Plus plaisant que le morne tour du périphérique parisien prévu au GR75 officiel, voici mon entrelacement urbain reliant les lacs de Boulogne et ceux de Vincennes, tout en passant par les sept plus belles collines de Paris, certains de ses lieux emblématiques, quartiers huppés et populaires, parcs, coulées vertes, portions de petite-ceinture, chemins de traverse, sans oublier de longer le plus beau des colliers de perles de Lutèce, La Seine. Une quarantaine de kilomètres, plus de 500 mètres de dénivelés. Soit un GR75 vraiment digne de la Ville Lumière et de ses Amoureux les plus ardents.
Mais mieux encore, plutôt qu’un beau sentier de Grande Randonnée urbaine, je vous propose une Excursion enchanteresse et initiatique dans l’une des rares cités à même de pouvoir l’offrir (Paris, Rome, Prague, Venise, Edinbourg, Istanbul, Kyoto…).
Celle-ci débutera à l’Ouest, sur la crête Nord de la colline de Chaillot, la Place de l’Etoile, là où s’ouvrent les branches des possibles.
Après en avoir fait le tour et ainsi admiré la plus belle avenue du monde, descendons comme nous naissons, l’avenue Carnot, puis la rue d’Armaillé jusqu’à l’avenue des Ternes par laquelle nous rejoindrons le boulevard Pereire.
De là, direction nord, par la très plaisante promenade Pereire, ainsi que par le parc Pereire qui se trouve en contrebas sur les anciennes voies de la « petite ceinture ».
Le pont Cardinet traversé, et après avoir flâné dans le square des Batignolles aux arbres majestueux et à la faune ovipare particulièrement variée, on rejoint le parc Martin Luther-King dont le spectacle des cerisiers en fleur est à admirer au printemps. Ce parc est le seul point de contact nord-ouest avec le GR75 officiel. On sort d’icelui côté rue Bernard Buffet qui rejoint l’avenue de Clichy.
Remontez l’avenue, une centaine de mètres, jusqu’à la discrète et bucolique Cité des Fleurs sur la gauche. Une parenthèse enchantée qui débouche sur la rue de la Jonquière que l’on suit sur sa gauche jusqu’à une ancienne portion de la petite ceinture. Le Jardin Paul Didier permet de longer cette portion jusqu’à la rue Navier puis le square Jean Leclaire. La rue Jean Leclaire à droite mène au square des Epinettes. Au bout, on prend la rue Colette, histoire de mieux nous rappeler de cette grande Dame parisienne, puis la rue Marcadet jusqu’au square Carpeaux que l’on traverse en direction de la rue Carpeaux et enfin la rue Lamarck que l’on va remonter en direction de la Butte Montmartre.
Nous voici sur le point de passer de la douceur d’une promenade enfantine au rythme cyclothymique des montées et descentes de l’adolescence.
L’ascension des 130 mètres de la Butte Montmartre se fait par les escaliers du square Caulaincourt et de la rue Juste Metivier, en passant par la rue Simon Dereure, et l’allée des Brouillards jusqu’au buste de Dalida. Une caresse sur sa poitrine ainsi lustrée et vous voici grimpant à nouveau la rue de l’Abreuvoir jusqu’à la « Maison Rose », avant de descendre par la rue des Saules et ainsi admirer les vignes de Montmartre. Poursuivez votre contemplation dionysiaque le long de la rue Saint-Vincent jusqu’au square Marcel Bleustein Blanchet.
Sortez du square et dessinez un cœur autour de la basilique en la contournant par la rue du Cardinal Guibert et la rue Lamarck jusqu’au pied des escaliers de la rue du Chevalier de la Barre.
N’oubliez pas de savourer le panorama sur le parvis du Sacré-Cœur et de laisser votre regard se perdre dans l’horizon de Paname.
Vient le temps de descendre la rue du Chevalier de la Barre jusqu’à la rue Ramey ou bien d’emprunter ce « chemin de traverse » qu’est le passage Cottin. Les rues Ramey, de Clignancourt et Christiani, vous mèneront à celle De la Goutte d’Or, du nom du divin petit blanc qui y était produit du temps où la vigne poussait sur ces coteaux. L’Ether, toujours l’éther, même primaire. Au niveau de la Brasserie de la Goutte d’or, bifurquez à droite sur la rue de Chartres. En bas de la rue, retournez-vous pour contempler le Sacré-Cœur lové dans l’alignement de la rue.
Direction maintenant les Buttes Chaumont et leurs 103 mètres de hauteur, via le boulevard de la Chapelle jusqu’au bassin de la Villette, la passerelle de la Moselle, la rue Scotto, le square Marcel Mouloudji, et l’avenue de Laumière. Après une balade dans le Parc des Buttes Chaumont et une sortie côté avenue Mathurin Moreau, longez le parc côté rue Manin pendant quelques dizaines de mètres.
Sur votre droite, traversant un immeuble situé au 21 rue Manin, vous verrez un grand escalier. Il vous permettra d’accéder à votre troisième colline, la discrète Butte Bergeyre et ses 100 m, offrant un beau panorama au bout de la rue Philippe Hecht. Suivez sur la gauche la rue Georges Lardennois. Au bout d’icelle se trouvera un autre escalier de traverse qui vous permettra de redescendre de la butte secrète.
Au tour de la Butte du Parc de Belleville aussi haute que celle de Montmartre. L’avenue Simon Bolivar, le square Bolivar, l’escalier puis la rue de l’Equerre au niveau du 23 avenue Bolivar, et enfin la rue Piat jusqu’au parc, vous mèneront au belvédère de Belleville.
Coupez à travers la colline de Ménilmontant en longeant le Parc de la Petite ceinture, le square du Sergent Salel ainsi que le square du Docteur Grancher.
