BLOG RADICALEMENT DEMOCRATE, POLITIQUE, COSMIQUE, SARDONIQUE, VOYAGEUR ET VULGAIRE, PARAISSANT TRÈS SOUVENT ET S'INSPIRANT DE L'ESPRIT D'UN TEMPS OÙ LE REPUBLICAIN SAVAIT ENCORE JOUER DE SES TUBES SEMINIFERES...
samedi 22 septembre 2007
LOI DE L’EMMERDEMENT MAXIMUM
Faisant suite au débat concernant la loi sur le service minimum, le Republicoin se demande si cette loi n’aura pas pour principale conséquence de déclencher les effets de la loi sur l’emmerdement maximum car en fouillant cette question je suis tombé sur un sacré tas d’os. Les deux premiers étaient enterrés dans des vieilles strates geo-idéoligiques. Le dernier ayant été mis à jour dans une strate plus récente. Après reconstitution des puzzles osseux, trois fossiles idéologiques furent identifiés.
1- Le premier fossile est connu sous le nom de Liberalismus Gigantivore. Ses restes furent découverts dans une strate datée d’avant la crise de 1929. Une strate calcaire assez friable et parsemée de bulles financières. Après analyse, il semblerait que l’extinction massive des espèces économiques vivant sous cette ère geo-ideologique soit due à la mega-explosion de l’une de ces bulles financières. Explosion ayant permis à la communauté scientifique de modéliser les dangers d’une économie dérégulée. Encore que certains scientifiques minimisent l’impact du cataclysme. Ils remarquent que le Liberalismus Gigantivore a réussi à survivre grâce à quelques petites mutations. Le neo-Liberalismus dispose en effet d’une fourrure bien plus soyeuse que celle de son ancêtre. Il est de noter également que ses organes de communication ont connu une hypertrophie remarquable. En somme, à part l’aspect baratineur, le Liberalismus n’aurait pas changé, preuve ainsi faite qu’il serait parfaitement adapté à son milieu. Le premier groupe de scientifiques fait toutefois remarquer que si le Liberalismus Gigantivore semble absorber assez bien les explosions des bulles financières, avec cette question connexe qui est de savoir s’il ne les produirait pas lui-même, il n’en va pas de même des espèces environnantes qui morflent à chaque explosion.
2- Le second fossile fut découvert pas très loin du premier, dans une glaise argileuse rouge. Il s’agit d’un Tyrannosaurus Marximus. Une espèce idéologique qui a survécu également à l’épuisement de son écosystème. On la retrouve notamment dans les discours fossilisés de certains apparatchiks syndicaux. « Scandaleux », « provocant », « interdiction pure et simple de la grève », selon le déraisonnement voulant que l’obligation de déclaration 48 heures avant le conflit vaudrait interdiction de toute grève. Un joli sophisme osseux que l’on retrouve dans « l’Humanité », l’expression celluloïde de ce discours fossile. « Exiger d’un salarié qu’il se déclare gréviste 48 heures avant le conflit est une atteinte à la liberté individuelle » (l’Humanité 17-7-7).
La communauté scientifique a beau rappeler qu’à partir du moment où le salarié peut revenir sur sa décision, que ce salarié se déclare gréviste 48 heures avant ou le jour même ne change rien à sa liberté de travailler ou de faire grève, Le neo-Marximus ne veut rien entendre. Mais il est vrai, de l’avis des spécialistes du Tyrannosaurus Marximus que cet animal a toujours été un gros nulos dés qu’il s’agissait de penser la liberté individuelle. Bavard mais sourd, il est juste bon à rejeter sur les autres sa turpitude sophistique.
C’est ainsi que les neo-Marximus de l’Humanité se sont sentis obligé d’attaquer, en parlant de « sophisme », la très juste analyse de mon Joffrin dans le Liberation du 18-7-7. « Les syndicats admettent qu’on ne peut pas calquer purement et simplement la logique des grèves dans le secteur privé –une pression du travail sur le capital- au secteur public, où le capital n’est pas présent, où les salariés ont en face d’eux la puissance publique et où les victimes d’un mouvement de grève ne sont pas les actionnaires privés (il n’y en a pas) mais les usagers qui sont en général d’autres salariés ».
