lundi 27 décembre 2010

Bande d’Avatars : « Avatar » le premier navet en 3D (un navet des Na’vis)


Ma frangine est taquine. Elle m’a offert « Avatar » en DVD, l’édition collector, spécial fêtes de noël. Elle a beau savoir que le fan de James Cameron, que je suis, a détesté ce film, elle me l’a tout de même offert, soi-disant pour les bonus. Ça tombe bien, il en manquait un, de bonus, mon avis sur ce nanar. Le voici.

En effet, il se trouve que je suis un fan de James Cameron. J’ai apprécié tous ses films. Aussi bien cette comédie peplumesque qu’est « True Lies », ses bijoux de science fiction que sont Terminator, Alien 2 et Abyss, ou encore ce monument du cinéma lacrymal qu’est Titanic. Je l’ai vu 7 fois au cinéma et une dizaine de fois en vidéo, chialant systématiquement lors des génériques de fin tel un iceberg posé en plein Sahara. Exit donc toute suspicion d’anticameronisme primaire. Ce n’est pas le genre de la maison. D’où d’ailleurs l’ampleur de la déception.

C’est qu’au-delà de l’expérience, ma foi, fort sympathique, de l’immersion dans de la réelle 3D, après un quart d’heure de projection, j’ai commencé à m’ennuyer sévère, à craindre le pire, puis enfin à m’énerver, finissant par conclure qu’Avatar est malheureusement le premier navet en 3D. Non mais qu’est-ce donc que ce scénario à la Twister (ceux qui ont vu ce film comprendront l’allusion) ?

Des gentils indigènes qui vivent dans une communion aussi gentille que totale avec une très gentille planète jusqu’au jour où des vilains humains décident d’y atterrir afin de prendre possession d’un minerai très rare dont le plus gros gisement se situe pile poil sous le colossal baobab-maison, au pollen hallucinogène, de nos elfes de l’espace.

Des bons sauvages pas si écolos que ça puisqu’ils soumettent les espèces animales dont ils ont besoin, à leur emprise psychique via une espèce de natte-USB. Et que l’on ne me parle pas d’osmose. On voit bien que les dragons ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes après leur connexion à l’indigène. Au moins, nous autres humains, lorsque nous montons à cheval, nous courrons le risque de nous voir désarçonnés si d’aventure nous nous montrons incapables de sentir le changement d’humeur de notre monture. Écologie à deux balles donc.

Ce qui est toutefois moins grave que ce paternalisme dont empeste le film. Je vous sens surpris. Il est pourtant évident. Voit-on nos braves Na’vis se rebeller et se libérer tous seuls ? Non ! Il faut que le gentil humain de la bande de vilains humains vienne à leur secours, devienne leur chef pour que les habitants de cette planète aient un avenir. Quelle condescendance sous couvert de grandeur d’âme.

Moralité, le résultat s’avère plus vilain que ce que les gentilles prétentions du réalisateur voulait produire. De façon involontaire bien sûr, car de façon consciente et scénaristique, je lui reproche également d’avoir fait des humains, des vilains de bac à sable.

Drôle d’idée que celle d’envoyer des exosociologues pour tenter de comprendre et d’amadouer l’indigène afin qu’il accepte de quitter son arbre, puis, faute d’avoir réussi par le biais de la diplomatie, de raser la forêt de façon aussi primitive que brutale ? C’est que nous sommes dans le futur, il me semble. Aussi, pourquoi ne pas avoir fait dans le futuriste.

Vois-tu, mon bon Cameron, personnellement, après une petite mission exobiologique, menée juste par curiosité intellectuelle, mais aussi le temps de mettre au point mon arme secrète dans mes laboratoires maison, j’aurais déversé dans la forêt sacrée de ces schtroumfs géants, une variété modifiée de termite particulièrement vorace. Résultat garanti. Celle-ci m’aurait digéré toute cette cellulose en moins de temps qu’il faut pour faire pousser des orties. Ensuite, ni vu, ni connu, je t’embrouille, je faisais passer cette calamité pour une malédiction et me serais posé en sauveur auprès de nos sauvages, leur promettant des plants OGM de leur forêt, capables de résister aux termites, qu’ils auraient obtenu en échange du précieux minerai. Même plus besoin d’importer des cons de soldats susceptibles de tomber amoureux des filles du coin. J’aurais exploité, à moindre coût, la main d’œuvre locale. Ah, ah, ah, ça c’est se montrer humainement diabolique. Sûrement pas comme se le représente l’auteur de ce navet. Quel nul !

Au final, voilà un film non pas pour grands enfants mais pour bébés géants englués jusqu’à ce qui leur reste de cordon ombilical dans une sorte de stade méta-œdipien, où l’on rêve de fusion éternelle avec la grande maman. Pour preuve supplémentaire, évoquons la scène d’amour. J’ai passé tout le film à craindre le moment où nos grands benêts décideraient de jouer à zizi dans le pilou-pilou. C’est que je ne voulais pas assister à une quelconque forme de pornographie infantile. Après tout, malgré leur taille, l’âge mental de nos deux héroïques tourtereaux me paraissait incompatible avec une telle séquence. « Ouf », me suis-je dit lorsque celle-ci arriva. Nous avons eu droit à une gentille partie de touche-pipi. Coupez, elle est bonne !

Les cahiers du SILnéma

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