mercredi 30 novembre 2016

Bons Baisers d’Istanbul (2/3)


Plagiat de scène de film ou presque. C’est le milieu de la nuit et je me réveille avec des « Allahu Akbar » qui me traversent le corps. Ils proviennent de l’appel à la prière du muezzin de la Grande Mosquée Bleue. Notre hôtel se trouve à quelques dizaines de mètres et par conséquent son appel résonne en dolby surround dans notre chambre. Un bref instant, je revis la scène de OSS 117 «Le  Caire nid d’espions » dans laquelle Jean Dujardin décide de s’en aller couper le micro du muezzin. Je lève la tête. Mon Ottomane répond à l’appel en priant dans le lit. Me voyant émerger tout ébouriffé, elle me caresse le crâne en me disant « rendors-moi mon cœur ». Je me rendors. Puis c’est moi qui la réveille façon appel vibrionnant. Sans doute l’expression d’une revanche à prendre sur le minaret d’à côté.

En début d’après-midi, lorsque nous partirons à la conquête d’Istanbul, nous assisterons carrément à un battle-muezzin entre celui de la Mosquée Bleue et celui de la Basilique Sainte-Sophie. Il y aura presque un côté rigolo genre « This is the Voice ! ».

Ah ! La Mosquée Bleue ! Aux décorations intérieures aussi sublimes qu’épurées faites pour élever l’âme, bien plus efficacement, à mon gout, que celles du blockhaus iconographique qu’est la Chapelle Sixtine. Un lieu où règne également une très grande tolérance. Pour preuve, la touriste allemande peut se permettre d’y entrer non voilée sans se faire rappeler à l’ordre.

Quant à Sainte Sophie ! Mon Dieu ! Quinze siècles et toujours là, majestueuse, tout comme d’autres monuments romains telle que la basilique Citerne et son incroyable labyrinthe aquatique dans lequel on s’attend voir débouler à tout moment un Minotaure ou une Gorgone. Gorgone dont nous finirons par trouver la tête sous un pilier de la Basilique.

Quelles merveilles ! Je me surprends à remercier les Turcs de les avoir si bien préservés. Je me dis même que l’on ressent l’ancienne puissance romaine bien mieux ici dans « La Cité », sens premier d’Istanbul, qu’à Rome dans laquelle les ruines du « Foro romano » m’ont offert un sentiment de désolation. Perso j’aurais rebâti tout ça à l’identique pour faire revivre la splendeur passée…


lundi 28 novembre 2016

Bons Baisers d’Istanbul (1/3)


En cette fin de novembre, notre avion est en approche de l’aéroport Atatürk. Ma belle Ottomane m’embarque à Istanbul. Cette cité me fascine depuis des années. Je rêve d’y aller tout en avouant un apriori pas très positif de par mon contentieux avec les Turcs au sujet du génocide des Arméniens, mais aussi du fait de l’islamisation galopante de la Turquie d’Erdogan.

Nous débarquons de l’avion au petit matin, prenons le métro jusqu’à la station Zeytinburnu, quittons la rame et nous dirigeons vers le quai du tramway qui nous mènera au centre-ville. En plus de l’aspect pratique, je remarque que  les équipements du Tram sont aussi flambants neufs que ceux du métro. Je jette un œil sur les passagers présents dans la rame au sein de laquelle nous grimpons. Il s’agit en  grande partie de travailleurs s'en allant vers le centre-ville et finissant leur nuit au rythme des balancements du tram.

En balayant la rame du regard je remarque plus particulièrement, derrière nous, un jeune homme qui somnole contre la vitre à côté duquel se trouve assis un vieux travailleur d’une soixantaine d’années, pas mal usé par toute une vie de dur labeur. Nos regards se croisent. A cet instant, il tapote sur l’épaule du jeune type à côté de lui, lui demande de se lever, se lève lui aussi et vient vers moi. Il plonge ses yeux dans les miens et nous invite, mon Ottomane et moi, à aller nous assoir à leur place.

Interminable moment de solitude. En fixant son regard, certes fatigué mais extraordinairement chargé de dignité pour ne pas dire noblesse, je comprends très vite qu’il s’agit là d’une marque d’hospitalité accordée à des touristes. Il n’empêche que nous voilà gênés au point qu’une fraction de seconde, j’hésite à décliner l’offre avant de me raviser. C’eut été l’insulter. J’accepte en le remerciant et je rassure ma princesse Ottomane en lui disant que visiblement ce vieux Stambouliote a reconnu  chez elle la descendante de Bey. J’en profite pour échanger quelques mots et optimiser ma prononciation du turc. J’imagine également, en rigolant intérieurement, comme il serait truculent de voir nos Parigots, faisant perpétuellement la gueule, céder leur place aux touristes dans le métro.

