mardi 31 mai 2011

Chaine alimentaire : Y’a bon homme blanc ou bien « un cafard et ça repart ».


L’autre jour, au détour d’un reportage vu je ne sais plus où, je me suis pris une magistrale claque intellectuelle. Sting, le chanteur, nous expliquait qu’il fallait arrêter de manger de la viande pour la bonne raison que cela engendrerait des souffrances chez ces êtres totalement innocents que sont les animaux. Ça m’a laissé stupéfait. Ne rigolez pas. C’est vrai. Cette remarque pose de facto une question morale d’une très haute portée : faut-il manger du coupable pour se nourrir innocemment ? Il m’a d’ailleurs fallu plusieurs semaines pour y répondre.

Car si on ne peut pas manger de viande animale pour la bonne raison qu’un animal est un être innocent par nature, comment peut-on prôner, à l’instar de Sting, de remplacer l’alimentation carnée par la consommation de végétaux. Les végétaux ne sont-ils pas plus innocents encore que les animaux ? Il est évident que oui. Pour s’en rendre compte, il m’a suffi d’observer mes chats déchiqueter mes beaux papyrus du Nil, avec une pointe de sadisme dans le regard, certains qu’ils étaient de ne souffrir en retour aucune résistance de la part de ce pauvre et sensible végétal.

Que manger alors ? Pas de viande, pas de végétaux, que reste-t-il ?

Comme le suggérait récemment la FAO, il nous resterait les insectes. Il est vrai qu’ils sont plus souvent nuisibles qu’utiles, preuve de leur culpabilité au sens de la loi naturelle. Pourquoi pas ! Je vois même d’ici les futurs slogans publicitaires : « un cafard et ça repart » ou bien « contre le coup de barre, rien de tel qu’un bon cafard »...

Oui, mais voilà, on ne peut raisonnablement pas mettre tous les insectes dans le même sac ou assiette. Certaines espèces, comme les termites ou les fourmis ont découvert des millions d’années avant la notre, l’art de bâtir des cathédrales, celui de l’élevage et même l’agriculture, faisant d’elles des civilisations tout à fait respectables et peut-être même porteuses d’une sagesse qui nous échappe encore. Certains intellectuels trop peu connus à mon gout, estiment d’ailleurs « que les insectes sont nos amis et qu’il faut les aimer aussi ».

Quelle possibilité s’offre alors à nous. Après mûre réflexion, je n’en vois qu’une seule.

Contrairement aux billevesées débitées par feu Monsieur Rousseau, il est évident que l’humain n’est en rien bon par nature. Il s’agit là d’une espèce tout à fait criminelle, avec un homme blanc qui par son ignominie se placerait au sommet de la chaine prédatrice. Par conséquent, le cannibalisme semble être l’option la plus moralement acceptable d’un point de vue alimentaire. Après tout quand Rousseau parlait d’un « humain bon par nature » il l’envisageait peut-être déjà dans ce sens-là. Auquel cas il remonterait ainsi dans mon estime…

Ça sent le RousSIL

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