vendredi 30 juin 2017

Syndrome de Caïn : la jalousie la maladie la plus meutrière de l’humanité


Lorsque je vois ressurgir l’affaire Gregory Villemin, écoute les logorrhées aussi criardes que crevardes des marxistes à la Mélenchon ou des nationalistes à la Le Pen, je me dis que finalement nous n’avons toujours pas tiré toutes les leçons que s’efforçaient de nous enseigner les premiers philosophes juifs à travers le mythe de Caïn et Abel.

La jalousie, individuelle, sociale ou ethnique, est certainement la maladie infantile du développement humain la plus meurtrière qui soit depuis les origines de notre espèce. Le XXe siècle étant le mausolée le plus frappant de cette folie sous toutes ses formes les plus extrêmes, de gauche comme de droite, religieuses ou athées.



Pire, après des centaines de milliers d’années d’existence et d’évolution, la jalousie, individuelle, sociale ou ethnique, demeure une maladie que s’efforcent de justifier bien des idéologues, et qui trouve pas mal de justifications chez de prétendus esprits hautement évolués, alors qu’ils ne sont, tous, que les vecteurs d’une très mortifère  corruption intellectuelle et morale.

Pauvres bougres ! Seule l’indifférence bienveillante aux réussites des autres peut nous permettre de nous concentrer sur nos accomplissements, tout simplement parce que la jalousie est le fait de rester emprisonné à la vie d’autrui, au lieu de nous focaliser sur la nôtre…


jeudi 29 juin 2017

Run You Fools !


Tout en nous montrant cette photo d'une activiste américaine pseudo-féministe mais vraie-casse-couilles-gauchiste, ma Zaza toute dépitée, nous livre le commentaire suivant "avec ma génération c'était 'no...(mais oui, insiste !)', aujourd'hui c'est 'vi...(mais non ! n'insiste pas !)". 

S'en suit une discussion au cours de laquelle les jeune mâles sentimentaux du groupe se lancent dans un concours de lamentations sur les relations hommes-femmes, l'époque, la triste dégénérescence du féminisme petit bourgeois actuel etc.

Jérémiades fatigantes auxquelles le vieux sentimental que je suis met un terme comme suit :

Ouh la la ! Faut surtout pas se prendre la tête les gars... tu proposes, la fille dispose... si c'est "non", c'est "non" (surtout ne pas insister, à minima par respect pour la personne et pour soi mais aussi pour le sens des mots)... si c'est "oui mais non" et bien on s'en tient au "non" final et on se casse voir si on trouve moins chiante et plus équilibrée ailleurs... car toutes les femmes sont loin d'être des gamines tordues immatures et capricieuses ne sachant pas ce qu'elles veulent ; pataugeant dans le très malsain rapport de force dominant-dominé ; allant au bal des sentiments comme on va à une vulgaire négociation syndicale ; prenant l'homme pour un jouet, une option ou un moyen... ce faisant, que cette pauvre fille névrosée se démerde avec son psy et sa secte de tarées, et surtout qu'elle devienne une impasse biologique et culturelle... 
bref, soyons sélectifs nous aussi !

Ceci étant dit, n'écartons pas la possibilité voulant qu'après le "oui", le déballage de la trop petite surprise ne lui plaise pas et l'incite à dire, dans un cri non pas du cœur mais des lèvres inférieures, "euh ! finalement ce sera non"... (une tendre amie m'avait raconté une expérience de ce genre - j'étais mort de rire tout en imaginant très bien son embarras-)...



mardi 27 juin 2017

Mission Accomplished


En parlant de pompiers, de mon côté,
je ne suis pas mécontent d'être parvenu à éteindre, 
de façon assez maîtrisée, l’un de mes plus beaux incendies.

Ne me reste plus qu’à traiter les braises fumantes à l’azote liquide,
histoire d’éviter toute reprise de flamme intempestive,
et pouvoir replanter sous peu mes rosiers d'été.

On ne décide pas de tomber amoureux ;
par contre un homme libre,
se doit d’être capable de décider s’il le reste ou pas.


lundi 26 juin 2017

Portugal Wonder Woman


Combater a destruição, proteger a população, sempre pronta...

Très émouvante photo, chargée d'émotion, de fatigue, 
de cette souriante pudeur typiquement portugaise, 
et de l'impérieuse nécessité de reprendre quelques forces 
afin de retourner au combat...


samedi 24 juin 2017

Qingdao Food Style à Paris !

 

Petit message pour la diaspora restauratrice chinoise 

 

Débrouillez-vous comme vous voulez mais j'exige, 
à commencer par Paris, une "rue du boucher" comme à Qingdao, 
avec des brochettes à la mode Qingdao : 
de légumes, de viandes, de fruits de mer, d’insectes, etc.

C’est trop bon ! Arrrrrgh !! Vite !!! Please !!!!


vendredi 23 juin 2017

Mon éveil chinois : le dimanche à Qingdao c’est jour de mariage (3/3)



« Mais où est la fille ? » me demanderont mes lecteurs les plus assidus, ceux-ci n’ayant pas manqué de remarquer qu’une femme se glisse souvent dans mes virées. Ils ont raison. Car autant Eros semble vouloir se montrer contrariant à domicile, autant ce coquin trouve toujours le moyen de m’adresser de merveilleux clins d’œil à l’étranger. Sans doute sa façon de me motiver à partir. Comme souvent, elle arrivera de la façon la plus impromptue et magique qui soit, notamment dans une journée où tout s’annonçait réglé comme du papier à musique, celle du mariage de mon pote.

