mardi 16 juin 2009

LA LOI D’ILLICH ET LE PROBLEME DES RETRAITES


À l’évidence, si notre beau Brice the nice aime les chiffres, ce qui est très louable, il ne maîtrise que les additions et les soustractions. Dès que le problème devient un peu plus complexe, il se prend les pieds dans les inconnues équationnelles. Prenons par exemple le problème des retraites. Et bien, pour Monsieur Hortefeux, ministre du Travail, augmentation de l’espérance de vie + baisse du nombre des cotisants = retraite à 67 ans.

Alors, bien qu’il ait précisé que cette question devait être traitée sans tabous, forme d’invitation à lui dire aussi franchement que désobligeamment ce que nous pensons de ce type de raisonnement propre aux blondes, je lui propose de la jouer plus mesuré, en lui mettant en tête certaines données qu’il semble méconnaître.

D’un côté, en effet, nous voilà avec un souci, l’augmentation de l’espérance de vie et la baisse du nombre de cotisants. Comme il se trouve que le bon sens ainsi que celui des responsabilités veulent que l’on rappelle aux bénéficiaires d’un système de solidarité qu’ils en sont les principaux contributeurs, et faute d’inviter les gens à faire plus de gosses, la question de la main à la poche mérite en effet d’être posée, que ce soit par l’augmentation des cotisations, de la durée de celles-ci ou de la baisse des pensions de base.

Cependant, se limiter à cela, serait faire fi des autres données du problème et donc se planter dans sa résolution. Car le problème, c’est également ça :

Considérant que la majorité des gens n’exerce pas le métier de leurs rêves, un métier qui constituerait en soi la finalité de leur existence, et qui leur apporterait toutes les satisfactions attendues, mais qu’au contraire, leur travail s’avère une nécessité, nécessité usante pour la plupart d’entre eux. Usante à plus forte raison que le métier est physique ou pénible, réalité qui subsistera toujours indépendamment de la tertiarisation de nos économies.

Au moment où les employés mais aussi les cadres se plaignent d’une dégradation générale de leurs conditions de travail, d’une perte d’autonomie, voire de sens à leur activité ; et où les maladies liées au travail (troubles musculosquelettiques, troubles psychosociaux, cancers professionnels) explosent du fait des nouvelles méthodologies, nouveaux matériaux, nouveaux modes de management (voir mon billet de l’économie otaku au karoshi).

Considérant également le fait que beaucoup trop d’entreprises ne jouent pas vraiment le jeu du pacte social, en embauchant tardivement de part leurs exigences en matière d’expérience, et se débarrassant très vite de leurs jeunes seniors du fait de leurs exigences en matière de productivité ; Tout en étant par ailleurs bien heureuses d’avoir à disposition une main d’œuvre formée, en bon état, motivée et productive, capable donc de participer à la fructification d’un capital, toutes choses qui impliquent un coût collectif.

Considérant au final, pour ces raisons et bien d’autres encore, que l’on ne peut pas demander toujours aux mêmes de faire des efforts, que le capital en fait de moins en moins et que la rente n’en fait pas beaucoup, il va falloir trouver autre chose que le coup de la retraite à 67 ans, faute de quoi le sentiment d’injustice sociale se fera grandissant, en même temps que se feront sentir les effets de la loi d’Illich par la baisse de la motivation et de la productivité. « Au-delà d’un certain seuil d’exigence, tout rendement humain tend à décroître ». « C’est qu’il faudra tenir jusqu’à 67 ans, mon petit vieux »…

Professeur EppeSIL

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