallagmatix à sa droite, encadrant leurs troupes, qui montent à l’assaut, tout droit sur le flanc gauche adverse, celui où se trouve l’infanterie régulière de Girondix.

Les centaines de mètres succèdent aux centaines de mètres. Ils peuvent apercevoir au loin l’infanterie adverse qui attend le choc de la mêlée. Ils se disent même qu’ils les feront reculer. C’est à ce moment-là qu’une chose étrange se produit. Le sol se dérobe sous leurs pieds. Ou plutôt pour un pas qu’ils font, la tourbe sombre et chaude les fait reculer de deux pas. Étrange diablerie. Qu’à cela ne tienne, ils courent de plus belle, finissant par échapper ainsi à ces sables roulants. Mais il leur reste, tout de même, pas mal de terrain à couvrir. Ils tiennent le rythme.

Ils tiennent ce rythme jusqu’à la diablerie suivante. Car soudain le sol se met à transpirer par tous ses pores. Une brume aigre les prend subitement à la gorge. On dirait que le souffle soufré d’un quelconque dragon prisonnier des entrailles de la terre cherche l’air pur afin de le vicier. Sans même avoir le temps de comprendre ce qui se passe, les yeux irrités, le souffle coupé, ils se cognent les uns contre les autres. Puis ce sont des crépitements qui se font entendre tout autour d’eux. Un crépitement qui devient vite un vacarme insupportable. On jurerait que le grésillement de milliers de radios, tels des frelons, s’acharnerent sur eux ; que des milliers de tubes cathodiques implosent tout autour d’eux.

Un phénomène qui n’est rien d’autre que le résultat d’une nouvelle attaque portée par les ondes que venait d’ordonner le général Girondix. Des milliers de missiles longue-portée, chargés en win-win et opinium, lancés depuis les batteries du bourg Télévisium, s’abattent en effet sur eux. Tout n’est que vacarme et brouillard.

Voyant cela les unités de Métallurgix et Carrosserix se portent à leur secours. Sans succès puisqu’ils se font piéger de la même façon. Car en plus des missiles d’opinium et de win-win, l’arti-raillerie de l’infanterie ennemie tonne furieusement. Des bordées d’injures de gros calibre les assaillaient.

« Les 35 heures c’est bon pour les fainéants ! » « Fonctionnaires, tire au flanc !» « Ouvriers mécréants ! » « Le travail des autres c’est ma santé ! »

Dans cet enfer, on réussit à réunir quelques hommes afin qu’ils partent vers les arrière-postes histoire de demander de l’aide. Sur le nombre de messagers envoyés, peu nombreux sont ceux qui réussissent à s’extirper de ce bourbier et à transmettre à Constitutionnix dans quel état se trouve le flanc gauche. Péhèmix et Bétépix y parviennent.

mercredi 12 août 2009

CHAPITRE 6 « LA MARÉE, FLUX ET REFLUX » (3/5)


« Comment faire pour les sortir de ce mauvais pas ? » se demande le druide. Constitutionnix avait beau avoir récupéré quelques-uns de ses pouvoirs, il n’en demeurait pas moins trop faible pour résoudre seul cette délicate situation qu’il avait perçu depuis l’étendard avant même l’arrivée des messagers.

Afin de trouver une solution, il fait réunir autour de lui tous les bardes du village. Très vite, une idée émerge. Ils vont tenter de briser la rosserie par l’ironie. Pour cela, les bardes fabriqueront des saillies drolatiques. Pendant ce temps, Constitutionnix se chargera de préparer un ravitaillement énergétique destiné aux troupes présentes sur le front. Des chipolatax et des merguex rituelles, de la sangria mais aussi de la cervoise bénies par lui.

Les messagers quittent les arrières postes chargés de tout cela et d’une promesse d’intervention. Elle ne tarde pas. Les porteurs ont à peine le temps de regagner les avants postes qu’ils peuvent déjà entendre la première salve de ripostes.

Staracademix, chantecommuncoccyx et leurs autres camarades bardes, tous issus de l’ordre sacré des Victoires de la Musix, lancent des saillies qui résonnent ainsi : « Besoin de pain, envie d'un toit » « Le travail c’est la santé, ne rien faire c’est la conserver ! » « Tu mangeras du pain à la sueur de ton front, et bien va donc travailler, rentier ! » « Travailler pour les spéculateurs, c’est usiner le trépalium de ces gangsters !»

