
Agression d'un jeune Français juif. Vous m'excuserez de ne pas avoir réagi plus tôt mais en plus d'une certaine forme de respect pour la victime et sa famille, j'ai souhaité attendre de revenir du côté éclairé de la Force avant de mettre en accusation l'immonde. Trop de colère en moi, il y avait.
Trop de colère envers les bandes de petits pourris qui se croient autorisées à lyncher un Juif ou tout autre catégorie de personnes qui ne leur reviennent pas, comme envers leurs parents qui les éduquent dans cette haine, qui laissent faire ou qui excusent ce genre d'actes.
Trop de colère envers nos pouvoirs publics qui laissent notre nation se faire dépecer par les nouvelles féodalités communautaires. Cette même indignation qui
fait dire à Jean-Pierre Chevènement, d’une façon toutefois un peu simpliste puisque renvoyant tout le monde dos-à-dos, «
j'incrimine une certaine complaisance au plus haut niveau de l'Etat à l'égard de ces phénomènes d'appartenance excessive qui finissent par gommer ce qui nous est commun, c’est-à-dire la citoyenneté ».
Trop de colère envers l’impuissance publique qui refuse encore et toujours de regarder en face cette haine culturelle d'importation, cet antisémitisme islamique à l'œuvre dans ce pays et diagnostiqué pour la première fois en 2002 dans « les territoires perdus de la république ».
C'est vrai que l'on n'avait pas déjà assez à faire avec notre propre fond culturel antisémite pour qu'on laisse s'exprimer en paroles, en prêches ou à coup de barres de fer cette haine qui fait fuir vers le 19e arrondissement bon nombre de Juifs de Seine-Saint-Denis, comme le raconte Aline. Celle-ci a quitté la Courneuve en 2002 car «
c'était intenable ». Rafaël Haddad, président de l'Union des étudiants juifs de France, indiquant quant à lui «
qu’il n'y a pratiquement plus de Juifs à l'université de Saint-Denis et de Villetaneuse ». Rien de bien étonnant. Comme rien d'étonnant devant notre incapacité à assurer la sécurité des Français juifs, tout comme celle de bien d’autres Français, à ce que Aline comme d'autres Juifs se regroupent dans le 19e pour retrouver «
la sécurité et la communauté, à un prix raisonnable dans Paris ». Rien de surprenant aussi à ce qu'ils en aient marre de fuir et décident de se défendre, de résister.
Cette haine culturelle qui cible les Juifs mais pas seulement, et qui ne cesse de se confirmer en milieu scolaire, professionnel, carcéral, urbain et même rural comme à Vitry-le-François. Vitry-le-François où face à l'impuissance de l'ordre public devant cette barbarie haineuse, des habitants en viennent à envisager d'organiser eux-mêmes leur défense y compris en «
sortant les fusils ». Quelle honte pour tout républicain de voir que notre nation laisse la situation en arriver là.
Mais surtout colère, quand on voit le traitement des faits, envers ces immondes journaleux, envers ces «
raclures du journalisme » comme le dit avec ire mais justement
André Dufour car venons en aux faits.
Aux faits tels qu'ils nous ont été rapportés par la télévision et ce « grand » journal des crépuscules qu'est Le Monde.
Rudy H un jeune Juif se fait «
violemment agressé » (bel euphémisme pour lynché) samedi 21 juin aux alentours de 19 heures (en pleine journée), en se rendant à la synagogue (franchement quelle idée), rue Petit, dans le 19e arrondissement, un quartier marqué par «
son ennui et ses bandes ». D'ailleurs «
l'enquête s'oriente vers les bandes communautaires » puisque entre autres indices, «
selon un témoin, Rudy H n'était pas seul lors de son agression ». Les autres indices sont que Rudy H était connu des services de police suite à une bagarre intercommunautaire et que de fortes tensions communautaires subsistent depuis «
la deuxième Intifada » comme l'estime Gilles Bernheim, le grand rabbin de France, ainsi que le maire du 19e qui «
ne voudrait pas que les événements du Proche-Orient déteignent ».
Par ailleurs, puisque le journaliste de France 2 dans le JT de 20h du 22-06-08 l’a présenté comme une info et non comme un fantasme antisémite, signalons comme l'a fait ce Français noir du 19e que tout cela procède du fait «
qu’il y a certaines communautés qui sont privilégiées par rapport à d'autres ».
