samedi 6 mai 2017

Les feux de l’Amour :-)


Pimpon les pompiers, j'ai le poitrail qui brûle...

Sans la moindre prétention ou jugement moral de ma part, tout comme j'ai eu la chance de ne connaitre, à ce jour, ni prostituées ni sites de rencontres, le rationnel pétri de magie sentimentale que je suis a eu la chance d'aimer. Perdre sa virginité avec son sublime premier grand amour est un privilège. En cultiver le souvenir est un devoir quasi religieux. Et ne pas tenir à courir la gueuse ou les supermarchés du sexe demeure ma façon de rendre grâce à cette forme de magie propre à l’impromptu.

Oui, j'ai connu le bonheur d'aimer, de la façon la plus fugace jusqu'à la plus entière et totale qui soit, d'en avoir cueilli les plus précieux fruits de la Vie, mais également d'en avoir retiré la douleur la plus vive qu'il m'a été donné de ressentir, une déchirure qui finalement aura eu le mérite de porter mon esprit à maturation. Je tente d’honorer cela en protégeant chez mes enfants, du mieux que je peux,  l'histoire d'amour "corps et âme" qui est à l'origine de leur venue au monde.

J'ai eu le privilège, également, de tomber violemment amoureux, dans une plongée vertigineuse aussi déroutante qu’envoutante ; un embrasement que j'aurai tout fait, et elle aussi, par devoir, d’éteindre ; qui me hante depuis et qui sera sans doute l’un des grands mystères de ma vie. Je me rappellerai à jamais de l'époustouflant éclat du regard de mon étoile des neiges savoyardes, le tout premier qui m'aura brutalement happé et ce dernier qu'elle m'a livré lorsque j'en ai pris congé dans un amical échange de service à thé. Chaque année je remercie ce qu'elle a écrit en moi, en lui adressant de simples vœux de nouvel an. Eh oui Mesdames ! Le cœur d'un homme coffre lui aussi ses secrets...

Les rencontres qui suivirent, de près ou au loin, brèves ou plus durables, furent certes empreintes de cette forme de féerie à laquelle je voue un culte, nourrissent ce que je suis, mais n'eurent rien de comparable avec les trois plus belles rencontres de ma vie. Je m'habituais même à l'idée de ne plus entendre mon cœur battre la chamade, et à devoir écouter avec saudade Maria Bethania chanter « se chorei ou se sorri, o importante é que emoções eu vivi ». 

Et puis ; et puis ; et puis merde ! 

Dire que je n'ai rien vu venir et que maintenant je ne parviens plus à me la sortir de la tête. Où que je sois, avec qui que je sois, je pense à elle. Je m'endors en pensant à elle. Ma première pensée du matin est pour elle. La nuit, elle me réveille. Le jour, c'est pire encore. Ma poitrine me brûle. J'en fais parfois des plaques rouges comme la braise. Bon sang ! Ras-le-bol d’avoir en boucle en tête "can’t get you out of my head".

J'ai essayé bien des choses pour garder tout cela sous contrôle. Plus de travail ; plus de sport ; plus de méditation ; mon plus puissant exutoire, l'écriture ; sans oublier des techniques de PNL. Quel fichu bordel ! 

Pourquoi  garder tout cela sous contrôle, me demanderez-vous. Eh bien ! Parce que l'amour octroie plus de devoirs que de droits. Au vu de ce que j'ai étudié et appris, je sais que l'on peut s’attacher pour bien d'illusoires raisons. Et surtout, à mon âge, on réfléchit à sept fois avant de risquer de foutre la merde dans la vie de quelqu'un, à plus forte raison, lorsque l'on aime cette personne. A minima on se demande si on peut lui offrir mieux que ce qu’elle a déjà. 

Alors… alors tu  te rappelles de ses mots et gestes de séduction, de sa façon de jouer avec ses merveilleux cheveux blonds quand elle te parle, de déboutonner son joli chemisier bleu lorsqu'elle veut te faire tourner la tête, de ses manières de t'appeler ou de s'imposer à ton regard, de ses petits jeux féminins qui d’ordinaire t’agacent mais dont tu achètes tous les tickets d’entrée parce qu’elle en est le rôle principal.

En la regardant, ces mots te brûlent les lèvres, « ma chérie, si tu savais à quel point ton numéro de charme est inutile ; je suis déjà complétement croc de toi ; saute-moi plutôt au cou que je te dévore de baisers enflammés ».

Toujours en la regardant, tu te dis, « si tu savais ces rencontres auxquelles je ne donne pas suite parce que je ne parviens pas à t’oublier dans les yeux d’une autre, parce que je ne réussis pas à me sortir de la tête ce que je voudrais te dire à toi et à nulle autre, parce que c’est ta voix que je voudrais entendre ». 

Oui ! Alors que la plupart des femmes te gavent assez vite, elle, tu pourrais l'écouter pendant des heures. Malgré vos désaccords, t'as envie de parler avec elle. Et puis elle te fait rire. Ses histoires de famille, de voyages, de mésaventures dentaires ou autres délicieuses maladresses, te font voyager. Tu te délectes avec tendresse de ses bévues de nénette géniale un peu poissarde. Malgré toutes ses qualités, et la reine qu’elle porte en elle, elle demeure si peu sûre d'elle-même. Or ça, ça te fait complétement craquer. Mais pas seulement ça. Tu adores l’éclat de ses yeux clairs, sa façon de bouger, de fumer, d’attacher comme de détacher ses cheveux. Elle te fait rêver. 

