dimanche 28 juin 2009

« TAKE MY BREATH AWAY » : AIMER COMME DANS LES EIGHTIES



Lorsque mes gosses sont nés, l’un après l’autre ils reçurent la mission suivante : devenir un jour de parfaits petits Vulcains, du nom des habitants géniaux de la planète d’origine du docteur Spock dans la série « Star Trek », ou bien de vaillants « pilgrim explorers », les talentueux explorateurs spatiaux dont parle le film « Wing commander », capables de calculer d’instinct des vecteurs de sauts spatio-temporels. Avec pour alternative, s’ils devaient se sentir dans l’incapacité d’atteindre ces glorieux objectifs, de participer d’une façon ou d’une autre à la conquête spatiale. L’idéal étant tout de même que l’un d’entre eux décroche un jour le petit titre d’Amiral de notre future flotte interstellaire. Toutes choses expliquant que je les traîne depuis leur naissance dans les salons aéronautiques, expositions d’astronomie et tout ce qui serait susceptible de leur plonger la tête dans les étoiles. Étant donné qu’ils adorent ça, me voilà comblé.

Si je vous raconte cela, c’est pour la bonne raison que dimanche dernier, nous nous sommes rendus en famille au salon du Bourget, où nous avons pu admirer entre autre Rafale et Airbus A380, une maquette grandeur nature du Neuron, le superbe futur drone furtif de chez Dassault. « Quel chemin depuis le F-14 tomcat que pilotaient les héros du film Top-Gun », me suis-je dit, avant de sombrer dans mes typiques crises de mélancolie eighties.

Ce que j’ai pu les aimer mes années 80. J’aimais tout, depuis notre président Mitterand jusqu’à une éducation nationale qui nous poussait encore à devenir quelqu’un ; j’aimais le goût pour la culture classique qui y demeurait mais aussi pour la modernité et les nouvelles technologies (mon Amstard CPC6128) ; la musique où se mêlaient des beaux restes de sons provenant des années 70 et les sonorités qui naissaient alors (musique électronique, hip-hop) ; la télé avec le second canal qui nous offrait nos premiers mangas par le biais du Club Dorothée (Chevaliers du zodiac, Dragon Ball) mais aussi la cinquième chaîne et ses séries américaines (K2000, super-Jaimie, Kung fu, MacGyver…) ; Des séries capables de nous offrir pour générique des standards du jazz (Mike Hammer-Harlem nocturne) ou des ambiances plus futuristes comme dans « Automan » ou « Supercopter ».

J’aimais toutes ces choses qui portaient le parfum des possibles, à une époque où les horizons semblaient être faits pour être repoussés. Le mur de Berlin allait d’ailleurs s’écrouler donnant la victoire à la nation de la Liberté. Celle que nous soutenions à travers les coups d’un Stallone dans « Rocky IV » ou dans les combats aériens du film « Top Gun ».

« Top Gun », un beau symbole des années 80, d’une décennie où des gaillards pouvaient chanter « rien que pour toi » et des femmes « total eclipse of the heart » (la version française de Karenn Antonn etant aussi très bien) sans craindre le ridicule, où il était possible de danser sur des titres traitant de l’amour comme « d’un champ des bataille », sur des slows composés par des groupes de heavy-metal, tels que Scorpions ou Europe, mais aussi d’engager et d’aimer, notre premier amour, sur un film de guerre.

Quel film mes aïeux ! Quels acteurs mes cadets ! Tom Cruise mais surtout Kelly McGillis campant le rôle d’une instructrice au caractère aussi trempé que les avions qu’elle enseignait à piloter. Kelly McGillis, le genre de femmes à savoir ce qu’elle veut, intelligente, capable de prendre en chasse après une engueulade ou un malentendu, la tête brûlée qui l’a séduite, en risquant le carambolage mais surtout la délicate et courageuse confession des sentiments. Kelly McGillis, l’archétype de la femme, des femmes qui ont vraiment compté dans ma vie.

Mon premier grand amour, celle que j’ai aimé sur le « take my breath away » de ce film, en version originale, puisque mi-néerlandaise mi-americaine; mais aussi ma Magali, qui toute son existence cherchera à libérer Nora (la femme-enfant de la dramaturgie d’Henrik Ibsen), et qui en peu de temps m’a tant appris sur la femme ; et puis ma femme, la Kelly McGillis de ma vie. Celle qui m’obligea à des manœuvres de haute voltige et qui d’un baiser, d’un aveu, sut m’arrimer tel un brin d’arrêt (câble d’appontage), aussi solidement que sûrement.

Le genre de femmes qui savent débouler autrement que sur vos six heures avec le soleil dans le dos ; qui n’ont pas peur de vous embarquer dans une manœuvre en ciseaux, caressant même l’idée que vous vous crachiez tous les deux sur l’herbe fraîche, après vous avoir couper le souffle des réacteurs ou bien les avoir mis en flammes. « Take my breath away ».

Autre chose que toutes ces donzelles n’ayant que des leurres pour seules munitions. Le genre de greluche puériles qui se complaisent dans l’ambiguïté, n’assumant ni les mots, ni les flirts, ni les sentiments. De celles qui vous font tourner indéfiniment autour de la piste d’atterrissage, comme si on pouvait placer du bonhomme en orbite géostationnaire ou conserver de l’amour en stock dans un hangar sans jamais le faire voler. Certaines de ces gamines me faisant même penser à des guenons qui ne lâcheraient une branche que lorsque la suivante s’annoncerait au moins tout aussi prometteuse. En somme, le pendant féminin de tous ces sous-mecs pour qui aimer se résume à dessiner un trophée supplémentaire sur un coin de la carlingue, histoire de pouvoir défouler leur narcissisme, voire refouler leur homosexualité. Tout le contraire de Maverick et Kelly McGillis dans mon « Top Gun »…

misSILe Maverick

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