La journée commence de bonne heure. Notre joyeux groupe monte dans le minibus, en tenue de mariage, direction le domicile des mariés, qui se trouve dans une tour de standing des quartiers résidentiels. Au pied de l’immeuble nous attendons l’arrivée de nos tourtereaux. La voiture arrive. Ils s’en extirpent. Mon Tranx est tout beau. La mariée est des plus ravissantes. Elle me fait penser à ce que nous disait mon grand-père maternel lorsqu’il nous racontait que nous avions un peu de sang Made in Macao revenu de Chine il y a quelques générations : « les Chinoises ne sont pas toutes belles, mais la beauté de celles qui le sont en éclipserait l’éclat du jour ».

Devant la voiture, s’en suit, en musique, une danse traditionnelle avec tigres et dragons. Le marié prend sa dulcinée dans ses bras et passe ainsi le perron de l’immeuble. Nous le suivons et nous rendons tous dans l’appartement du couple où se prépare la cérémonie du thé que doit offrir l’épouse à ses beaux-parents, puis celle du bol de nouilles que nos amoureux partageront jusqu'au baiser final comme dans "la Belle et le Clochard".

Le temps de goûter à l’émotion du moment, qu’il nous faut repartir vers la cathédrale Saint-Michel de Qingdao pour la cérémonie de mariage. A part la présence de Chinois, rien de bien exotique. C’est on ne peut plus catholique. Les voilà donc mariés devant les dieux de Chine et celui d’Israël. Le Monde est un village. L’amour est ce qui nous lie.

Après la cérémonie religieuse et en attendant le festin du soir, nous passons un après-midi particulièrement agréable à nous promener avec le marié dans les jardins du somptueux quartier de Badaguan. Un quartier boisé en bord de mer, constitué de jardins, parsemé de villas particulièrement cossues, et de restaurants. Dans l’un d’entre eux se tiendra le banquet de mariage, l’exercice ayant ceci de particulier en Chine qu’il consiste principalement à se remplir le ventre le plus possible en trois heures de temps. En attendant ce moment nous profitons de la fraicheur des jardins de Badaguan.

Les jambes finissant par me démanger, je m’en vais vagabonder un peu sur la promenade du front de mer. Grand bien m’a pris. Le spectacle est des plus truculents. En rang d'oignon, des dizaines de couples se font tirer le portrait sur la plage. Avec ou sans cheval, de la plus classique à la plus légère, toutes les poses sont visiblement possibles. Certains couples poussent le jeu jusqu’à s’amuser avec l’objectif des passants, notamment cette épouse assise sur son mari qui m’adresse un très jovial signe de victoire.

C’est là que sur un air de Amadou et Mariam, je me mets à fredonner « le dimanche à Qingdao c’est jour de mariage », tout en rejoignant mes amis.

C’est bientôt l’heure de la noce. Nous nous dirigeons vers le restaurant de plage. Le soleil décline sur la baie de Fushan, embrasant les tours de verre et d’acier qui longent le front de mer. La plage de sable blanc accueille encore maintes familles chinoises tenant à profiter jusqu’au bout de ce dimanche ensoleillé.


Vient le moment de prendre place. Les convives affluent dans le restaurant. Je suis à la table d’honneur, à côté des frères et sœur de Tranx et d’un vieil ami à lui on ne peut plus sympathique. Des sièges restent inoccupés. Ils sont destinés à des amies de la mariée. Deux d’entre elles arrivent. Une jeune femme un peu timide qui restera quasiment muette toute la soirée du fait de son absence de maitrise de l’anglais ; et une princesse chinoise aussi resplendissante dans sa robe rouge qu’elle s’avèrera peu avenante. Demeure une chaise vide à ma droite.

Alors que nous procédons aux premiers échanges d’amabilités, ma tête se tourne subitement sur la droite. Une jolie jeune femme s’installe subrepticement sur le siège resté vide, en s’excusant pour le retard. A l’instant même où elle prend place, un frisson me parcourt la colonne vertébrale. Elle se présente et échange quelques mots avec nous. Je suis déjà sous le charme de ce mélange de simplicité et d’élégance discrète.

La conversation s’engage assez vite, d’abord sur nos parcours, puis sur des considérations plus générales. On m’avait pourtant dit que les Chinois n’aiment pas trop parler politique. Là du fait de son ouverture intellectuelle et professionnelle sur le monde, ce n’est pas le cas. Nous discutons à bâtons rompus. Elle a une merveilleuse façon de parler, directe, sans chichis, mais toujours de façon mesurée et appropriée. Cette fille transpire la classe et l’intelligence.

