mercredi 31 mai 2017

« Je suis un empoté »


Milan, Gare Centrale. Sur le départ, une envie de sentimentalisme Made in Italy me saisit. J'active mon iPod. Dès les premières notes, un sourire se glisse sur mon visage. « Sono un imbranato », « je suis un empoté » de Tiziano Ferro, dont le clip a été tourné à Côme. Tout moi mis en musique. 

« (…) E scusa se non parlo piano ; ma se non urlo muoio ; non so se sai che ti amo… E scusami se rido, dall'imbarazzo cedo ; ti guardo fisso e tremor ; all'idea di averti accanto ; e sentirmi tuo soltanto ; e sono qui che parlo emozionato… e sono un imbranato ! »


« (…) Et excuse-moi si je ne parle pas doucement ; mais si je n'hurle pas j’en crève ; sais-tu seulement que je t'aime… Et excuse-moi si j’en ris, si je cède à l'embarras ; je te regarde fixement et je tremble ; à l'idée de t'avoir à mes côtés ; de me savoir rien qu’à toi ; me voici ici, te parlant avec émoi... je suis si maladroit ! »

Empoté, maladroit, c’est exactement ça. Moi d’ordinaire si furtif et implacable sur le terrain des combats, deviens pour ainsi dire aussi balourd que vulnérable sur celui de l’amour. Remarquez, cela ne me dérange pas plus que cela. Il n’y a que de cette façon que je le conçois.

Car si j’envisage volontiers d’avoir à me défendre, contre-manipuler ou mettre à genoux les ennemis du genre humain, je n’ai jamais supporté l’emploi d’un langage conquérant, chasseur ou collectionneur, en matière de sentiments. 

« Conquérir le cœur de quelqu’un », « nulle citadelle n’est imprenable », voilà des formules qui m’ont toujours inspiré un profond mépris. Tout comme ont toujours constitué pour moi, des actes de haute trahison sentimentale, les minauderies, les « je t’aime, moi non plus », la manipulation galante, le fait de réduire l'autre à l'état d'objet de nos caprices, ou encore toutes ces petites et grandes manœuvres amoureuses s’écartant du domaine de la simple séduction.

L’amour, le désir, l’attachement, n’est beau qu’ainsi, énoncé aussi délicatement que possible, de la façon la moins intrusive qui soit, de celle qui me pousse à préférer caresser ses doigts du regard plutôt que de lui forcer la main, mais néanmoins le cœur à découvert, les cartes sur la table, loin d’un poker-menteur, debout, l’âme à nu, les armes au vestiaire. La base de toute discussion sincère, d’un respect mutuel, quelle qu’en soit l’issue de l’aveu. 

Cela étant dit, même brutal ou hurleur, je le préfèrerai toujours à des émois froids, fourbes, lâches ou fuyants. « …E scusa se non parlo piano ; ma se non urlo muoio ; non so se sai che ti amo… » En effet, au moins c’est clair… Bravo jeune homme !

SILimbranato


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