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mercredi 17 décembre 2008
LE MAGAZINE PLAYBOY ET LE CUCULTE MARIAL
Ma grand-mère maternelle, afin d’expier une longue vie de méchanceté, avait pris dans ses dernières années pour habitude de tapisser sa chambre d’images pieuses, avec une dominante mariale. Des images dont elle me faisait cadeau des doublons, les rares fois où j’allais la visiter au Portugal. J’étais l’un de ses rares petits-enfants à bénéficier de ce privilège qui ne s’expliquait que par l’intérêt certain que j’exprimais gamin devant toute cette iconographie religieuse. Ce qu’elle ignorait c’était que malgré mon jeune âge, mon intérêt pour les images mariales comportait déjà quelque chose d’ordre érotique. C’est comme ça, les images de la Vierge m’excitaient déjà. Élément qui vous permet enfin de comprendre les penchants que j’exprimais envers l’Eglise dans mon billet du 15 septembre dernier, intitulé « La Sainte-MILF-Eglise ».
Une tendance déviante qui me valu d’être examiné par les plus grands spécialistes en neurologie de l’hôpital Lariboisière à Paris. Après toute une batterie de tests et d’examens fort onéreux, aidés en cela par les scanners les plus récents, ils ont pu percer le mystère du syndrome qu’ils ont baptisé « Thérèse d’Avila », du nom de cette célèbre sainte sujette à ce que l’Eglise appelle pudiquement des « transverbérations ». Cette pauvre âme, en pensant au Christ, entrait dans des extases mystiquerotiques qui la transportaient jusqu’à des climax rarement mesurés. Soi-disant que la lance dorée d’un ange « jeune, beau et chatoyant » lui pénétrait le cœur jusqu’au fond des entrailles et lui arrachait des gémissements lors des va-et-vient successifs. Si vous voyez ce que je veux dire.
Et bien, grâce à bibi, qui pour la science a accepté de jouer les cobayes, apprenez que cela tiendrait du fait que la zone cérébrale censée gouverner le sentiment religieux, située non pas à la droite du Père mais bien à la droite du lobe temporal, chevaucherait, hum, chez des individus tels que Sainte Thérèse et moi des zones cérébrales bien moins portées sur le spirituel, si vous me suivez toujours.
Aussi imaginez le bouillonnement transverbérateur qui me saisit lorsque je suis tombé sur la couverture du Playboy exposée ci-dessus. Dans son édition mexicaine du 12 décembre 2008, le magazine a ainsi tenu à honorer la très importante fête de Notre-Dame de Guadalupe, vénérée dans tout le Mexique. Grand bien lui a pris ! La magnifique Maria Florencia Onori fait en effet une très jolie Sainte Vierge, toute offerte dans sa pureté à notre Seigneur. Le titre étant lui aussi une très belle invitation à la vénération mariale. « Nous t’adorons Marie ». Oh que oui !
Il paraîtrait que quelques agités du ciboire et autres hérétiques iconoclastes auraient hurlé au blasphème. Que Dieu leur pardonne après un repentir sincère. Le journal affirme de son côté, dans un communiqué, que « les éditeurs de l’édition mexicaine ne voulaient pas au travers de la publication de cette photo vexer quiconque, nous comprenons toutefois que cela s’est passé autrement et pour cela nous nous excusons profondément ». Pour pénitence, cela fera deux-trois « Pater Noster » et 7x77 « Ave Maria ». Oh oui !
Reste toutefois cette question, qui me taraude depuis que je suis en âge de polluer la blancheur immaculée de mes draps. Est-il plus grave de se palucher longuement l’esprit en pensant à la mère de Dieu ou bien le vit, pas trop vite ? Convoquons un concile afin d’explorer cette question dans toute sa profondeur…
Frère SILas
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