lundi 7 mai 2012

Présidentielle 2012 : Leçons d’un échec (la rupture, la «vraie»)


Nombreux seront ceux qui gloseront sur cet échec du Président Sarkozy de façon attendue : la faute à droitisation, à Patrick Buisson, à personnification du pouvoir, à bling-bling, et patati, et patata…

Loin de tous ces clichés, mon analyse sera tout autre.

1) Alors que Nicolas Sarkozy promettait la rupture en 2007 ainsi qu’une modernisation de la fonction présidentielle, force est de constater qu’il n’a pas poursuivi sa lancée du début, préférant s’enfermer dans la bulle élyséenne, concédant parfois quelques campagnes de communication plutôt qu’un réel dialogue avec le peuple. Grossière erreur.

Quand on ne parle pas au peuple, quand on ne lui explique pas ce que l’on fait et pourquoi on le fait, le peuple se met à vous servir la même distance, de la méfiance, de la frustration et de la colère. Au lieu de se dire que vous avez de bonnes raisons de faire telle ou telle chose, le peuple se met à imaginer, au pire de sombres complots, au mieux qu’on le prend pour plus bête qu’il ne l’est, et surtout qu’on refuse de lui rendre des comptes. Après tout, le réel patron demeure le peuple, et le moins que l’on doive faire, est de lui rendre des comptes de façon régulière. Faute d’une telle démarche explicative et pédagogique sur la marche du pays et du monde, une logique de rupture avec le peuple et l’électorat s’installe progressivement.

Pour preuve, regardez la popularité bien basse de Nicolas Sarkozy avant son entrée en campagne, et la remontée en flèche de celle-ci dès qu’il s’est mis à parler aux Français. Dommage qu’il ne l’ait pas fait avant. Il avait un réel talent pour ça. Dommage qu’il l’ait fait de nouveau beaucoup trop tardivement…

2) Le phénomène Marine Le Pen. Si le président et ses lieutenants ont bien eu raison de reprendre au Front National les thèmes politiques et les symboles républicains, dont celui-ci s’était fait un fond de commerce et que celui-ci nous avait chapardé, ils ont eu tort de permettre à l’aura de Marine Le Pen de grandir, de ne pas pilonner sans cesse, et depuis longtemps, ce parti de médiocres, de frustrés et de fascistes rêvant de tout casser et surtout d’en découdre. Le prix d’une telle démarche, ou plutôt d’absence de démarche, risquant d’être particulièrement élevé lors des prochaines législatives…

3) Parler des problèmes, de lucidité, de « choix historique », dramatiser tout cela, pourquoi pas, très bien même. Mais ne pas parler d’espoir, de progrès, d’opportunités, de liberté, bref d’aventure, qu’elle erreur !

L’électorat a logiquement préféré celui qui promettait aussi démagogiquement que faussement de faire reposer les efforts sur d’autres, et de calmer les angoisses provoquées par la venue d’une indispensable rigueur avec une distribution aussi massive que gratuite de morphine socialiste…

Docteur HouSIL


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Silou !

Es-tu bien sûr que la morphine socialiste sera gratuite ? Car enfin, toutes les drogues ont un coût et j'aurais tendance à penser que celles qu'on nous dispense avec prodigalité ne sont pas forcément les moins coûteuses pour le peuple français.

Je suis certain d'une chose en tout cas : si Sarko a perdu, ce n'est sûrement pas parce que Hollande a été bon. Les français ne voulaient plus de Sarko et c'est dans la douleur que des électeurs de droite, nombreux sans doute, ont voté pour lui afin de tenter d'ériger un rampart face à la victoire socialiste annoncée. Si beaucoup de Mélanchonien ont voté pour Hollande en se pinçant le nez, c'est en se pinçant le coeur que la droite "gaulliste" a voté Sarkozy.

Vois-tu, tu es probablement trop indulgent. Le bling-bling n'est pas qu'une apparence, c'est aussi une manière de dire aux français, "je ne suis pas comme vous", "je vaux mieux que vous". Le bling-bling est une composante de cette distance que tu dénonces à juste titre. L'âme française est certes très protéiforme, mais elle n'est certainement pas bling-bling. Nous ne sommes pas des anglo-saxons, nous aimons les perdants bien plus que les "winners". Sarko déchu, il regagnera du lustre. Mais le Sarko décomplexé et suffisant du quinquennat, ça c'est à vomir !

Et puis, aurais-tu oublié ? Comment un "NON" populaire, prononcé lors d'un référendum, peut-il se transformer en oui parlementaire quelques semaines plus tard ? S'il ne devait y avoir que cette tâche sur le tablier que Sarko s'apprête heureusement à rendre, elle serait à mes yeux suffisante pour disqualifier cet homme et ceux qui l'accompagnent.

Alors oui, c'est vrai, Sarkozy sait parler aux français quand il veut. Mais pour leur dire quoi ? Par exemple, ce n'est pas parce qu'on sait parler aux femmes qu'on les aime, c'est même souvent le contraire : enjôleurs et menteurs riment avec sans coeur.

Cela dit, l'échec de Sarko, que j'appelais pourtant de mes voeux, est loin de compenser la tristesse et l'inquiétude qui m'étreignent lorsque je vois triompher Flamby.

Quand à la montée du Front National, qui est tout sauf une surprise, je ne sais plus qu'en penser tant les manoeuvres de l'UMP et du PS n'ont fait qu'apporter de l'eau à son moulin démagogue.

Le ciel est sombre mon ami et tous n'auront pas un toit pour les abriter de l'averse qui va nous tomber sur la gueule...

@+,

LOLO45ENCOREPLUSPESSIMISTEQU'àL'ORDINAIRE.

SIL a dit…

Es-tu bien sûr que la morphine socialiste sera gratuite ?

En effet, si le FLamby est sucré, la facture n'en sera pas moins salée ;-)