dimanche 23 janvier 2011

Marche pour la vie à Paris : Pro-vie danse… mort de rire.


Aucun souci, les soi-disant pro-vie peuvent exprimer leurs convictions, nourrir le débat, et défiler à loisir dans les rues de notre belle capitale car en plus de mon côté pro-choix d’expression, je partage l’avis du président Chirac au sujet des boulevards parisiens suffisamment larges pour permettre les manifestations en tout genre. Toutefois, qu’ils souffrent en retour le fait qu’une réaction proportionnelle au nombre de manifestants (deux fois plus que l'année dernière) soit tout aussi légitime.

Or moi, en bon réactionnaire libéral de gauche, je ne peux que réagir vivement à la vue de tous ces milliers de très estimables agités du ciboire et autre hydrocéphales bénis qui défilaient ce dimanche en scandant « défends la vie », « jamais plus l'avortement » et patati et patata. Une forme de réponse de la bergère aux bons bergers dans laquelle je leur expliquerai ma façon de voir leur conception de la vie, le tout muni d’une mâchoire d’âne.

Soutenus par une demi-douzaine d’évêques, accompagnés d’une escouade de curetons, des phalangettes de fafounets habituels, a donc eu lieu ce dimanche 23 janvier 2011, la manifestation annuelle anti-avortement dite « marche pour la vie ».

Un spectacle amusant car de vous à moi, je trouve que les « pro-vie » sont en général des gens aussi mignons que drôles. Des gens que j’adore. Voyez-vous, les « pro-vie » sont pour la vie mais en même temps, très majoritairement, pour la peine de mort. S’il leur importe tant de sauver d’inconscients fœtus innocents, il leur importe peu que de conscientes vies innocentes puissent être supprimées à cause d'erreurs judiciaires. Les « pro-vie », des gens mortels.

Mortels y compris pour l’éternité. Car comme il y a chez nous des évêques pour soutenir les anti-avortement, il y avait des évêques au Portugal, pendant la campagne référendaire 2007 sur le droit à l’avortement, pour menacer d’excommunication mais aussi des enfers, tout fidèle qui serait suspecté d’avoir voté oui. « Pro-vie », c’est un ordre !

Un argumentaire sensiblement analogue qui a été utilisé par le curé du village de mes Portugais de parents. Un argumentaire qui a fait mouche puisque les pécores du coin ont voté massivement en faveur des conceptions pro-vie de leur curé et donc contre le droit à l’avortement. C’est qu’il aime la vie leur curé. Trop belle, même, sa pro-vie.

Comme le dit mon père « chez nous les curetons débarquent célibataires en bicyclette et repartent polygames en BMW ». Que voulez-vous, le marché captifs de l’après-vie, ça rapporte suffisamment pour en mener une très belle ici. La providence veille à tout et comme le dirait l’autre, il n’y a pas de petits pro-fits.

Cela étant dit, histoire de contrarier un peu les propos anticléricaux de mon paternel, si sa voiture et sa maison dans une station balnéaire un peu plus loin, sont effectivement très jolies, prouvant ainsi sa capacité à gérer sa pro-vie matérielle, le curé du village de mes parents a un peu de mal avec sa pro-vie affective. Que voulez-vous, ce sont-là les incertitudes de la pro-vie.

Il paraîtrait qu’il y a quelque temps, sa régulière, chez qui ne semble plus couler la pro-vie avec la même intensité qu’avant, informée qu’une concurrente beaucoup plus jeune aurait été introduite dans le saint des saints, serait tombée sur celle-ci, dans le lieu de pro-villégiature de notre bon curé, qui plein de vie et de sève s’apprêtait à partager son corps, son sang et sa foi en l’amour avec sa jeune ouaille-aïe-aïe. N’osant pas cogner son infidèle curé, la vieille bonne mis tout de même les points sur les i de la jeune victuaille-aïe-aïe du cureton. Et oui, tout se sait dans les villages et la pro-vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille.

