jeudi 15 juillet 2010

Du conservatisme sexuel à la sexual-démocratie et vice-versa.


Bon, histoire de répondre à la question que me posait hier, en fin de partouze républicaine, le maître de cérémonie, à savoir quel événement m’a fait passer d’une certaine latence idéologique à l’action militante sexual-démocrate, disons que cet événement tient du banal. En fait, mon couple n’a tout simplement pas résisté à l’actuelle crise du capitalisme.

Voyez-vous, mon ex-femme, trotskiste passée à l’économie de marché sans transition ni thérapie, pour continuer de projeter sur toute chose des rêveries de perfection et d’absolu, a cru qu’elle pourrait exiger de notre relation, une totale perfection, en même temps que d’incroyables taux de rendement. Bien évidemment cette bulle spéculative a fini par éclater, ce qui la ramena à certains vieux réflexes communistes. Faire du passé table rase.

Dommage, car si notre système de production affective n’était pas parfait, il n’en demeurait pas moins d’une qualité très largement supérieure à la moyenne et par conséquent assez prometteur. Enfin, l’essentiel des outils n’étant ni abîmés, ni dépourvus de capacités d’adaptation, ils ne manqueront pas d’intéresser d’éventuels repreneurs ou plutôt repreneuses, afin que la création de richesses libidinales redémarre et dépasse les effets destructeurs précédents, en application des théories sur la « destruction créatrice » de l’économiste Joseph Schumpeter.

Voilà donc le fait déclencheur qui me pousse à quitter le conservatisme-sexuel pour la sexual-démocratie ; qui me pousse à planter enfin dans le vaste champ de l’économie libidinale cette innovation affective (Ouh là là, mais c’est qu’il tourne à l’abscons ce billet).

Cela dit, histoire d’être plus honnête qu’abscons, je ne vous cacherai pas que si je chanterai joyeusement pendant longtemps « je ne suis de personne, je suis à tout le monde et tout le monde me veut du bien », il est fort probable que l’aventure sexual-démocrate s’arrête pour moi le jour où je retomberai de nouveau amoureux, amoureux à lier, le jour, s’il arrive un jour, où l’aventure monopolistique me retentera.

C’est qu’à 36 ans, le gaillard un peu midinette que je demeure intérieurement, sans rêver d’amour absolu ou parfait (je laisse ça aux idéalistes totalitaires et autre bovarystes), n’en reste pas moins accroché à certaines promesses de la vie, à d’autres illusions diront certains. Notamment le désir de « l’âme sœur », ou du moins de la femme de sa vie. « Somebody to share, share the rest of my life ». Celle avec qui, en plus de la magie qui vous liera, dialoguer, avancer, désirer, se poser, bâtir, sera possible. Celle qui ne voudra pas juste un mari, un reproducteur, un meuble de plus, mais qui vous voudra vous. Celle qui vous aimera autant que vous l’aimerez, qui cherchera à vous comprendre autant que vous le ferez, qui n’attendra pas de vous une quelconque perfection mais les qualités qui vaudront largement vos défauts, et qui attendra en retour la même chose de vous. Une femme sage, qui cherchera à se connaître, et qui fera son ménage tout en vous laissant faire les vôtres. Mais aussi celle avec qui vous voguerez sur l’océan de la vie, affrontant les mêmes tempêtes, accrochés aux même gouvernail, aux mêmes voilures, goûtant les moments de calme, et surtout jouissant des mêmes découvertes. Celle à côté de qui vous contemplerez un jour le soleil couchant, main dans la main, un regard complice et le même sourire serein. Ma jolie petite mamie. J’aime cette image, celle de la femme de notre vie, celle de notre vieillesse.

Mais bon, comme ce n’est pas forcément demain que je la découvrirai, et que le yang redeviendra alors yin, explorons la nouvelle voie sexual-democrate et voyons où cela nous mène…

SILao Tseu



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