Avec cette salve, le bombardement ennemi cesse un moment et le rideau de brouillard se lève un peu.

Les bataillons du flanc gauche en sortent un peu hagards et cherchent leurs chefs du regard. Syndicaline, Syndicalix et Cégétix reprennent assez vite leurs esprits. Mais alors qu’ils s’apprêtent à signifier à leurs troupes la poursuite de l’assaut, ils se rendent compte que Synallagmatix n’est plus présent à leurs cotés. Celui-ci marche déjà bien au loin avec une partie de son unité de contestation, en direction du camp adverse, tous bras tendus tels des zombies. Le sévère bombardement de win-win avait fait son effet. Cédant à une fragilité congénitale, Synallagmatix s’en va signer un accord avec Girondix de la Bosse, faisant même de ce que l’adversaire avait prévu dés le début de lui octroyer, une brillante conquête.

Un tressaillement de doute et de colère saisit Cégétix, Syndicalix et Syndicaline. Mais ils reprennent sans plus attendre le raid en direction de l’infanterie ennemie. Malgré le brouillard qui règne encore sur la plaine, ils savent que celle-ci ne se trouve plus qu’à quelques centaines de mètres, séparée d’eux par une butte. Les voilà qui gravissent la colline, puis qui dévalent la pente, espérant surprendre l’infanterie de Girondix.

Mais de nouveau, un bruit angoissant stoppe net leur course à mi-pente. Un brouhaha d’un autre âge, venu de temps lugubres et inhumains, qui leur coupe les jambes et leur serre le cœur. Oui, la piétaille du bossu s’était déplacée. Une partie se trouve maintenant là, devant eux. Une foule immense qui avance doucement, tirant de lourdes chaînes en fonte plaquées or. Hypnotisés, enchaînés les uns aux autres, la fuite de ceux qui se réveilleraient est impossible. Constitutionnix avait raison. On ne peut rien pour eux.

Désarçonnés par cette image qu’ils n’avaient pas perçue aussi nettement avant l’assaut, ils restent paralysés. Si le doute avait taraudé Syndicaline avant l’offensive, il venait devant ce triste spectacle, d’avaler et de digérer toute sa combativité. Elle ne peut décidément pas marcher sur cette masse certes grommelante, mais familière, constituée de frères et de sœurs de sueur.

Monseigneur jubile. Sa piétaille vient de bloquer la charge du flanc gauche.

mardi 11 août 2009

CHAPITRE 6 « LA MARÉE, FLUX ET REFLUX » (4/5)


Le flanc droit mené par Didactix était parti à l’assaut au même moment que les autres unités de contestation. Et il s’était également fait prendre dans le bombardement de win-win. Toutefois, les pertes avaient été faibles.

Il se trouve maintenant devant trois bataillons adverses, prêts à recevoir le choc. Celui des « parents d’élèves qui savent tout mieux que les profs » et celui des « parents d’élèves qui préfèrent voir leurs enfants à l’école car les enfants c’est du souci ». Avec derrière ces deux bataillons, la légion spéciale des « eunuques de l’éducation soumis aux caprices parentaux et infantiles », dirigée par Lucius Ferrius, un lieutenant de Girondix. Trois unités unies par la volonté de « se repaître du cœur vaillant des enseignants ».

Alors que les professeurs résolus montent au contact, Monseigneur Girondix depuis son promontoire, se rend compte que ses bataillons ne feront pas le poids face au flanc droit ennemi. Il lui faut résoudre ce problème. Il fait venir BadBercix et sa suite de mages de l’ordre du Chiffre, drapés dans des capes de couleur sombre. Froids comme des superconducteurs, BadBercix, Statistix et Econometrix apparaissent ; « Oui, maître ! Demandez et nous chiffrerons ! ».

Girondix leur montre le problème que constitue cette foule de professeurs. La solution ne se fait pas attendre. Elle est à leurs pieds. Remarquant la lance magique que Thatcheria avait offerte au Bossu, les mages de l’ordre du Chiffre la demandent. Ils la posent au sol et se mettent à tourner autour de la lance en invoquant des modèles économétriques, sociologiques et en se servant de leurs bouliers sacrés ainsi que de leurs chapelets numérologiques.