Vous voici proches de la 6e colline, le Mont Louis et ses 90 mètres au cœur du cimetière du Père Lachaise. L’occasion d’un beau « memento mori » après tous ces jouvenceaux soubresauts. Accédez au cimetière par l’entrée Gambetta au milieu de la rue des Rondeaux. Un baiser adressé à Oscar Wilde, une papouille sur la braguette de Victor Noir, un crochet par la porte des Enfers de la Baronne Strogonoff, Dracula, Héloïse et Abélard, et vous voilà sortis du côté du boulevard du Ménilmontant.
Le temps est venu de redescendre de toutes ces hauteurs physiques, métaphysiques et émotionnelles et de s’en aller méditer dans les bois.
Rejoignez le Bois de Vincennes en passant par les rues de Bagnolet, des Orteaux, de la Réunion, la place Marc Bloch, le jardin Casque d’or, la rue de Buzenval, le square Sarah Bernhardt, le square Réjane, le cour de Vincennes, le passage de la Voute et son Chat (point de contact sud-est avec le GR75 officiel), la rue de la Voute, le boulevard Soult, l’avenue Courteline, et enfin l’avenue Victor Hugo côté Saint-Mandé.
Une fois au bord du Lac de Saint-Mandé, longez le ruisseau de la Gravelle, aux charmantes cascatelles, plein Sud puis lorsqu’il vire à l’Ouest vers le Lac Daumesnil. La Terre, l’Air, l’Eau. Ce parcours est toujours des plus plaisants et reposants aussi bien pour le corps que pour l’esprit.
Le retour dans la Capitale se profile à l’horizon. On y procèdera de la façon la plus délicate et grandiose qui soit.
Via l’avenue Daumesnil puis la rue Picpus, il s’agit de rejoindre ces merveilleux jardins suspendus que sont la coulée verte René-Dumont, et de la suivre jusqu’à son terme près de l’Opéra Bastille.
Une dernière touche de couleurs chatoyantes du côté de la rue Crémieux, et vous voilà rue de Bercy en direction du canal Saint-Martin et du jardin de l’Arsenal.
C’est le moment de prendre la Bastille ! Contemplez le Génie de la Liberté qui trône au sommet de la colonne de la place, histoire de calmer vos ardeurs révolutionnaires égocentrées. Un monde à l’image des boursouflures de notre seul nombril est-il bien souhaitable ?
Un passage par la plus ancienne place de Paris, celle des Vosges s’impose, avec un arrêt, au numéro 6, devant la maison du grand Victor Hugo. En descendant la rue de Birague, et la rue Saint-Paul, le Village Saint Paul s’ouvre à vous. Dans cette véritable « rue de traverse » vous trouverez le musée de la Magie.
Quelques mètres encore et voici la Seine aux eaux embrasées par le Soleil à son zénith. Vous voilà éthérés par l’air, la lumière et la magie des reflets de Paris. Profitez de l’effet jusqu’au Pont d’Arcole.
Là, il nous faut saluer Notre-Dame de Paris, poser le pied sur le « point 0 » des routes de France, puis après le « pont au double », nous incliner devant le plus vieil arbre de la Capitale (1602) qui somnole, appuyé sur sa béquille, au cœur du square René Viviani.
Longez la rive gauche jusqu’au « Pont des Arts » et goutez le merveilleux spectacle de la vie parisienne se reflétant dans le cours de son artère.
Le Louvre nous appelle. Sa pyramide s’offre à nous. Tout comme s’offre un choix intérieur au cœur de cet ancien lieu de pouvoir devenu temple du savoir. La voie ésotérique du pouvoir sur soi-même ou celle exotérique du mandat sur les autres.
Si le choix exotérique vous a séduit, sortez d’un pas pressé par la « Porte des Lions », traversez la Seine par le « Pont Royal » et rejoignez les larges et fort courues berges qui bordent le Musée d’Orsay, en direction de l’Assemblée Nationale.
Si la voie ésotérique l’emporte, traversez sereinement l’arc de triomphe du Carrousel, la plus belle des victoires étant la paix sur soi-même, prenez la Porte des Lions, et rejoignez de suite les plus étroits et discrets quais de Seine de rive droite, en les longeant en direction de la Concorde jusqu’à la passerelle Léopold Sedar Senghor.
De retour au point de jonction, côté rive gauche, longez les berges de Seine jusqu’au Parc André Citroën, dans lequel une flânerie vaut le détour. Avant celui-ci, un crochet par l’île aux Cygnes au sein du fleuve vaudra également un doux louvoiement. Les vénérables Pont Alexandre III, Tour Eiffel, Trocadéro, et Statue de la Liberté salueront votre passage.
La dernière boucle se fera dans le quartier des réussites, le village des délices de l’âge. Il vous fera passer par le Pont Garigliano, le parc Sainte-Périne, le village d’Auteuil, le sentier de la Petite ceinture du XVIe, le superbe Lac inférieur du Bois de Boulogne, avant de retrouver la verdoyante avenue Foch pour une dernière ascension, celle de la Colline de Chaillot et ses 60 mètres.
Retour Place de l’Etoile, là où tout commence et où tout finit. Vous voilà sous l’Arc de votre triomphe. Et si vous avez de la chance, autour du 10 mai et du 1er aout, vous pourrez assister au coucher de Soleil dans l’axe de cette porte Solaire.
En prêtant bien attention, vous pourrez, peut-être même, distinguer la barque dorée du dieu Rê s’apprêtant à plonger dans les Ténèbres afin d’y affronter les ressorts chaotiques des forces obscures qui agitent parfois les nuits de l’Humanité…
Il est temps d’aller boire un verre, voire plusieurs.
Alors qu’en dîtes-vous ? Ça vous tente ?
Sil
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