jeudi 28 septembre 2017

Nouvelle-Calédonie : vive la Kanaky libre !


Dans un pays, le nôtre, où au lieu de régler nos soucis et balayer devant notre porte, on préfère découper les pays des autres, s’enflammer pour la « Palestine », la Catalogne, la cause des indiens d’Amérique, et tutti quanti, je vous propose un petit retour sur le statut de la Nouvelle-Calédonie qui sera bientôt soumis à référendum, et dont tout le monde ou presque s’en tape en « métropole ».

Voyez-vous, notre glorieux Pays, l’insuffisamment grand Empire français (2e pays par la surface de sa zone économique exclusive, grâce à son outre-mer, tout de même) possède, entre autres bijoux de famille, le sublime archipel de Nouvelle-Calédonie, nommé Kanaky par les Kanaks. Un véritable chapelet d’îles superbes, de récifs magnifiques, de lagons merveilleux et d’une multitude d’autres richesses, en veux-tu, en voilà (à la différence d’Israël).

Un collier de perles qui menace à nouveau de se briser par le réveil des mouvements indépendantistes radicaux. Le déséquilibre démographique aidant, puisque les Kanaks ne représentent plus que 44 % des 250 000 habitants de l’archipel, ceux-ci sentent leur échapper la possibilité d’une victoire au référendum sur l’autodétermination prévu l’année prochaine. Un déséquilibre démographique accentué récemment par un afflux important de Français de la métropole, attirés par la forte croissance économique de l’île, une politique fiscale très avantageuse, des salaires quasiment doublés pour les fonctionnaires, et attirés bien sûr par la beauté de ces perles du Pacifique.

Le problème c’est que nous avons pris possession de ces perles du Pacifique dans la seconde moitié du XIXe siècle (tiens, à la même époque que les prémices d’Israël) sans autre droit historique (à l’inverse d’Israël) que celui que nous octroyait le bon vieil universalisme français.

Sans discuter, négocier, acheter des terres à qui que ce soit (au contraire d’Israël) nous prenons possession de ces terres par les armes et par la grâce du Nouveau Testament que les pères maristes agitaient devant les Kanaks qui se faisaient alors massacrer ou expulser.

Rien à redire puisque après tout c’était tout de même pour la bonne cause. La nôtre. Nous apportions dans ces contrées sauvages la lumière de la civilisation en y installant aussi bien nos bagnards que les révoltés de la Commune de Paris ou d’une Kabylie française depuis peu, voilà, voilà.

Oh ! Je vous rassure tout de suite. Je ne fais ni dans la repentance, ni dans la bien pensance. Pourquoi ?

1- parce que je ne crois pas au mythe du bon sauvage par nature. Ce qui me pousse par conséquent à ne pas pleurer outre mesure sur le sort de ces anciens anthropophages.

2- parce que je suis persuadé que ces Mélanésiens-là, n’avaient rien à nous envier question sauvagerie. Et s’ils tenaient tant que ça à s’opposer efficacement à notre gloire, ces sauvages primitifs n’avaient qu’à faire comme les sauvages développés que nous étions. S’armer de fusils au lieu de cailloux. Faute de quoi ils n’ont plus qu’à s’armer de patience le temps que nous finissions d’exploiter leurs ressources naturelles.

3- Car l’expansionnisme était la pensée politique dominante de l’époque. Quoi qu’à bien y réfléchir là aussi, dès cette époque, il me faut noter une différence entre la pensée politique de la France d’alors et celle des sionistes de l’époque. L’expansionnisme caractérisait l’une, alors que « l’existentialisme », « l’être-là », définissait l’autre. Le massacre, la confiscation unilatérale de terres pour l’une et l’achat, la négociation (accords Fayçal-Weizmann de 1919 par exemple) pour l’autre.

