100% d'accord avec ce papier de Anne-Sophie Chazaud
dont j'aurais pu écrire chaque mot...
(...) Personne ne souhaite faire l’apologie de la violence ou de la maltraitance, face auxquelles il existe déjà tous les dispositifs juridiques nécessaires. Personne ne pense non plus que l’usage régulier, disproportionné ou arbitraire, de la violence éducative, puisse engendrer des rapports sains, équilibrés et constructifs entre des enfants et leurs parents. Mais cette intrusion du législateur dans l’intimité des rapports familiaux et des méthodes éducatives semble éminemment contestable à maints égards.
La société contemporaine, postmoderne et victimaire, se caractérise déjà par une sur-judiciarisation de tous les champs relationnels. Priver les parents du droit de sanctionner, y compris par le biais d’une petite correction manuelle, ou de menacer (car le dispositif prévoit aussi l’interdiction des menaces ou des cris), est une manière non seulement de priver ceux-ci d’un levier puissant dans l’instauration d’une autorité que la société leur demande paradoxalement de restaurer (et en l’absence de laquelle on observe chaque jour d’importants dégâts), mais surtout c’est une manière fort préjudiciable de s’immiscer dans la sphère domestique, d’une façon invasive et qui sème le doute et la méfiance dans la famille. Les parents ont au contraire besoin plus que jamais d’être soutenus. Là, ils se retrouvent de facto en position d’accusés potentiels. Comme si tous étaient d’emblée des rustres issus de l’âge des cavernes, sans cœur et désireux de massacrer leurs enfants à la moindre occasion.
Au pays précurseur de cette aberration moralisatrice, la Suède, très rares sont ceux qui osent sortir du silence afin de dénoncer les effets désastreux de ce système qui pénalise les parents et l’autorité éducative. Laquelle n’est pas fondée sur une démocratie ou délibération permanente, mais sur une structure nécessairement asymétrique. Le psychiatre David Eberhard, courageux auteur de Les enfants suédois ont pris le pouvoir, souligne ainsi que les enfants choyés de Suède sont devenus des enfants-rois, plus capricieux et fréquemment incapables (ce qui était aisément anticipable avec un minimum de bon sens) de faire face aux frustrations et difficultés du destin une fois parvenus à l’âge adulte. (plus par ici...)
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