Des scrupules que n’eut pas mon grand-père maternel puisque ce genre de pratiques ne date pas d’aujourd’hui. Figurez-vous que le curé d’alors était très pro-vies lui aussi, de préférence très, très jeunes. C’est ainsi qu’il demanda à ma tante, pendant sa confesse, et qui n’était alors qu’une enfant, qu’étant donné l’étendu de ses péchés, il serait bon qu’elle vienne en confession privée, chez lui, afin de travailler à assurer sa pro-vie éternelle. Manque de bol, ma tante demanda la permission de s’y rendre à son père, qui comprenant que de pro-vie à pro-vice, un tout petit pas sépare, s’en alla expliquer à ce « mon Père » que sa vie terrestre s’arrêterait net le jour où il toucherait ne serait-ce qu’un seul cheveu de sa fille. Tabernacle ! Inquiet sans doute bien plus pour celle-ci que pour l’autre, notre bon curé cessa sa politique pro-vie pourrie.

Vous me direz que le village de mes parents n’a vraiment pas de chance avec ses officiants pro-vie, cependant toujours au rayon pro-vie de merde qui déborde souvent chez ces gens-là, il y eut aussi le curé qui refusa de baptiser les nourrissons de la cousine de mon père qui étaient sur le point de mourir. Mon père choisi pour parrain en toute urgence, supplia le cureton d’abréger sa cérémonie payante en mémoire d’un quelconque défunt afin qu’il puisse donner le premier et le dernier sacrement aux petits jumeaux qui allaient bientôt mourir. Rien n’y fit. Sous prétexte que ces enfants avaient été conçus hors mariage, priorité était donnée aux morts « en bons catholiques » et non à ceux qui allaient décéder en « fruits du péché ». Ben, oui, chez ces salopards on est pro-vie mais dans les règles. Pro-vie infernale, oui !

C’est important les règles, toutes les règles. Saviez-vous que ces pharisiens ont tellement d’influence dans le très catholique Portugal, que dans biens des hôpitaux, y compris dans les grandes villes, on ne propose toujours pas de péridurale aux femmes qui vont accoucher et ce au nom du sacro-saint « tu enfanteras dans la douleur ». Alors l’avortement, vous n’y pensez pas ma petite dame. Une pro-vie de souffrances ça fait des clients.

Enfin, les règles, l’excommunication, l’enfer, c’est surtout bon pour les autres. Les petites bonnes des curés se font avorter en Espagne. Quant à ceux qui violent des enfants, ils expieront par la prière au nom de conceptions pro-vie qui m’échappent totalement. Une pro-vie de divines injustices qui ne pousse pas toutes ces bonnes âmes à défiler dans la rue.

Je sais ce que vous allez me dire. Que ces anecdotes n’ont rien à voir avec le mouvement pro-vie. Peut-être mes amis. Sans doute même. Par contre, en bon Saint-Thomas, pour avoir vu et appris ce qu’ont donné au pouvoir ce genre d’idées au Portugal, en Espagne ou ailleurs, vous comprendrez que je ne veux pas que mon Pays à moi ressemble de près ou de loin à celui que mes parents ont dû quitter. Un pays très catholique où je vois encore trop de vies non pas sur les chemins de la libération mais soumises à l’ignorance, la souffrance, le fatalisme ou le fanatisme ; des vies soumises à tous les dogmes qui sous-tendent vos mouvements pro-vie de merde…

Aussi sans être dans cet extrême inverse faisant de l’avortement un acte « anodin », une forme de contraception irresponsable, vous comprendrez que je vous taperai systématiquement sur la calotte pour que mes filles et mes garçons puissent continuer à exercer ce droit sur leur vies et par conséquent continuer d’exercer aussi leur droit et leur devoir de donner la vie en conscience et en amour.

SIL bon vivant.

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