lundi 13 novembre 2017

Nature et culture de la violence aux USA en Afrique et Ailleurs

Scène de la "mort de Darryl" dans "l'Arme Fatale 3"
qui en 1992 m'avait sensibilisé pour la première fois à ces questions

Au vu de tout ce que l’on peut lire et entendre à droite à gauche chaque fois qu’une tuerie se produit aux USA, voici ma contribution au sempiternel débat sur la violence et la détention d’armes à feu par le citoyen américain. 

En fait, peu satisfait du verdict aussi définitif que peu nuancé sur le fait « que la société américaine (en général) serait malade de sa violence et des armes » contrairement à notre très sage Europe (bah tiens), j’avais étudié il y a quelques années les statistiques ethniques des homicides disponibles dans la base de données du Wall Street Journal (qui n'est plus accessible) et du FBI (accessible par ici). Une base qui m’avait permis de produire les calculs et constats suivants (comme quoi les statistiques ethniques cela peut s’avérer très utile).

Si les 15 000 meurtres (dont 10 000 par arme à feu) donnent un taux de 5 meurtres pour 100 000 habitants aux USA, taux bien supérieur à celui de l’Europe de l’Ouest, situé en général en dessous des 1.5 pour 100 000, mais inférieur à celui de la Russie où le taux est de 10 pour 100 000 (plus ici et ), de fortes disparités sont à noter en fonction des ethnies.

En effet, après deux trois calculs en coin de table (expliqués plus bas), j’obtiens un taux de 2.9 meurtres pour 100 000 habitants pour les Blancs (le même ratio qu’au Népal, Liechtenstein, Luxembourg, Taiwan, Iran, Turquie, chili ou Argentine)… mais de 20 pour 100 000 chez les Noirs (le même que dans bon nombre de pays d’Afrique noire)… et de 4 pour 100 000 chez les Latinos, soit beaucoup moins que dans la plupart des pays hispaniques (autour de 25 pour 100 000)… comme quoi l’air nord-américain semble faire beaucoup de bien aux Sud-américains…

A titre de comparaison française, si en France métropolitaine nous avons un taux de 1.1 pour 100 000 habitants, ce même taux passe à 4.2 en Martinique, 7 en Guadeloupe, et de 13.3 en Guyane

Ajoutons, toujours au vu des statistiques américaines, que la moitié des victimes de meurtres sont noires et la moitié des criminels également, étant donné que 93% des Américains-noirs sont tués par d’autres Noirs et que 16% des Américains-blancs sont tués par des Noirs (84% des Blancs sont tués par d’autres Blancs), ce qui fait beaucoup puisque les Noirs ne représentent que 13% de la population. Le ratio de meurtriers est donc 8 fois supérieur chez les Noirs que chez les Blancs.

D’ailleurs, histoire de défoncer d’autres clichés, en matière de crimes purement racistes, les Blancs sont responsables de 58.6% des crimes racistes (alors qu’ils représentent 77% de la population), alors que les Noirs commettent 18.4% des même crimes (13% de la population) ; par conséquent le ratio des crimes racistes est bien plus important  chez les Noirs que chez les Blancs (source, ici et ici).

En général, à ce moment, comme récemment lors d’un dîner en ville, le Bobo-bienpensant de base, pris de panique face à ce constat qu’il tient à éviter à tout prix de peur de se mettre à mal penser et ternir ainsi son magnifique reflet narcissique d’humaniste béat, éructe une énormité du genre « sous-entendrais tu que l’explication est raciale ? ».

Forcément, entendant ça, l’humaniste lucide, nourrissant aussi peu de condescendance envers les turpitudes violentes qu’elles soient blondes ou brunes, et bien plus porté sur les rudes réalités anthropologiques que sur les douces rêveries sociologistes,  lève les yeux au ciel et a fortement envie de lâcher un très provocateur « la réalité peut sembler très raciale en effet ».

Après tout, la violence des Noirs d’Amérique, d’Europe (cf le pourcentage d’Africains dans nos prisons également) comme d’Afrique a des côtés ahurissants.

Après tout, la Nature est violente, et vu que nous sommes également des êtres de Nature, il y a forcément des facteurs biologiques dans la violence des groupes humains.