Après un moment, la lance se met à briller. C’est alors qu’ils prennent la lance magique chargée en fluide numérique et qu’ils la dirigèrent vers le bataillon de professeurs. Comme par enchantement, ceux-ci disparaissent les uns après les autres. Les disparus sont transportés provisoirement dans une dimension parallèle, le royaume de la déesse Statistica, une divinité cyclothymique.

Didactix et ses camarades constatent cela avec horreur. Ils s’attendent impuissants à disparaître à tout moment. Par chance, la lance finit par épuiser tout son fluide numérique, perdant ainsi son pouvoir. Les enseignants cessent de disparaître. Mais les dégâts sont considérables. Il ne reste moins de la moitié du bataillon.

Didactix fait arrêter l’assaut. Il faut évaluer la situation et apporter une remédiation au problème posé. La poursuite de l’offensive devient une chose peu réalisable, même si n’écoutant que son courage, Didactix demeure prêt à se battre seul. Réunissant ses compagnons, l’un d’eux, Agregationix, prends la parole et raconte à ses camarades une petite histoire.

« Il y a bien longtemps, deux maîtres armuriers se disputèrent la place de Grand maître armurier. En effet, le plus jeune des deux ne cessait de quereller son aîné à tel point que le vieux maître demanda au roi de les départager. Le roi accéda à cette demande et leur donna rendez-vous au gué de la rivière sacrée du royaume, à l’automne, pour un petit défi.
Le défi consistait à plonger leur plus belle œuvre au milieu de la rivière et à observer son action sur les feuilles charriées par le cours d’eau ancestral. Le plus jeune des maîtres armuriers tint à être le premier à plonger sa lame. Il en fut ainsi. Il prit sa lame la plus fine et la plongea dans le cours d’eau. Un chêne accepta de concourir à ce que justice s’établisse. Il lâcha l’une de ses feuilles. Celle-ci arriva droit sur l’épée et fut tranchée finement en son milieu. L’assemblée et le chêne furent impressionnés par la qualité de cette lame. Le jeune armurier ne put retenir un éclat de joie. Le roi resta impassible. Le vieux maître vint et plongea une lame aussi fine, aussi tranchante que celle de son cadet dans la rivière. Le vieux chêne lâcha une autre de ses dernières feuilles. La feuille se dirigea, comme la précédente, tout droit sur le tranchant de la lame. Mais au lieu d’être tranchée par cette dernière, le feuille glissa délicatement tout le long de la lame et poursuivi sa route. Il y eut un murmure dans l’assemblée, couvert par les éclats de rire du jeune armurier. Le roi se leva, se dirigea vers le vieux maître et le déclara vainqueur. Ni l’assistance, ni le cadet, rouge de rage, ne comprirent la décision du roi. L’aîné s’inclina modestement devant le souverain et quitta le gué sans mot dire. Le vieux chêne, en signe de respect pour le vieux maître abandonna toutes ses feuilles restantes à la rivière. »

Didactix claque amicalement l’épaule d’Agrégationnix et lui dit « tu as raison, contournons l’obstacle afin d’atteindre ce satané promontoire. Il ne sert à rien de sacrifier nos forces en attaquant de front. On n’a rien à démontrer. »

L’instant d’après, tout le monde court déjà à qui mieux mieux. Ils contournent les bataillons de parents et la légion d’eunuques, pris de vitesse. Paniqué, Monseigneur vocifère : « Lucius Ferrius ! Votre garde est constituée d’incapables ! Faites donc quelque chose ! »

Lucius Ferrius ne voit qu’une solution. De la glue verbale, encore de la glue verbale, toujours de la glue verbale. Il contacte les unités d’artillerie postées à Télévisium et leur demande un tir de barrage concentré sur des coordonnées précises. Il faut tout balancer ; tout ce qui reste d’ogives de glue verbale win-win et d’opinium.