C'est la première fois qu'une femme parvient à te charmer physiquement, t'attirer sexuellement, te captiver intellectuellement et à t'attendrir. C'est la première fois que tu as, à la fois, autant envie de  faire la fête à un petit cul que de prendre soin de sa propriétaire. Quand elle te parle, au bout de dix minutes, après avoir très doucement caressé des yeux les lignes de son cou couleur vanille, tu te mets à crever d’envie de la prendre dans tes bras pour l'entendre te raconter la suite, tout en plongeant ta truffe dans sa tignasse. Tu veux son odeur, sa salive, sa sueur, toutes ses humeurs. 

Tu penses à vos petits rituels, aux senteurs indiennes de votre premier restaurant, à cette roue que tu changes en rigolant un jour de bruine, au fait de te trouver si bien avec elle dans cette voiture le soir tombant pendant qu’elle culpabilise d’avoir crevé ce pneu. Tu n’as qu’un seul désir quand elle se maudit ; la hisser de tes bras pour pouvoir embrasser ses yeux et sa poitrine tout en lui disant « je t’aime » dans toutes les langues que tu connais. Tu penses à  toutes ces choses évidentes avec elle, à ces moments où tu te dis "mes aïeux, serait-ce elle, mon Elfe, ma jolie Valkyrie ?". Malgré tes questions ou tes doutes faits pour ne pas perdre pied, tu te vois sombrer corps et biens dans l'amour. 

Lorsqu’elle part pendant des semaines, c’est encore pire. C’est la brûlure du manque qui te consume. Tu te surprends à prier pour que son petit Bobo trompe-la-mort-inutile ne lui fasse pas prendre  de risques ridicules pendant leurs virées dans le tiers-monde : "pourvu que ce con me la ramène entière ; pourvu que ce con..." 

Lorsque c’est toi qui pars en vadrouille, c’est du grand n’importe quoi. Peu importe le lieu, peu importe l’aimable compagnie ou ce que tu dois y faire. Tu penses à elle. Accompagné, tu te vois avec elle ; seul, tu t’y rêves avec elle. Seuls tes objectifs te permettent de rester un tant soit peu concentré. Tu te dis, « t'es complètement givré mon petit gars ! Ressaisis-toi ! ». Puis tu te surprends à te juger avec tendresse, à te trouver un brin choupinet. Tu chantonnes dans l’avion retour, du Enrique Iglesias avant de t'endormir « a mí no me importa que duermas con él porque sé que sueñas con poderme ver ».

Et puis elle t’annonce qu'elle a des projets, qu’elle va partir au loin définitivement. Ton cœur bat à tout rompre. Ton esprit n’en montre rien. Étrangement, il se trouve plongé dans un mélange de détresse et de soulagement.

Tu te dis que tu vas pouvoir reprendre le contrôle. Ne plus brûler vif ; ne plus avoir peur de souffrir un jour ; garder simplement le souvenir de tous ces merveilleux sentiments qu’elle aura fait germer en toi ; de toutes ces lignes qu’elle t’aura inspirées. Ton cœur est toujours en vie. Tu le sais désormais grâce à elle. Quelque part, tu le lui dois. Elle te l’a ranimé. Johnny cash chante en toi "I hurt myself today to see if I still feel". Ce n’est pas vraiment la chanson la plus appropriée.

Reprendre le contrôle. Et puis ; et puis merde ! Tu n’y arrives pas vraiment. T’en rigoles d’impuissance...

Alors, tu décides de te protéger à minima, d’enfiler ton armure, de mettre un peu de distance, et en attendant son départ, de gouter chaque bref instant où tu la croiseras, en souriant pour mieux dissimuler ton émoi. En toi résonneront les paroles de la chanson de Lulu Santos « certas coisas », «Eu te amo calado como quem ouve uma sinfonia de silêncios e de luz». Tu sais que tu maudiras également ces moments car tu les payeras chèrement. Il te faudra du temps pour te reconcentrer, redescendre, pour t'en remettre. Mais un jour tu les béniras car ils feront ce que tu seras. 

Vient la nuit. Il est une heure du matin. Tu te redis qu’elle va partir, "qu'aimer c'est laisser partir" ou du moins laisser choisir on ne peut plus librement. T’essayes de t’endormir et puis, une chanson te vient à l'esprit, "não vá embora" de la sublime chanteuse brésilienne Marisa Monte. C’est marrant comme le texte trouve tout de même un certain écho à tes oreilles…

«Et parmi tant de gens, je t'ai rencontré. Parmi tant de gens ennuyeux et sans aucune fantaisie, tu es venue. Et moi qui pensais que je ne tomberais plus jamais amoureux, de toute ma vie.

(…) Alors ne t'en va pas. Alors ne me laisse plus jamais. Alors ne t'en va pas, ne t'en va pas. Alors ne me laisse plus jamais. »


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