Non je ne fais pas dans la repentance mais plutôt dans l’étonnement. Je suis très étonné que nous fassions la leçon aux Israéliens, qui depuis des millénaires ne démontrent pour toute ambition galactique que leur attachement viscéral aux 20 000 km2 de sable constituant leur berceau national, alors que nous tenons mordicus à garder 20 000 km2 de délices tropicaux, au mépris des droits des autochtones et que niveau berceau, résidence principale, secondaire, tertiaire, quaternaire, nous ne savons plus où donner de la tête. Étonnant non ?!?

En fait, Non, rien d’étonnant, puisque je sais très bien pourquoi nous gardons encore, l’une des multiples cerises sur notre gâteau territorial. Nous garderons la Nouvelle-Calédonie jusqu’à l’épuisement quasi-complet des mines de Nickel, Chrome et cobalt que nous exploitons là-bas et dont les cours actuels grippent en flèche. C’est exactement ce que l’on appelle « sucer un caillou ». « Le Caillou » étant le surnom que les Calédoniens ont donné à leur île.

Tiens puisque l’on parle de nos conceptions géopolitiques pas très Nickel, saviez-vous que géologiquement parlant, le Nickel est indissociable de l’amiante et que grâce à l’exploitation minière, l’île principale est devenue une décharge, amiante, géante. Saviez-vous que l’administration coloniale conseillait aux Kanaks, de blanchir leurs cases avec des badigeons d’amiante histoire que ça fasse plus blanc, plus propre. Du coup, alors que les Européens habitent des zones beaucoup moins contaminées, les populations mélanésiennes se retrouvent elles avec 13 fois plus de chances de choper un cancer des poumons.

Au moins lorsque l’on rendra l’île aux autochtones, si on la rend un jour, d’aucuns pourront dire que la France aura réussi à y apporter le progrès. Le cancer. On aura transformé de façon alchimique « Le caillou » en métastase et l’autochtone pourra même en faire un proverbe. « La colonisation, c’est vraiment un cancer ». Mais que les autochtones se rassurent. Je suis sûr qu’une fois partis, nous trouverons le moyen de régler leurs problèmes. Nous leur prendrons ce qu’il leur restera de ressources en désamiantant leur île à prix d’or. Nous avons en effet dans notre beau pays tout plein d’entreprises spécialisées dans le désamiantage.

Tant que l’on est dans le cancer, je viens de penser qu’il serait d’à-propos que je corrige une petite erreur. Il se trouve en effet dans les pays arabes tout plein de gens pour voir en Israël un cancer. Ah les charlatans ! C’est quand même rigolo que ce soient les tenants d’une idéologie mortifère en continuelle expansion depuis 14 siècles et dont l’expansion, la colonisation, la conquête, restent au programme, qui prétendent cela. Pourtant ils devraient savoir que les seuls Juifs à avoir vraiment voulu se partager le monde étaient les chrétiens et les seuls Juifs à vouloir encore le faire, sont les musulmans. Cela dit, tout compte fait, j’accepte qu’Israël leur apparaisse comme un cancer. Un cancer des testicules de toute évidence.

Mais revenons, histoire de conclure, aux brindilles que l’on scrute dans l’œil d’Israël au lieu de retirer les poutres enfoncées dans les nôtres. Revenons-y pour dire qu’on a bien raison de le faire. Pourquoi nous priverions-nous de nous défouler sur ces petites nations sans autre ambition que celle de garder leur petit pays tout moisi. En plus si le fait de taper sur leur existentialisme nous permet de mieux dissimuler ce qui reste de nos turpitudes impérialistes, ça fait d’un caillou deux coups. Avouez qu’on serait vraiment cons de s’en priver, plouf, plouf.

Plus sérieusement, je serai toujours étonné de constater que le droit au « trop » apparaisse comme plus évident que le droit au « tout juste ». « Tout juste ». Par conséquent quand on est vraiment de Gauche, on est sioniste. Ça tombe bien. Je suis les deux.

Quant aux Kanaks, je leur souhaite longue vie et bonne route, avec ou sans nous…

SIL docteur en politiconcologie. En cancérologie politique quoi !


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