Nous en oublions de manger. Le temps de s’en rappeler ; de passer devant un buffet qui se vide à toute vitesse ; puis d’amuser les autres jeunes femmes chinoises de la table en leur dépiautant leurs crevettes avec couteau et fourchettes tout en leur disant que j’ai appris cette technique, non pas à Paris mais au temple de Shaolin ; que nous voilà  repartis de plus belle dans notre conversation au cours de laquelle elle aborde trois questions intéressantes : « pourquoi le monde entier nous déteste ? Quel futur sera le nôtre alors que nous sommes si nombreux en Chine ? Comment vivre avec autant de pollution ? »

S’agissant de sa première question, sans lui dire qu’elle sent  un peu le contrecoup de la propagande du régime, je lui réponds que le monde entier ne déteste pas les Chinois, loin s’en faut. De par leurs valeurs et réalisations, les Chinois inspirent bien plus le respect que le rejet. Maintenant, il faut placer les tensions actuelles dans un contexte mondial particulier. Celui où les anciennes puissances européennes stagnent et vieillissent après avoir pas mal perdu de leur superbe, et une Chine continuant de connaitre une phase de croissance spectaculaire et les ambitions qui vont avec. Il est vrai qu’un tel contexte impose aux autorités chinoises de ne pas trop se montrer agressives et de ménager nos susceptibilités de vieilles nations bousculées par la mondialisation, sans renoncer à leurs intérêts vitaux pour autant.

Elle me regarde un peu surprise avant de me parler démographie. Je lui rappelle avec bienveillance que la Chine est une très grande et ancienne nation, et que de ce fait, un milliard trois cent millions d’habitants ce n’est pas tant que ça. Ils ont même, non seulement de la marge, mais surtout intérêt à comprendre que la démographie est bien moins un souci qu’une richesse.

La surprise s’accentue d’autant plus qu’intelligente comme elle est, elle doit certainement sentir dans mes propos, bien plus de sincérité que de volonté de la caresser dans le sens poil, que j’imagine fort doux au demeurant.

C’est là qu’elle me dit qu’une augmentation de la population ne manquerait pas de générer encore plus de pollution. J’accueille de nouveau son inquiétude avec optimisme, en lui répondant que je suis certain que les Chinois trouveront les moyens de régler, comme en Europe, leurs soucis de pollution à moyen terme. Elle me demande de préciser la durée de ce « moyen terme ». Je lui réponds, une vingtaine d’années. Ça ne la rassure pas trop. Elle estime tout d’abord que c’est trop long avant de se dire d’elle-même que c’est finalement une durée tout à fait raisonnable. Passionnée, angoissée, et raisonnable, j’adore cette fille.

De retour au pays, l’un de mes plus vieux compères me taquinera en me disant « rassurer une Chinoise en Chine, voilà qui ressemble à de la drague catégorie légende ». Je lui répondrai en rigolant que ce n’était même pas de la drague et qu’en répondant à ses interrogations, je me rendais surtout compte à quel point la classe moyenne de toute la planète connait finalement les mêmes préoccupations.

Les parents de mon Tranx étant parvenus à négocier une parenthèse musicale, les mariés décident d’ouvrir le bal, suivi par les parents du marié qui nous offrent une très belle démonstration de rock versaillais. Voilà très longtemps que je ne l’ai plus pratiqué mais l’envie de me dégourdir les jambes est beaucoup trop forte. Je demande à ma voisine si ça lui dit de faire partie de la demi-douzaine d’hurluberlus qui se trémoussent sur la piste sous le regard spectateur des Chinois. Elle me répond « je danse comme un animal ». Je me dis « décidément, le naturel de cette fille me tue », avant de lui répondre « moi aussi ». Je lui prends la main et on s’en va danser un brin, le temps que le contact visuel et digital se fasse si brûlant que je me sente perdre le rythme. La musique cesse assez vite. On s’en retourne à table.

La noce touche à sa fin. Les convives sont repus. Les travées commencent à se vider. Nous restons encore là, à discuter. Quelques jours plus tard, JP m’enverra une série de photos, dont une prise à ce moment-là, accompagné de ce commentaire « non seulement elle est mignonne mais en plus elle semble avoir de très jolis seins ». Au-delà de ses jolis seins, l’expression de nos visages est on ne peut plus parlante. Nous aurions pu rester là encore des heures.

Des heures au gout d’éternité, de celles qui nous font cogiter et rêver ; qui nous font relire les romans mystico-sentimentaux de Marc Levy d’un œil moins moqueur ; qui nous donnent l’impression que certaines rencontres ont le gout de retrouvailles entre de vieilles âmes amies prenant des nouvelles l’une de l’autre, tant tout se passe on ne peut plus merveilleusement, naturellement, sainement, sans faux semblants…

Il a bien fallu que l’on se lâche. Les lumières s’éteignent. Celle dont le prénom signifie en chinois « flocon de neige », et qui m’a fait fondre toute la soirée, doit rentrer chez elle. Elle me demande quand est-ce que je dois quitter Qingdao. Je lui réponds « demain ». Au mot « demain » nous affichons la même mimique de frustration. Nous décidons tout de même d’échanger nos adresses courriel et nous nous promettons de rester en contact.

Ce sera chose faite dès le lendemain, au réveil, avec des mails qui se croiseront, envoyés comme pour vérifier que l’adresse est aussi réelle que la féérique soirée de la veille. Ceux qui suivront donneront lieu à un petit rituel mignon, de part et d’autre. Soit je lui dis « je pensais à toi et je prends de tes nouvelles », soit c’est elle qui me contacte avec son pudique mais direct « you just jumped into my mind ».

A chaque reprise s’enclenche dans ma tête la vidéo de ces heures au goût d’éternité, avec pour bande sonore, non pas le trop morbide titre « China girl » de David Bowie, mais la chanson qui a rendue mondialement célèbre la chanteuse chinoise Faye Wong « Eyes on me », sans oublier une touche de rock versaillais.

