mardi 1 février 2011

Affaire Louis Ferdinand Céline : l’affaire d’état d’un étrange pays.


Etrange pays que le notre. Etrange pays où la création n’est pas une affaire d’auteur mais une affaire d’état. Etrange pays où à l’heure de l’indignation participative et obligatoire, d’aucuns ont choisi de s’indigner du fait qu’un Céline, un temps condamné à l’indignité nationale pour ses agissements, soit privé d’une dignité qui lui serait due en vertu de son œuvre. Etrange pays où un homme se doit d’être jugé pour ses romans plutôt que pour sa biographie : une vie marquée par la haine, au cours de laquelle ce nazi français, après s’être déclaré « l’ennemi numéro un des Juif », appela à l’élimination des Juifs. Etrange que ce pays de cocagne ou tout va cul par-dessus tête.

Mis à part ça, histoire d’y aller de mon petit commentaire, et puisque j’ai la nuit devant moi, insomnies oblige, disons que je n’ai jamais pu encadrer Céline, étant donné que même en matière de littérature, j’aime bien voir à qui j’ai affaire. J’ai en effet pour habitude de contempler les portraits des écrivains que je m’apprête à lire. Or là, rien de bon. Avec Louis-Ferdinand Céline nous avons droit aux traits épais de la brute. Une face de dégénéré, celle du fin de race, histoire d’employer une terminologie qu’il appréciait tant.

A la limite, son pseudo m’a suffisamment excité pour le lire. Que voulez-vous j’ai toujours aimé les prénoms en –ine, Caroline, Clémentine, Marine, Céline. Pas assez cependant pour voyager avec son roman jusqu’au bout de la nuit, du moins éveillé.

C’est que malgré tout, j’ai lu du Céline. Histoire de ne pas insulter, ni ma curiosité, ni mon intelligence, ainsi qu’en vertu de la jurisprudence Voltaire. Il est vrai que s’il fallait écarter du regard les écrits de tous les antisémites ou racistes bien de chez nous, on ne lirait pas grand monde. Or Voltaire, ses égarements judéophobes mis à part, n’en vaut pas moins le détour pour tout le reste. Ce qui n’est pas le cas de Céline.

Comme je le disais plus haut, son roman phare ne m’a pas tenu éveillé toute la nuit. A peine le début. Malgré le style parlé, je n’ai pas accroché, et l’ennui fut le seul voyage que m’offrit Céline. Le premier soir, je tenais quarante pages avant de m’assoupir. Le lendemain je me motivais en me disant, allez, encore quelques feuillets, histoire de découvrir le prochain des dessins de Tardi qui illustraient la version que j’avais en main. Trente pages plus loin, je le posais définitivement, en lâchant un « quel ennui », agacé par le sentiment d’être mené en bateau par un auteur chez qui déborde un nihilisme de plus déprimants. Bref, je n’y ai trouvé aucun génie, sinon mauvais. Bonne nuit.

SILine

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut mon Silou,

effectivement, le plus scandaleux dans cette affaire est peut-être de considérer Céline comme un génie de la littérature.

Pour ma part j'ai lu tout le voyage au bout de la nuit. Et, franchement, avec si peu de plaisir que je m'en fais encore le reproche aujourd'hui : "mais pourquoi ai-je voulu terminer ce livre, alors que je n'en pouvais plus ???"
Bon en fait, inconsciemment j'ai attendu jusqu'à la fin un "truc", n'importe quoi mais un truc qui m'aurait fait me féliciter d'arriver au bout. Du genre "c'était dur et laid pour y parvenir, mais on ne regrette pas d'être arrivé là ; la vue est superbe d'ici !".

Et bien non, rien, que dalle... pas de truc. Même le style parlé ça m'agace. Ben oui, c'est son "style parlé" peut-être, mais à mon âge et cheu moué, quand on parle ben on parle pas comme ça, du coup ça ne me rend la lecture ni facile ni plaisante... Un peu comme si je lisais un texto ou autre SMS.

Par contre, la vie de Céline, je m'en fous d'une force ! Je n'ai jamais eu envie d'avoir envie d'un auteur avant d'avoir envie de son livre. Le nombre de fois où j'ai pu lire un bel et bon ouvrage (selon mes goûts bien sûr) sans avoir su me rappeler le nom de la personne qui l'avait pondu ! C'est pas gentil pour celui qui écrit, mais je vois pas pourquoi je ferais semblant.

Du coup, nazi ou pas, communiste ou pas, laid ou pas, laissons simplement les auteurs écrire, parce qu'il ne font de mal à personne pendant ce temps là et laissons les lecteurs lire, parce que eux non plus ne tuent personne lorsqu'ils sont plongés dans un bouquin. Soyons honnêtes : les problèmes surviennent quand l'écrivain pose son stylo et que le lecteur pose son livre... la vraie vie reprend le dessus !

@+,

LOLO45FANDESACéLINE.

SIL a dit…

J'aime beaucoup ton dernier paragraphe. Il est très beau, lui ;-) Ainsi que signature-conclusion, bien sûr...