C’est ainsi qu’une grêle d’obus s’abat sur notre vaillant bataillon. Malheureusement pour Lucius Ferrius mais heureusement pour les unités de Didactix, les obus ne sont pas assez nombreux et la glue pas assez épaisse pour immobiliser les enseignants. À plus forte raison que Lucius Ferrius s’était trompé dans le calcul des coordonnées. La plupart des ogives tombent hors champs de combat.

« Bande d’incapables, ça ne suffit pas ! » Rugit le buffle devant l’incompétence de ses inféodés. Si l’unité de Didactix enfonce les phalanges de Lucius Ferrius, ils auront accès au chemin qui mène au promontoire où se trouve Girondix et Démagogix. Que faire ? Profitant du fait que Démagogix soit occupé avec une jeune secretaire, Girondix demande au Baron Wendelium « que ferais-tu à ma place ? ». « Tu n’as pas le choix ; il te faut lancer ton sort le plus puissant, celui que tu as pris à Constitutionnix » répond le Baron. Girondix aurait préféré l’utiliser à un autre moment mais il ne peut se permettre une défaite. Ses maîtres, Dark Speculator et Démagogix ne lui pardonneraient pas. En effet, il n’a pas d’autre choix.

Girondix écarte les bras, les tend vers l’avant et lance l’invocation oghamique du vieux druide. Mais l’invocation qui commence à transpirer du bossu n’est pas dorée mais grise. Et l’odeur que la nuée dispense est celle du plomb en fusion. Une nuée qui se dirige droit sur l’unité de Didactix. La nuée se mêle à la glue. La glue monte en neige, boueuse et visqueuse. Le sort est réussi. La glue verbale montée en neige immobilise les jambes de Didactix et de ses camarades. Les voilà partageant le même sort que le reste des troupes d’Intérêt Général.

Constitutionnix est quant à lui saisi par un courant electrique qui le surprend. Les mots de plomb du bossu avaient fini par retrouver leur maître, redevenant des paroles dorées. Constitutionnix retrouve ses pouvoirs. L’alchimie des mots sacrés lui redonne force et vaillance. C’était déjà cela de pris car cette bataille était perdue. Les unités du village se replient en désordre, tête baissée, les jambes et la volonté ramollies par la glue verbale ennemie, emportant avec elles un étendard rétréci aux trois quarts, aussi diminué que la volonté du village.

Regardant par-dessus leur épaule, certains peuvent même assister à un spectacle effrayant qui leur fait presser le pas. Les étendards des troupes de Démogogix et Girondix prennent vie. Les trois marteaux du baron Wendelium se détachent de la toile et plongent dans les marres de sueur laissée sur le champ de bataille. Glinky, le pacman-fantome, bondit également de son placenta textile.

Oui, les trois-marteaux et le Glinky sont bien vivants et ils se repaissent de la sueur des travailleurs, accroissant par la même occasion le pouvoir de leurs maitres. Le Baron Ernestum Wendelium se disant même que maintenant, grâce à ses marteaux vivants, il va pouvoir fabriquer à la chaîne des chaînes magiques pour entraver une masse toujours plus nombreuse d’hypnotisés.

lundi 10 août 2009

CHAPITRE 6 « LA MARÉE, FLUX ET REFLUX » (5/5)


S’ensuit une longue marche qui restera dans les mémoires comme la longue marche des mis en retrait.

Alors que Monseigneur assiste, joyeux, à la fin de la dispersion des vagues contestataires, Vendesassurancestourix vient le voir pour lui signifier que sa cavalerie a envie de pousser plus loin l’avantage. Une bonne idée. Monseigneur lui accorde son expédition punitive. « Va avec tes braves ! Prends à ta guise serfs et trophées ! » Vendesassurancestourix rejoint ses collègues, tout excité par la chasse qui s’annonce. Rejoignant ses compagnons, il fait un petit crochet par le bosquet où se cache encore Petitfascix et son infanterie charognarde qui espérait retirer de la bataille quelque chose à se mettre sous la dent, pour se moquer d’eux. Petitfascix se dit intérieurement « Va imbécile ! Épuise donc tes forces ! Mon heure viendra ! »

En attendant, c’est l’heure de Vendesassurancestoutrix et de ses compagnons. Telle une meute trop longtemps retenue, ils se ruent à la poursuite des bataillons d’Intérêt Général. « Yah Panzer ! Yah Leclerc ! Yah Chrysler ! Yah Maha ! » crient-ils en étrillant leurs montures. Empressés, assoiffés qu’ils sont, cherchant à l’horizon leur proie déjà loin, ils décident de couper au plus court. Pour cela ils éventrent la masse inerte que constitue maintenant la piétaille.