Sérieux, vivement un syndicalisme de masse à la Scandinave capable de nettoyer l’action syndicale du dogme marxiste, ce qui rendra l’action syndicale bien plus responsable et sans doute bien plus efficace.
3- Le troisième fossile mis à jour est une espèce récente qui se porte de mieux en mieux. Narcissismus Ambiantus. Un narcissisme ambiant qui broute et qui grossit tel un brontosaure. Un narcissisme attaché au prix minimal pour un service minimum. Un narcissisme attaché au service peu importe sa qualité et le sort de ceux qui l’assurent.
« Moieuuh, tant que Mon gosse est gardé par l’école, que Mon train est là, peu M’importe que les profs ou les agents de conduite soient mal payés, qu’ils doivent assurer leur mission avec des moyens défaillants, qu’ils se fassent insulter ou frapper. Seul Mon intérêt compte. Ouuuais, peu M’importe que les écoles flambent, que les moyens soient retirés aux lignes SNCF comme à l’enseignement public. Moi tant que le service est à Ma disposition et ce même si Mon gosse vient de rentré dans le privé, financé par l’argent public, et que je Me serve surtout de Ma voiture, c’est tout ce qui compte. Le client est roi, je suis reine et peu M’importe si en cas de grève Je peux faire autrement puisqu’on peut toujours faire autrement, soit pour faire garder son gosse, soit pour se rendre au travail, et si au final le seul véritable perdant est le gréviste qui se prive de sa journée de paye. »
Les grévistes ayant toujours perdu leurs journées de salaire quoiqu’en dise la propagande adverse et les rares accords de sortie de grève. Peu importe tout cela pour le Nascissismus Ambiantus. Pour cet animal, seul compte le temps de service disponible. Il faut dire qu’on l’a bien nourri, ce narcissisme. Avec de bonnes grosses doses de poujadisme. En faisant du fonctionnaire un rentier ou un privilégié.
Encore que, à bien y réfléchir, toute personne qui contrarie nos tendances narcissiques et notre droit au service, devient très vite un ennemi. Je suis persuadé que nous serions incapables de nous retenir d’engueuler les caissières de notre supermarché préféré, s’il venait à l’esprit de ces privilégiées, avec leur SMIC, leurs 35 heures, leurs Assedic et autres allocations familiales, de faire grève pour défendre leur tout petit bifteck.
De toute façon qu’il y ait monopole ou pas, toute grève nous emmerde. Je me suis dit cela l’autre jour lorsqu’une panne d’accès à Internet est intervenue chez mon fournisseur. J’étais vénère et ainsi énervé me suis projeté en télétravailleur. Que ce serait-il passé si au lieu d’une panne, il s’agissait d’une grève et si j’avais eu un besoin « vital » d’Internet pour mon télétravail ? J’aurais fait comment ? Résilier mon contrat ? Changer d’opérateur avec tous les tracas afférents?
Non ! J’aurais gardé le même opérateur et j’aurais pourri la tête de la pauvre opératrice non-gréviste, en hurlant à la prise d’otage, au besoin vital, alors que faire autrement était toujours possible, histoire de défouler ma petite frustration narcissique. Oubliant au passage que les responsables de la grève ne sont pas les salariés qui se privent d’une journée de salaire mais les cadres dirigeants de l’entreprise qui n’ont pas su désamorcer la crise.
Or dans le Public il en va de même.
Le responsable est-il le salarié du secteur Public ou le fonctionnaire qui sacrifie des jours de paye en espérant sauver son bifteck ? Non ! Le responsable est bien évidemment le dirigeant de l’entreprise publique ou encore le ministre de tutelle. Tous ces gens qui nous ont appris à taper sur les salariés et les fonctionnaires pour mieux dissimuler leur responsabilité dans tous ces conflits. Et c’est étrangement à cause de ce constat que je ne taperai que modérément sur cette loi.
« Comment ?!? » Vous avez du mal à me suivre. Attendez voir, vous allez comprendre.
