vendredi 21 octobre 2016

Pays-Basque : un Pingouin à l'assaut de La Rhune


Saint-Jean-de-Luz, La Rhune,
Taïaut ! Taïaut ! Le dernier là-haut est un Bolos :-) 

#LePetitTrainDeLaRhuneCEstPourLesTouristes :-) 


mercredi 12 octobre 2016

Mission Accomplished


"I'm here because in the East, 
Everything can be as bright and clear 
Between two people."

#RomanticQuotes #MagicOfTheEast #ArmeniaMyLove

samedi 8 octobre 2016

L’Arménie, un très joli futur à portée de mains #AraratMonAmour


Erevan. Mémorial du génocide des Arméniens de Tsitsernakaberd. Je contemple la carte de la grande Arménie prévue par le Traité de Sèvres de 1920. Sevan s’approche de moi. Je lui dis que j’aime beaucoup cette carte. Il ne partage pas mon enthousiasme. « Que voudrais-tu que l’on fasse d’une si grande Arménie » me dit-il en soupirant avant de poursuivre. « Nous sommes à peine assez nombreux pour peupler et défendre celle que nous avons ; nous sommes même obligés de truquer un peu les statistiques pour tenter d’impressionner nos ennemis ; et je ne parle pas de la diaspora, malgré tout son cinéma, elle ne viendra jamais nous rejoindre, petite ou grande Arménie ». Je médite ses paroles. Il a raison. 

En quittant le mémorial, ce jeune arménien, fraichement débarqué du front du Haut-Karabagh, me parle sur un ton goguenard d’une diaspora trop lointaine, finalement plus turque qu’arménienne, aussi bien par sa langue que par ses mœurs ; d’une Arménie aux mains d’une vieille oligarchie mafieuse qui tient les clefs politiques et économiques du pays et qui, par sa corruption et ses monopoles, empêche la jeunesse de participer à la modernisation du pays, vendant en passant tous les intérêts de l'Arménie à la Russie. « Nous sommes devenus les locataires de notre propre pays ; tout, depuis les murs jusqu’à la gazinière appartient aux Russes ».

Il enchaine sur la guerre avec les Azéris qui sert finalement, là aussi, bien plus, les intérêts russes, que ceux des deux pays stupidement ennemis. « La paix n’est pas pour demain. De toute façon, même si on leur donnait le Haut-Karabagh, le gouvernement azéri réclamerait le sud de l’Arménie, puisque leur objectif est de pouvoir relier un jour l’Azerbaïdjan à leur enclave du Nakhitchevan située à l’ouest de l’Arménie ». 

Chose peu connue, en effet, l’ethnie turque Azérie se trouve partagée entre l’Azerbaïdjan, le Nakhitchevan, mais aussi le nord de l’Iran où ils sont plusieurs millions. 

Sur le même ton goguenard, je lui dis que l'Azerbaïdjan n’a qu’à annexer le nord de l’Iran ; ça lui fera un beau couloir ; ou alors de manière moins débile, les Azéris n’ont qu’à arrêter leurs conneries, signer la paix avec l’Arménie en renonçant au Haut-Karabagh arménien, puis utiliser tout simplement les routes arméniennes pour relier l’Azerbaïdjan et le Nakhitchevan, ce qui sera très bon pour le commerce régional. Il rigole en me lançant « faudrait-il encore que les Russes le veuillent ; si jamais on faisait la paix, ils perdraient deux gros clients pour leurs armes et ça ils n’en veulent pas ». Vu comme ça, en effet, ce n’est pas gagné. 

Je me dis que l’Europe aurait peut-être une carte à jouer mais peut-on seulement compter sur le ventre mou bruxellois pour pacifier une région qui ne demande qu’à être un merveilleux pont entre l’occident et l’orient. 

En effet, le poids des dépenses militaires est un boulet qui freine le développement. « L’armée et la police sont les deux principaux employeurs du pays » me dit-il. Un développement entravé alors que l’Arménie a tous les atouts géographiques et culturels pour devenir une véritable petite Suisse du Caucase. 

Il me parle également des relations commerciales qui s’améliorent avec la Turquie. Il pense que les relations politiques suivront  le jour où les Turcs comprendront que la reconnaissance du génocide arménien ne sera pas couplée avec des revendications territoriales. « On n’en veut plus de l’Arménie occidentale de toute façons. Elle n’est plus à nous. Elle n’est même pas aux Turcs. Elle est aux Kurdes maintenant ». Il rigole. Je le taquine en disant. « T’as raison, mais on ne va pas leur abandonner le Mont Ararat tout de même ».  Il acquiesce en souriant. 

En faisant mine de réfléchir je lui dis « et si on proposait le deal suivant aux Turcs. Vous reconnaissez le génocide des Arméniens et nous renonçons à toute revendication territoriale, à deux  exceptions près. Le Haut-Karabagh arménien ce qui suppose que vous convainquiez vos cousins azéris d’arrêter leurs âneries. Mais aussi le versant Est du Mont Ararat. On fait moitié-moitié. Et ça ne fait que quelques dizaines de kilomètres d’offerts pour solder le passé ». 

