dimanche 25 octobre 2009

Sandrine est une SMSuccube


Mea culpa, mea maxima culpa. Après tout je le savais. Je savais que je n’aurais jamais dû verser dans la félonie conjugale. Depuis tout petit, c’est comme ça. À chaque fois que j’ai voulu m’adonner à la moindre petite malhonnêteté qui soit, patatras, je me faisais choper ou bien j’échouais lamentablement. Aussi j’ai très vite compris que le péché, en dehors de ses formes imaginées ou chocolatées, ce n’est pas un truc pour moi. Je laisse ça à ceux qui sont doués, préférant m’échiner à la tache, la destinée m’ayant toujours garanti en échange quelques bons retours sur investissement.

Prenez ma femme, j’ai galéré pour la conquérir. Grand bien m’a pris ! J’en suis fort heureux. J’en suis, sauf que cela ne m’a pas empêché de succomber à la tentation. Que voulez-vous, la chair, à plus forte raison quand l’autre chair est canon, se fait faible. Tentation d’autant plus forte lorsque une fois parent, vous comprenez que vous pouvez être amoureux de plusieurs personnes à la fois sans culpabiliser, même si c’est selon des degrés et des natures différentes. Amoureux de vos gosses, amoureux de votre femme, et donc pourquoi pas d’une ou d’autres.

En l’occurrence, d’une superbe petite substitut du procureur, très Marie-Elise-Flavie comme je les aime, et que j’ai adoré mettre en sueur, à quatre pattes sur le parquet, instruisant à charge et à décharge pendant des heures, pendant des heures. Une grossière erreur…

Il est vrai que c’était tentant. Le scénario du crime était même parfait !

Figurez-vous que j’avais prévu vendredi dernier de dîner avec l’un de mes compères. Ma femme est d’autant plus au courant qu’il passe me prendre, histoire au passage d’embrasser sa filleule. Il m’embarque. De quoi anesthésier toute vigilance conjugale. Car ce qu’elle ne savait pas c’est qu’après le dîner, mon compère devait me déposer chez ma petite Proc afin que je me substitue à celui qui a procuration sur son compte en banque. Une bien bonne soirée. Je rentre donc avec le même air que devait arborer Adam le jour où il croqua la pomme. J’ouvre la porte et là je tombe sur ma femme qui affiche une mine particulièrement défaite. Je m’inquiète. « Les copies de tes secondes sont à ce point catastrophiques ? ».

« Non, c’est pas ça ! Regarde donc l’écran de ton portable, celui que tu as oublié sur la table du salon. Il a sonné et il y un message d’affiché »

Glups ! « Glups » c’est pour le bruit de roulement que fait ma pomme d’Adam quand le trognon reste coincé. Je regarde l’écran en essayant de garder mon calme car pendant ce temps-là ma moitié me fait la totale, à la méditerranéenne-style, limite clip de Diams Featuring Vitaa, « comment t’as pu me faire ça et tout et tout ». En effet l’énoncé du verdict qui s’affiche sur mon écran est on ne peut plus clair. Aïe ! Aïe ! Aïe !

« Salut c moi ? J’attends toujours ton appel, a croire que je t’ai laisse mon numero pr rien. Rappelle moi au 08996952xx »

Bizarre me dis-je, le numéro ne me dit rien et le style est presque trop parfait pour un SMS. Pendant ce temps-là ma femme me scrute avec ce regard propre aux profs de Lycées ZEP surclassés en zone prévention violence. L’instinct de survie est à l’œuvre. Là, je me dis, « pense à ce qu’aurait fait ton maître, Strauss-kahnise ton esprit… Tu peux le faire… Yes you can ! »

Me drapant dans une dignité toute mitterrandienne, que me permet surtout le fait de sentir qu’il s’agit là d’un SMS automatique diffusé par ordinateur, je compose le numéro et tend le combiné à ma femme. À l’autre bout des ondes minaude sur la bande d’un répondeur, une pure voix de suceuse à deux neurones, un pour la succion, l’autre pour la déglutition, « Vous êtes bien sur le répondeur de Sandrine, laissez-moi un message ».

Ma femme pour savoir que je les aime intelligentes comprend tout de suite qu’il s’agit-là du fruit d’une quelconque activité d’aigrefin, avec SMS vous invitant à joindre un numéro surtaxé. Elle éclate de rire. Ouf, je l’ai échappé belle !

Le lendemain, je rappelle mon Marie-Elise-Flavie de Proc. Je plaide ma cause, lui expliquant qu’au final, je ne suis vraiment pas fait pour l’immoral. « Écoute, j’ai une femme que j’adore, des gosses qui me comblent déjà suffisamment comme ça d’amour et d’emmerdes pour que j’aille jouer tout ce bonheur au bandit manchot, là où il faut toujours un perdant ». C'est là une simple question d'économie libidinale. Et puis je me connais. Un tel SMS ne peut-être qu’un coup de semonce « des forces de l’esprit » qui tissent la toile de mon micro-destin. N’est pas Mitterrand qui veut. Il apparaît bon que l’on ne se garde plus à vue. Ma petite substitut du Proc accuse le coup. J’en suis fort marri mais c’est ainsi…

SMSil

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