Premier contact avec Istanbul où notre séjour sera ponctué d’autres instants magiques de cet ordre, de rencontres chargées de civilité, un peu comme si les Stambouliotes se vivaient en tant que représentants d’une succession de civilisations. Toutes choses qui feront en sorte que le jour du départ, assis là, sur un banc de la place Sultanahmet, à mi-chemin entre la Mosquée Bleue et la Basilique Sainte-Sophie, je serai pris, en mangeant ma petite brioche au sésame, d’une très choupinette mélancolie.

mercredi 23 novembre 2016

Ce soir là à Reims


 Lorsque je contemple une telle magnificence architecturale, 
réalisée au Moyen-Age avec des moyens quasi préhistoriques, 
je me dis que ce n'est pas possible, 
la CIA nous cache des choses, 
seuls des Extraterrestres ont pu réaliser une merveille pareille :-) 
 


mercredi 16 novembre 2016

Mon 13 Novembre 2015 en Israël (4/4)


Dimanche 15 novembre, 20h30, aéroport Ben Gourion. Après avoir pris le train qui relie Tel Aviv à l’aéroport, et avoir constaté que les entrées en gare sont munies, elles aussi, de portiques de sécurité à rayon-X sans que cela ne gêne le trafic passager, puis passé par les fouilles de sécurité de l’aéroport, elles aussi particulièrement approfondies, je me retrouve devant mon dernier falafel du séjour du côté de l’espace restauration. Mon vol Arkia a du retard. Je préfère cela au fait qu’il soit parti en avance sans me prévenir comme à l’allée.

Je pense à mon séjour, à ma joie d’avoir vu Dod Z et tante Belle, mais aussi à la triste ironie d’avoir vu depuis Israël mon pays frappé en plein cœur. Ça me rend malade. Je veux être à Paris. J’en ai besoin. D’ailleurs bien que travaillant demain matin, au lieu de rentrer directement chez moi, je me dis qu’il faut que j’aille marcher dans ma cité.

L’avion arrive un peu avant 3 heures du matin à Roissy. A cette heure-ci, l’attente devant la station taxi de l’aéroport s’annonce particulièrement longue. Par chance, un bus de nuit s’apprête à partir direction Paris gare du Nord. J'opte pour ce trajet. A bord du bus, cinq passagers dont moi en plus du chauffeur. Aux habits, il s’agit de quatre travailleurs de l’aéroport, deux maghrébins et deux africains qui rentrent du travail. Le chauffeur est lui aussi maghrébin. La radio est allumée. Les attentats y sont commentés. Tous écoutent les commentaires de façon quasi hypnotique, sans trop y croire. Je me dis qu’ils vont finir par réagir et apporter leurs propres commentaires que je suis curieux d’écouter, mais non. Silence dans les rangs.

Le trajet est assez rapide et je me retrouve assez vite du côté de la Gare du Nord. Je décide alors de traverser ma ville à pied avec mon sac à dos, comme dans ces processions rituelles antiques à Athènes, afin d’en prendre possession, comme si je souhaitais la laver avec mes pas de la souillure de ces démons. Paris est quasi désert. Je ne croise pour ainsi dire personne. Seules des voitures de police, sirènes hurlantes, croisent mon chemin dans la nuit.

Ma douce Paris, comment ces salauds ont-ils pu oser ? Une heure et demie plus tard je suis chez moi. Je tombe comme une masse. Cette marche m’aidera toutefois à dormir trois heures d’affilé. Je me lève et je repars au boulot.

Dans la journée, je contacterai le siège de la compagnie El Al à Paris pour leur demander comment ou quand récupérer mon appareil photo resté dans leurs locaux de Roissy. Ils m’expliquent que le stand n’est pas forcément ouvert en journée et qu’il n’est en service que lorsqu’il y a un vol de programmé. Je leur demande quand aura lieu le prochain. Ils me répondent qu’il y en a un de prévu ce lundi soir.

Après ma journée de travail,  je repars direction Roissy. Une fois là-bas, me voilà dans les couloirs de l’aérogare 2A. Et là, surprise. Je n’ai pas fini d’approcher du stand El Al que David me reconnait de loin, appelle Deborah et Rachel et se dirige vers moi presque en courant.

« Monsieur Sil, comment allez-vous ? Comment s’est passé votre séjour ? » me demande David tout en me serrant chaleureusement la main. Je réponds que si ces putains de nazis de l’islam n’avaient pas attaqué Paris, j’en garderais un meilleur souvenir. David me dit « et bien vous voyez qu’on est bien plus en sécurité en Israël qu’à Paris ! ». Je ne réponds pas. Je baisse les yeux et je me dis intérieurement que c’est un peu trop tôt pour de l’humour cathartique juif.

Tout en reprenant mon appareil photo, vu que les passagers du futur vol ne sont pas encore là, on discute un peu, notamment avec la belle Rachel qui parle parfaitement français mais qui m’avait interrogé en anglais pour mieux essayer de me déstabiliser. Elle a souligné ses lèvres d’un très joli rouge à lèvres pourpre. Voilà qui est tout aussi déstabilisant. Dieu d’Israël ce qu’elle est belle !

Avant de repartir, David propose que l’on fasse une photo tous ensemble. J’accepte bien volontiers. Aussi professionnels que sympas, voilà ce qu’ils sont. Je les salue une dernière fois et leur fais la promesse de ne voler dorénavant qu’avec la compagnie El Al.

Retour vers mon Paris traumatisé…


lundi 14 novembre 2016

Mon 13 Novembre 2015 en Israël (3/4)


Banlieue de Tel Aviv, samedi 14 novembre, 6 heures 30 du matin. Je revois encore la scène comme si c’était hier. Je me vois me dresser dans le lit en mode ressort avec Dod Z dans l’embrasure de la porte de la chambre où je dors, le visage stupéfait qui crie « Sil ! Viens vite voir ! Ils ont attaqué Paris ! Il y aurait 200 morts ! ». Je me vois sauter du lit, le palpitant en mode techno-transe puis me diriger vers la télé. Je m’assois sur le canapé et je reste là, comme si je dormais encore, subissant les images des attaques du Bataclan qui passent à l’écran. C’est un putain de cauchemar ! Dod Z me sert une tasse de café.

