vendredi 26 décembre 2008

JESUS FOUS LE CAMP !


Pour la Nativité, on m’a offert le DVD de « JESUS CAMP » , le documentaire de Heidi Ewing et Rachel Grady sur ces frapadingues d’évangélistes nord-américains. Alors que le foie-gras, les fruits de mer, le saumon fumé, la morue braisé, les mantis (raviolis arméniens), les berèkhs au fromage et à la viande, le riz au lait et la bûche glacée, étaient plutôt bien passés, la nourriture spirituelle que je me suis enfilé en digestif m’est restée sur l’estomac. Ça m’apprendra à affronter de longues périodes de jeune spirituel. J’en suis encore tout dépité, alité par une sacrée crise de foie.

Toute cette troupe d'évangélistes rêvant de mener, au nom du doux Jésus, tous ces enfants à l’abattoir, y a pas à dire, c’est à gerber.

Vous me direz que j’ai l’estomac bien fragile. À vrai dire il s’est trouvé fragilisé par la décoration latrine remise, il y a un an, par le Pape à notre président, par ses discours laïcophobes (!), où il fait semblant d’ignorer que les églises instituées ne souhaitent pas conseiller les âmes mais bien les gouverner, ainsi que par les grandes manœuvres menées par Benoît XVI contre la laïcité, et notamment sa magnifique tentative d’anschluss sur l’église orthodoxe(!) C’est peut-être de l’humour bavarois me direz-vous.

Non ! Benoît se fout de ma gueule. Tout ça parce que j’ai grillé depuis longtemps son petit stratagème. Celui du poisson-pilote. Ce petit poisson qui se nourrit des restes coincés entre les dents des requins. Rêvant de mettre à bas la laïcité mais ne le pouvant pas du fait de nos réflexes anticléricaux encore bien installés, il laisse les sections d’assaut de l’islam démonter pierre après pierre notre édifice laïc puisque les mêmes anticléricaux de gauche n’osent pas taper sur l’islam au nom de considérations tiers-mondiste à la mord moi le Benoît. Considérations bien utiles pour le coup. C’est qu’il est tout sauf simple d’esprit mon Benoît. Les islamo-gauchistes en alliés involontaires de l’Eglise, quelle idée de génie !

Une fois que l’islam aura démoli des pans entiers de l’édifice démocratique, que le danger islamique apparaîtra enfin comme évident, la merde islamique nous arrivant alors jusque dans les fosses nasales, la papauté pourra expliquer que puisque les démocraties laïques ont démontré leur incapacité à protéger ce que nous sommes, seul notre identité judéo-chrétienne sera susceptible de nous mobiliser et de nous sauver.

C’est qu’il n’est pas Bavarois pour rien, le Benoît. Il y a chez ces gens-là comme un réflexe culturel, leur faisant croire que seule une monstruosité inversement proportionnelle, est capable de combattre une première horreur (!) Je dis ça parce que Adolf H. dans son « Mein K. » était arrivé à la conclusion que « puisque la démocratie libérale engoncée dans sa torpeur bourgeoise est incapable de répondre aux aspirations sociales des travailleurs, les jetant ainsi dans les bras du marxisme désintégrateur, il faut pour répondre à la violence internationale socialiste, une violence nationale-socialiste de même ampleur ».

Or comme on se doit de constater que les démocraties occidentales, soi-disant laïques, baissent continuellement leur froc devant l’islam, dissimulant leur lâcheté derrière le concept « cache-sexe » de « responsabilité », il est du coup logique que le Saint-siège se dise que seul le rassemblement sous l’étendard du Christ puisse mobiliser les européens face à l’islam. C’est ainsi que je ne te jetterai pas la pierre, fils de Pierre.

Et c’est dans cette perspective que les « Jesus camp » d’entraînement sont d’ores et déjà utiles. Des camps où l’on applique à la lettre, deux trois principes évangéliques.

Le « laissez venir à moi les petits-enfants ». La prédicatrice du documentaire nous expliquant en gros que grâce au Hamas et aux autres mouvements islamiques qui n’hésitent pas à endoctriner leurs enfants, elle a enfin compris ce message du Christ. Entre l’age de 7 et 10 ans, on peut mettre tout ce que l’on veut dans la tête d’un être Humain. Or puisque « c’est nous qui détenons la vérité », il faut « mettre dans la tête de nos gosses l’envie de mourir pour le Christ ». « Les enfants sont notre avenir ». tu parles d’un avenir. La soumission, le combat et la mort.