Considérant tout pareil que mon bon Joffrin, que le Public n’est pas le Privé ; que le monopole change un peu la donne ; que l’on fait avant tout la grève pour soi, même si certaines grèves du Public ont indéniablement servi les intérêts des salariés du Privé ; que la responsabilité des dirigeants du Public est d’assurer le service dû aux usagers...
… La logique du donnant-donnant donne raison à cette loi établissant un préavis de 48 heures. Une loi qui n’empêche en rien de faire grève, même s’il est évident que les salariés subiront des pressions pendant ce délai. Mais une loi qui permet aussi aux responsables Publics d’organiser la continuité du service Public. Et par conséquent, à partir du moment où cette loi nous fait passer d’une logique poujadiste, où l’on rend le fonctionnaire responsable des incapacités managériales, à une logique de responsabilité pour les dirigeants, pour moi, c’est tout bon.
Alors j’entends déjà dans les mouilles marxistes qui parlaient plus haut de liberté individuelle, que cette loi va surtout servir à briser la grève, en organisant le service avec les non-grévistes. Petit blabla convenu que je reprends de volée, de la façon qui suit. Que ceux qui veulent faire grève, la fassent et ceux qui veulent travailler travaillent. Que les directions fassent appel à des non-grévistes et même à des intérimaires s’ils le souhaitent. Je veux voir ces dirigeants ou ces ministres organiser tout ça, former des salariés en catastrophe et payer le surcoût. Qu’ils fassent y compris appel à des entreprises privées, à l’armée, réquisitionnent des cars « Eurolines », des diligences, des chars à bœufs. Que les bœufs aient un service minimum à la hauteur des leurs exigences de qualité.
Pareil pour l’école. Que les profs ne s’inquiètent pas. Si la priorité pour l’usager est que l’école de la République assure un service de garderie, alors que les responsables de l’éducation nationale embauchent en intérim des gardes-chiourmes, des animateurs de centres aérés, des vigiles, des gardiens de bœufs, pendant que les profs feront grève pour un véritable service public de l’instruction ou pour la revalorisation de leur maigre salaire. Par contre, en se contentant de ce service minimum, il ne faudra pas venir pleurer à la fin de l’année sur les résultats calamiteux de leurs gamins.
Aussi que tous les salariés du Public se rassurent. Assurer un service parallèle, minimal, c’est bon pour le service minimum et c’est bon pour l’emploi. Sans oublier que le coût supplémentaire est bon aussi pour la grève.
Ouais, j’ai envie de voir les responsables publics assumer enfin leurs responsabilités, gérer le bordel que provoqueront leurs petits bras de fer en bras de chemise. J’imagine déjà mes anciens petits camarades syndicaux se déclarant massivement grévistes puis souhaitant travailler le jour de la grève. Ouais, j’ai envie de voir ces responsables mis en face de leurs responsabilités, de ne plus les voir rejeter ces mêmes responsabilités sur les fonctionnaires.
Moi, tant que l’on n’impose pas de préavis de 48 heures dans le Privé, là où grâce au CNE on peut licencier sans préavis, ça me va.
Ouais, je sais que c’est là encore une fois, totalement inédit comme discours. Que voulez-vous, faute de l’entendre chez les apparatchiks syndicaux, qui, au lieu de combattre le poujado-narcissisme ambiant, préfèrent parfois se servir de leurs troupes comme d’une piétaille pour préserver leur petit pouvoir, il convenait que je m’y colle. Que j’explique ce qui paraît évident à bien des militants syndicaux, qui sur le terrain connaissent le prix de la grève, négocient tous les jours avec les employeurs, arrachent des accords avec pragmatisme. Des militants inconnus de tous nos narcissiques qui leur doivent leurs Conventions Collectives.
J’te jure, qu’au pouvoir, ma première mesure pour un syndicalisme de masse serait de faire bénéficier des dispositions conventionnelles, les seuls salariés syndiqués.
La deuxième mesure pour un syndicalisme de masse, sera de vous raconter très bientôt une grande aventure syndicale. Et oui, on peut être un petit patron et être favorable à l’action syndicale. « J’en connais plein », pour employer un argument à la Sarko.
SIL pour une Force Ouvrière
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