Nous zappons sur le bouquet international afin de recueillir le maximum d’informations possibles. Je me rends compte que les chaines israéliennes sont celles qui fournissent le plus d’informations et d’images sur les attaques d’hier soir à Paris. Les chaines françaises étant celles qui en diffusent le moins. Cela en est pitoyable de cécité et de commentaires. Seul Mohamed Sifaoui offre des analyses intéressantes sur le plateau télé occupé par nos habituels lemmings-jacasseurs-institutionnels. Nous parcourrons, pendant plus d’une heure, nos sites d’informations habituels. Le verdict est clair. Un commando islamonazi a frappé Paris. Parallèlement, nous vérifions via facebook et autres moyens, si nos proches vont bien.

Quelle ironie ! J’assiste depuis Israël aux résultats de l’attaque terroriste la plus meurtrière sur mon pays et ma ville. Intérieurement, je suis d’humeur hulkienne. Il faut que j’aie battre le pavé. Dod Z se propose de me laisser en ville puis de se retrouver en début de soirée. Il souhaite m’emmener voir une manif de gauche qui doit avoir lieu place Habima vers 19 heures.

Nous partons. Je descends de la voiture en face du siège de l’État-major et me dirige tout d’abord au hasard. Je finis par arriver sur l’un des oasis de quiétude de Tel Aviv, le quartier de Sarona, avec ses jardins publics et ses anciennes maisons de la colonie des templiers allemands installés là à la fin du 19e siècle, devenues de jolies échoppes et des petits restaurants. En ce samedi matin ensoleillé, des familles s’y promènent ou font jouer leurs enfants dans les aires de jeux. 

Je me dirige vers la place Habima où aura lieu la manifestation de ce soir, me promène dans ses jardins suspendus, puis remonte le boulevard Rothschild encadré de vieilles demeures style bauhauss et d’immeubles de haut standing beaucoup plus actuels. Je le remonte par son parterre central verdoyant où de jeunes bourgeois du quartier font leur jogging et où de moins jeunes habitantes discutent assises à la fraiche sur des bancs. Dans ma remontée, je croise la statue de Meir Dizingof sur son cheval, le premier maire de Tel Aviv, puis un kiosque à café en trouvant l’idée géniale. Non loin se trouve un autre concept intéressant. « Peace to the World ». C’est le nom d’un lieu culturel. Dommage que ce concept demeure totalement étranger à beaucoup de monde, à commencer  par les ennemis d’Israël, et tous ceux qui refusent de laisser ce peuple multimillénaire vivre enfin tranquille sur son petit bout de terre. 


Me voilà au bout du boulevard Rothschild. Je m’engage alors dans l’un des premiers quartiers de la future Tel Aviv. Neve Tsedek, sorte « de village en ville », constitué de ruelles étroites et de petites maisons peuplées de bobos et autres membres de la riche bourgeoisie culturelle telavivienne. Je prends plaisir à déambuler dans ce dédale, parfumé de senteurs méditerranéennes, croisant touristes, chanteurs de rue, et quelques graffitis intéressants. Je sors de ce labyrinthe du côté de HaTahana, du nom de l’ancienne gare ferroviaire de Jaffa, désaffectée puis rénovée en quartier « lounge » fait de petits bars et autres restaurants à l’ambiance détente particulièrement remarquable, où nous étions venus avec Dod Z la veille en début de soirée.

Puis viennent les portes de Jaffa, symbolisée par la vieille tour de l’horloge. Jaffa la belle, la magnifique vieille ville portuaire à l’histoire multimillénaire. J’y navigue entre jardins et ruelles à l’abri de murailles ; églises et mosquées ; touristes avec qui on échange sourires, mots et prises de vue photographiques (c’est tout de même plus sympa qu’un selfie) ; juifs, arabes ; sans oublier une cérémonie de mariage d’israélites éthiopiens aux habits colorés. Je finis sur le vieux port qui offre, non seulement un cadre plaisant, mais aussi de très jolis points de vue sur Tel-Aviv. 

Je décide de longer les quais en direction des plages de Tel-Aviv. Je dépasse la mosquée Al-Bahr et arrive sur le remblai des premières plages sud. C’est à cet instant que résonne l’appel à la prière depuis le minaret de la mosquée Al-Bahr. Tout d’abord surpris, je finis par me dire, « ah c’est donc ça le fameux apartheid en Israël, celui qui fait que les musulmans peuvent lancer librement des appels à la prière depuis leurs mosquées ». Puis je constate que la voix du muezzin est bien juvénile. Je me marre en me disant qu’étant donné que le minaret donne sur les premières plages, sur le sable desquelles bronzent de magnifiques naïades israéliennes, le muezzin a dû demander à son fils d’effectuer l’appel au micro pendant qu’il reluque de bien jolies sirènes.

En continuant de marcher, je remarque qu’au lieu de répondre à l’appel à la prière, des familles arabes aux femmes hijabisées s’en vont tranquillement vers la plage pendant que leurs gosses profitent des pistes cyclables sur le front de mer. Apartheid ! Mort de rire ! En cette mi-novembre, il fait pas loin de 28 degrés, et effectivement, c’est plus un temps à lézarder sur une serviette de plage qu’à frotter son crâne sur un tapis à prière.