Heureusement pour nos amis, cette cavalerie stupide se trompe de chemin. La route qu’elle prend les éloigne de nos combattants. Malheureusement elle conduit ces cavaliers droit sur le village Intérêt Général, désormais sans défense. Enragés de ne pas rencontrer l’armée en retraite, ils se vengeront sur le village, ravageant les faubourgs, pillant et emmenant captive, une partie de la population.

À cet instant, nos amis se trouvent encore loin du village, ignorants des dégâts produits par la cavalerie soumise aux désirs de Dark Spéculator. La route est encore longue. Alors que Didactix ronge son frein, se disant que rien ne sera possible sans le réveil et le sursaut de la masse enchaînée, la troupe traverse une jolie forêt. Soudain un épais brouillard s’abat. Nos amis ne voient plus leur route. Le seul point de repère qui demeure est une petite rivière sur leur droite. Ils décident de faire une halte. Didactix en profite pour continuer de réfléchir tout en suivant du regard les vaguelettes qui dansent sur le courant diaphane. Il ne réfléchit pas bien longtemps car une jolie jeune femme, blonde comme le maïs, fait soudainement irruption dans son champ visuel. Didactix s’arrête net. La jeune femme s’approche de lui en souriant. Et son sourire est comme un éclair mettant dans le mille. Didactix est touché par la foudre en plein cœur. Il ne bouge plus. La jeune femme se trouve maintenant toute proche de son visage. Quittant un instant les yeux de Didactix, elle approche ses lèvres de l’oreille gauche de Didactix, où elle y déverse un clapotis continu de paroles.

« Je m’appelle Loanamélusine, la fée des piscines. Le grand dieu Lugh m’envoie vers toi. Le grand dieu solaire, Lugh le polytechnicien, Lugh le grand savant, Lugh le grand artisan m’envoie vers toi pour que je te guide sur le chemin de l’épée magique. Trouve l’épée sacrée gardée dans l’au-delà. Trouve l’épée pourfendeuse d’injustices. Cherche l’épée qui porte un nom de tonnerre. Trouve celle dont tu devras deviner le nom pour libérer le pouvoir. Pour la trouver, il te faudra chercher la porte du monde d’en-bas. Pour trouver la porte de ce monde, retrouve McAfyx le Pirate. Trouve-le et poursuit ton destin ».

Didactix toujours paralysé n’ose rien dire. Loanamélusine s’écarte doucement de lui après avoir frôlé ses lèvres. Elle lui sourit toujours. Puis elle se jette dans la rivière. Son buste sort une dernière fois de l’eau. Son maillot de corps trempé, marquant sa jolie poitrine. Ses boucles blondes soulignant les traits de son visage et son joli regard. Elle sourit encore une fois puis disparaît. Didactix se retrouve bête au bord de cette rivière, devant sa copine Syndicaline et ses autres camarades morts de rire.

dimanche 9 août 2009

FLY ME TO THE MOON.


Je crois que j’ai trouvé la bande originale adéquate pour fêter le 40e anniversaire du premier alunissage. Vas-y Franky c’est bon…

Han SILo

samedi 8 août 2009

VOILE PAS VOILE (11) : BOUGE TON BURQORPS (SHAKE YOUR BURQY)


Le port du voile oui… mais seulement s’il te permet de bouger ton joli burqorps un samedi soir sur le « studio plastico » des Portecho aussi bien à Istanbul qu’à Ibiza.

SILidim le Magnifique

vendredi 7 août 2009

CHAPITRE 5 « LES FILS DE LLOEGR » (1/5)


Thatcheria entre dans la pièce où se tient l’assemblée atteinte de tremblante. Elle y entre courbée tout en jetant un regard affligé sur cette assemblée. Elle a vite compris la situation, un peu comme si elle revivait un lointain souvenir. Se redressant, elle tend ses mains griffues vers eux, les caressant, les rassemblant dans l’ombre portée de ses serres de vieille corneille carnivore. Ouvrant son bec de collagène, elle s’adresse à Monseigneur le Bossu en des termes qui se veulent rassurants.