Quand j’y repense, grands dieux ce que j’ai pu aimer me réveiller dans les draps de la Chine, le corps parcouru de doux frémissement rêveurs



mercredi 21 juin 2017

Mon éveil chinois : les cinq jours fabuleux de ma "parenthèse enchantée" 2/3


Une heure et demie après avoir quitté Shanghai, mon avion est en phase d’approche de Qingdao. De superbes vues de la Baie de Jiaozhou me saisissent, notamment celle du pont qui la traverse de part en part. Plus de 42 km d’ouvrage d’art pour le plus long pont maritime du monde. Le paysage pris dans la brume de chaleur me fait quant à lui saliver. J’imagine déjà les balades que je ferai sur ce qui semble s’annoncer comme étant un magnifique spot balnéaire. J’ai hâte également de voir mon Tranx, mon plus vieil ami du Net, qui doit m’attendre à l’aéroport. C’est le cas mais il n’est pas tout seul.

Dans le salon d’attente de l’aéroport, à côté de lui, se trouvent de doux visages blonds, ceux des rares Occidentaux que j’avais remarqué dans le premier vol Paris-Shanghai. Comme ils m’avaient remarqué également, nous sommes frappés de la même surprise. En fait, il s’agit des parents et de la fratrie de mon pote, que je n’avais jamais rencontrés auparavant, qui étaient sur le même premier vol que moi mais qui avaient opté pour l’escale plus courte à Shanghai-Pudong. Ils m’attendaient donc tous là depuis deux heures. Cette surprise est l’occasion de présentations amusées tournant autour de nos choix d’escale, et qui donnera le « la » de l’ambiance de ce séjour. Du coup, il faut que je vous les présente :

Une sœur magnifique, une mère sublime, un père impérial, des frangins hauts en couleur, une tante et son amie des plus attachantes, et un oncle exceptionnel, JP, qui deviendra très vite mon camarade de poilades. Des barres de rire pendant cinq jours. Mais pas seulement. Bouffes, balades, discussions et découvertes. On a parfaitement su allier le tout dans cette "parenthèse enchantée" comme l'a si bien résumé une amie de la famille.

Le premier soir, on s’en est allé manger dans le quartier des brochettes, la fameuse « rue du boucher ». Des petites échoppes signalées par des néons style « Blade Runner » dans lesquelles à l’évidence tout se mange depuis les produits de la mer jusqu’aux insectes les plus divers, les sauterelles et les scorpions se croquant finalement comme des chips. Après tout comme on me l’a dit là-bas « en Chine on mange tout ce qui tient sur pied sauf les tables et les chaises, et tout ce qui vole excepté les avions ». Vraiment tout en effet. Je crois que ce qui m’aura le plus surpris fut, non pas les insectes, mais cette petite salade de méduses dégustée deux jours après dans un restaurant constitué d’une succession de petits salons privatifs où vous vous sentez comme à la maison.

Ces repas comme les balades qui s’en suivirent furent l’occasion de discussions passionnantes où Tranx nous régalait de ses observations au sujet de la société chinoise.

Un soir, en longeant les buildings du quartier d’affaires, il nous expliqua comment un atelier dessin fut l’occasion d’un échange intéressant avec un jeune Chinois.  Alors que Tranx se laisse aller à projeter sur feuille tout l’univers « heroic fantasy » peuplant son esprit, un étudiant aussi curieux qu’éberlué par ce qu’il voit, lui demande s’il peut lui emprunter le livre ou bien l’original du dessin, afin qu’il puisse le copier, lui aussi. Tranx lui explique que ce dessin n’est pas une reproduction mais le fruit de son imagination. L’étudiant Chinois le regarde un peu perdu, en se lamentant de parvenir à bien copier ce qu’il voit mais pas à produire de façon imaginaire. Puis il se ressaisit et demande à Tranx de l’aider à développer sa créativité en lui donnant des thèmes à travailler. Une conclusion très intéressante.  

Lorsque je raconte cette histoire, la plupart de mes interlocuteurs y voient le stéréotype du Chinois copieur incapable de créer. Avec Tranx, nous y voyons autre chose. Certes un travail de copie s’inscrivant dans une volonté de rattrapage tous azimuts. Mais surtout une extraordinaire aptitude de remise en cause, d’analyse des lacunes, et de capacité à se donner les moyens pour y palier. De quoi permettre de mieux saisir à quel point tout parait aller si vite en Chine. Là où il nous faut dix ans pour passer un cap, on a l’impression qu’en Chine deux-trois ans suffisent.

En parlant de balades et découvertes, ma soif d’icelles étant quasi inextinguible, mes virées plus personnelles furent également l’occasion de remettre à jour pas mal d’informations et clichés.

Tout d’abord, je m’attendais à côtoyer une population méfiante et peu communicative du fait des verrouillages effectués par le régime chinois. En fait je les ai trouvés bien plus détendus que nos Chinois de Paris, c’est dire. Certes, peu d’entre eux parlent anglais mais lorsque c’est le cas et qu’ils croisent un Occidental, ils sont tout contents de pouvoir échanger quelques mots avec vous. Je pense notamment à cette adolescente chinoise qui, sans doute, en réponse à un défi lancé par ses copines restées un peu en retrait, vient me demander d’où je viens. J’ai souris. D’une part parce qu’elle était toute mignonne mais aussi parce que j’aime tout particulièrement ce moment à l’étranger où je réponds que je viens de « Paris » et où la jeune femme en face inonde subrepticement sa petite culotte de fluides joyeux. Ne m’en veuillez pas. Je ne fais qu'exercer mon devoir d’œuvrer de cette manière au soft-power de mon pays. Bien évidemment, la môme veut une photo de notre rencontre dans les « jardins de Badaguan » avant de repartir toute joyeuse impressionner ses copines avec son trophée.