L’ambiance est vraiment à la douceur de vivre. On bronze, on sirote des cocktails, on fait du sport, on joue de la raquette de plage par dizaines, ce qui donne une ambiance sonore aussi truculente que caractéristique des plages de Tel Aviv. Certes, on sent bien que les gens sont vigilants, qu’ils ont des réflexes visuels et autres de protection mais rien de paranoïaque, juste de la prudence tranquille, ce qui chez ces angoissés de juifs est presque étonnant. C’est en faisant ces constats tout le long de la plage jusqu’au port de Tel Aviv, situé au nord de la ville, que je prends conscience du flegme israélien. Une observation dont il n’avait pas forcément conscience mais qui parlera très bien à Dod Z lorsque je lui en ferais la remarque. 

Comme convenu, je le retrouve chez lui vers 18 heures. Le temps de se poser un peu et de discuter un brin, nous repartons vers la place Habima. Après moult galères, nous trouvons un parking privé où se garer dans une rue parallèle au boulevard Rothschild. 

J’observe que l’organisation de la manifestation est efficiente et que la gestion de la foule par les forces de sécurité est aussi discrète qu’efficace. La masse des manifestants est constituée de gentils gauchistes protestant contre l’accaparement par les oligarques proches de Netanyahou des récentes découvertes d’hydrocarbures au large d’Israël. L’ambiance est bon enfant. Tous les âges sont représentés. Différents milieux sociaux également. Ça chante, joue et scande du slogan. 

Je suis tout à mes observations lorsque Dod Z me tapote l’épaule et m’indique de regarder discrètement derrière moi. Vindiou de vindiou ! Je ne comprendrai jamais les femmes ! 

Derrière moi se tient un couple de jeunes gauchos. Elle, le type même de la déesse juive, mélange de Gal Gadot et  Angelina Jolie en version gothique. Brune jusqu’au vernis des ongles, les cheveux longs, de magnifiques yeux clairs, fuselée comme une Wonder Woman. Lui, l’épave gauchiste dans toute sa piteuse splendeur. Petit, tatoué de partout, ressemblant à rien, affublé d’une dégaine de branleur, mais visiblement apte à tirer la poussette qui porte le bébé du couple. Vindiou de vindiou ! 

Après un dernier tour dans la foule, on s’en va diner dans un très charmant restaurant italien du boulevard Rothschild. Alors que j’admire le sourire et les yeux de la serveuse qui nous apporte nos plats, Dod Z reçoit une alerte sur son portable lui indiquant qu’un rassemblement en hommage aux victimes des attaques de Paris a lieu en ce moment devant la mairie de Tel-Aviv. On se décide à accélérer le rythme du repas histoire de nous rendre au rassemblement sans toutefois faire l’impasse sur leur tiramisu particulièrement goûtu. 

Malheureusement nous arriverons trop tard pour chanter la Marseillaise devant la mairie, mais suffisamment tôt pour voir le siège de la municipalité aux couleurs françaises…


dimanche 13 novembre 2016

Mon 13 Novembre 2015 en Israël (2/4)


Vendredi 13 novembre 2015. 6 heures du matin. Je suis à Ben Gourion. Après avoir quitté l’avion et avoir répondu à deux trois questions de l’officier de l’immigration, reçu mon visa d’entrée, je suis l'un des premiers passagers devant le tapis de réception des bagages. Je suis pressé.

Surprise ! Mon sac à dos est le premier bagage à se retrouver gerbé sur le tapis. Je le réceptionne et l’ouvre pour voir si tout est OK à l’intérieur. Je pense comprendre, alors, un peu mieux certaines réactions de David et Salomon. Mon sac a été intégralement fouillé. Passé ce constat, j’imagine la tête qu’ils ont dû faire devant mon pingouin Ulis en peluche et la petite fée Clochette que mes filles glissent toujours dans la plus petite poche de mon sac, histoire de me porter chance lors de mes voyages.

Je me dirige, toujours aussi pressé, vers l’aire de stationnement des « sherout », les taxis collectifs. Je dois me rendre à Jérusalem et j’ai une heure de retard sur le programme initial. D’autant plus pressé qu’il me faudra quitter Jérusalem pour Tel Aviv par l’un des derniers bus avant que le service routier ne s’interrompe pour Shabbat. Un sherout est sur le point de partir. Je règle les 60 shekels (12 euros) pour la course. Et c’est parti mon kiki… 

Je suis assis au deuxième rang derrière le chauffeur. Devant moi, un couple de touristes américains et une française juive d’une cinquantaine d’années ayant tout de la bourgeoise parisienne faisant le saut à Jérusalem pour le weekend. Le sherout avale l’asphalte des infrastructures routières en croissance permanente. Des massifs forestiers défilent sur les côtés. Puis nous voilà arrivant dans la banlieue de Jérusalem. Le taxi dépose les premiers passagers dans un quartier où des pancartes d’accueil en espagnol, visiblement adressées à la communauté juive sud-américaine, ponctuent le paysage urbain.

Au tour de la bourgeoise parisienne maintenant. Avant de déposer tous les autres passagers à la gare routière, le sherout doit en effet laisser notre Géraldine au pied d’un hôtel. Mais il y a un problème. Du fait de travaux de voirie, le chauffeur signifie à notre parisienne qu’il ne va pas pouvoir la déposer en bas de l’hôtel, faute de se trouver dans le sens de la marche du taxi, mais sur le trottoir en face de son hôtel. Madame manifeste son mécontentement. Elle ne veut pas traverser l’avenue avec ses bagages. Le conducteur lui signifie qu’il lui faudrait effectuer un grand détour pour la déposer au pied de l’hôtel. Oubliant toutes ses bonnes manières parisiennes, vociférant dans un mélange d’hébreu et de français, la Géraldine pète un scandale. Le couple de touristes américains rigole discrètement en se disant « ah les Françaises ». Le chauffeur du sherout explique impassible qu’il ne peut pas faire autrement et s’arrête face à l’hôtel, de l’autre côté de l’avenue. Géraldine vocifère de plus belle, telle une môme dont on n’aurait pas satisfait le tout dernier caprice. Un malaise s’installe dans le sherout. Un jeune homme, à l’arrière du sherout se propose d’aider notre Géraldine à porter ses affaires jusqu’au pied de l’hôtel. Géraldine se calme immédiatement.  Ravie, elle suit ce brave jeune David qui l’aide à porter ses bagages. David revient en courant. Nous pouvons repartir. Quelques minutes plus tard, nous voilà à la gare routière de Jérusalem.

