jeudi 12 novembre 2009

Pro-vie, putain, les homos aussi !


Et oui, avec le retour de la question de l’adoption par des couples homosexuels, une chose est au moins certaine, les homosexuels aussi sont pro-vie. De quoi remplir de joie le cœur de nos bonnes âmes catholiques. Comment ça « non ». Qu’elles daignent alors ouvrir leur poitrine à mon message défibrillateur, tout plein de charité, d’amour et autres électrochocs amoureux.

Lorsque j’ai débuté la lecture du « choc amoureux » écrit par le sociologue italien Francesco Alberoni, j’ai commencé par froncer les sourcils. Je me suis dit, encore un gauchiste qui n’aime pas le compromis, le vivre ensemble, la démocratie et qui applique la grille marxiste à tout y compris le coup de foudre. Alberoni compare en effet le processus de « l’innamoramento », d’énamoration à un mouvement collectif vécu à deux et de type révolutionnaire.

Deux êtres aux vies institutionnalisées soit dans la solitude soit dans une vie de couple, détruisent lors du « choc amoureux » ces institutions existentielles afin de fusionner dans quelque chose de nouveau, d’initialement indéfini, de passionné, de violent, qui chamboule leur vie comme celle de leur entourage, avant de bâtir une nouvelle institution relationnelle à l’aide de mythes fondateurs, de rituels culturels ou de nouvelles règles de vie. Processus qui pour Alberoni conduit à la mort de la passion amoureuse, l’amour se figeant alors de nouveau dans l’institutionnel.

Bien qu’aimant la démocratie, le compromis et l’amour institutionnalisé, sans doute pour vivre la démocratie passionnément, j’ai fini quand même par passer outre mes froncements de sourcils initiaux un peu hors sujet. Non seulement toutes les révolutions ne sont pas marxistes, mais surtout je me devais d’avouer que sa théorie n’était pas bête du tout. Bref je finissais par m’attacher à la thèse albéronienne.

D’autant plus quand vers la fin de son bouquin, il émet l’hypothèse que si les couples homosexuels connaissent une plus grande instabilité, une sorte de révolution affective permanente, c’est peut-être parce que nos cultures leur interdisent les moyens d’institutionnaliser leurs relations, que ce soit par la reconnaissance de leurs unions ou les moyens de les rendre fécondes. Pas bête mais alors pas bête du tout me redis-je.

Conclusions qui à l’époque finissaient de me convaincre quant à la nécessité d’accorder aux homosexuels une union civile de type PACS, tout comme de leur permettre de rendre leurs unions fécondes.

Aïe, ouille, stop, arrêtez donc de me jeter les pierres si peu chrétiennes de votre opprobre, car je n’ai pas fini.

Si pour considérer que l’instinct parental est potentiellement là, y compris chez les homosexuels qui après tout ne sont que des primates lubriques comme tous les autres sapiens-sapiens, et que par conséquent je ne vois pas de quel droit je brimerai chez eux la puissance d’un tel instinct, ce n’est pas une raison pour que cela devienne pour autant la fête du slip marsupial.

Très clairement, tout comme je m’oppose à l’adoption par des célibataires, position que je partage avec le député UMP Hervé Mariton, je suis résolument contre l’adoption par des couples homosexuels, non pas que je les estime d’office incapables d’être de bons parents mais pour une raison beaucoup plus simple. Seul l’intérêt supérieur de l’enfant adoptable devrait compter. L’enfant adoptable a déjà sa propre histoire, une histoire suffisamment « anormale » à vivre pour qu’on lui rajoute la gestion d’une autre « anormalité », celle de ses parents adoptifs. Tant que l’homosexualité sera perçue comme « anormale » par nos cultures, l’enfant adoptable devra être protégé des conséquences de ce fait culturel, point barre. Sans compter qu’il n’est sûrement pas là pour servir de caution de normalité ou d’arme dans l’action légitime visant à la normalisation du fait homosexuel.