Parfois, même quand ils ne parlent pas anglais, outre les sourires facilement échangés, des contacts se créent. Je me rappelle encore de ce midi où je croise des marchands chinois montant leur stand du côté du port, en pleine pause déjeuner, et qui me voyant passer m’invitent aussi vivement que joyeusement à les rejoindre partager un bol de nouilles avec eux. Instants magiques où tout ce qui peut rapprocher les membres de notre espèce s’échange en silence.

Ce sentiment de pouvoir aller où bon me semble fut l’autre chose qui me frappa. J’ai pu me déplacer partout où je voulais, de jour comme de nuit, sans me sentir surveillé ou oppressé. Certes j’ai bien remarqué l’officier du renseignement qui stationnait régulièrement au rez-de-chaussée de l’hôtel international où nous étions, histoire de surveiller un peu les allées et venues des étrangers, mais pour le reste la présence policière reste des plus discrètes. Ajouter à cela le sentiment d’absence de criminalité, et vous voilà à déambuler au grès des courants d’air, absolument partout.

Mes observations de leur niveau vie furent également très intéressantes, qui plus est à Qingdao, station balnéaire accueillant des populations diverses que ce soit côté résidents ou touristes. Petit retour en arrière.

Alors simple bourgade de pécheurs, en cette fin de XIXe siècle, une flottille germanique accoste dans les parages, soi-disant pour punir l’assassinat de missionnaires allemands. Une version officielle à laquelle je n’adhère pas. Connaissant nos cousins Germains, je suis persuadé qu’ils cherchaient plutôt une agréable station balnéaire en Extrême-Orient qui ne soit pas déjà occupée par les empires concurrents. C’est qu’ils adorent ça, les stations balnéaires, et ce depuis des millénaires, les fameuses « invasions barbares » étant déjà l’une de leurs plus spectaculaires ruées vers l’or solaire. Les autorités chinoises, comprenant qu’il y avait peut-être quelque chose à tirer de ces casques à pointes, accorderont une concession aux Allemands qui commenceront par bâtir une jolie cathédrale qui deviendra une usine à mariages ; une brasserie d’où sortira l’une des bières les plus connues au monde, à savoir la Tsingtao ; et tout un chapelet de bâtiments de style et solidité bavaroise qui donne de son côté, encore aujourd’hui, les plus grandes peines aux ingénieurs chinois chaque fois qu’ils cherchent à détruire, pour des raisons liées à l’urbanisation, l’un de ces blockhaus teutons.

Nos cousins avaient raison. Un siècle après, nous voilà avec une magnifique station balnéaire aux 40 km de promenade côtières aménagées, aux plages de sable blanc parfois envahies d’algues vertes, inondée de soleil, offrant l’un des plus beaux lieux de villégiature estivale et surtout hivernale aux Pékinois se trouvant à 500 km de là et pouvant s’y rendre en TGV, et aux autres populations de l’intérieur. Car en effet, le tourisme en Chine est surtout une affaire intérieure. Ça m’a d’ailleurs quelque peu amusé de voir des Chinois des terres, issus de la classe moyenne laborieuse, négocier l’achat des souvenirs de Qingdao sans doute fabriqués dans les usines de leurs régions.

A ces touristes « de masse », s’ajoutent ceux bien plus fortunés que l’on croise dans des voitures de luxe ou dans leurs magnifiques villas des quartiers boisés du front de mer. Cela s’inscrit d’ailleurs dans cet autre constat qui m’a frappé. Si l’on croise au grès des quartiers ou de la circulation, pas mal de disparités en matière de richesses, ce que je n’ai pas croisé, c’est de la misère, cette indigence de trottoir qui doit choquer nombre de touristes qui visitent Paris. Cette misère doit certainement exister, mais où que je sois allé, j’ai surtout rencontré une masse d’individus qui semblaient trouver les moyens de suivre leur petit bonhomme de chemin. L’offre en matière d’emplois demeurant de toute façons particulièrement vaste, depuis la construction civile jusqu’au commerce et la révolution tertiaire en marche.

D’ailleurs le fait d’entrer dans un centre commercial du quartier animé de Taidong fut l’occasion de dégommer deux-trois clichés supplémentaires.  Dans un magasin de prêt-à-porter, les tee-shirts de marque locale coutaient dans les 10 euros. J’en suis resté bouche bée et me suis posé des questions sur les salaires. On m’a répondu qu’un manager de magasin vestimentaire pouvait gagner dans les 700 euros par mois. Certes, la réalité qui est celle de l’ouvrier à 150 euros mensuels demeure un fait, mais au moins autant que celui du rattrapage galopant qui s’opère dans pas mal de régions chinoises.

