lundi 19 novembre 2007

BEN HUR, ARRÊTE TON CHAR !


« À bas les privilèges », « Ma Liberté ou ta mort »… Mes Ben Hures chéris, garez-moi vos coupés BMW sur le bas-côté et montrez-moi donc les papiers des véhicules…Les rues sont assez larges pour que tout le monde puisse y défiler mais quand même... Ouais mon gars, arrête ton char…

Ouais, je sais, moi aussi ça me gave grave les grèves. Pas tant le matin quand je me rends à mon bureau car tel mon bon Bayrou je ne suis pas contre une petite heure de marche sous les frimas de l’hiver. Ça vivifie et ça fait baisser mon taux de cholestérol. Mais plutôt en journée avec tous ces embouteillages qui m’empêchent de me rendre à temps sur mes chantiers. Déjà qu’on a une réputation d’incorrigibles retardataires dans le BTP sans pour autant être grévistes. Enfin là j’ai une excuse. C’est la faute des grévistes. Oui, tout ça m’escagasse un tantinet mais pas tant que toute cette mauvaise foi dégoulinante.

Commençons par « les privilèges ». Je rappelle que dans ce pays, le mot « privilèges » renvoit aux aristocrates qui vivaient de la rente en se payant sur la bête. Par conséquent quand on applique cette expression à des gens qui vivent de leur travail, ça a le don de me mettre immédiatement dans une très grande forme carnassière. Je sais que certains de ceux qui défilaient hier, le jour des Seigneurs, contre les grèves et surtout par amour d’un Libéralisme dogmatique, ont dans leur entourage pas mal de rentiers, mais quand même. De la à ce qu’ils voient de la rente là où il y a du travail, j’ai comme envie de les inviter à rendre visite à mon bon Afflelou (PUB).

Tant qu’on est dans le grand n’importe quoi, pourquoi ne pas supprimer Tous les « privilèges ». Le RMI (pas de bras, pas de chocolat), les ASSEDIC (je n’y ai pas le droit), ce SMIC totalitaire, les minimums conventionnels marxistes, les Conventions Collectives collectivistes (Y’en a des très « privilégiantes »), les accords d’entreprise (Y’en a des beaucoup trop supers), les 13e mois (le calendrier n’en prévoit que 12) les comités d’entreprise, les hauts salaires, les stock-options. Tous au pain sec et à l’eau.

Poursuivons maintenant avec la manie de rendre les salariés responsables de la grève. Je sais que vous vous en foutez mais il y a presque autant de journées de grève dans le Privé que dans le Public. Avec cette différence fondamentale que dans le Privé, on ne renverse pas les rôles. Prenons par exemple le mouvement qui a eu lieu au mois de mai chez Monoprix. Avez-vous vu les cadres dirigeants appelant à défiler contre la prise en otage du chaland, traitant les caissières de rentières, refuser d’augmenter les salaires sous-pretexte que ceux-ci se situent déjà au-dessus du SMIC ? Non car les dirigeants du Privé savent qu’une grève est avant tout un coût et qu’il va de leur responsabilité d’éviter le problème ou de le résoudre le plus rapidement possible.

Il n’y a que dans le Public où des cadres reportent leurs responsabilités sur les salariés, où des ministres font de même au lieu d’organiser un service de substitution efficace afin que les usagers puissent se rendre à leur travail. Et oui, qui donc est responsable, celui qui se prive de son salaire pour défendre ses droits ou celui que le conserve sans faire son travail.

Voici pour la forme. Passons au fond du problème. Les 40 annuités de cotisation. Il n’est effectivement pas inconcevable qu’il faille dans le contexte démographique actuel adapter notre système en augmentant le nombre d’années de cotisation. Cependant pourquoi voudriez-vous que seuls les travailleurs acceptent de faire des sacrifices alors que la Finance et la Rente non seulement n’en font aucun mais mieux encore continuent de creuser l’écart avec le monde du travail. Cette Finance et cette Rente qui nous tiennent tous par les parties génitales.

Aussi, il ne faut vous étonner que les travailleurs se demandent si les 40 annuités ne sont pas la conclusion du compromis mais plutôt le début des sacrifices qu’eux seuls devront faire. Ne pas vous étonner que les travailleurs les moins isolés, les mieux informés, les plus solidaires freinent des quatre fers devant l’accroissement des inégalités et l’arrogance des retraités de naissance. Ne pas vous étonner si par « reformer » ils entendent plutôt la volonté de leur « déformer » l’anus.

Ce qui explique d’ailleurs aussi pourquoi la Gauche n’a pas voulu « reformer » ou plutôt « déformer ». Outre une certaine lâcheté évidente, il me paraît tout aussi évident que si le gouvernement Jospin n’a pas réformé le système de retraites c’est tout simplement parce qu’il agissait en gouvernement de Gauche. Car, je suis désolé de rappeler aussi cette évidence, mais quand on est de Gauche, ça vous fait mal d’exiger que les seuls sacrifices reposent sur les salariés. Vous cherchez d’autres solutions plus équilibrées. Des solutions où la Finance et la Rente participeront du Compromis.

Réflexions sur le fond qui me poussent à dire aux syndicats, surtout à ceux qui sont parasités par le marxisme, qu’au lieu de prendre les salariés pour des pions qui seront sacrifiés sur l’échiquier politique, pourquoi ne pas mettre tout le monde devant une évidence. OK pour 40 ans étant donné que tout le monde l’accepte mais pour plus de 40 ans, vous pourrez toujours vous grattez...

