Après l’anxiété-sanitaire, l’anxiété-climatique, vous allez adorer l’anxiété-technologique. Je sais bien que nous ne sommes que « des concombres anxieux » (notre corps étant tout comme celui de ce fruit constitué de 80% d’eau) et que l’anxiété est souvent un marqueur d’intelligence mais je crains que trop d’anxiété n’étouffe l’intelligence.
Donc nous voici avec les progrès de « l’Intelligence Artificielle » en pleine crise d’angoisse prométhéenne, nos élites olympiennes se demandant si les créatures électroniques de l’homme, en accédant au feu de la cognition, ne constitueraient pas une menace pour leurs créateurs. Les films catastrophes type Terminator (1984) ou même « 2001 l’odyssée de l’espace » (1968) n’arrangeant rien.
Personnellement, sans nier les risques, je suis tout aussi enthousiaste devant l’IA que lorsque l’immensité des flots de l’Océan Internet s’est offert à moi. Pendant que les mêmes anxieux tremblaient à l'idée du "Bug de l'an 2000", entre autres chambardements apocalyptiques qu'ils redoutaient (comme la mort de La Poste à cause des mails #LOL), j’ai vu dans le NET, une formidable opportunité de connaissance, d’autoformation et d’action, à condition justement de demeurer actif.
Aussi, je vois l’IA de la même façon, en commençant par me demander de quelle catégorie d’IA on parle et pour quoi faire. Aussi sérions un chouïa tout ça.
- IA et éducation : je dois vous avouer que je me gausse sans retenue de ces bolosses de profs qui pleurnichent devant la possibilité de triche offerte aux élèves avec ChatGPT. Quel manque d’imagination ! A leur place, je privilégierais fissa, non plus les devoirs à la maison, mais ceux sur table. On verrait très vite qui écrit quoi. Mais ces feignasses craignent peut-être d’avoir plus de copies à corriger qu’avant.
Plus sérieusement, je suis totalement d’accord avec Monsieur Chan Chun Sing, le ministre de l’éducation de Singapour (pays en pointe de l’IA), notamment lorsqu’il utilise la métaphore suivante : « l’IA c’est comme la calculatrice ; or avant de laisser les élèves utiliser une calculette, on leur apprend à compter et à calculer ».
Exactement ! Il faudra par conséquent donner aux élèves un bagage culturel suffisant, leur apprendre à penser avec rigueur, contextualiser, critiquer les sources, sans oublier de stimuler leur créativité propre, puis de leur apprendre à utiliser l’IA (questionner un sujet sous des angles différents, pousser leurs recherches, synthétiser avec leur propre discernement etc.), seuls moyens de transformer l’IA en outil d’autoformation satisfaisant.
- IA et information : comme je le disais plus haut, lorsque Internet s’est offert à nous, j’y ai vu non seulement un moyen d’accès au savoir planétaire mais surtout un moyen de quitter la bulle médiatique franchouillarde. Des articles du monde entier étaient disponibles sous des lignes éditoriales aussi diverses qu’assumées. Cela a nourri ma propre capacité d’analyse et m’a obligé au passage à faire des progrès en anglais. Grâce à mes bagages linguistiques, j’ai d’ailleurs pu voir les différences de traitement de divers sujets sur Wikipédia, que les articles soient rédigés en français, en anglais ou d’autres langues.
Je vois ChatGPT de la même façon. ChatGPT c’est Google avec des propositions de réponses en plus. D’ailleurs niveau réponses, outre l’aspect un brin politiquement correct des répliques de ChatGPT, la qualité de la réponse dépend surtout de la qualité des questions. Et tout comme pour Wikipédia, celles-ci restent pour moi, surtout une invitation à approfondir des sujets.
- IA et médias : « Ouh-la-la ! attention aux fake-news » nous serinent des journalistes. Faites-moi rire. Cette fois-ci nos guignols-de-l’info auront au moins une bonne excuse lorsqu’ils raconteront n’importe quoi. Encore que. Peut-être qu’ils se mettront enfin à la vérification des sources et des faits. Ils pourront se la jouer un peu en montrant à quel point l’IA s’est plantée. Ce qui sera très bon pour leur narcissisme.
- IA et politique : bonne nouvelle ! vu la frousse que leur fiche l’IA, je sens que cela poussera, très sagement, nos politicards à se passer des systèmes de vote électronique et à garder nos scrutins traditionnels. Comme quoi, sur certains points, "y’a bon tradition" ! Surtout dans les temples sacrés de la Démocratie.
Pour le reste, cela fait des décennies que nos gouvernants utilisent des aides électroniques à la décision politique. Si ça peut les aider à faire moins de conneries…
- IA et électronique : en parlant d’électronique et de piratage ; certes l’IA favorisera le piratage, mais comme l’IA permettra également de mieux lutter contre icelui, j’y vois surtout un gain en matière d’intelligence et d’expérience offensive comme défensive (il en va ainsi depuis la découverte du gourdin ou du silex taillé).