De quoi permettre de comprendre, en conclusion, pourquoi les autorités chinoises demeurent attachées à la vague mondiale de libre-échange qui a permis le fulgurant décollage du pays, et sous peu sa propulsion spatiale, pendant que beaucoup d’analystes à la mords-moi-le-nœud, bien de chez nous, préfèrent se bercer d’illusions déclinistes-proctectionnistes-misérabilistes-etc. 

Aussi, vive la Chine et vive les Chinois !



lundi 19 juin 2017

Mon éveil chinois : je voulais sentir Shanghai 1/3


Certains d’entre vous se rappelleront du titre du vieil essai d’Alain Peyrefitte, « quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera » paru mon année de naissance. Pour ceux qui n’auraient pas suivi les soubresauts du monde depuis 1973, cela fait longtemps que la Chine s’est éveillée. Ce que je n’imaginais pas, c’était à quel point j’allais aimer me réveiller dans ses draps, le corps traversé de doux frémissement plus que par de rudes tremblements. Le contraste avec mon déplacement du mois précédent, à Athènes, ayant été d’ailleurs particulièrement saisissant. Car autant je suis revenu de Grèce passablement déprimé par la pesante léthargie collée aux basques des Grecs que j’ai rencontré, et par  le sort collectif qui les attend s’ils ne se réveillent pas, autant en Chine, j’ai eu l’impression d’être en permanence sous amphétamines tant la bouillonnante énergie ressentie dans ce pays m’a inondée de toutes parts.

Quel merveilleux séjour ! Quand j’y pense, c’est fabuleux comment la vie nous invite parfois à la fête. Huit mois auparavant, après une reprise de contact, un vieil ami m’annonce qu’il va épouser sa prof de Chinois, rencontrée peu après son arrivée à Qingdao, où il avait atterri un peu sur un coup de dés du destin, mariage auquel je suis invité. Apprenant la nouvelle, je me dis que je ne peux pas rater ça, d’autant plus que je compte bien rencontrer la belle Chinoise qui est parvenue à ravir le cœur de ce passionné du Japon et des Japonaises.

Donc en ce mois de juin 2015, me voilà dans l’un des Airbus flambants neufs de la compagnie China Eastern, direction Shanghai où je dois prendre un autre avion pour Qingdao.

Lorsque j’ai pris mes billets, j’avais le choix entre une escale courte dans l’aéroport international de Pudong, ou bien une escale un peu plus longue avec changement d’aéroport, l'avion pour Qingdao se trouvant alors à l’aéroport de Hongqiao, celui des vols intérieurs situé de l’autre côté de l’agglomération de Shanghai. Un peu comme si vous atterrissiez à Roissy et que le vol suivant se trouvait à Orly. Ayant trop envie de sentir Shanghai, j’optais pour la deuxième solution. Renseignements pris, pour relier les deux aéroports, en traversant Shanghai, j’avais le choix entre : la liaison via le métro, ce qui ne me permettait pas de voir la ville, ou un bus reliant les deux aéroports passant au plus près de la ville. J’opterai pour le bus, estimant qu'il fera un très bon premier contact intime avec Shanghai et les Chinois. 

Finalement, le premier contact intime se fera dans l’avion. On a beau adorer l’Asie et penser connaitre une population, on en est toujours assez loin. Là grâce aux toilettes de l’avion, le contact s’est fait bien plus proche. Comment vous dire ça, avec un tant soit peu de poésie. Ah oui ! Voilà !

Après avoir passé les cinq premières heures de vol la tête collée contre le hublot à contempler les côtés de la Baltique puis les plaines de la Mère Russie, des considérations bassement corporelles me poussent à aller me soulager. Rien à signaler lors de cette première pause technique. J’en retourne scruter les torchères des champs pétroliers russes qui se détachent dans la nuit tombante, et ce jusqu’à ce que le sommeil me prenne. Au réveil, nous sommes à une heure de Shanghai. Pendant que les hôtesses pulvérisent dans l’appareil un produit désinfectant et que des exercices de tai-chi-assis pour passagers sont diffusés sur les écrans de l’appareil, je m’en retourne aux toilettes. Et là, stupeur et tremblements. Je revois encore mon étonnement face à la cuvette métallique dans un état déplorable, entre le complètement rayée et le totalement dégueulasse, aussi innettoyable que bonne à changer. Je me demande ce qui a bien pu se passer et me perds en conjectures pendant que je tente de ne pas aggraver la situation avec les turbulences.

Je suppose que ce suspens sanitaire vous est tout aussi insoutenable et que vous voulez une réponse à mon interrogation. Et bien figurez-vous qu’une fois en Chine, je découvrirai que les latrines sont presque toutes « à la turque », chose que je déteste, et que lorsqu’elles sont à l’occidentale, comme dans l’avion, les Chinois grimpent sur les cuvettes pour s’accroupir au-dessus de celles-ci. Outre l’exercice d’équilibriste d’un haut niveau, à plus forte raison dans un avion, l’état de la cuvette s’explique par toutes les chaussures qui sont passées dessus. En guise de solution marrante à mes problèmes de chiottes, une fois sur le sol chinois, je découvrirai également que je pourrai trouver des toilettes à l’occidentale dans les WC pour handicapés. Ne rigolez pas ! Vous aussi, vous y passerez !