Ah bon ! Français juifs, noirs, d'origine maghrébine, turque et j'en passe, habitent tous le même quartier populaire pour ne pas dire pourri et il y aurait quand même «
certaines communautés qui sont privilégiées par rapport à d'autres ». Ça c'est du raisonnement. Ça c'est de l'info. Décidemment tout cela sent le moisi.
Voici que l’agression d’un gamin par une meute de vingt individus se retrouve présentée sans ciller comme un affrontement entre bandes. Vingt contre un, un affrontement de bandes. Je sais bien que les Juifs sont balaises mais quand même. Voici également, qu'au lieu d’enquêter sur les assaillants, leurs trafics, leur violence, sur le cauchemar qu'ils font vivre à tous les gens de ce quartier, que l'on préfère fouiller les poubelles de la victime, qu'on en fait une petit voyou pas loin d’avoir mérité sa petite correction. Franchement ça pue non ? D'autant plus que j'ai failli moi aussi tomber dans le panneau, que j’ai failli conclure comme mon Chevènement, en mettant tout ça sur le compte d'un vulgaire Paris East side story, si je m'étais arrêté à la télé ou à la lecture du Monde et si les incohérences ci-dessus ne m'avaient pas attaqué les narines.
À vrai dire de l'information un peu plus cohérente, j'en ai trouvé
dans le Figaro. On y apprend que ce Juif privilégié prépare un CAP plomberie, que chaque samedi «
les bandes descendent pour voler » des scooters et autres biens parce que CAP ou pas «
les familles juives font figure de privilégiés », la question cisjordanienne ne faisant même plus office d'excuse.
On comprend également que les attaques interviennent plus particulièrement le samedi non pas à cause de l'ennui sabbatique mais tout simplement parce «
qu’en pratiquant le shabbat, les Juifs ne peuvent rien porter sur eux, ni se défendre (…) repérés à cause de leur kippa, ils deviennent des proies faciles ». On comprend mieux pourquoi «
en 2007 le 19e est arrivé en tête des quartiers touchés par les actes antisémites : 25 contre 8 dans l'arrondissement voisin du 20e ». Ce 19e arrondissement parisien devenu aussi mondialement célèbre grâce à son réseau djihadiste et aux gamins envoyés en Iraq.
Mais on apprend aussi que trois agressions ont eu lieu en quelques heures et qui paradoxalement tendraient à démontrer la thèse de la guerre des bandes. Une première au métro Laumière où un jeune juif s’est vu arracher l’étoile de David qu’il portait autour du cou. «
Puis, vers 16 h 30, une bagarre rangée a éclaté dans le parc des Buttes-Chaumont entre une bande afro-maghrébine et des adolescents juifs. L'un d'eux, blessé au bras à l'arme blanche, a reçu plusieurs points de suture à l'hôpital. Il n'a pas voulu déposer plainte en raison du shabbat. » Rappelons pour ceux qui croient encore ici à la guerre des bandes, qu’en raison du shabbat non seulement cet adolescent n’a pas déposé de plainte mais qu’il ne portait rien sur lui afin d’affronter une bande adverse. À 19h30 c’est au tour de Rudy de jouer la bande à lui tout seul, ce qui explique qu’un haut fonctionnaire puisse conclure «
La thèse d'une attaque antisémite visant délibérément un Juif isolé n'est plus privilégiée…»
Remarquez, c’est vrai après tout. Ce n’est pas un Juif qui était visé puisque ce sont les Juifs qui sont ciblés. Quant à la bande juive, d’un point de vue mathématique, un Juif attaqué, plus deux Juifs agressés, plus trois Juifs coursés, ça fait bien au total un nombre conséquent de Juifs, pas loin d’une bande en somme.
Conclusion d’autant plus plausible si l’on en croit la thèse du «
Rudy n’était pas seul ». D’après cette thèse, ils auraient été un bon gros quatre-cinq à se faire courser par la toute petite vingtaine d’assaillants. Tout le monde sait que chez ces fourbes de Juifs, la meilleure attaque reste la fuite. Rudy serait le seul à ne pas avoir opté pour cette technique. Il n’aurait pas réussi à s’échapper, oups, il aurait tenu à affronter seul comme une bande, et à grands coups de kippa, les poings, les pieds et les armes par destination des pauvres bougres qu’il agressait si sauvagement. Il y avait les Ninjas, voici désormais le Ninjuif.
Remarquez, si l’on suit cette logique, on peut également voir très différemment l’agression subie la veille, par tous ces lycéens qui fêtaient la fin des épreuves du baccalauréat sur le Champs de Mars. Ces 5000 lycéens agressés et dépouillés par des dizaines de voyous venus des Yvelines et du Val-d’Oise.