- IA et militaire : en matière militaire, d’aucuns craignent le « point de singularité technologique », ce moment où les machines (notamment) militaires seront plus intelligents que les hommes. Oui certes. Mais m’est avis que tout comme pour la très singulière menace nucléaire, cette nouvelle peur d’anéantissement mutuel, poussera les dirigeants de notre jolie petite planète à adopter de nouveaux garde-fous, à redécouvrir certaines vertus de la compartimentation, tout en favorisant la coopération selon cette règle voulant que plus l’homme flippe et plus il est tenté de coopérer.
- IA et espace : youpi ! L’Intelligence Auxiliaire va nous permettre de faire des bonds titanesques en matière de conquête spatiale : pour la conception des vaisseaux, les systèmes de propulsion, le calcul de trajectoire, la conception et installation des bases spatiales. On pourra embarquer des modules médicaux qui pourront diagnostiquer et opérer. Couplée à l’impression 3D, grâce à l’IA, on pourra construire presque tout le nécessaire sur place. Et ce n’est qu’un début. Attendez voir les modules robotisés d’exploitation des ressources spatiales.
- IA et économie : histoire de revenir à des questions plus terre-à-terre, « syndrome de l’allumeur de réverbères » oblige, qu’en sera-t-il des métiers de demain ?
L’humilité toute humaine, ainsi que le recul historique, devrait nous obliger à dire « on verra bien ». Toutefois, tout comme la robotisation dans l’industrie a permis de produire plus vite et mieux, tout en préservant bien mieux la santé du travailleur, et en générant des métiers à plus haute valeur ajoutée, il est fort à parier qu’il en ira de même avec la robotisation logarithmique d’une partie du secteur tertiaire.
Je vois d’ici toutes les tâches administratives, bureaucratiques, aussi rébarbatives que peu stimulantes intellectuellement, exécutées à vitesse de processeur par l’IA, laissant plus de temps à l’humain pour l’examen du fond, la recherche des choix les plus judicieux, le contrôle qualité etc.
Imaginez la vitesse de traitement d’un dossier dans un cabinet comptable, d’avocat, dans une administration, dans la traduction d’actes ou d’œuvres etc. Imaginez le nombre de dossiers qui pourront être traités en plus, en mieux, et donc la valeur ajoutée ainsi générée.
Imaginez les archives du monde entier scannées et reliées à l’IA. Imaginez les rapports et études « brutes », « objectives », en tout cas moins polluées par les immatures biais cognitifs d’étudiants gauchistes en thèse wokiste de ceci-cela, que l’on pourra commander, mais aussi celles que l’on pourra produire, nous-mêmes dans notre salon, sous tous les angles problématiques que l’on souhaitera.
Imaginez un projet d’urbanisme, planifié et budgété en quelques semaines, là où il fallait des mois, les plans pondus en quelques heures, permettant plus d’échanges sur ceux-ci, entre tous les acteurs humains du projet.
Imaginez le nombre de bouquins qu’un « porte-plume » de nos célèbres piliers de comptoir médiatique, pourra pondre en plus ; ou encore le nombre de scénarios capillotractés que nos plateformes pisse-séries pourront produire, sans avoir recours à des équipes de scénaristes sous drogues.
Imaginez enfin, ce magnifique label qui ne manquera pas de germer un jour dans la tête d’un politicien ou technocrate français : "100% human product", "Made by Human". Soutenez nos artistes et producteurs humains en achetant du "100% humain". J'en rigole déjà.
Bref, imaginez, imaginez ; malgré les risques, je n’arrête pas d’imaginer, surtout le meilleur, tout ce qui nous simplifiera la vie et nous aidera à l'embellir...
En conclusion, je soulignerai le fait que, tout comme pour les précédentes avancées en matière de transmission des connaissances, il y aura toujours deux catégories d’hominidés. Ceux qui abreuveront de données et découvertes les nouveaux outils humains de l’intelligence et qui s’en serviront pour s’upgrader en permanence (questionnant le savoir, se posant de nouvelles énigmes, explorant de nouveaux chemins etc.), et la masse brouteuse qui restera dans la culture passive, tout comme elle l’était déjà devant le Net, la télé, les journaux, les livres, la transmission orale etc. #DanseAvecLesGnous
Pour ma part, j’espère que cette intelligence Auxiliaire ou Amplificatrice aidera notre espèce à mieux se propulser à travers l’infini et au-delà.
Quant
aux pessimistes, qu’ils se rassurent. Comme le disait George Bernard Shaw "les optimistes comme les pessimiste contribuent à la société ; l'optimiste invente l'avion, le pessimiste le parachute". En espérant
que les pessimistes de l’IA daignent se montrer inventifs
au lieu de demeurer stérilement anxieux. Restons optimistes...
Buzz Sil l’éclair