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mercredi 2 juillet 2008
THE SIL’S STYLE
Monsieur d’aucun ne semble pas convaincu par ma petite explication concernant mon goût délibéré pour le papier Silex car « voyez-vous Monsieur Sil, il n’y a pas que votre grossièreté qui me gêne. Votre français manque parfois de rigueur et je relève moult fautes dans vos petits billets. »
Mon petit doigt me disait bien qu’un jour ou l’autre mes fautes de langue s’ajouteraient à mes fautes de goût. Elles ne sont pas nombreuses pourtant, même s’il y en a effectivement. Je ne maîtrise pas encore assez bien le passé comme le futur antérieur pour pouvoir vous l’offrir. Sachez que j’en souffre.
À ma décharge, je pourrais invoquer une dyslexie aggravée par la méthode globale dont j’ai subi les ravages, mais je n’en ferai rien car ce serait trop facile et parce que je m’attelle jour après jour à en corriger les effets, amour du français oblige. Non, mes petits accrocs à la langue s’expliquent pour deux raisons, une pratique et une conceptuelle.
Pour l’explication pratique, je signale aux rentiers et autres oisifs que non seulement je travaille mais mieux encore, j’exerce un vrai métier. Je ne fais pas comme tous ces éditorialistes qui arrivent d’humeur fermée le jour de l’éditorial, en exigeant que personne ne les dérange pendant quatre heures de suite, histoire de se donner une contenance faute très souvent de contenu. Je travaille moi, messieurs dames.
Mais pas seulement car mes petits chenapans pour savoir que je ne suis pas du genre à délaisser les miens, et bien, ils ne se privent pas d’abuser de mon attention. C’est ainsi qu’en plus de mon apostolat, j’assume avec bonheur mes obligations d’époux et de père, au lieu de dire à ma tribu, la main sur le front, « pas maintenant mes chéris, papa réfléchit intensément au destin du monde et aux moyens de le sauver ».
Ce faisant, je rature mon carnet quand je peux, dans les transports, pendant les bouchons, aux toilettes ou en petit déjeunant, mon chocolat chaud posé juste à côté de mes feuillets. Puis je rédige vite fait à midi, mets en page le soir et publie sans faire relire le tout par un comité de lecture ou quelque collaborateur que ce soit. Ma femme ayant de son côté, tout un tas de copies illisibles à corriger.
Vous me direz que je pourrais faire taper tout ça par ma secrétaire, mais non ! Parce que d’une part, il s’agirait d’une forme d’abus de bien social et que d’autre part ma secrétaire se trouve être ma grande sœur qui n’hésiterait pas à m’envoyer mes petits feuillets au visage avec un « j’ai beau être ta sœur, tu devrais savoir depuis le temps que je n’ai jamais été ta bonne ».
Coté conceptuel et pour rester dans l’esprit d’entreprise familiale, il se trouve qu’aussi bien mon peintre en bâtiment de père que mon grand père tailleur de pierres m’ont appris qu’un outil n’est pas fait pour être admiré mais pour être utilisé. Il faut certes qu’il soit respecté et nettoyé après chaque usage mais sûrement pas accroché au mur comme le font nos bobos avec les outils ethniques, genre mortier et pilon à millet, qu’ils ramènent d’Afrique ou des puces.
Aussi, moi, l’outil pour l’outil, la langue pour la langue, je laisse cela aux esprits stériles et maladroits. J’aime trop buriner pour ça, sculpter, graver, pousser l’outil dans ses limites, forcer l’outil autant que je malmène mes bras, étriller les mots autant que j’étrille ma langue. Alors, que répondez-vous à ça, mon cher Monsieur d’aucun ?
SILice
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