Je remonte l’avenue de Jaffa à pied en direction de la vieille ville. Il fait particulièrement beau et doux en ce mois de novembre. Le ciel est d'un bleu flamboyant. En marchant, je reconnais la vitrine du salon de coiffure devant lequel une tentative d’attentat au couteau avait eu lieu sur des passants quelques jours auparavant. Le gérant était sorti de son salon et avait neutralisé l’un des assaillants avec une chaise, pendant que l’autre jeune terroriste arabe, sacrifié lui aussi sur l’autel du nationalisme antisémite arabo-islamique, se faisait abattre par un israélien armé.

Avant de faire un crochet par le marché « Mahane Yehouda »,  je passe sous les lampadaires coquelicots de la place Valero. Les pétales se soulèvent sous mon passage. Ça me fait rire. Je file derechef. Après plusieurs centaines de mètres, je rentre dans la vieille ville de Jérusalem par la Porte de Jaffa et me dirige vers les pavés de la rue de David, direction l’esplanade du Mur Occidental du Mont du Temple, mieux connu en France sous l’appellation de l’esplanade du Mur des Lamentations. C’est là que failli se terminer mon périple. A peine j'emprunte les premiers pavés de la rue de David, jalonnée d’échoppes tenues par des arabes israéliens, que je dérape. Les pavés sont particulièrement glissants. Heureusement que je me rattrape à temps. L’idée de finir la tête dans la vitrine d’un magasin de souvenirs ne me plaisait pas plus que ça, sans oublier les titres des journaux que cela n’aurait pas manqué de produire : « sioniste intégriste français vandalise une échoppe palestinienne dans la vieille ville de Jérusalem AFP ».

Je dévale donc la rue de David, en faisant un peu plus attention, pas tant aux terroristes éventuels, qu’aux pavés glissants. Je croise quelques soldats en faction et je remarque que les marchands arabes semblent bien plus inquiets par l’absence de touristes générée par la récente vague d’attaques au couteau que par « l’oppression sioniste ».

Je m’emmêle un peu les pinceaux routiers dans les dédales du vieux souk, où des marchands désœuvrés devisent entre eux,  mais je finis par trouver l’entrée de l’esplanade du Mur Occidental. Il y a un portique de sécurité. Le soldat est un peu surpris de me voir avec un gros sac à dos, m’examine attentivement, passe mon sac aux rayons X, puis me laisse passer.

Séquence émotion. Me voilà au Kotel, sur l’esplanade du Mur Occidental du Mont du Temple. J’observe la foule présente. Il y a de tout, du juif, du chrétien, comme du musulman. Une très grande tolérance règne en ce lieu. Toute personne peut s’approcher du Saint des saints du monde spirituel juif. Chacun peut y célébrer sa foi comme il l’entend. Aussi bien en silence qu’en chantant. Personne ne juge qui que ce soit. Chacun est pris dans son dialogue personnel avec le Sacré. Nulle part ailleurs je n’ai perçu cela. Ce lieu est réellement unique.

Je quitte le Kotel particulièrement ému. « L’an prochain à Jérusalem », pour moi, c’est fait. J’effectue un passage par le Saint-Sépulcre quasi déserté par le tourisme, puis par le siège du patriarcat arménien. Je quitte la vieille ville, dépose ma très attendue carte postale dans la boite aux lettres, et reprends fissa l’avenue de Jaffa dans l’autre sens direction la gare routière. Il faut que je me presse avant que les rideaux ne tombent pour shabbat.

La Gare routière se situe, en fait, dans un centre commercial de 7 étages. Au rez-de-chaussée se trouvent deux portes d’entrées munies de portiques à rayon X. Ces systèmes n’empêchent pas la fluidité des allées et venues dans le complexe, ce qui me fait dire qu’ils sont donc facilement adaptables à toutes gares et autres sites sensibles. Je prends la mesure du complexe tout en gravissant les escalators vers le 4e étage.

Il est 13 heures. Dans une heure, les services de transports devraient cesser de fonctionner. Je me dirige vers un guichet et demande un trajet pour Tel Aviv. La guichetière m’annonce le prix : 19 shekels soit 5 euros. Le faible coût des transports publics en Israël m’étonnera toujours. Je prends mon billet et me dirige vers la plateforme numéro 15, d’où partent les bus pour Tel Aviv. Je fais la queue comme tous ces jeunes gens qui souhaitent quitter Jérusalem la religieuse pour Tel Aviv la fêtarde. Un bus part toutes les dix minutes. Je finis par prendre place à bord du mien. Un vieux bus qui fonce sur Tel Aviv.

Une heure plus tard, j’y suis. Changement de décor. Autant Jérusalem sent la prière. Autant Tel Aviv transpire la vie. Celle d’une ville au niveau de vie ibérique mais au dynamisme et au développement  économique beaucoup plus appuyé. Je suis bien là !