Dans ce dessein, les évangélistes utilisent à leur sauce psychotique, un deuxième principe chrétien. « Si on te frappe la joue gauche, tend la joue droite ». C’est ainsi qu’on entraîne ces gosses à se taper sur les joues, sur le coeur et sur la tête, pour mieux se préparer au combat.

Mais rassurez vous, ces enfants bénéficient tout de même d’un minimum de loisirs. C’est important les loisirs. Ils écoutent du hip-hop et du heavy-metal chrétiens, dansent pour leur seul dieu, prient pour que Jésus leur accorde un Strike quand ils vont au bowling ou s’amusent à pourrir la tête des passants avec leur message évangélique. Sacrés déconneurs que ces évangélistes.

Rien à dire, j’ai adoré ce documentaire. J’ai adoré cette caméra muette posée sur le personnage central du film. 150 kg de frustrations et de solitude, qui le soir venu, comble son désert affectif en dévorant les cassettes vidéo contenant les images d’une journée riche de ce cholestérol spirituel dont elle gave tous les jeunes esprits qu’elle voue à la mort au nom de la Vie. Putain de dépressifs ! Enfin je ne lui jette pas la pierre, non plus.

Non, je la balance sur les orteils des « Démocrates mous ». Sur les pieds de ceux qui n’expliquent pas à nos Peuples qu’il n’y a qu’un seul combat de légitime.

Non pas le combat d’une vérité qui n’existe pas, opposée à une autre tout aussi fantasmatique mais celui du vivre ensemble avec nos tous petits bouts de certitudes. Non pas le combat d’une soumission opposée à une autre soumission, mais celui de la Liberté.

La liberté de croire ou pas, la liberté de faire et de défaire nos lois, la Liberté dans la Raison, la liberté de se mélanger, la liberté de choisir et de se tromper… La liberté… La liberté… La Liberté. La seule chose qui vaut notre sacrifice. Le sacrifice d’adultes pour la liberté de leurs enfants et sûrement pas l’inverse.

Les Démocrates. Où diable sont chez nous ces Démocrates épris de liberté. Des Démocrates qui n’offrent pas leur centre mou aux coups de leurs adversaires mais qui pour avoir du ventre répondent coup pour coup, profondément enracinés dans leurs valeurs.

Des Démocrates qui n’abandonnent rien aux totalitarismes. Qui n’abandonnent pas aux marxistes les aspirations du Peuple en matière de justice sociale. Qui n’abandonnent pas aux fascistes le besoin d’Histoire, de Mythe et d’Identité. Qui n’abandonnent pas aux grenouilles de bénitier ou de fontaines à ablutions les besoins de l’Homme en matière de spiritualité, capables de les garantir comme de les mettre en accusation, et surtout capables de les renvoyer à la seule sphère, celle du privé. Des Démocrates qui n’abandonnent rien de ce qui fait l’Homme, y compris l'Amour.

En parlant d’amour et de Démocrates, il me vient à l’esprit qu’en plus d’un goût commun pour le Bushido, la voie guerrière des samouraïs, je partage avec Charles Pasqua l’un de ses sentiments concernant les Français. Un jour, alors qu’il était invité sur le plateau de l’ancienne émission politique « 7 sur 7 », la présentatrice Anne Sinclair lui demanda, d’après lui, ce dont avaient le plus besoin les Français. Charles Pasqua lui répondit : « Anne Sinclair, les Français ont besoin d’amour ». Eh oui ! Moi aussi!

Où diable sont tous ces Démocrates car tout comme l’animateur radio que l’on voit, dans le documentaire, militer pour la laïcité, se battre contre les fanatiques évangéliques, je peux vous dire que je me sens des fois, très, très seul.

Quant à mon petit Jésus, au vu de tout ce merdier religieux, je serais assez tenté de lui dire : « ne nous sauve pas Jésus, sauve-toi mon pote, sauve-toi ! Fous-moi le camp! »

Frère SILas

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