L’avion posé, je prends mon sac à dos et je file. Il est 7 heures, mon prochain vol est à 11h15, Shanghai s’éveille et j’espère éviter les embouteillages. Il faut que je prenne l’un des premiers bus. Comme je n’ai pas de valise à récupérer, je prends l’une des portes de sortie située juste après la zone de réception des bagages. A une vingtaine de mètres sur la gauche se trouvent des guichets d’achat de tickets pour la navette de liaison entre les aéroports. La guichetière qui ouvre  sa guitoune me dit que je peux acheter le billet à bord du bus qui se trouve juste derrière moi et qui s’apprête à partir. Chouette ! Je monte, m’installe parmi tous les Chinois, souvent en famille, qui s’y trouvent, puis achète à la préposée aux billets pour une somme modique mon aller simple pour Hongqiao. Je suis le seul Occidental à bord du bus. Un enfant devant moi me regarde amusé. Je lui souris puis je fixe la route qui défile, tout d’abord dans un paysage suburbain. Ça roule plutôt bien. J’observe les types de véhicules. Il y a tout ce qui s’est fait en Chine ces trente dernières années, depuis la fourgonnette aux allures soviétoïdes ayant largement dépassé la date de péremption, jusqu’à la berline de luxe.  

Le bus circule désormais sur l’une des voies expresses périphériques de l’agglomération de Shanghai, la S20. La circulation se fait de plus en plus dense mais reste fluide. Le paysage se fait quant à lui plus industriel et urbain. On longe parfois des secteurs constitués de forêts d’immeubles d’une vingtaine d’étages plantés par dizaines, tous bâtis sur le même modèle.

Lorsque vient le pont enjambant le très large fleuve Huangpu, mes yeux s’écarquillent. Au loin les buildings de Shanghai cherchant à s’extirper du smog matinal. Dans le fleuve, l’impressionnant spectacle offert par les nombreuses immenses barges chargées de matériaux industriels, serpentant bien alignées les méandres du fleuve tels des dragons aquatiques. La terre, l’eau, l’air, le feu, tous les éléments d’un pays en parfait ordre de marche vers l’avenir.

Le fleuve traversé, je remarque que ce boulevard périphérique enjambe des avenues. En contrebas, au niveau des sémaphores routiers, se trouve tout un fatras de véhicules, encore plus divers que ceux que je croise sur la voie expresse. Vélos, motos, motos-taxi, bus, voitures en tous genres, prêtes à foncer vers une journée de labeur. On sentirait presque la détermination de tous les conducteurs, là, à l’arrêt, face au feu rouge.

L’aéroport de Hongqiao n’est plus très loin. J’aurais mis une heure pour effectuer le trajet en période de pointe. Un trajet qui aura été bien plus stimulant que tous les cafés que j’aurais pu prendre. La Chine vient de me réveiller de la plus énergique des manières…



vendredi 16 juin 2017

Vieille stratégie pour temps présents


Le plan est simple:
Nous on s'envole,
Eux ils s'écrasent


#ThinkingOutOfTheBox
#ToujoursPrendreDeLaHauteur

mercredi 14 juin 2017

Conspiracy : Fight to Protect !


Je voulais absolument voir ce que donnerait ce qu’ils annonçaient comme étant un « Jason Bourne au féminin ». Je n’ai pas été déçu.

Certes l’écriture du film, un peu inhabituelle et moins grandiloquente que celle des « Jason Bourne » et autres films d’espionnage hors norme, semble un peu déconcertante et pécher parfois par manque de crédibilité.

Cependant, au final, on se retrouve avec une histoire bien moins paranoïaque et bien plus réaliste de « chiens de bergers », au devoir de protection chevillé au corps, versus « loups tyranniques », aussi tordus que mégalomanes, dans un monde de moutons, et de bureaucrates aussi nuisibles que finalement nécessaires…

"Il existe deux types de combattants. Ceux qui sont faits pour détruire et ceux qui sont faits pour protéger" O.P.
  

lundi 12 juin 2017

Attentats de Londres : ces immigrés de l’Est qui viennent voler l’héroïsme des Anglais


L’instant où tu apprends que l’un des rares à avoir réagi face aux terroristes islamistes armés de couteaux qui ont frappé Londres fut Florin Morariu un boulanger roumain.

Le seul à avoir compris que face à un couteau, une chaise ou un cageot suffisent, pendant que des Anglais de souche, sans doute Brexiters, préféraient se carapater comme des merdes bières à la main. 

Tout un symbole, en effet, mais pas vraiment celui de "résistance" (#Lol) qu’imaginent ces bolos du Huffington...

Courage versus lâcheté. Lucidité déterminée versus jean-foutrerie avinée. C'est Churchill qui doit se retourner dans sa tombe…

"Hard times make strong men. Strong men bring peace. Peace makes weak men. Weak men bring hard times..."
 

vendredi 9 juin 2017

Du Syndrome de l'Amazone


En parlant de "Wonder Woman" et d'Amazones, vous ai-je déjà parlé du syndrome de l'Amazone, découvert par bibi un soir de branlette (vous comprendrez plus bas) ? Non ! Alors allons-y...

Si je veux bien croire qu’en tout mythe, il y a un fond historique, je sais également que les Grecs étaient particulièrement doués pour se servir de la mythologie afin de mettre en scène les penchants humains qu’ils diagnostiquaient (ex : le complexe d’Œdipe). Donc pourquoi en irait-il autrement avec le mythe des Amazones ? Car avouez qu’il y a tout de même de quoi se montrer dubitatif quant à l’aspect premier degré de cette histoire.