Je contacte Dod Z pour lui dire que je suis bien arrivé à Tel Aviv et que je me dirige du côté de chez lui, dans la banlieue tranquille de Ramat Gan. J’y arrive enfin vers 15 heures. Ce que je peux être content de les voir, lui et tante Belle. Après les embrassades d’usage, la remise du ballotin de chocolats demeuré intact, je dépose mon paquetage, prends une bonne douche et me prépare pour une première sortie. Histoire de laisser tante Belle préparer tranquillement le repas de shabbat, Dod Z m’emmène du côté de la vieille gare ferroviaire de Jaffa. L’endroit est absolument charmant. Des petits bars ou restaurants sont l’un des cadres idéaux de la dolce vita Telavivienne.

Repas de shabbat. Nous discutons de choses et d’autres. Puis la conversation se fait plus politique. Paradoxalement, la situation en France les inquiète plus que celle en Israël. Je suis bien d’accord avec eux. Je leur dis qu’étonnamment, je me sentais bien plus en sécurité à Jérusalem, malgré les dizaines d’attaques, entouré de gens calmes en mesure de réagir, qu’en France, entouré de lapins aux yeux pris dans les phares du 4x4 de l’Histoire, n’ayant toujours pas pris la mesure de la lame de fond qui menace nos sociétés. Ils voient parfaitement ce que je veux dire. Je leur fait part de mon pessimisme. Au vu de la fatigue du voyage et du périple de la journée, je décide de me coucher assez tôt.

Nous sommes le 13 novembre 2015. Il est 22 heures à Tel Aviv,  21 heures à Paris. Dans 20 minutes, les attentats du 13 novembre auront lieu.

samedi 12 novembre 2016

Mon 13 Novembre 2015 en Israël (1/4)


Jeudi 12 novembre 2015. Il est 20h30. Mon vol pour Ben Gourion est à 23h10. J’arrive suffisamment à  l’avance au Terminal 3 de Roissy en me disant que les contrôles de sécurité seront particulièrement longs par ces temps de folie terroriste. En cherchant les informations sur mon vol, je remarque qu’il n’est pas affiché. Je demande aux charmantes hôtesses du comptoir « informations » s’il est normal que le vol de la compagnie Arkia ne figure pas sur le panneau d’affichage. Celles-ci, très aimablement, vérifient l'état de ma réservation effectuée via Last-minute. Tout leur semble établi en bonne et due forme. Après des recherches complémentaires, elles apprennent que mon vol aurait décollé en début d’après-midi. Je découvre donc que mon vol est parti sans que la compagnie Arkia ni l’agence Last-Minute m’en informent.

Me voilà tout contrarié. Je suis attendu à Tel-Aviv et je dois passer avant ça par Jérusalem. Je leur demande s’il y a d’autres vols de prévus ce soir pour Ben Gourion. Toujours aussi aimablement, elles se renseignent et m’indiquent qu’il y a un vol Air France et un vol El Al pour Ben Gourion ce soir autour de 23h30, et qu’il y a des places disponibles. Le Terminal Air France est le plus proche. Je fonce avec mon sac à dos vers celui-ci. Une fois devant le comptoir, je demande le prix du vol. Il est exorbitant. Je décline l’offre en souriant. Me voilà courant de nouveau avec mon sac à dos dans les couloirs de Roissy direction le Terminal 2A. Je croise des militaires que ma course, sac-à-dos, n’inquiète pas plus que ça. A leur place j’aurais sans doute été sur le qui-vive.

Au bout du Terminal 2, j’arrive enfin au comptoir d’El Al. Je pose mon sac à terre. Je suis en sueur. L’un des membres de la gendarmerie mobile en faction à l’entrée de la zone El Al me scanne du regard. Quoi de plus normal. J’explique ma mésaventure à l’hôtesse d’El Al. Celle-ci m’indique que je ne suis pas le seul dans ce cas et que d’autre passagers Arkia sont pris en charge par El Al. Voilà une bonne nouvelle. Elle se renseigne auprès du siège pour vérifier si je fais partie de la liste. Après 30 minutes d’attente elle m’indique que ce n’est pas le cas. Zut ! Je lui demande le prix de l’aller pour Israël. Il est autrement plus raisonnable que celui d’Air France. Je prends un aller vu que le retour d’Arkia que je dois prendre est confirmé sur les fichiers de l’aéroport. Me voilà rassuré. Je vais pouvoir partir comme prévu. Or c’est là que l’aventure commence.

Un employé d’El Al, pas très grand, gaillard, à la mine sympathique, et que l’on appellera David, me demande mon passeport pour vérifications. Je lui tends bien volontiers et attends un peu en retrait. Je remarque que le président du consistoire israélite fait partie des passagers. David revient quelques minutes plus tard et me rend mon passeport.

