Bande d’alcooliques, oui, misérable bande d’alcooliques, va ! « Pourquoi je m’énerve ? ». Déjà, d'une, je ne m’énerve pas puisque j’invective avec ce qu’il faut de chaleur et de bienveillance pour rendre mon propos digeste. Ensuite je ne fais que répondre à la volée de verts cépages que me valu mon billet du 22 novembre dernier, « Beaujolais : 'in vinasse, veritas, my ass !' ». Et vas-y que je ne comprends rien au vin, que je suis dénué du moindre goût en la matière. C’est simple, j’en ai entendu vraiment des vertes et de pas mûres, ce qui me laisse un goût amer et me pousse à dire à la bande d’alcooliques que je fréquente qu’elle a décidemment l’alcool mauvais et le vin intolérant, ce qui est triste. Alors que moi, preuve, encore une fois de ma supériorité, j’ai le thé joyeux.
Mais oui, messieurs les rougeauds, point d’ambages, dois-je vous rappeler que le vin, tout comme pas mal d’autres alcools, ça a surtout servi, pendant longtemps, à se démonter la tête pour mieux se jeter dans la bataille, puis après, afin de noyer dans l’alcool les images des carnages, mais aussi à s’étourdir suffisamment pour en arriver à sodomiser des jeunes garçons dans d’ahurissantes orgies.
N’oublions pas non plus, notre brave pécore occidental, qui en l’absence de café à prix abordable, en a été réduit, tout aussi longtemps, à se réveiller avec les calories et l’aigreur de cette vinasse, mais également, à oublier dans ses éthers, les difficultés de la vie.
Moralité, Il faut vraiment être un médiocre bourgeois de la plus vile bouture qui soit pour trouver gouleyant, dans le vin, cet âpre gout de terre dont le paysan passait la journée à avaler, involontairement, la poussière. Et dire, qu’il y en a qui poussent le snobisme jusqu’au point de décliner dans cette science oiseuse qu’est l’œnologie toutes les nuances poussiéreuses de ce jus de caillasse.
Non, goûter, sentir, décliner les nuances d’un thé, je peux aisément le comprendre. Il y a quelque chose de floral, d’aérien, d’infiniment subtil dans le thé. Pas dans le vin ! A moins d’avoir l’esprit suffisamment embrumé pour oser s’amuser à ce jeu-là avec cette aberration végétale et gustative.
D’ailleurs, c’est à ce genre de détails, que l’on départage la grandeur des civilisations. Le paysan asiatique ou le samouraï qui boit son thé, pour garder les idées claires et l’esprit alerte, pendant sa journée de travail, ou dans l’enfer des grandes batailles, voilà qui en impose ; ça, c’est la classe ! La vinasse, surement pas !
Maintenant, vous faites ce que vous voulez, je suis plutôt libéral comme garçon, mais de grâce, ne cherchez pas à me faire avaler n’importe quoi.
Tiens, tout ça m’a donné comme une envie de sencha de la maison Harney & Son, servi par mes jolies maitresses de cérémonie, du thé. Je vous laisse...
SILong Jing