mardi 13 avril 2010

Ritalophobe moi ?!? Ma porca miseria !


« Monsieur SIL, vous n’êtes qu’un vil menteur » me fait savoir monsieur d’Aucun. Apparemment, il aurait détecté chez votre humble serviteur des tendances ritalophobes qui démentiraient mes propos antiracistes. Pour pièces à convictions, il avance ce billet où je m’attaquais à l’ex-ami de notre Laure Manaudou ou encore cet autre où je hurlais ma haine de tous ces ritals qui nous ont volé la coupe du monde 2006.

Je l’avoue, mea culpa, mea maxima culpa. Monsieur d’Aucun a raison. Je hais les Italiens. C’est simple, je veux leur mort, leur mort à tous. Que toutes ces ordures de ritals crèvent dans d’atroces souffrances. Oui, qu'ils sachent que je prie toutes les nuits Gaïa afin qu'elle réveille son enfant Vésuve et que celui-ci, pris de rage, engloutisse toute l’Italie sous un déluge de lave. Qu’ils crèvent jusqu’au dernier ! J’aurais ainsi ma vengeance pour tout ce qu’ils ont fait endurer à mes ancetres, en Galice, pendant l’occupation romaine, sans oublier Alesia ou Numance, l’une des plus belles cités celtibériques jusqu’à l’arrivée des Romains. Soyez maudits ! Oui que cette race soit maudite ! D’ailleurs si le sort m’accordait un jour l’honneur de présider aux destinées de mon pays, qu’ils sachent qu’à l’instant même où me seront remises les commandes du feu nucléaire que l’intégralité de notre arsenal sera déversé sur la botte italienne. Mais ce n’est pas tout, nos services secrets auront pour mission d’abattre où qu’ils se trouvent dans ce bas monde, chaque Italien qui demeurera en vie. Jusque dans les latrines, nous les buterons jusque dans les latrines. Et histoire de ne prendre aucun risque, toute personne ayant un nom se terminant en « i », y passera aussi…. Aaaaarrrrghhh (!)

Bon, on se calme ! Je déconnais là ! C’est que j’adore l'Italie, moi, surtout les Italiennes. Et s’il m’arrive de taper sur les ritals c’est pour une série de très bonnes raisons. Que voulez-vous, mon cher Monsieur d’Aucun, les ritals sont suffisamment intelligents et proches de nous pour accepter que nous les taquinions méchamment ; suffisamment proches de nous pour nous rendre la politesse d’ailleurs. Certains prétendent même qu’ils ont commencé les taquineries. Plus proches de nous autres Français que les Ch’tis, les Landais et autres Corses, de qui il est interdit de se moquer sous peine de poursuites judiciaires et autres emmerdes médiatiques. Et oui, les ritals c’est un peu plus que des cousins. Ce sont nos frères, et ce à plus d’un titre.

Par exemple, à titre personnel, mon voisin est rital, Calabrais plus exactement, une origine qui ne porte pas d’emblée à la confiance et pourtant figurez-vous qu’il fait partie des rares personnes à qui je confierais les clés de mon appartement sans la moindre hésitation, ce qui n’est pas le cas de mes vrais frangins puisqu’ils seraient capables de m’y fiche un merdier pas possible. Pour vous dire à quel point j’aime l’Italie, il me suffit de vous faire savoir que le seul chanteur de R&B que j’apprécie, et ce alors que je ne suis pas loin d’exécrer ce genre musical, se trouve être Italien. Un Tiziano Ferro qui fait de moi « un rital qui le resterait » dés qu’il se met à chanter « perdono » ou « Imbranato », un pur bijou textuel mettant en scène comme peu de chansons ont su le faire nos mâles sentiments.

Et il n’y a pas que pour ces petites considérations musicales ou personnelles que j’aime l'Italie. Car des raisons faisant qu’entre la France et l’Italie c’est à la vie à la mort, fusionnel, chaud, inséparable, il y en a plein. À commencer par le fait, qu’en France, presque tout ce qu’il y a de bien s’avère être d’origine italienne.

Nos vins, notre cuisine, nos parfums, nos plus belles actrices, nos paysages, nos châteaux, notre architecture, nos génies, nos idées, notre religion, nos institutions, nos premières dames mais aussi nos plus grandes reines, celles qui ont le mieux servi la France. Catherine de Médicis était Italienne et elle a incarné la France avec une rare passion. Au point que l’un de nos plus beaux massacres, celui de la Saint Barthélemy, est pour le coup lui aussi un peu italien. Passionnel, je vous dis. D’ailleurs à bien y réfléchir, on peut dire que toutes nos guerres franco-italiennes ont été des guerres civiles. Des guerres à ce point familiales que l’on évite d’en parler. C’est qu’il y en a eu des guerres. Elles remontent même « à la plus haute antiquité » comme le dirait Alexandre Vialatte.

