dimanche 26 juin 2011

Salon du Bourget : voler à perdre haleine (take my breath away)



Lorsque mes gosses sont nés, l’un après l’autre ils reçurent la mission suivante : devenir un jour de parfaits petits Vulcains, du nom des habitants géniaux de la planète d’origine du docteur Spock dans la série « Star Trek », ou bien de vaillants « pilgrim explorers », les talentueux explorateurs spatiaux dont parle le film « Wing commander », capables de calculer d’instinct des vecteurs de sauts spatio-temporels. Avec pour alternative, s’ils devaient se sentir dans l’incapacité d’atteindre ces glorieux objectifs, de participer d’une façon ou d’une autre à la conquête spatiale. L’idéal étant tout de même que l’un d’entre eux décroche un jour le petit titre d’Amiral de notre future flotte interstellaire. Toutes choses expliquant que je les traîne depuis leur naissance dans les salons aéronautiques, expositions d’astronomie et tout ce qui serait susceptible de leur plonger la tête dans les étoiles. Étant donné qu’ils adorent ça, me voilà comblé.

Si je vous raconte cela, c’est pour la bonne raison que nous rentrons du salon du Bourget, où nous avons pu admirer entre autre Rafale et Airbus A380, une maquette du Zehst (photo ci-après), le nouveau projet d’avion supersonique qui devrait permettre d’effectuer à l’horizon 2050 un Paris-Tokyo en 2h30. « Quel chemin depuis le F-14 tomcat que pilotaient les héros du film Top-Gun », me suis-je dit, avant de sombrer dans mes typiques crises de mélancolie eighties.

Ce que j’ai pu les aimer mes années 80. J’aimais tout, depuis notre président Mitterrand jusqu’à une éducation nationale qui nous poussait encore à devenir quelqu’un ; j’aimais le goût pour la culture classique qui y demeurait mais aussi pour la modernité et les nouvelles technologies (mon Amstard CPC6128) ; la musique où se mêlaient des beaux restes de sons provenant des années 70 et les sonorités qui naissaient alors (musique électronique, hip-hop) ; la télé avec le second canal qui nous offrait nos premiers mangas par le biais du Club Dorothée (Chevaliers du zodiac, Dragon Ball) mais aussi la cinquième chaîne de Berlusconi et ses séries américaines (K2000, super-Jaimie, Kung fu, MacGyver…) ; Des séries capables de nous offrir pour générique des standards du jazz (Mike Hammer-Harlem nocturne) ou des ambiances plus futuristes comme dans « Automan » ou « Supercopter ».

J’aimais toutes ces choses qui portaient le parfum des possibles, à une époque où les horizons semblaient être faits pour être repoussés. Le mur de Berlin allait d’ailleurs s’écrouler donnant la victoire à la nation de la Liberté. Celle que nous soutenions à travers les coups d’un Stallone dans « Rocky IV » ou dans les combats aériens du film « Top Gun ».

« Top Gun », un beau symbole des années 80, d’une décennie où des gaillards pouvaient chanter « rien que pour toi » et des femmes « you take my self control » sans craindre le ridicule ; où il était possible de danser sur des slows composés par des groupes de heavy-metal, tels que Scorpions ou Europe, mais aussi d’aimer notre premier amour sur la bande son d'un film de guerre.

Quel film mes aïeux ! Quels acteurs mes cadets ! Tom Cruise mais surtout Kelly McGillis campant le rôle d’une instructrice au caractère aussi trempé que les avions qu’elle enseignait à piloter. Kelly McGillis, le genre de femme à savoir ce qu’elle veut, intelligente, capable de prendre en chasse après une engueulade ou un malentendu, la tête brûlée qui l’a séduite, en risquant le carambolage mais surtout la délicate et courageuse confession des sentiments. Kelly McGillis, reine du brin d’arrêt (câble d’appontage), soit l’archétype de la femme, des femmes qui ont vraiment compté dans ma vie.

Le genre de femmes qui savent débouler autrement que sur vos six heures avec le soleil dans le dos ; qui n’ont pas peur de vous embarquer dans une manœuvre en ciseaux, caressant même l’idée que vous vous crachiez tous les deux sur l’herbe fraîche, après vous avoir coupé le souffle des réacteurs ou bien les avoir mis en flammes. « Take my breath away ».

Grands dieux, je me souviens encore, comme si c’était hier, de cette invitation à jouer les « Roméo et Juliette » lancé depuis le haut d’un balcon, d’un « je veux sentir tes mains et leur odeur sur ma peau », mais aussi de ces doigts qui se posent sur mon genoux dans un bus qui traversait l’Allemagne suivi d’un « qu’attends-tu pour m’embrasser », ou encore de ce baiser tombant un peu comme un clap de cinéma. « Action » disait-il. Sans oublier le plus inoubliable des courriels jamais reçu : « puis-je t’appeler, j’ai quelque chose à te dire ? »

Le genre de mots et de femmes qui font fuir bien des hommes. Ce qui n’a jamais été mon cas. J’aime trop les regards francs et les messages clairs pour ne pas y répondre par un « roger ». Sans compter qu’une femme qui se sent suffisamment forte pour baisser ainsi son bouclier, est susceptible de me porter à tout donner en échange, à commencer par le bout de la nuit. Alors, certes, pour ce faire, il aura toujours fallu qu’elle m’émeuve, me trouble ou me plaise. Cela va de soi. Mais cela n’a jamais vraiment été un problème ni pour elles, ni pour moi, puisqu’il paraît que je suis assez transparent s’agissant de signifier ce genre de choses.

Ah ces femmes à jamais vivantes dans mon souvenir. Autre chose que toutes ces greluches puériles qui se complaisaient dans l’ambiguïté ou dans les minauderies, n’assumant ni mots, ni flirts, ni le désir, encore moins les sentiments, et ce dans je ne sais quel but. Peut-être celui de soumettre sans s’offrir. Certaines de ces gamines me faisaient même penser à des guenons qui ne lâcheraient une branche que lorsque la suivante s’annoncerait au moins tout aussi prometteuse. En somme, le pendant féminin de tous ces sous-mecs pour qui aimer se résume à dessiner un trophée supplémentaire sur un coin de la carlingue, histoire de pouvoir défouler leur narcissisme. Tout le contraire de Maverick et Kelly McGillis dans mon « Top Gun »…

misSILe Maverick

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