Pour conclure, il va sans dire que les points susvisés ne remettent pas en cause la légitimité de la grève. Car je rappelle encore une fois, puisqu’il me faut tout rappeler dans ce pays, que celui qui la subit est avant tout celui qui la fait. Tout comme j’informe cyniquement que dans le climat narcissique actuel, ces salariés ne sont pas obligés d’avancer la pénibilité de leur travail pour excuser ce mouvement. Ils peuvent se contenter de rétorquer à nos libéralistes ce qui suit.

« À vous qui prônez le chacun pour soi et dieu pour tous, soyez satisfaits puisque nous faisons ce que vous prônez. Nous défendons nos intérêts en vous laissant le soin de défendre les vôtres. À la semaine prochaine dans la rue… »

SILidaire des grévistes

PS : Ce billet ne concerne pas les étudiants. Quand on n’a pas de salaire à sacrifier dans un mouvement de grève, on fait pas chier. On étudie et on ferme sa gueule le temps d’apprendre à parler et à raisonner. À la limite on joue à la grève sur PSP. Au passage, si les CRS pouvaient leur mettre un petit pour moi, j’en serais très heureux…

PS2 : Celui-là il est pour mes potes qui se disent Libéraux et avec qui je me prends le bec sur ce sujet depuis de nombreuses années. Qui se disent libéraux car il me semble qu’il y a plus libéral comme comportement que de défiler avec des slogans aussi caricaturaux que ceux de Sud-Rail, sentant le « Ma liberté ou ta mort ». Qu’il y a plus libéral comme pensée que d’amalgamer dans le « non à la dictature des syndicats » des syndicats aux inspirations aussi diverses que chrétiennes, réformistes, dialoguistes, marxisantes ou bêtement gauchistes. Et qu’il y a plus libéral que de tenter de convaincre avec des balivernes dignes de la Pravda. Car il se trouve qu’aucune grève ne m’a jamais empêché d’aller travailler et ce en application d’une maxime toute liberale voulant que « quand on veut on peut »....

6 commentaires:

Anonyme a dit…

ben (?) qu'est-ce qu'ils t'ont fait les étudiants...?

SIL a dit…

Rien, il m'ont Rien fait, ils font jamais Rien de toute façon tous ces suppots d'Onan.

Au fait, il s'agit juste de jeunophobie la plus primaire, ma forme de pensée totalitaire à moi que j'ai. M'en fallait bien une non???

Anonyme a dit…

OK...

C'est vrai que sans les 19-24 ans un peu remuants le monde serait plus calme...Moins de revendications, moins de conflits de génération, moins de changements de société etc...

Et puis c'est connu depuis Platon...ça : "de notre temps la jeunesse était bien plus calme, polie, mieux élevée etc..." sic...

Bonne continuation...

SIL a dit…

A vrai dire, ce que l'on a compris depuis bien avant Platon, c'est que la capacité aux changements constructifs et responsables etaient dus aux trentenaires et plus alors que la capacité au conflit, aux revendications schizophrenes et au changements destructeurs etait le propre des "19-24", de tous nos branleurs hysteriques. Ce qui explique d'ailleurs pour parler Grece antique que la majorité à Sparte n'etait accordée qu'à 30 balais.

Réalité qui par ailleurs a toujours été une evidence partagée par tous les dictateurs et autres dingues de la planete. A chaque fois, n'ont ils pas utilisé l'adolescence à leurs fins utiles. Jeunesses hitleriennes, jeunesses communistes, gardes rouges maoistes constitués d'adolescents chargés de traquer leurs professeurs et autres vieux, étudiants de 68 embrigadés dans ce même jeunisme maoiste et ainsi de suite.......

Ah le jeunisme.....

SIL qui aime la jeunesse pour sa capacité au devenir et pas forcement pour ce qu'elle est.

Anonyme a dit…

Bonjour,

Encore une journée à pied...c'est bon pour mon futur cholestérol...lol...

Donc en fait si je comprends bien, tu as plutôt peur de ce que l'on peut faire avec des cerveaux maléables que tu n'es "anti-jeune"...
C'est bien vrai qu'à un certain âge on est plus influençable que plus "vieux"...(quoique...)...Moi, je ne pense pas que c'est l'âge mais plutôt le manque de garde fous acquis au cours de la petite enfance et de l'adolescence...
Du coup, merci à mes parents, à 2 de mes instituteurs de primaires (dont je me souviens très bien), et à 1 prof d'histoire géo en particulier....

Melle E

PS: tu remarqueras et noteras que pour une fois je ne critique pas l'Ecole, bien au contraire...(lol)

SIL a dit…

En gros c'est ça! si je les deteste autant c'est parce que je les aime tous ces petits cons, que je me fais en permanence un sang d'encre pour leurs cervelles, leur avenir, que je ne veux pas qu'ils deviennent les outils de quelque totalitarisme qui soit mais bien des adultes responsables, à la pensée aussi complexe que la realité...

Et si je les deteste c'est pour pas qu'ils sachent que je les aime. Il seraient capables de s'auto-aimer au point de ne pas vouloir me depasser, se depasser, rester bloqués dans ce qui n'est qu'une phase de leur developpement et de flatter mon ego, m'entrainant dans un culte de la personnalité generateur de degenerescence cerebrale...

Speciale dedicace à mon bon maitre Jacques Rougerie qui nous detestait pour mieux nous aimer.