À l’inverse, l’accès à la procréation assistée me paraît on ne peut plus logique. Que ce soit des pédés qui aient accès à des mères porteuses ou des lesbiennes à l’insémination artificielle, l’enfant ainsi conçu sera toujours le fruit d’une volonté, de l’amour, d’une histoire, d’une histoire d’amour. Même si ses parents ne se situent pas dans la norme actuelle, ce qui a sous-tendu sa conception est du même ordre que celle ayant sous-tendu la venue au monde des autres enfants. Le désir de lui donner une existence. Quoi de plus normal. Quoi de plus humain.

Quoi de plus justifiable également, d’autant plus quand nos techniques médicales permettent de mettre fin à l’hypocrisie des relations de circonstances dans le but d’enfanter. Des relations où le cocu de l’histoire finit par souffrir et les enfants avec, et les enfants surtout.

Vous me direz alors, point barre pour point barre, qu’un enfant est le résultat de la rencontre d’un homme et d’une femme, et que de ce fait ces deux piliers de notre construction biologique se doivent d’être présents dans le cadre de notre construction psychologique.

C’est pas faux ! Mais il est vrai également que nos lesbiennes ou nos pédés ne vivent pas exclusivement entre eux, comme des amazones, isolés du monde « normal ». Aussi l’enfant d’un couple de pédés, par exemple, se verra forcément proposer pour modèle féminin et familial, une tante, une grand-mère ou que sais-je encore. De toute façon il n’est pas rare chez des couples hétérosexuels que les enfants s’appuient pour se construire sur l’image féminine ou masculine que leur offriraient des grands-parents, des oncles et tantes, plutôt que sur celle de leurs parents lorsqu’ils sont loin d’être des top modèles.

Aussi pour conclure s’il n’y a bien évidemment pas, comme le dirait mon Zemmour d’amour, « de droit à l’enfant », je ne vois cependant pas pourquoi les homosexuels devraient subir une prohibition d’enfants !

Une conclusion qui me permettra de dire un jour à ma progéniture, « vous baisez qui vous voulez et comme vous voulez tant que vous me ramenez un jour des petits-enfants à la maison ». Qui me permettra même de pousser le vice jusqu’à indiquer à mes adolescentes, que personnellement, si elles pouvaient connaître un petit passage lesbien entre leurs 15 et 25 ans, tant les garçons peuvent être cons à cet âge-là, m’épargnant ainsi quelque grossesse malvenue, cela me rendrait fort aise.

Avouez en effet que le drame que vivent certaines familles quand un enfant annonce son homosexualité est fortement lié à l’angoisse d’une rupture de la filiation. Quand je vous dis que l’instinct procréatif est puissant, il l’est au point de viser au loin ses intérêts ! J’y reviendrai bientôt.

AnSILme de Cantorbery

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bien dit, je suis d'accord.

laloose a dit…

Je ne comprends pas : en quoi un enfant de couple homosexuel issu d'une procréation médicalement assistée serait-il moins perturbé par la "gestion de l'anormalité" de ses parents qu'un enfant adopté par des homos?
Si c'est le fait culturel qui justifie votre opposition à l'adoption, ce même fait culturel devrait vous conduire de même à être opposé à la PMA pour les homosexuels, non?

SIL a dit…

Ben disons que l’enfant issu d’une PMA s’inscrira, comme tous les autres enfants, dans l’histoire affective de ce couple ; il en sera le fruit désiré, normal et logique, chose dont on peut difficilement priver un couple quel qu’il soit.

Alors que l’enfant adoptable s’inscrit dans une autre histoire, déjà assez compliquée comme ça pour qu’on en rajoute.

Et disons surtout qu’un enfant adoptable n’est pas un objet de consommation disponible pour satisfaire tel ou tel besoin. Seul l’intérêt et les besoins de ce genre d’enfants doit compter et nul autre.