Après tout, je ne vais pas faire semblant d’ignorer que la logique reproductive favorise les mâles les plus agressifs, à plus forte raison dans des sociétés où la polygamie est fréquente… un peu comme à l’inverse, chez nous, après les hécatombes des deux Guerres mondiales au cours desquelles les plus vaillants sont tombés aux Fronts, les chiffes-molles collabos ou lâches restées à l’arrière ont bénéficié d’un avantage reproductif en « consolant » les veuves épleurées ; non je plaisante ; encore que lorsque je m’inflige la vision de nos empaffés du PAF, je me demande s’il n’y a pas un peu de vrai dans ce petit délire…

Mais non, là, j’ai préféré faire preuve de pédagogie, en expliquant à cette très bourgeoise tablée ce que je n’avais pas eu le temps de dire à des camarades, un peu bas-du-front-de-gauche mais pour qui j’ai beaucoup d’affection, lorsqu’ils avaient éructé eux-aussi les même banalités franchouillardes entre le fromage et le dessert.

A savoir que le fait qu’il y ait une surreprésentation des Noirs parmi les auteurs d’homicides volontaires ne fait pas de tous les Noirs des tueurs en puissance. Car, autre aberration statistique aidant, le fait que 80% des « serial killer » soient des Blancs, ne fait pas de tous les Blancs des tueurs en série potentiels.

Donc si la « race » ou plutôt l’ethnie n’explique pas grand-chose en elle-même, elle interroge, certainement bien plus culturellement que biologiquement ou socialement. Car pour rester dans les aspects sociaux, les zones les plus pauvres socialement se situent le plus souvent en milieu rural or les taux de criminalité morbide y sont les plus faibles, sans doute du fait des structurations communautaires. Et pour rester dans les facteurs culturels, en Suisse, vieux pays de milice, bon nombre d’entre eux ont des fusils-mitrailleurs chez eux, or le taux d’homicide y est parmi les plus bas. Troublant tout ça, n’est-ce pas ?

Mais revenons à nos « Noirs », car pour avoir à cœur l’avenir de mon sang africain personnel, celui de mon entourage proche, tout comme celui d’Afrique, d’Amérique ou d’ailleurs, je préfère m’interroger sur les facteurs culturels, facteurs prédominants, à mon sens, dans l’explication du basculement ou maintien des manifestations violentes dans les groupes humains. Pour vous convaincre, rappelez-vous comment la société allemande, la plus évoluée culturellement et socialement d’Europe à l’époque, a pu basculer en très peu de temps dans la psychose collective nazie avant de revenir à un contexte culturel pacifique.

Aussi, quels fondements culturels peuvent être susceptibles de nourrir une surreprésentation violente chez les Noirs d’Amérique, d’Afrique ou d’Europe ? Est-ce le tribalisme, observable aussi bien en brousse qu’en cité urbaine, qui pousse bon nombre d’entre eux à reconnaitre les seuls intérêts du clan gouverné par un chef, et non ceux de tous les autres membres de la société ? Est-il à chercher dans une sous-culture d’acceptation de la violence envers les membres étrangers au clan allant souvent avec le tribalisme ? Est-elle à chercher dans les structurations et déstructurations familiales ou communautaires ? Je ne sais pas mais je cherche, et j’aimerais surtout qu’ils cherchent eux aussi, en premier lieu.

Bref, en conclusion, tout comme je laisse chacun à ses explications favorites, d’ordre sociologiques, économiques, culturelles, génétiques, victimaires, karmiques, astrologiques, cannabiques, vidéoludiques, hollywoodiennes ou autres, j’espère pour ma part que les communautés américaine-noire, européenne-noire, africaine-noire, premières et principales victimes de leur  propre violence, chercheront les moyens d’assécher cet effroyable bain de sang et de se libérer des boulets de la violence…

John Portuguese SIL-lips

PS1 : Au sujet de mes calculs que chacun est libre de peaufiner : j’ai pris les données 2010 et ramener le nombre de meurtriers par origine ethnique au nombre d’américains de tel ou tel groupe ethnique. Les meurtriers d’origine inconnue ont, quant à eux, été ventilés dans chaque groupe selon les ordres de grandeurs constatés (la moitié pour les Noirs, un tiers pour les Blancs et un dixième pour les Latinos). 

PS2 : les données varient selon les années mais les grandes tendances ethniques demeurent sensiblement les mêmes...



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