Voici des femelles qui vivaient entre elles, qui passaient leur temps à guerroyer contre les Grecs et leur héros, et qui un beau soir, au coin du feu, auraient livré leurs petits secrets à un quelconque ethnologue ou géographe grec. Lui expliquant ainsi pourquoi elles ne copulaient qu’une fois par an avec les hommes des contrées voisines ; pourquoi elles ne gardaient que les bébés-filles et pourquoi elles tuaient les enfants mâles ou alors les mutilaient en leur crevant les yeux ou en les estropiant afin d’en faire des esclaves. C’est sûr qu’une telle publicité, ça donne envie de s’accoupler une fois par an avec de telles harpies. Non, ça ne tient pas la route cette histoire.

Ce qui tient bien plus la route c’est le syndrome qu’elles symbolisent, un syndrome qui m’est devenu on ne peut plus clair après la première grossesse de mon Amazone anatolienne et quelques échanges avec mes petits camarades papas.

Voyez-vous, contrairement à nous autres Celtes, ces petites-bites phallocrates de Grecs détestaient toute idée de matriarcat, idée que représentait à merveille celle des Amazones. Ces machistadors indo-européens préféraient, au point de se sacrifier par milliers pour l’une d’entre elles, les cagoles  dénuées d'intelligence et caractère telles que la "belle" Hélène. Un goût culturel pour le refus de la perte de contrôle masculin sur la société mais pas seulement. L’expression également d’une terrible angoisse. Suffisamment terrible pour qu’ils se sentent obligés d’envoyer leur Héros combattre les Amazones. Que ce soit Achille avec Penthésilée ou Héraclès avec Hippolyte, un grand nombre d’entre eux se sont épris de reines amazones particulièrement casse-couilles, avant de finir par les tuer, sans doute de frustration.

La frustration fut en effet ce que j’ai connu après chaque grossesse de ma femme, surtout après la première. D’un côté celle-ci qui ne vivait que pour son enfant, en communion totale avec lui, heureuse ou bien partageant ses craintes, interrogations ou douleurs avec d’autres femmes. De l’autre côté, vous, qui vous sentez mis à l’écart, fantomatique, jamais à la hauteur des exigences et surtout privé de sexualité ou alors selon une fréquence qui vous semble proche du « une fois par an » amazonien. Et ce alors qu’étrangement vos besoins et envies semblent démultipliés à ce moment-là, comme si vous aviez besoin de reposséder physiquement votre femme devenue mère pour vous sentir mâle donc mieux. Démultipliés au point que la masturbation irrite plus qu’elle n’apaise alors qu’avant ça, elle palliait parfaitement à toute frustration ou incompatibilité passagère d’ordre sexuel. De quoi vous taper sur les nerfs testiculaires.

Le pire c’est que vous sentez bien que le problème ne vient pas d’elle mais de vous, qu’elle n’en souffre pas le moins du monde alors que vous, avec vos binious gonflés à bloc, si ! Du coup vous devenez relou, très relou, des idées d’aller voir ailleurs vous traversant même fortement l’esprit, alors que vous adorez votre femme et n’étiez pas auparavant trop sujet à ce genre de tentations. Frustrations et tentations que j’ai retrouvées chez pas mal de mes compères.

Alors des petites contrariantes me diront que depuis que nous participons à l’éducation de nos mouflets, on devrait se sentir moins mis à l’écart. Un peu moins il est vrai. Cependant nos besoins et leur incompatibilité momentanée avec les vôtres, sont toujours là. Ils augmentent même, du fait d’être encore plus l’un sur l’autre (façon de parler), alors que du temps d’Achille on aurait pu se défouler en allant chasser, guerroyer et violer un petit coup de-ci, de-là chez les contrées voisines. Le seul avantage étant que cette proximité peut aider à en parler et ainsi trouver les moyens de régler ce problème.

Car problème, il semble y avoir. Or pour être favorable à l’harmonie des ménages, j’ai bien envie d’exhorter les mâles à en parler. Quant aux femelles, vu le nombre de couples que je vois tanguer dangereusement à ce moment-là, je me vois obligé de leur dire un peu abruptement « faites l’amour à vos mecs » ou si cela ne vous dit vraiment pas, la fatigue n'aidant pas, sachez que quelques petites caresses, y compris buccales, savent nous rendre suffisamment heureux en attendant mieux.

Reste une dernière question. Que symbolise la mutilation des petits garçons dans la légende. Là encore une part de constat et une part de crainte. Vous avez sans doute, tout comme moi, déjà vu des mères se servir de leurs fils afin de mener la guerre au père de ceux-ci, transformant leurs gosses en jouets aveugles de leurs désirs de revanche sur le mâle, les estropiant ainsi sur le chemin d’une vie autonome. Or si chez certaines femmes, cela semble procéder d’une stratégie plus ou moins consciente, de quoi susciter chez certains Grecs l’envie de s’en prémunir, chez certains hommes, Grecs ou pas, cela semble procéder d’une crainte dans la suite logique des celles expliquées plus haut. C’est fou ce que le manque de sexe peut nous pousser à psychoter. Menacés en tant que mâles puis menacés en tant que pères ; privés de virilité donc privables de tout pouvoir…

Finalement les Grecs étaient de grands angoissés et la femelle une sacrée source d’angoisses.
 
Illustration : Franz von Stuck « wonded amazon » 1904