lundi 17 décembre 2007

SHIVA PAS LA TÊTE


Il n’y a pas à dire, l’être humain, ce dieu de la déconne, sera à travers ses différents dogmes religieux, une éternelle source de poilades d’une portée cosmique. Figurez-vous que nous avons des frères sapiens au Népal qui se permettent non seulement, très classiquement, de créer leurs divinités et de leur faire dire ce qu’ils veulent bien nous faire entendre, mais qui se permettent aussi, plus exotiquement, de les destituer sans craindre le blasphème. Il me semble pourtant que de destituer un dieu c’est particulièrement osé.

C’est justement ce qui est arrivé à la « kumari », l’incarnation vivante, de la déesse hindoue Taleju.

Comme les douze autres « kumari » vivant aujourd’hui au Népal, Sajani Shakya a été choisie à l’age de deux ans par une assemblée de bonzes afin d’incarner la déesse Taleju jusqu’à sa puberté. Pendant cette période de sa vie, elle sera révérée par la population, participera avec les autres « kumari » au festival Indra Jatra, au cours duquel elle prendra part aux rituels qui octroieront au monarque le pouvoir de gouverner pour l’année entière, le tout en portant des robes d’un rouge divin et un troisième œil peint au milieu du front.

Qu’a donc fait cette divine gamine de dix ans pour se faire ainsi désacraliser, me demanderez-vous ? S’est-elle procuré le dernier best of du groupe Nirvana ? S’est-elle crêpé le chignon avec une autre jeune divinité dans la cour de re-création cosmique ? Non, rien de tout ça. Il a suffi que la petite Sajani se rende aux EUA afin d’y promouvoir un documentaire sur les traditions népalaises pour se voir retirer son statut divin. Tout déplacement à l’étranger étant considéré comme « impur » par le clergé népalais. Comme ça, dit en passant, l’argent que les touristes laissent dans les temples de Katmandou, il est impur ou pas trop ?… mais revenons plutôt à nos moutons.

Alors outre le fait qu’une divinité, par définition, fait ce qu’elle veut sans que son clergé n’ait rien d’autre à dire si ce n’est justifier ses choix, tels de vulgaires porte-paroles de gouvernement, il me semble que s’il y a bien un endroit où la visite d’une « kumari » avait un sens, s’était bien aux EUA.

Ben oui ! Des petites filles sélectionnées parmi des milliers de candidates par un jury de vieux oisifs, pour ne pas dire vicelards, maquillées comme des poupées, portant des robes ridicules, dans le but d’offrir un joli spectacle visuel à la populace, ça me rappelle en tous points les concours de mini-miss très en vogue aux EUA comme en France. Tiens, ce soir, je me materai bien l’excellent film « Little miss sunshine »…

SILdharta

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