Une femme, que l’on appellera Rachel, s’approche alors de moi et me dit en anglais qu’elle va devoir me poser un certain nombre de questions pour des raisons de sécurité. Rien d’étonnant. Je connais la procédure. Par contre, par tous les dieux, ce qu’elle est belle. Grande, brune, élancée, le type plutôt slave, elle me demande l’objet de mon voyage, pourquoi je n’ai pas de réservation d’hôtel, chez qui je vais, d’où je le connais, etc. Puis de façon plus surprenante, mon métier, de quelle origine est mon nom et ce que pensent mes parents de mon voyage en Israël. Une fraction de seconde, je rigole intérieurement en me disant que mon nom germano-ibérique est plus antisémite que juif même s’il cache des racines hébraïques. Quant à mes parents, surtout ma mère, il ne vaudrait mieux pas qu’ils sachent que je vais en Israël en plein intifada des couteaux. Je réponds à ses questions de manière très factuelle tout en me perdant de plus en plus sur les magnifiques traits du visage de Rachel. Je me marre de nouveau intérieurement. Je me dis qu’elle est forcément formée en psychologie comportementale, en synergologie et en analyse des réactions corporelles. Par conséquent, au vu de mes pupilles dilatées et autres manifestations d’émotivité esthético-erotiques, elle doit se rendre compte que se tient devant elle, non seulement tout le contraire d’un antisémite mais plutôt un garçon de plus en plus sensible à son charme ashkénaze. Elle s’en rend compte. Quelques versets du cantique des cantiques me viennent à l’esprit. « Ô mon amie, tes joues sont belles au milieu des colliers, ton cou est beau au milieu des rangées de perles ». Je sens poindre comme une légère rougeur pourpre au niveau de ses très jolies pommettes. 

Elle termine son interrogatoire et va rejoindre un homme en retrait sur la gauche que je n’avais pas remarqué, à qui elle semble résumer notre entretien. Grand, la quarantaine finissante, mais surtout, absolument tout de l’ancien officier d’un service de sécurité, type Shin Beth ou autre, et que l’on appellera Salomon. Tout en écoutant le rapport de Rachel, Salomon me scanne de la tête aux pieds. Cette très gênante impression de mis à nu par un professionnel me parcourt un bref instant l’esprit.

Je me rends alors subitement compte que je suis chez El Al, la compagnie la plus sûre au monde, que j’ai un profil pas forcément rassurant, encore moins dans le contexte actuel, et qu’ils sont là pour tout sauf rigoler. Je perçois d’ailleurs une certaine tension que ma présence suscite et que mon ravissement de pouvoir embarquer dans cet avion pour Israël avait jusqu’alors camouflé.

Rachel revient, avec une autre collègue au type séfarade particulièrement prononcé que l’on appellera Deborah. Elles me demandent où sont mes bagages. Je leur indique que je n’ai qu’un sac à dos, que je prévoyais d’emmener avec moi, comme d’habitude, en cabine. Elle me dit que mon sac devra aller en soute. Je lui indique que j’ai à l’intérieur du sac un appareil photo que je souhaiterais embarquer avec moi en cabine. Rachel et sa collègue examinent mon DSC-HX300, retournent voir Salomon, puis reviennent me dire que mon appareil photo ne pourra pas monter avec moi du fait d’une panne de leur scanner spécialisé dans l’analyse des appareils photo. Voilà une nouvelle qui m’agace. Je le leur signifie. Elles m’indiquent que le temps que j’enregistre mon bagage, elles vont voir ce qui peut être fait. J’enregistre mon sac qui part sur le tapis direction les soutes puis je reste là, devant le comptoir plusieurs minutes, avec mon appareil photo. On m’expliquera plus tard qu’il s’agissait non pas de voir ce qui pouvait être fait pour mon appareil mais d’analyser mes réactions filmées et retransmises dans une pièce à côté.

Je suis le dernier passager au comptoir enregistrement des bagages. Au bout de dix minutes, je plaisante avec l’hôtesse du comptoir en lui disant « j’espère que le vol ne partira pas sans moi ». Elle prend ma remarque au premier degré et se charge de me rassurer en me précisant que le vol partira avec 45 minutes de retard.

Sur ce, reviennent Deborah et Salomon qui m’expliquent qu’il n’y a rien à faire pour mon appareil photo. Celui-ci devra rester dans l’armoire du comptoir El Al de l’aéroport. Je manifeste mon désappointement. Sur un ton calme, Déborah m’explique de nouveau le sens de cette nécessité. Je le dépose au comptoir en me disant que je ferai des photos avec mon iPhone. Cela fait, on me remet ma carte d’embarquement et je me dirige enfin, mi-heureux, mi-agacé pour mon appareil photo, vers la zone d’embarquement. Un bref instant perdu dans mon agacement, j’hésite sur l’escalier à prendre et me retourne pour voir si j’ai pris le bon chemin. Je remarque en faisant cela que Salomon marche une vingtaine de mètres derrière moi. Je me dis « la vache, ça ne rigole pas ; s’il savait à quel point je cherche à être tout sauf un danger pour les Juifs et Israël »…

J’arrive devant la zone de contrôle avec mon seul billet, passeport et une sacoche type « banane » comportant mon portefeuille et deux smartphones. Je passe les différents détecteurs et me dirige vers la zone d’embarquement. Soudainement, je souris. Quelle bonne surprise ! Dans la galerie marchande se trouve une boutique de « la Maison du Chocolat » encore ouverte. Je me dis que cela fera plaisir à Dod Z et tante Belle. Je sors de la boutique tout heureux avec mon ballotin de chocolats. Et là, nouvelle surprise. David, l’agent de sécurité d’El Al qui avait contrôlé mon passeport vient vers moi et me demande ce que j’ai dans le sac. Un peu surpris, mais finalement de moins en moins, je lui tends mon sac et lui indique qu’il s’agit de chocolats. Il me demande de le suivre.