C’est vrai quoi ! Qu’est-ce donc que cet attroupement, cette légion de nantis du système scolaire, venus au cœur de Paris pour fêter des études dont se sentent légitimement exclus tous nos discriminés qui subissent les diktats de tous ces profs d’une école neo-coloniale, notoirement intransigeants, intolérants, racistes, voir même fascistes. Et puis qui nous dit que ce ne sont pas ces privilégiés du système scolaire qui depuis le Champs de Mars ont provoqué les ghettos des Yvelines avec des grands bras d’honneur et en mettant la musique de leur i-pod à fond. Qui nous dit que nos petits nantis n’ont pas exclu nos zonards de la fête, voir même n’auraient pas engagé les hostilités en les menaçant de leurs carnets de notes.
Bon, trêve d’ironie. Est-ce que tout cela m’étonne ? Non car à vrai dire je me rappelle encore comment fut traitée l’affaire « Ilan Halimi ». Rappelez-vous, ce jeune Français juif, ciblé, après que le gang, un autre, « des barbares », toujours, ait repéré les commerces juifs à leur fermeture, le jour d’une fête religieuse. Un Français juif enlevé le 21 janvier 2006, torturé et finalement tué parce que ces satanés barbares pensaient qu’une «
communauté solidaire comme la communauté juive paierait » les 450 000 euros réclamés à la famille.
Un acte barbare qui malgré l’évidence du mobile
réussit à nourrir chez certains magistrats des interrogations quant au caractère antisémite du crime. Le procureur de Paris ayant même démenti le jeudi 16 février «
les rumeurs selon lesquelles les kidnappeurs auraient agi avec des mobiles antisémites ». C’est vrai que le mieux eut été que le gang cloue une pancarte sur la victime avec pour inscription « assassiné parce que Juif » et encore je ne suis pas certain que l’on aurait échappé à cette «
querelle byzantine » comme l’indiqua un proche du dossier, avant de conclure «
Ilan a été enlevé parce qu'il était juif et son meurtre est l'aboutissement de ce choix initial ».
Non rien de bien surprenant car comme le dit Mohammed Sifaoui, violement agressé lui aussi il y a un mois, non loin de là, notre "
France file un très mauvais coton". À vrai dire un vieux coton auquel s’ajoute une nouvelle laine de mouton.
Ce très mauvais coton qui a fait dire à Raymond Barre, après l’attentat de la synagogue de la rue Copernic du 3 octobre 1980, «
Cet attentat odieux a voulu frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue, il a frappé des Français innocents qui traversaient la rue. »
Un vieux coton dans lequel se drape Mitterand lors de son interview par Jean-Pierre Elkabbach, le 12 septembre 1994.
« —
Et pourquoi, alors qu’il y a le gouvernement de capitulation, qu’il y a eu les lois anti-juives, vous allez à Vichy, pourquoi vous n’allez pas à Londres ou à Alger ? Je vous pose la question.
— Vous me dites les lois anti-juives. Il s’agissait — ce qui ne corrige rien et ne pardonne rien — d’une législation contre les juifs étrangers, dont j’ignorais tout. »
Rappelons que s’il y eut bien, le 4 octobre 1940, une « loi sur les ressortissants étrangers de race juive » consacrée à l’internement « dans des camps spéciaux » des populations concernées, elle vient après celle du 3 octobre 1940, portant sur le statut des juifs et qui concernait tous les Juifs de France.
La même pelote dans laquelle Jacques Chirac se prend les pieds lors de son discours du 14 juillet 2004 : «
Nos compatriotes juifs, musulmans, ou d’autres mêmes, tout simplement parfois des Français, sont l’objet d’agression au seul motif qu’ils n’appartiennent pas à telle ou telle communauté. » Tout simplement des Français (sic). Tout simplement maladroit.
Et oui, pour beaucoup trop de Français, y compris pour les premiers d’entre eux qui comme Mitterrand ne sont pas pourtant les derniers des imbéciles, les Juifs restent encore et toujours des étrangers, en tout cas rarement innocents. Filer un mauvais coton. Un problème de mémoire historique. Espérons que tout le monde la retrouve et pas seulement Rudy qui ne se rappelle toujours pas de ce qui s’est passé. Mais bon, nous sommes déjà si heureux de le savoir en vie que l’on ne va pas le forcer à se souvenir, lui.
SILomon