Il éclate de rire. Ce passionné de montagne me dit « ce n’est pas idiot ! Après tout, vous vous partagez bien le Mont Blanc avec les Italiens. Il doit bien y avoir un moyen de convaincre les Turcs de  partager le Mont Ararat. En plus le versant le plus beau est celui tourné vers l’Arménie. On leur laisse l’autre bien volontiers. Tiens ! Histoire de fêter cette idée de résolution de conflit, et si on allait boire un verre ». Guénats !

mardi 4 octobre 2016

Erevan : parmi mes surprises arméniennes, l'iranienne #AraratMonAmour


Lorsque l’écrivain-voyageur Colin Thubron écrit ce qui suit, il ne croit pas si bien dire : "Cent raisons réclament le départ. On part pour entrer en contact avec d'autres identités humaines, pour remplir une carte vide. On a la sensation que c'est le cœur du monde. On part pour rencontrer les multiples formes de la foi. On part parce qu'on est encore jeune et que l'on souhaite ardemment être imprégné de l'excitation, entendre le craquement des bottes dans la poussière. On y va parce qu'on est vieux et que l'on ressent le besoin de comprendre quelque chose avant qu'il ne soit trop tard. On part pour voir ce qui va arriver."

Bien des choses me sont arrivées en Arménie.

En Arménie, j’ai compris que ceux de là-bas sont bien différents de ceux d’ici en diaspora. Ils n’ont pas de temps pour les lamentations ou la morbidité. Il leur a fallu se battre pour préserver leurs ultimes forteresses. Il leur faut se battre encore et toujours, aussi bien face aux Turcs-azéris qu’au pseudo-protecteur russe. Mais aussi relever continuellement les murs qui s’effondrent à chaque violente secousse. Sans oublier de trouver les moyens de se frayer un chemin dans la course au développement. Leur courage et énergie sont bien plus tournés vers  la recherche de solutions concrètes que vers le ressassement stérile. J’ai adoré effectuer ce constat.

J’ai arpenté les sentiers d’un pays merveilleux, depuis ses cimes jusqu’aux gorges les plus anciennes, plongé aux sources de ses mythes et de sa foi, connu bien des émerveillements auxquels, franchement, je ne m’y attendais pas. Pour tout dire j’ai découvert un oasis fabuleux, en même temps que je découvrais que je n’étais pas le seul à faire cette découverte.

Car apprenez que le meilleur endroit pour échanger avec des Iranien(ne)s ne se trouve pas en Iran mais en Arménie...

Ce soir-là, je rentre de randonnée à mon hôtel d’Erevan. Je me dirige vers l’accueil afin de récupérer mes clefs. Devant moi, un groupe fait de même. J'attends. Au sein de celui-ci, je remarque une très jolie jeune femme, de type oriental mais assez indéterminé. Une plastique superbe moulée dans un jean serré. Un maquillage certes un peu marqué ma non troppo. De beaux cheveux longs visiblement teintés au henné. Nos yeux finissent par se croiser. Elle détourne le regard puis le retourne de nouveau quelques instants plus tard dans ma direction. Je lui souris. Elle m’offre le sien avant de s’en retourner à la conversation entre la chargée de l’accueil et son groupe. Mon regard est alors attiré par un très beau plan d’Erevan situé à ma droite. Je l’examine. Quelques secondes passent avant qu’une voix dans un anglais d’assez bonne qualité ne s’adresse à moi. Celle de la jeune femme en question.

«Excusez-moi Monsieur. Puis-je vous importuner quelques instants. Je souhaiterais savoir d’où vous venez ». Passée la surprise, je lui réponds. Je remarque que le mot Paris produit toujours le même effet stupéfiant à l’étranger. Je lui demande à mon tour d’où elle vient. Elle me répond avec une pointe de gêne qu’elle est originaire d’Iran. J'efface cette gêne en lui disant « quel pays magnifique ; j’aimerais tant pouvoir le visiter un jour ». Elle semble stupéfaite. Je lui demande d’où plus précisément. Elle m’indique « Shiraz ». Mon visage marque l’émerveillement, chose qu’elle remarque dans un mélange de plaisir et d’étonnement. Je lui dis « Ah ! Shiraz ! Le site de Persépolis ! Les jardins d’Eram ! ». Ses yeux s’écarquillent. Je marque une légère pause. D’instinct j’hésite avant de prononcer le nom qui suit, mais finalement, justement, je suis curieux de voir sa réaction. « Les vitraux de la sublime mosquée de Nasir-ol-Molk ». Au mot mosquée, les traits de son visage se figent. Je comprends instantanément qu’elle est tout sauf là pour entendre parler de religion, pour rentrer d’une façon ou d’une autre dans la geôle théocratique d’où elle sort pour quelques jours. Je change vite de sujet. Elle veut parler, sentir l’air frais d’ailleurs. Son groupe semble avoir réglé tous ses soucis avec la réception. Elle doit partir mais me demande combien de temps je reste à Erevan. J’accompagne ma réponse de la même question. Elle me répond, le visage marquant un peu de tristesse, « deux jours ». Je lui dis « à plus tard ». Cette magnifique jeune femme, aux mœurs si délicates, a terriblement envie de parler…

Après cette rencontre, je remarquerai d’autres Iraniennes « à l’envie de parler », parfois même en français. Je remarquerai tous ces cars déversant à Erevan des cohortes entières d’Iraniens venus là pour quelques jours de Liberté. On m’expliquera le rituel du dévoilement à la frontière jusqu’à la fin de leur permission. J’observerai également  ces groupes de jeunes Iraniens, dans l’hôtel ou dans les rues d’Erevan, avec leurs looks un tantinet pédé (ne le dites pas à Ahmadinejad) de Justin Bieber super-maniérés, venus boire et baiser au point de se faire remarquer  dans les couloirs de l’hôtel. Comme quoi, les torrents de la vie trouvent toujours leurs chemins, en attendant de ruiner les barrages idéologiques qui ne servent à rien, et c’est très bien ainsi.

« Excusez-moi Monsieur. Puis-je vous importuner quelques instants ? Je souhaiterais savoir d’où vous venez ». Quelle merveilleuse surprise, en effet, dans le merveilleux oasis arménien…