Je lui demande très tranquillement pourquoi. Tout aussi calmement, il me précise qu’il s’agit de faire deux trois vérifications supplémentaires. Je l’accompagne. En passant devant tous les passagers assis dans la zone d’embarquement, j’ai du mal à réprimer une question. « Quelles sont les raisons de ces contrôles supplémentaires ?». Il me répond que ce sont là des contrôles habituels chez El Al. Je me dis « habituels ou pas, mon petit David, je suis le seul à te suivre je ne sais où ? ».

Nous prenons une porte puis un escalier qui descend vers le tarmac. Nous rentrons dans une petite pièce où Salomon nous attend. Sur un ton respectueux et en mettant toujours les formes de politesse, ils vont me demander d’enlever mon blouson, qu’ils analyseront aux rayons alpha, mes chaussures qui passeront également à la radio, mais aussi de déboutonner mon pantalon afin qu’ils puissent passer le détecteur de métaux au plus près de ma matraque télescopique. « Je suis désolé de vous demander cela, mais vous serait-il possible de déboutonner votre pantalon ? ».  Il est certain que les formules de politesse sont respectées. Je lâche alors, un peu goguenard, en imaginant comiquement que l’étape suivante sera une non moins polie fouille rectale, « à l’évidence, j’ai droit à la totale ». Ils passent le détecteur de métaux, puis me remercient en m’invitant à me rhabiller. Pendant que je me ressape, Salomon quitte la salle de fouilles. David me demande de vider ma petite sacoche ventrale. Portefeuille, ok ! Smartphone 1, je l’allume, ok ! Smartphone 2, je l’allume également, c’est ok !

Dans ma banane, il remarque alors une toute petite sacoche. Il me demande ce qu’il y a dedans. Je lui explique qu’il s’agit de mes bijoux de baptême que je compte emmener avec moi en Israël. Il me demande d’ouvrir la sacoche. Là, c’est moi que veux voir sa réaction. Face à ma croix de Jérusalem et mon étoile de David, bijoux du rejeton d’une vieille famille aussi croisée que marrane, il a un léger mouvement de recul. Je range mes bijoux de famille.

Si humainement, il voit très bien à qui il a affaire, professionnellement il n’en a pas moins un strict protocole à respecter. Je commence à admirer le professionnalisme de l’équipe.

Il m’indique, toujours sur le même ton poli, que nous allons rejoindre la zone d’embarquement, que cependant je resterai assis à l’écart des autres passagers, puis que je monterai à bord en premier afin que l’on m’installe à l’arrière de l’appareil en compagnie d’un agent de sécurité. Il conclue en me demandant si avant ça, je souhaite me rendre aux toilettes. J’avoue que j’ai l’impression de me trouver dans un film ou une émission de camera-cachée, mais vu qu’en même temps je me prends de plus en plus au jeu,  je lui réponds tranquillement que j’irais bien aux toilettes. Comme dans un film d’espionnage, il passe devant moi, me demande de choisir l’un des cabinets, ouvre la porte choisie et inspecte l’intérieur de celui-ci. Coup de bol, je choisis le bon. Il n’y a pas d’arme de planquée mais deux passeports qu’un passager a dû faire tomber de sa poche en remontant son froc. Grâce à moi, il va pouvoir les retrouver. David récupère les deux passeports et me laisse faire mes petites affaires. Il m’attend dehors. Puis m’accompagne à un siège situé une vingtaine de mètres des autres passagers. Je m’assois un peu impressionné par toute cette scène de film que je refais tourner dans ma tête.

Le magnéto-cérébral une fois arrêté, je constate qu’au comptoir de la zone d’embarquement, se trouve la magnifique Rachel qui chahute gentiment avec Déborah et David. Ce qu’elle est belle ! Visiblement, un tel niveau de rigueur professionnelle n’empêche pas des petits moments de détente. C’est alors que je remarque qu’à côté de nos joyeux drilles se tient un autre membre du personnel. Celui-ci me regarde. Après quelques instants, je me rends compte que non seulement, il me regarde, mais qu’il ne me lâche pas du regard. De toute évidence il est chargé de surveiller mes réactions.

Me voilà de nouveau parti dans l’analyse de leurs procédures très intéressantes mais également dans ma goguenardise. Je me dis que la plupart des gens de mon entourage n’auraient pas compris toutes ces procédures, auraient sévèrement psychoté ou carrément pété un plomb devant un tel traitement, finissant par hurler « vive la Palestine » ou tout autre connerie franchouillarde anti-israélienne. Je me dis également que leur système de sécurité présente au moins une faille, qui m’apparaitra d’autant plus évidente après mon retour d’Israël.

Après une bonne quarantaine de minutes, David revient vers moi, plus souriant. Il me sert chaleureusement la main, me remercie pour ma coopération et m’invite à le suivre à bord de l’appareil. Je le suis tout en jetant un dernier regard enamouré en direction de Rachel. Il m’installe au fond de l’appareil avant de disparaitre tout en me souhaitant un excellent voyage. Il est minuit et demi. Un quinquagénaire corpulent s’installe à côté de moi. Sans doute l’un des anges gardiens de l’avion.

Je suis heureux, particulièrement heureux. Je suis dans l’avion pour Israël…

mercredi 9 novembre 2016

The Obama Legacy


Voilà ce qui arrive lorsque la bobocratie abandonne le peuple et ses préoccupations aux démagogues…

Maintenant que l’on se rassure. Les USA survivront à Trump comme ils ont survécu à Obama car la Force des États-Unis réside avant tout dans ses institutions. 

Par contre pour le reste du Monde, ce sera sans doute encore un peu plus de bordel que sous Obama…
 

mardi 1 novembre 2016