Le premier fait notable remonte à l’année -390. Brennus, à la tête d’une armée gauloise, décide de prendre Rome, ce qu’il fera violement mais en latin, preuve déjà de ce cousinage. En effet c’est à ce chef gaulois que nous devons la célèbre locution latine « vae victis », « malheur aux vaincus », prononcée lorsqu’il chercha à extorquer aux Romains plus d’or que prévu. Suite à cela, les Romains eurent leur revanche en romanisant à sec, en profondeur et toujours en latin toute la Gaule, ce qui installera le couple gallo-romain dans une forme de routine, le tout jusque vers la fin du Moyen-Âge, époque où les ambitions italiennes de la France vont raviver les passions.

En 1264 le pape Urbain IV décide de remettre la couronne des royaumes de Naples et de Sicile au roi français Charles d’Anjou. Celui-ci tout à son bonheur se rend détestable aux yeux des Siciliens qui massacreront tous les Français de l’île le 31 mars 1282, lors de ce qui restera connu dans l’histoire sous le nom des « vêpres siciliennes ». Si nous perdons la Sicile, le royaume de Naples restera sous contrôle français par le biais de la maison d’Anjou jusqu’en 1442, date où les Espagnols en prennent possession.

Quelque chose de totalement insupportable à nos yeux puisque à partir de 1494 les rois de France ne cesseront de faire valoir leurs revendications sur le trône de Naples puis sur celui du Duché de Milan, et ce à travers 11 guerres d’Italie (de 1494 à 1554). Quand je vous dis que c’est fusionnel, c’est fusionnel ! Assez en tout cas pour que les Italiens ne manifestent aucune rancune particulière envers cette guerre de quasi cent ans, alors que nous n’avons toujours pas pardonné aux Anglais leurs prétentions sur notre pays lors du siècle de conflit (1337 à 1453) qui nous opposa à eux. Si c’est pas de l’amour ça, qu’est-ce donc ?

Pour preuves supplémentaires, signalons qu’afin de nous consoler de la perte de notre Italie chérie, nous prenons immédiatement après ça, pour reine puis régente, une Italienne en la personne de Catherine de Médicis (1547 à 1559) ; puis une autre, Marie de Médicis reine (1600-1610) puis régente également (1610-1617). D’ailleurs quand ce n’étaient pas des reines italiennes qui régnaient, c’étaient des Premiers ministres italiens tels que Mazarin (en poste de 1643 à 1661) qui gouvernaient la France pour son plus grand bien. Le tout malgré l’italophobie que des aristocrates aussi aigris qu’incapables cherchaient à diffuser.

C’est certain ! Aucune contestation n’est possible. Entre l’Italie et la France, il existe bien un lien particulier. Un lien qui s’est également vérifié lors de l’immigration italienne. Une génération après leur arrivée, ils étaient aussi Français que les Français. Pourtant, les débuts n’ont pas été faciles. Ils ont même fait partie des rares vagues d’immigration à avoir subi des émeutes xénophobes, notamment la tuerie d’Aigues-Mortes du 19 août 1893, qui a fait 8 morts et 50 blessés parmi les travailleurs italiens. A-t-on vu la deuxième et troisième génération se plaindre, demander réparation ou une quelconque discrimination positive. Non, ils se sont fondus dans la nation française, si bien qu’aujourd’hui quatre millions de Français ont des origines italiennes qu’ils ne ramènent pas à tout bout de champs dans la discussion. Des frères, je vous dis. Une fraternité que même le choix de l’Axe par l’Italie pendant la seconde guerre mondiale n’a pas altéré.

Et moi de vous dire pour conclure que je n’ai jamais vraiment compris pourquoi on ne ferait pas un seul pays, avec Lyon pour capitale. Lyon c’est assez central et puis ça nous rappellerait des souvenirs remontant à l’Empire romain, ce bon vieux temps où Jules César se moquait ostensiblement des Gaulois dans ses mémoires. Des moqueries césariennes qui ont donné en Italie le genre de vannes suivantes : « Qu’est-ce qu’un Italien impuissant ? Un Français ! ».

Des vannes auxquelles nous nous devons de répondre. Ce qui explique que je m’y applique parfois, mais autrement que par des coups de boulle, car contrairement à notre Zizou national, je sais que les vannes d’un Materazzi n’ont rien de personnel ; juste quelque chose de culturel, un truc entre les Italiens et nous que le reste du monde ne peut pas comprendre…

SILvio ;-)

1 commentaire:

dref01 a dit…

BRAVO, belle leçon!!!!!!
que d'autres, "suivez mon regard" devraient comprendre!!!!
et comme tu dis, c'est fusionnel, perso y a un truc a Rome qui me rappel a chaque fois que nous devons beaucoup aux italiens!!!!


ps: c'est pas le Vatican!!! plutôt la fontaine de Trévise............