« Monseigneur, ne crains pas la rumeur populacière. Hisse donc tes drapeaux et abats ta colère sur la nuque de tous ces renégats. Je te le promets, écoute-moi ; la victoire est à toi si tu procèdes comme mes ancêtres, les fils de Lloegr (ancien nom donné aux tribus anglo-saxonnes avant de devenir les Anglais après la conquête de l’île des Bretons). »

Se dirigeant vers toute l’assemblée, d’un ton sec comme un claquement de bec elle leur dit : «Avez-vous déjà entendu le son des nobles noms de Henguist et Horsa, ces deux fiers rois, sortis de ventre de Lloegr ? Non ! Dans ce cas écoutez comment mes pères ont posé le joug sur le cou bovin des viles Kymri (Bretons) et de tous les autres ruminants de l’île de Bretagne. »

Les regards sont interrogateurs. Quel rapport peut-il bien exister entre la conquête de l’île de Bretagne par les Anglo-saxons et la réaction houleuse des habitants d’Intérêt Général au projet de reforme du système des retraites ? Thatcheria prend une chaise où elle s’assoit avant de déclamer ce qui suit.

« Il y a de ça quinze siècles, le pleutre Vortiguern, roi des Kymri, s’allia aux premiers Lloegriens qui débarquaient sur l’île de Bretagne afin de mener une guerre contre les Pictes (tribu d’Ecosse). Grâce à cette alliance, il gagna sa guerre avant d’en perdre une bien plus importante. En effet, en échange de son aide, le noble Henguist, roi lloegrien, obtint du pleutre Vortiguern, deux choses. Primo, un promontoire sur la côte Est de l’île où Henguist allait bientôt installer un fort imprenable qui lui servirait de tête de pont à ses projets d’invasion. Deusio, les services du plus grand artisan de l’île de Bretagne, ceux de Gwyar le mélancolique. Gwyar appartenant à Vortiguern, il le céda à Henguist qui connaissait la réputation de ce grand artisan, celle de celui qui était capable de donner vie à des armes magiques ou à des chaudrons enchantés. Tout en livrant Gwyar à son nouveau maître, Vortiguern expliqua à Henguist qu’il ne devait jamais offenser le plus grand des forgerons, ni le brusquer dans son ouvrage, faute de quoi il n’obtiendrait rien de bon de ce fier artisan.

Henguist suivit le conseil de Vortiguern. Toutefois Gwyar, qui se languissait de son clan, n’avait pas le cœur à l’ouvrage. Il fabriqua bien quelques magnifiques pièces, mais cela était loin de contenter Henguist. Celui-ci chercha alors un moyen de faire oublier à Gwyar le souvenir des siens et de son pays. Après y avoir réfléchi, il décida d’emmener Gwyar de l’autre coté de la mer, dans les terres de tourbe qui avaient vu naître les Lloegriens.

Là-bas, il lui fit construire une magnifique forge mais surtout il lui donna pour épouse l’une de ses cousines, Olga la rousse, l’une des plus belles femmes du clan. Il espérait ainsi distraire l’esprit mélancolique de Gwyar et lui faire oublier le destin des armes que le forgeron usinerait ; le massacre des siens. Un échec puisque les bras de Gwyar demeuraient lourds de nostalgie. Un échec jusqu’à ce que Olga la rousse lui donna un fils. Cet enfant le rendit plus leste mais pas assez au goût de Henguist. Gwyar passait en effet beaucoup de temps avec son fils, à qui il avait donné un prénom Kymri, Melgwin. Gwyar lui enseignait ce qu’il appelait les trésors de l’enfance, lui montrait les soi-disant joyaux de la vie, les secrets de la nature ; des fadaises de Kymri. En grandissant, Melgwin reçu surtout de son père son art, une chose qui plut à notre roi Henguist, à plus forte raison qu’il sentait également grandir dans le cœur de Melgwin quelque chose qui échappait à son père Breton, à savoir la force du sang lloegrien transmis par sa mère...