Marianne défigurée par le populisme
Au rayon violences « politiques » légitimes et illégitimes
A
l’heure où la démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick
Morez, suite à son agression, et celle de Jean-Louis Trogneux,
agitent le landerneau médiatico-politique, et posent la question de la
violence contre les politiques et leurs proches, me voilà parcouru tout
pareil par quelques questionnements, d’autant plus que les réponses
ânonnées dans nos médias et réseaux ne me satisfont
guère.
Précisons
tout de go que je suis en général très peu friand de toute agression
gratuite et surtout d’atteintes physiques aux
biens comme aux personnes, chose valable pour nos politicards. Car même
s’ils m’inspirent une méfiance certaine, par humanité, civilité et
simple nécessité d’avoir des gens capables de gérer la coopérative
nationale, ma plus violente pulsion à leur endroit
est tout sauf celle de voir leur tête au bout d’une pique. Fils de
pécores oblige, je préfère de loin, les petits coups-de-fourche dans le
derche.
Méfiance
en effet. La classe politique se divise en trois tiers. Un premier
constitué de psychopathes plus ou moins dangereux
et de narcissiques plus ou moins pervers ; un deuxième gros tiers fait d’opportunistes et autres poissons pilotes de
la catégorie précédente ; et un troisième plus petit où se retrouvent
d’honnêtes idéalistes et autres braves citoyens
passionnés par le bien commun. Avouez qu’un petit tiers, cela fait trop
peu pour me pousser à un angélisme béat ou à accueillir les danses du
ventre de nos politiques avec des youyous aussi enthousiastes que
systématiques.
Sans
oublier que quel que soit le tiers, un politique est par définition une
femme ou un homme de pouvoir qui cherche à façonner
la société, au mieux autour de ses idéaux, qu’ils soient bons ou
mauvais, au pire autour de son seul nombril. Pour moi, iels (députés
comme ministres) ne détiennent donc pas, une part sacrée de la
République, mais juste une part de pouvoir sur celle-ci. Tout
comme j’ai beaucoup trop de mal à les voir comme des représentants de
toute la Nation et non des intérêts de leur clientèle électorale
nourrie, pour ne pas dire corrompue, pas leurs promesses réglées avec
l’argent des autres.
Par
conséquent, qu’ils souffrent que je ne les assimile pas aux braves
fonctionnaires ou officiants chargés de faire respecter
la loi, le plus impartialement possible, et que je ne sois pas
forcément disposé à ce qu’ils disposent de la même protection que nos
gendarmes, pompiers, enseignants et autres officiers d’état civil.
Toute bienséance mise à part, je considère même qu’il est tout à fait sain qu’une femme ou homme de pouvoir demeure « à portée
de gifle », du moins verbale.
Au
plus forte raison qu’on ne m’enlèvera pas de l’esprit qu’une grande
partie de cette violence (celle qu’a subi Jean-Louis Trogneux
n’étant que l’expression de la plus stupide haine qui soit), s’explique
par la crise d’adolescence (il était temps) d’un peuple en quête
d’autonomie ou d’émancipation politique et qui exige de plus en plus
d’avoir voix au chapitre. En cela, Yannick Morez n’aurait
peut-être pas subi son agression, certes aussi ignoble
qu’injustifiable, s’il avait soumis l’ouverture du « centre pour
étrangers », à consultation locale. Des progrès démocratiques à
l’américaine ou suisse deviennent donc indispensables.
D’ailleurs, au vu de la pusillanimité ambiante et des leçons de morale tous azimuts de nos
zélites et leurs très serviles zélotes, je rappellerai cette phrase de mon grand Clemenceau : « le droit d’injurier les membres du gouvernement doit être mis hors de toute atteinte ».
Je rappellerai également le Droit à l’insurrection inscrit dans la constitution :
Article 35. - Quand le gouvernement viole
les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque
portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable
des devoirs. (Constitution du 24 juin
1793 Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen).
Maintenant,
pour être aussi peu élitiste que populiste, et pour ne pas considérer
toute crise de nerfs "populaire" comme une insurrection
légitime, je rappellerai que les velléités d’excès de pouvoir
manifestée par le « peuple » ou des « portions » d’icelui, ça se calme
devant les prétoires et ça se refroidi à coup de canon à eau.
ClemenSIL