lundi 5 juillet 2010

Tranche de vie à Naypyidaw : le général Than Shwe a le feu nucléaire au cul (la junte a peur)


-Dis-moi Anawrahta, mon brave chauffeur en qui j’ai toute confiance, c’est moi où il plane en ce lieu comme un climat d’insécurité ?
- Malgré les 11 000 mille soldats, en rangs serrés, ici présents, généralissime Than Shwe (NDLR : chef de la junte Birmane) ?

- Oui ! Par les onze feux du Malheur, rien n’y fait. J’ai beau avoir convoqué pour ce petit défilé protocolaire le nombre de soldats correspondant aux conseils de mes numérologues, je continue à percevoir la manifestation de vibrations maléfiques. Elles sont là, tout autour de nous. Je les sens. Elles m’assaillent. Elles m’étouffent. Je me sens tout flétri, comme vidé de mon puissant mana fertilisateur. Mais d’où viennent-elles ? Pas du troufion lobotomisé et zombifié par mes mages, qui me sert d’absorbeur d’ondes négatives et qui se trouve à côté de toi, en tout cas. Mais j’y pense, ce n’est pas toi, au moins, mon brave Anawrahta, en qui j’ai toute confiance, qui pervertis mon fluide magique, hein ?
- Ah non maître des légions célestes. Impossible que cela vienne de moi. Même si j’étais capable d’une telle infamie, je vous rappelle que vous détenez toute ma famille en otage dans l’une des caves du complexe résidentiel où se trouve assignée Aung San Suu Kyi. Par conséquent vous savez que vous pouvez avoir toute confiance en moi.

-Je ne comprends pas alors. J’ai pourtant écouté toutes les recommandations de mes plus proches conseillers. Mes généraux ont recruté autant de soldats qu’il y a de moines dans ce pays, 400 000. On ne sait jamais. Des fois qu’ils se mettraient, par je ne sais quelle diablerie, à se transformer en moines Shaolin, dotés de superpouvoirs. Mes fengshuirbanistes m’ont invité à déplacer notre capitale, à quitter Rangoon pour ce trou perdu au centre du pays histoire que les courants dominants de notre commandement aussi suprême que bienfaisant ne rencontrent aucun obstacle. Mes mages m’ont conseillé d’enfermer ce démon d’Aung San Suu Kyi au cœur d’un vortex d’énergie tellurique afin d’aspirer sa puissance karmique, et pouvoir mieux l’assaillir d’incantations yadaya (NDLR : sorte de Vaudou Birman). Et mes numérologues m’ont fait savoir que depuis 2009 le chiffre qui préside à la destinée de la Birmanie est le 11, ce qui nous a fait condamner, le onzième jour du onzième mois de cette année 2009, à 11 heures, le reste des traîtres à la nation à 65 (6+5=11) ans de prison chacun. Toutes choses qui devraient garantir la paix et l’harmonie dans notre éternel empire. Cependant rien n’y fait. Je perçois l’avenir comme incertain. Des forces maléfiques nous préparent un mauvais coup. Je le sais. Je le sens. T’es certain que ce n’est pas à cause de toi, au moins, mon brave Anawrahta, en qui j’ai toute confiance ?
- Vos très saines inquiétudes s’expliquent peut-être par l’incapacité de vos astrologues à prévoir les révoltes de 2007 ou encore la récente naissance d’un éléphant tout blanc (NDLR : symbole de renouveau et augure de changements politiques pour la junte).

- Ah, ne me parle pas de ce sacré éléphant de malheur, ni des manquements de ces satanés astrologues. Ces fêlons, devenus incapables de voir les menaces qui pèsent sur notre merveilleux pays, après s’être laissés corrompre par les forces du mal, l’ont d’ailleurs payé de leur personne. Mais je m’en veux, un peu, il est vrai. J’aurais dû me montrer plus sage que le grand bouddha de la miséricorde, qui finalement n’a pas su contenir mon juste courroux. Je n’aurais jamais dû les fusiller jusqu’au dernier. Car en attendant qu’advienne une nouvelle génération d’astrologues débarrassée de toute corruption démoniaque, me voilà réduit à demander conseil sur des dossiers techniques à mes seuls numérologues. C’est qu’il n’y a rien de plus pénible à écouter, que les ratiocinations d’un numérologue sur un dossier technique.
- C’est bien vrai ça, ô digne continuateur de l’empire Birman. Ils voulaient faire passer, pour des raisons de sécurité spirituelle, tous les boulons de vos voitures officielles de douze millimètres à onze, mais aussi les moteurs de douze à onze soupapes. Choses impossibles à trouver, même en Corée du Nord.

- S’il n’y avait que ça. Inspiré par le génie de nos vaillants ancêtres, j’ai décidé de lancer notre programme nucléaire, dont le feu suprême est le seul capable de nous protéger des onze flammes du malheur karmique. Et bien figure-toi, que d’après mes numérologues, pour que le programme fonctionne, il me faut bâtir 11 sites de production, avec 92 centrifugeuses (9+2=11) dans chacun de ces sites. Pire encore, il faut absolument que le principal matériau fissile dispose d’un numéro atomique en somme de 11 ou de 9, notre autre chiffre fétiche. Or des isotopes avec un chiffre à base de 11 ça n’existe pas. Quant à l’uranium 234 (9), tout seul, il ne sert à rien. Quelle malédiction. Tu n’aurais pas une idée des fois.
- Sur le plan nucléaire, pas trop. Par contre j’aurais fait abattre l’éléphant blanc par un crétin de touriste occidental que l’on aurait introduit après ça, complément drogué, dans la résidence de Aung San Suu Kyi afin de la rendre responsable aux yeux du peuple et des moines de ce sacrilège infâme.

- Bonne idée mon brave Anawrahta. Très bonne idée. Tu as gagné le droit de voir ta famille ce week-end.

Thakin SIL

Addendum gratuit : Au rayon tyrannic park, ne pas manquer « mes fous rires made in Pyongyang »

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